2 avril 2016

Déchéance de nationalité : Hollande jette l'éponge


Alain Juppé attend son heure…
Plus les mois défilent, plus l’état d’urgence est devenu obsolète. Une fois passées les premières semaines avec perquisitions et assignations à résidence, il est évident que les carnets d’adresses des services de renseignement et des fichiers de la police et de la gendarmerie ont épuisé leurs sources et leurs ressources. Ainsi l’état d’urgence renouvelé par le Parlement ne sert plus qu’à d’éventuelles mesures destinées à faire face à une attaque massive des terroristes contre la population.

Nous ne le répéterons jamais assez. L’arsenal juridique actuel, modifié plusieurs fois au cours de ce quinquennat dans un sens plus répressif, suffit à demeurer dans un état de droit même si je n’ignore pas les remarques acerbes de la cour européenne des droits de l’Homme plus que critique envers la France. Alors, devons-nous nous habituer à cet état d’exception ? Devons-nous accepter que des citoyens, suspects d’un jour, victimes de délations demain, dont les noms et adresses sont rendus publics sans grande précaution, se taisent et tolèrent cet état de fait ?

Pour X raisons, le projet présidentiel visant à déchoir les terroristes définitivement condamnés de leur nationalité et à rendre cette mesure constitutionnelle a fait un flop. Je ne m’en plains pas. Depuis que cette velléité du pouvoir avait été rendue publique, j’avais maintes fois attiré l’attention des lecteurs de ce blog sur l’inefficacité de cette mesure et sur cette rupture avec les idéaux de la gauche mais pas seulement. En puisant dans le vivier idéologique de l’extrême droite et de la droite dure, François Hollande a pris un énorme risque : celui de mécontenter à gauche et de ne pas rallier à droite. Autrement dit il a perdu sur tous les tableaux. L’art de la synthèse dont on le gratifie mécaniquement, est devenu l’art de se faire piéger sous les coups de boutoir d’un premier ministre aux accents sarkozystes.

La gauche aujourd’hui n’est pas un champ de ruines mais c’est tout comme. Éclatée, émiettée, la majorité actuelle ouvre un boulevard ou plutôt une avenue à la droite la plus libérale économiquement et conservatrice socialement. On ne me fera jamais prendre Alain Juppé pour un tendre ou un mou. Il sera dur avec les faibles et doux avec les puissants. S’il est vrai qu’après quatre ans d’âge, tout est joué, je ne vois pas en quoi le nouveau Juppé — je ne parle pas des autres candidats à la primaire — serait fondamentalement différent du Juppé de 1995. Celui qui mit la France dans la rue…alors, d’où viendra la lumière ? D’une primaire à gauche ? Pourquoi pas. Il est temps de tout essayer.

1 avril 2016

Le silence des agneaux fait un bruit infernal


Un peu de respect pour le bien-être animal
Choquantes ! Terriblement choquantes. Les images de ces agneaux étourdis maladroitement à coups de marteau, dépecés alors qu’ils bougent toujours, balancés comme de vulgaires déchets dans les files d’attente du découpage ont révulsé nombre de Français lesquels ont quelque raison d’avoir la sensibilité à fleur de peau. L’abattoir mis en cause, dans le sud de la France a dû fermer ses portes le temps d’une enquête approfondie permettant de comprendre pourquoi et comment, ces actes de cruautés sont possibles en France, en 2016.

Il ne faudrait pas non plus, taper seulement sur les lampistes mis à pied séance tenante. Que sait-on des employés filmés par caméra cachée au moment où ils accomplissent leur forfait ? Que sait-on de leurs conditions de travail, de leurs salaires, de la productivité qu’on attend d’eux ? Loin de moi l’idée d’absoudre les auteurs de ces actes barbares mais il convient de dépasser l’image pour tenter de comprendre comment des hommes « normaux » peuvent en arriver à de telles extrémités. Il importe de dénoncer les fautes mais il convient aussi d’en rechercher les causes et ne pas dire comme Manuel Valls sur un autre sujet : « tenter de comprendre c’est déjà chercher à excuser. »Non, c'est tout simplement une preuve d'intelligence.

J’ai ouï dire que des dizaines d’abattoirs de notre pays connaissaient les mêmes dérives et les mêmes excès. Les Français mangent de la viande, beaucoup de viande, et les escalopes ou les côtes d’agneau ne tombent pas du ciel. Il a fallu nourrir, engraisser des centaines de milliers d’ovins, de porcins, de bovins…pour remplir nos assiettes. Au prix payé aux producteurs — si j’en crois les responsables des syndicats agricoles — les éleveurs n’équilibrent pas leur budget. Et on voudrait que le bien-être animal fût respecté quand les hommes qui les produisent sont dans la dèche ? Bien sûr qu’il le faudrait et les services de l’Etat devraient y veiller par des contrôles permanents et des pratiques améliorées mais les moyens dont disposent les services vétérinaires ne le permettent pas.

