23 janvier 2016

Hervé Morin a une conception démodée des rapports entre la majorité et l'opposition


Hervé Morin ne démissionnera pas de son poste de député. Contrairement à ses engagements de campagne, il continuera de siéger à l’Assemblée nationale et de percevoir l’indemnité attenante sans oublier l’IRFM qui n’entre pas dans le total plafonné par la loi (1). Les raisons invoquées par le nouveau président de la région Normandie sont fallacieuses. Et surtout ne sont pas conformes à la vérité.

« Je ne démissionnerai pas car alors une élection partielle aurait lieu et qui sait, un membre du Front national pourrait être élu voire un socialiste puisque le PS dans l’Eure n’est pas encore complètement mort. » Voilà un jugement pour le moins aimable à l’égard du principal parti d’opposition arrivé en tête dans les villes d’Evreux, Val-de-Reuil, Pont-de-l’Arche, Verneuil-sur-Avre, pour ne citer qu’elles, même si le pourcentage de la liste PS-PCF-PRG n’a été que de 30 % et quelques au second tour sur l’ensemble du département eurois.

En fait, Hervé Morin s’est arrangé pour qu’un recours soit déposé par l’un des siens « contre » son élection sous un prétexte fallacieux. Ce recours lui permet de ne pas appliquer la loi sur le cumul et de gagner du temps puisqu’une autre loi précise qu’aucune élection législative ne doit avoir lieu durant l’année précédent le renouvellement de l’Assemblée nationale.

Hervé Morin a pourtant tort de négliger une opposition républicaine qui a fait ses preuves. De manière totalement inélégante, il reproche à Nicolas Mayer-Rossignol et Laurent Beauvais, les anciens présidents des régions haute et Basse-Normandes, de ne pas avoir préparé la réunification. C’est inélégant et injuste puisque les deux présidents PS ont passé plus d’une année à travailler sur des schémas d’union cohérents, sans doute différents des objectifs de M. Morin, mais qui ont le mérite d’exister et surtout de répondre à un type d’organisation associant les départements, les métropoles, et les agglomérations.

Les nouvelles compétences de la région sont telles notamment en matière économique et de transports, qu’il eût été irresponsable de la part des anciens présidents socialistes de ne pas élaborer un schéma de développement dans les filières porteuses de la Normandie : pharmacie, logistique, énergies renouvelables, fluvial, recherche et développement, universités, ports…Hervé Morin sombre dans la basse politique et l’opportunisme polémique pour agresser ses opposants. Gageons qu’ils auront l’occasion lors des prochaines séances plénières de remettre les pendules à l’heure et de contester une vision obsolète des rapports entre majorité et opposition.

(1) Le plafond maximum des indemnités perçues par un élu est de 8432 euros, tous mandats confondus. Mais l'IRFM (indemnité pour frais) perçue par les parlementaires n'entre pas dans le total. Elle est de 5570 euros !

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