15 mars 2016

« Vade retro satanas » ou le péché de Monseigneur Barbarin


J’ignore quelle suite sera réservée à l'action judiciaire en cours contre Mgr Barbarin, cardinal et archevêque de Lyon. Le prélat est mis en cause dans une affaire — devinez quoi ? — de pédophilie ! Non pas que le monsignore soit lui-même amateur de petits garçons mais il est inquiété pour avoir tu des agissements coupables de la part d’un curé trop pressant et trop entreprenant auprès de jeunes scouts qu’il avait sous sa garde. Depuis 2007, semble-t-il, Mgr Barbarin savait !

Mgr Barbarin est bien embêté et on le serait à moins car il fallu l’intervention des victimes directement auprès du Vatican pour que le cardinal se manifeste lui qui avait, si j’ose dire, fait le mort pendant plusieurs années en attendant l’oubli et des jours meilleurs. Il se trouve que l’Eglise vaticane est traversée par de nombreuses crises et notamment par la conduite pleine de reproches de prélats américains, à l’origine d’un film oscarisé et actuellement sur les écrans (1). Car la pédophilie est un crime. Se livrer à des attouchements sexuels sur des mineurs, filles ou garçons, est totalement interdit par la loi et encore plus scandaleux quand les victimes sont très jeunes, voire pré-adolescentes. Le Vatican ne veut plus du silence ni du secret.

Le pape François successeur de Benoit XVI, s’inscrit ainsi dans le droit fil de son action puisque ce pape retraité avait décrété la tolérance zéro à l’égard des brebis galeuses. Il se trouve pourtant que l’Eglise a du mal à faire le ménage au sein de son personnel et se limite trop souvent à entendre en confession les auteurs des crimes sexuels. Les mettre à l’écart des enfants est plus qu’un devoir moral, c’est une obligation de même que la dénonciation de ces crimes auprès des autorités policières et judiciaires.

Si je consacre un billet à cette affaire ce n’est pas par provocation à l’égard des catholiques. Mais Mgr Barbarin, grand donneur de leçons devant l'Eternel, a participé activement à la Manif pour tous qu’il a soutenue voire inspirée. Il n’a jamais été avare de paroles plus ou moins blessantes à l’égard des homosexuels désirant se marier. Peut-être aurait-il dû faire preuve de compassion à l'égard des futurs mariés d’autant plus que l’homosexualité, en France, n’est ni un crime ni un délit. La loi punit au contraire ceux et celles qui injurient, agressent des hommes ou des femmes pour leurs préférences sexuelles. Dans un état de droit, la loi s’applique à tous. Qu’elle plaise ou pas. Il appartenait à l’évêque de Lyon, non seulement de dénoncer le crime de ses ouailles en soutane mais surtout de veiller à ce qu’elles ne soient plus en situation de récidive…et de tentation. Ce qu’il n’a malheureusement pas fait. Vade retro satanas !

(1) Adapté de faits réels, Spotlight retrace la fascinante enquête du Boston Globe – couronnée par le prix Pulitzer – qui a mis au jour un scandale sans précédent au sein de l’Eglise Catholique. Une équipe de journalistes d’investigation, baptisée Spotlight, a enquêté pendant 12 mois…

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