27 novembre 2016

La gauche et l'élection présidentielle : plus on est de fous plus on rit


Le dépouillement du second tour de la primaire de la gauche en 2011 à Louviers.
Même si elle est souhaitable, la case primaire n’est pas obligatoire. Ils sont de plus en plus nombreux ceux qui s’affranchissent de cette opération vérité destinée à donner la parole démocratiquement à l’électorat de gauche. Jean-Luc Mélenchon ne participera pas à la primaire de gauche et encore moins demain puisque le PCF lui apporte son soutien et celui des élus synonymes de 500 signatures. Yannick Jadot, pour les Verts, fera le chemin tout seul en mai prochain. Et voilà que Sylvia Pinel, pour les radicaux de gauche, annonce qu’elle sera passera du grand frère socialiste. Emmanuel Macron a annoncé sa candidature en solo, lui aussi, inspiré par le renouveau et le jeunisme apartidaire. Il n’est ni de droite ni de gauche…ni de gauche donc.

Attardons nous sur ces deux dernières candidatures. Macron (dehors et dedans) et le PRG ont servi le gouvernement pendant tout le quinquennat. Ils sont donc comptables des résultats positifs, quand il y en a, et des échecs puisqu’il y en a. S’ils annoncent leur volonté d’indépendance à l’égard de Hollande et Valls, c’est parce qu’ils souhaitent monnayer, tôt ou tard, leur retour au bercail. Malgré les grands mots et les petites phrases, je vois mal M. Macron ou Mme Pinel disputer la seconde place qualificative au premier tour de la présidentielle sur leur seul projet. Bien sûr, une surprise est toujours possible et Sarkozy en sait quelque chose, mais les forces politiques en vogue (et en vague) sont plutôt du côté d’une droite dure quelle que soit l’étiquette choisie. La gauche molle a fait long feu.

Ainsi, Emmanuel Macron et Sylvia Pinel, c’est du moins ma conviction, ne concourent pas pour gagner mais pour exister et peser. On a l’habitude à Louviers et en Normandie, de ces coups de menton des radicaux de gauche (cela leur a parfois réussi) visant à affaiblir l’influence des candidats, des listes d’union ou des élus socialistes. Ils procèdent toujours de la même façon : une menace de candidature individuelle, un chantage pour obtenir les meilleures places inversement proportionnelles à l’influence réelle du PRG et souvent, en fin de parcours, un renoncement à des demandes excessives après avoir obligé le PS à céder aux injonctions de quelques notables. Ce jeu est vieux comme la politique et le PS, même s’il est en très petite forme, le sait mieux que quiconque.

Il est plus renversant d’entendre un président de l’Assemblée nationale proposer au Premier ministre en place et au Président de la République de concourir ensemble à la primaire de la gauche des 22 et 29 janvier prochains comme s’il existait des différences notables et sensibles entre leur politique. Franchement, c’est le monde à l’envers. Que M. Bartolone n’ait pas apprécié les remarques acerbes de François Hollande à son égard ne justifie pas qu’il s’érige en poisson-pilote de Manuel Valls. Cette proposition ajoute à une confusion déjà intense bien que le dessein de M. Bartolone soit en fait très lisible : en poussant Mélenchon, Macron, Valls et Hollande à concourir à la primaire, le président de l’Assemblée joue la carte du Premier ministre sans en avoir l’air mais la ficelle est un peu grosse car il sait bien que Mélenchon ne cédera pas. Alors quoi ? Les candidatures à la primaire de la Gauche doivent être déposées avant le 15 décembre. Vivement le 16 !

Aucun commentaire: