15 décembre 2016

François Ruffin n'aime pas qu'on critique le referendum. Il a tort.


Le général de Gaulle en Irlande après la défaite de 1969…
En entendant François Ruffin affirmer dernièrement dans l’émission 28 minutes sur Arte, que ceux qui  critiquent les résultats des referendums visent, ni plus ni moins, qu’à remettre en cause la validité du suffrage universel et qu’en le contestant c’est faire preuve d’une arrogance antidémocratique, j’ai explosé intérieurement. Lui, François Ruffin, considère que les referendums sont l’expression légitime des colères du peuple et que ce processus électoral ne mérite pas tant d’opprobre. D’ailleurs ne vient-il pas d’affirmer qu’au « populisme de droite, il fallait opposer le populisme de gauche. » Merci beaucoup mais le théâtre politique est déjà rempli de ces histrions fanatiques ivres de ce que d’aucuns appellent l’ère post-vérité. La vérité des faits et des événements ne vaut plus rien. Ce qui compte, c’est la rumeur. Vive Trump, Vive Farage, Vive Grillo, Vive Poutine, Vive Le Pen ! Vive Ruffin !

Le referendum est-il l’outil démocratique absolu tel que vanté, notamment, par tous ces populistes de droite et de gauche ? Sur le papier, c’est vrai, le referendum peut apparaître comme la forme la plus aboutie de l’expression populaire. Le général De Gaulle a même souhaité en faire un outil de gouvernance. Il en a été lui-même victime en 1969 lors de ce fameux referendum sur la régionalisation perdu comme chacun sait par l’homme de la France libre. Il s’agissait d’une autre époque, sans doute, pourtant les Français répondaient déjà, non pas à la question, mais à celui qui la posaient. Si c’était à refaire, j’en connais qui modifieraient leur vote de l’époque puisque dans le texte du général le Sénat devait disparaître et que personne, depuis, n’a osé revenir sur sa suppression au fond pas si contestable que cela.

Dans un référendum, si la question peut s’avérer complexe, la réponse est très simple : c’est oui ou c’est non. C’est blanc ou c’est noir. Dans une démocratie présidentialo-parlementaire, le referendum met en prise directe le chef de l’Etat et le peuple, court-circuitant, de fait, les corps intermédiaires que sont les parlementaires, les partis politiques, les associations. Posons nous donc la question de savoir pourquoi les Le Pen et autres Wilders (aux Pays-Bas) réclament à cors et à cris un referendum pour exiger la sortie de l’Europe ? Parce qu’ils pensent éviter le lent et patient travail d’explications permettant d’informer le peuple mais surtout parce qu’ils sont convaincus (exemples le Brexit et le referendum italien) qu’il est plus facile de mentir et donc de tromper les électeurs(trices). Le referendum est devenu un moyen d’efficacité pour un discours simpliste « qui parle aux tripes » comme le dit si bien Beppe Grillo. Les tenants du Brexit ont menti et c’est grâce à leurs arguments fallacieux qu’ils ont gagné. Quant à l’élection de Trump, s’il ne s’agissait pas d’un référendum, on ne peut pas dire que la vérité y ait trouvé son compte.

François Ruffin que j’ai connu plus avisé, devrait réfléchir à cette évidence. Avec le referendum, les bonimenteurs et les menteurs peuvent plus aisément tromper les peuples. Voilà pourquoi il convient d’être circonspect à l’égard de cet outil qui a toutes les apparences de la démocratie sans avoir très peu de ses avantages : quand la démocratie parlementaire prend le temps des consultations, le referendum est brutal, pervers, rapide et surtout définitif. Au Parlement, une loi peut être modifiée voire supprimée…pour remettre en cause un référendum, il faut en organiser un autre. C’est forcément plus compliqué.

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