Il s’agit d’une chaine de production et tous les maillons doivent, si je puis dire, être parfaitement…graissés. Si un échelon quelconque manque à ses devoirs et aux règlements édictés (il paraît qu’il y en a trop ? La faute à Bruxelles sans doute) C’est l’ensemble des professions qui pâtissent d’une image dégradée et dégradante.


29 mars 2016

Sortir Florence Hartmann de sa geôle : signez la pétition !


Jeudi 24 mars, jour de la condamnation par le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) de Radovan Karadzic, l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie, à 40 ans de prison pour génocide et crimes contre l’humanité, la journaliste Florence Hartmann, qui se trouvait aux côtés des associations de victimes de la guerre de Bosnie-Herzégovine, a été brutalement arrêtée par des gardes du Tribunal et écrouée dans la prison des criminels de guerre pour y exécuter une peine de prison de 7 jours.



La coïncidence entre ces deux faits jette une ombre terrible sur un jour qui aurait dû être celui du triomphe de la justice. Il s’agit d’un événement insensé et révoltant pour tous ceux qui, dans le monde, défendent la liberté d’informer et plus généralement les droits humains.
Florence Hartmann avait été la porte-parole du procureur du TPIY Carla Del Ponte de 2000 à 2006, avant de se retrouver poursuivie en tant que journaliste par ses anciens collègues, devenus à la fois juge et partie, pour outrage à la Cour. Motif : avoir révélé dans son livre Paix et châtiment (Flammarion, 2007) les dessous d’une négociation secrète entre le Tribunal et la Serbie dans le cadre du procès de l’ancien Président serbe Slobodan Milosevic.

Dans ce marché, le Tribunal s’engageait à ne pas divulguer certaines preuves de l’implication permanente et déterminante de l’Etat serbe dans la guerre en Bosnie-Herzégovine.
Soulignons avec force que ces éléments étaient déjà connus des milieux autorisés, et qu’au moment des faits Florence Hartmann n’était plus employée du TPIY, mais avait repris son métier de journaliste indépendante. Elle n’a jamais dérobé des documents ou pratiqué le mélange des genres, comme on a trop souvent pu l’entendre ici ou là. Son seul credo est que le public a droit à la vérité, et que c’est le devoir du journaliste de l’informer. 

C’est pourquoi elle a jugé crucial de publier ces informations. 
Condamnée à une amende de 7 000 euros, levés en deux semaines par son Comité de soutien et déposés sur un compte que le Tribunal a refusé de prélever, son jugement a été confirmé en appel en 2011, et sa peine définitivement commuée en 7 jours de prison. Le simple fait que son procès ait été rattaché à l’affaire Milosevic était en soi un scandale et une absurdité. Le fait qu’elle se retrouve aujourd’hui internée dans la même unité de détention que les criminels de guerre qu’elle a sans relâche combattus par ses actes de bravoure, son engagement indéfectible et ses écrits, nous le qualifions de perversion pure et simple d’une institution que nous avons nous-mêmes contribué à créer en 1993.



Nous continuons de croire que l’établissement du TPIY est un immense progrès dans l’histoire encore jeune du droit pénal international. C’est en effet son existence qui a permis l’arrestation du principal responsable de la guerre, Slobodan Milosevic, 5 ans seulement après la fin des combats, et a ouvert la voie à l’établissement de la Cour Pénale Internationale (CPI), où il n’est pas interdit d’imaginer qu’un jour, un Bachar El Assad puisse se
retrouver au banc des accusés.
Les conditions mêmes de l’arrestation de Florence Hartmann, d’une rare violence, évoquant un guet-apens, alors que les associations de victimes tentaient de résister à l’assaut des gardes du Tribunal, ont entaché à jamais le souvenir de ce jour.

Une semaine de prison, c’est peu, diront certains. Mais que fait Florence Hartmann dans le quartier des criminels de guerre, non loin de Radovan Karadzic condamné pour génocide ? Que fait-elle placée à l’isolement, lumière allumée 24 heures sur 24, guichet ouvert toutes les 15 minutes, privée de communication avec l’extérieur ?



A l’instar de Carla del Ponte, nous réclamons sa libération immédiate, et plus encore, nous exigeons sa réhabilitation. Empêchée aujourd’hui de travailler dans les organisations internationales et dans les médias du fait de cette condamnation odieuse, seule une réhabilitation totale lui permettra de reprendre le cours de sa vie professionnelle et personnelle, mise en suspens et radicalement affectée par cette injustice.



LIBÉREZ ET RÉHABILITEZ FLORENCE HARTMANN !
 Une pétition internationale peut être signée en ligne :
https://www.gopetition.com/petitions/release-florence-hartmann-petition.html 

Le recyclage des conseillers du prince est en marche

-->
Le recyclage des hauts fonctionnaires fonctionne comme le recyclage des capitaux. Les  conseillers du prince se glissent aussi facilement aux postes élevés des établissements financiers du privé que les milliards d’euros dans les circuits financiers mondiaux ou…Français. C’est ainsi que, depuis plusieurs semaines, de précieux collaborateurs de la présidence de la République quittent leur poste auprès de François Hollande pour gagner qui, Axa, qui une filiale bancaire, le tout avec l’aval du premier responsable de l’Etat.

C’est un grand privilège que de bénéficier de la sécurité de l’emploi. Non pas qu’il faille se révolter ou s’en plaindre mais le constat est tout de même éclatant : dans les cabinets ministériels siègent des hommes et des femmes sans doute compétent(e)s mais également assuré(e)s de trouver un bon poste à leur départ de leurs fonctions actuelles dont le quidam ne comprend pas toujours la finalité du travail.

Aux États-Unis, le système des dépouilles fait que le président élu s’entoure, pour la durée de son mandat, de personnes de confiance informées dès leur prise de fonction du caractère éphémère  de leur job. En France, les allers retours entre les ministères et les grands corps d’Etat (Conseil d’Etat et Inspection des finances notamment) et le système bancaire offrent des conditions de carrière et donc de salaires extrêmement avantageuses avec un système de primes souvent opaque venant se surajouter aux rémunérations des échelons et du Glissement vieillesse technicité. Autrement dit, la haute fonction publique ne fait craindre ni l’insécurité ni la peur du lendemain.

L’élément intéressant est que le départ de ces hauts fonctionnaires aujourd’hui, à un an de l’élection présidentielle, indique pour le moins une certaine fébrilité au sommet de l’Etat. Vous me direz, l’influence du président actuel disparaîtra du jour au lendemain s’il est battu dans les urnes. On peut donc comprendre que François Hollande, comme Nicolas Sarkozy en son temps, souhaite protéger et assurer l'avenir de ceux et celles qui l’ont si bien servi avec les résultats que l’on sait.

27 mars 2016

Le patrimoine des parlementaires de l'Eure est consultable en préfecture…à quelques conditions


A l'Assemblée nationale.
Les lois sont faites pour servir. C’est ainsi que la loi sur la transparence de la vie publique permet aux citoyens des différents départements de consulter les dossiers patrimoniaux de leurs parlementaires, députés et sénateurs. Évidemment, certaines conditions s’imposent. Le citoyen intéressé doit écouter son interlocuteur lui rappeler les termes de la loi et s’engager à ne pas prendre copie du dossier et à ne pas publier le résultat de ses investigations. Surtout quand on tient un blog ou quand on est journaliste. A quoi bon alors consulter des dossiers dont personne d’autre que vous ne peut avoir connaissance ?

Pour tester le processus, j’ai demandé l’autorisation au préfet de l’Eure de consulter le dossier patrimonial (et non fiscal) d’un parlementaire de l’Eure. Ayant la conviction de répondre à une légitime exigence citoyenne et aussi à un besoin de curiosité inhérent au métier pratiqué pendant toute ma vie, j’ai reçu l’accord de la préfecture et me suis rendu à Evreux cette semaine.

Très aimablement accueilli par le chef de cabinet du préfet de l’Eure et son adjointe, je n’ai eu besoin que d’un petit quart d’heure pour consulter le dossier du député que j’avais choisi. Après avoir — mais c’est la loi — décliné mon identité et présenté la CI en cours ainsi que l’attestation d’inscription sur les listes électorales de Louviers, j’ai parcouru les quelques pages d’une copie d'un dossier dont l’original est détenu par la HATVP le tout sous la surveillance de mes hôtes.

Au cours de notre brève conversation, j’ai appris que les citoyens ne s’étaient pas pressés au guichet de la préfecture puisqu’à ce jour nous ne sommes que deux à figurer sur le registre spécial tenu à la disposition des parlementaires au cas où ils souhaiteraient connaître les noms de ceux et celles qui veulent en savoir plus sur leur richesse réelle ou supposée. L’intérêt de cette loi réside sans doute dans le fait que les parlementaires sont tenus de déposer l’état de leur patrimoine au début de leur mandat et de remplir ce même dossier au terme de son exercice. Ainsi, quiconque peut constater ou une stabilisation de leur situation ou une évolution négative…ou positive. Et d’en chercher les raisons !

Autre objectif de cette loi : permettre à tout citoyen de faire savoir à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique qu’une déclaration est soit mensongère, soit incomplète. Ce qui n’est pas donné au citoyen ordinaire. Quant au dossier que j’ai consulté, je suis bien incapable d’en mesurer la sincérité ou la réalité faute de comparaison. 

Dans certaines démocratie nordiques, les dossiers patrimoniaux des élus sont mis en ligne sur Internet. On n'en est pas encore là en France même si des progrès sensibles ont été accomplis au cours du quinquennat actuel. Il s'agirait là d'une amélioration certaine en faveur d'une vraie transparence simple et facilement accessible. Je ne doute pas qu'on y parviendra un jour.