20 mai 2016

Marc Antoine Jamet proteste « contre l'acharnement obscur des encagoulés »


Hier, les opposants à la loi El Khomry manifestaient dans différentes villes de France dont Evreux. La colère de certains participants s'est « exprimée » notamment contre les locaux de la fédération de l'Eure du Parti socialiste ou des actes de vandalisme ont été commis. Je suis de ceux qui, très tôt, se sont opposés à la loi dite « loi travail. » Mais il y a mille manières de s'opposer. Autant la manifestation de rue, la grève, l'expression médiatique, la pétition, que sais-je encore, répondent à des soucis démocratiques et légitimes, autant la violence contre les biens ou les personnes n'a pas (ou ne devrait pas avoir) sa place dans le panel des protestataires. Je sais bien qu'on oppose souvent la violence agressive à la violence sociale laquelle justifierait certaines extrémités. Le licenciement, le chômage, la précarité sont effectivement des formes de violence. Une démocratie digne de ce nom ne peut pourtant fonctionner dans un rapport antagoniste placé sous le signe de la colère aveugle ou de la violence physique.
Marc-Antoine Jamet, premier secrétaire de la fédération de l'Eure du Parti socialiste, réagit à ces actes dommageables pour ceux qui en sont victimes et ceux qui les commettent. Je publie le communiqué qu'il m'a adressé.
« Au cours d'un défilé qui rassemblait quelques centaines de personnes à Evreux dans un calme  démontrant la légitimité d'un mouvement et de manifestants qui ont - évidemment - le droit le plus absolu de s'opposer au Gouvernement, même si on aurait souhaité les voir - tous - faire face avec la même énergie à la droite, se battre avec la même détermination pour sauver entreprises et emplois, lutter avec la même résolution contre le Front National, le siège de la Fédération du Parti Socialiste de l'Eure a subi des dégradations.
Est-ce vraiment un objectif légitime de s'attaquer à la représentation d'un parti politique, à un outil de l'action démocratique, à un lieu d’expression, de débat et de dialogue ? On peut en douter. Est-ce digne, honnête et grandiose d'inquiéter, je n'emploierai pas le mot terroriser, des permanents qui, depuis de longues années, ont aidé à faire aboutir les grandes réformes qui ont changé notre société et la vie ? Je ne le crois pas. La vérité est là : pour commettre ces actes, stupidité, provocation, irresponsabilité, amnésie et mauvaise foi s'étaient données la main ce matin là. Je le regrette. Je le condamne.
Quand les idées sont imprécises ou contradictoires, on frappe, on tape, on casse. Lorsque la confrontation des arguments fait peur, on dégrade des locaux, on souille des murs, on abîmé des portes.  Les auteurs de ces déprédations n'étaient pas muets et, pourtant, ils ne parlaient qu'avec leurs mains. Nous avons le culte de la raison. Il passe par la discussion et la réflexion. Malheureux, les pauvres en convictions et en propositions, les revenus de tout et les partisans de rien, aucun paradis ne les attend.
Les socialistes, mes camarades, eux, ce sont d'abord des militants, un millier d'hommes et de femmes de conviction, de toute origine sociale, enseignants, ouvriers, médecins, artisans, fonctionnaires, employés, qui se battent depuis toujours pour des valeurs de liberté, de solidarité, d'égalité, de laïcité et de fraternité. Fidèles, sincères, constants, ils, ont été aux côtés des syndicats, des étudiants, des travailleurs, des faibles et des oubliés. Commentant la Loi Travail et son adoption, ils ont pu dire leur incompréhension et, parfois, leur désillusion. Ils ont eu des inquiétudes et en éprouvent encore, mais, jamais, jamais, ils ne cèdent à la violence ou à l'injure.
Rien ne peut justifier ces actes accomplis dans le courage crapoteux de l'anonymat, rien ne peut permettre de tolérer des comportements haineux, rien ne peut autoriser des propos honteux qui  associent le parti de Léon Blum, de Victor Basch, de Daniel Mayer et de Jean Zay à la capitulation comme tenta de le faire Pétain à Riom. En tant que Premier secrétaire fédéral, au nom des socialistes de l’Eure, je condamne ces actes de vandalisme parce qu'ils sont lâches, minables et médiocres. Quelle que soit la teneur des revendications, quelle que soit l'expression d'un mécontentement ou d'une opposition dont je défendrai toujours l'expression, à Evreux, au Havre, à Rouen, à Caen, à Paris, comme partout en France, la liberté, celle de manifester ou de protester, celle des droits de l'homme et du citoyen, n'est pas celle de casser, de dégrader ou de vandaliser, car, alors, c'est la République que viennent détruire l'acharnement obscur des encagoulés. »

Marc-Antoine Jamet, Premier secrétaire de la fédération de l'Eure du PS

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