29 août 2016

Les politiques devraient cesser de servir la soupe à Daech


Libérer la parole raciste c’est comme ouvrir les vannes d’un barrage. Vous ne retiendrez plus l’eau tout comme vous ne freinerez plus les pires outrances verbales. C’est bien pourquoi si on a fustigé pendant des années le verbe décomplexé d’un Jean-Marie Le Pen (à nouveau condamné ces derniers jours) on devrait adopter la même attitude à l’égard de Nicolas Sarkozy et son entourage. Tous ceux — les personnages publics en particulier — qui ne se contrôlent pas (ou mal), qui choisissent d’opposer plutôt qu’apaiser, qui pratiquent la politique du pire, ne méritent pas la confiance des électeurs(trices). Sarkozy est de ceux-là.

Le restaurateur qui, hier en région parisienne, a littéralement agressé deux femmes voilées (le voile n’est pourtant pas interdit) les sommant de débarrasser le plancher de son établissement (1) a évidemment été inspiré, j’allais écrire autorisé, par le contexte général et surtout par les propos de politiciens imprudents ou cyniques.

Réfléchissons deux minutes. Daech, l’Etat islamique, cherche à tout prix à opposer les différentes religions et à semer la pagaille au sein des démocraties occidentales, symboles aux yeux des fanatiques, du mal absolu et du pourrissement des idées et des mœurs. Selon la doctrine de l'EI les femmes et leurs corps surtout, appartiennent aux hommes et celles-ci doivent leur être soumises. En occident et en France, en particulier, la situation de la femme a changé dans la société. Même si c’est assez récent, les femmes ont conquis des droits qui eussent paru invraisemblables au début du 20e siècle. Hier donc. Non seulement elles votent mais en plus, elles disposent librement de leur corps et maîtrisent leur fécondité.

Que des femmes musulmanes vivant en France ne soient pas prêtes, pour des raisons choisies ou imposées (eh oui la culture !) à adopter le style de vie occidental ne doit pas être condamné par les lois si leur pratique ne porte aucun préjudice à autrui et ne nuit pas à l'ordre public. C’est ce que le Conseil d’Etat a redit avec pertinence dans son ordonnance visant à suspendre l’application des arrêtés pris par les maires contre le port du burkini mais pas seulement. Manuel Valls a tort, lui aussi, de remettre du charbon dans la chaudière en assurant que le débat n’est pas épuisé avec la décision de la haute autorité administrative. Le gouvernement ne légifèrera pas, soit, cela ne dispense pas le chef du gouvernement — comme le fait bien Bernard Cazeneuve — de rester raisonnable et pédagogue. Evitons donc de servir la soupe à Daech, d’alimenter la machine à rumeurs et de lancer des anathèmes. Laissons cela aux fanatiques.

(1) « Les terroristes sont des musulmans, les musulmans sont des terroristes » a-t-il crié

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