25 décembre 2016

Christian Estrosi enfourche sa bécane judiciaire pour faire taire la presse


« Alors que notre ville est toujours en deuil et qu’une enquête est en cours, Mediapart aurait-il eu accès à des images qui sont normalement protégées par le secret de l’enquête ? » Voilà tout ce qu’a trouvé Christian Estrosi, ancien maire de Nice et adjoint à la sécurité de la ville,  pour attaquer Mediapart et poursuivre le site d’information en diffamation. Il est vrai que le selfie de M. Estrosi avec l’auteur du massacre (pris en août 2015) fait mal dans le paysage même si on ne peut reprocher au président de la Région de poser pour des photos avec des gens qui l’encensent ou l’admirent.

Un procès en diffamation, si M. Estrosi confirme ses projets de plainte, ce qui n’est pas du tout évident aujourd’hui, est une arme à double tranchant. Le site Mediapart et Edwy Plenel, directeur de la rédaction, auront beau jeu de plaider la vérité des faits et aussi leur bonne foi qui exonèrent les journalistes de toute responsabilité. En règle générale les plaintes en diffamation n’ont qu’un but : faire taire les journalistes trop curieux ou trop bien informés. Cette arme est à double tranchant puisqu’un procès est aussi une occasion de rendre publiques des turpitudes et des preuves qui, sans cela, n’auraient été que survolées pendant un jour ou deux. Estrosi a donc tort de vouloir polémiquer sur la responsabilité de sa police et les erreurs éventuelles qu'elle a commises.

J’imagine que la menace d’un procès en diffamation n’effraie pas outre mesure la rédaction de Mediapart. Son enquête est argumentée, les mots sont bien choisis et surtout elle s’appuie sur un dossier redoutable pour la crédibilité de la police municipale niçoise qu’Estrosi veut protéger à tout prix. Quant au secret de l’instruction, on sait depuis belle lurette qu’il n’est qu’un secret de polichinelle. Destiné à protéger les justiciables des pressions et des rumeurs, il n’alimente en fait que le désir toujours plus grand des journalistes d’investigation de chercher à mettre au jour ce qu’on voudrait nous cacher. Que M. Estrosi trouve saumâtre de voir son système de défense mis à mal se comprend mais la liberté d'informer se situe au-dessus de ses états d'âme.

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