31 décembre 2016

Quelques réflexions au débotté : Copenhague, Philippe Cayeux, Jacqueline sauvage, Barack Obama, Vladimir Poutine, Donald Trump

 
Le vélo : tout est prévu pour faciliter la vie des cyclistes à Copenhague (photo JCH)
Il ne vous aura pas échappé que ce blog a été interrompu pendant quelques jours à cause d’un court voyage au Danemark. Je n’ai pas l’habitude de m’étendre sur mes activités dites privées. Cependant, et compte tenu du débat qui agite bien des politiciens autour de Schengen et de son espace de libre circulation des personnes, des biens et des services, je m’en voudrais de ne pas relater ma courte expérience récente. Les rues de Copenhague, en cette période de fêtes, se remarquent pour la sérénité des Danois, la circulation plus qu’intense des cycles, véritable pratique communautaire, et l’absence totale de présence policière ou militaire.
Pourtant, le Danemark depuis les dessins de Mahomet dans Charlie Hebdo repris par un journal national, est aussi dans la ligne de mire des djihadistes fanatisés. J’ai lu que le gouvernement danois avait rétabli le contrôle aux frontières. Étonnant par conséquent qu’aucune carte d’identité ne nous ait été demandée lors du départ de la capitale danoise. Preuve que Schengen fonctionne dans l’intérêt de tous les citoyens européens du moins ceux et celles qui font de la rencontre des autres et de la découverte des pays un art de vivre.

Le décès récent de Philippe Cayeux met évidemment dans la peine sa famille et ses amis nombreux à Louviers. Non seulement ses fonctions de conseiller d’orientation lui avaient permis de bien connaître le milieu scolaire et d’aider les collégiens à choisir leur voie mais en plus son engagement aux côtés de Franck Martin, lors de son premier mandat assez réussi, avait convaincu la gauche lovérienne de l’importance du spectacle vivant. Conseiller municipal délégué, Philippe avait créé avec enthousiasme le festival de la chanson française qui fit venir à Louviers Dominique A, Miossec et tant d’autres comme Idir par exemple. Malheureusement, des incompatibilités dommageables ne lui donnèrent pas l’occasion d’élargir sa palette qu’on savait généreuse. Il abandonna donc ses fonctions d’élu puisque le lien de confiance était rompu. Il n’empêche.
Auteur reconnu de textes pour la jeunesse, Philippe Cayeux s’était fait un nom et taillé une réputation admirée dans un genre aussi difficile que délicat. Nous serons nombreux à regretter son élégance ainsi que son sourire amical…

Pourquoi n’a-t-il pas agi plus tôt ? Pourquoi a-t-il fallu attendre tous ces mois pour qu’enfin le président de la République use de son droit de grâce à l’égard de Jacqueline Sauvage ? J’avais, en son temps, accusé François Hollande d’être l’homme des demi-mesures. J’avais donc raison. Son renoncement à être candidat à nouveau l’a conduit à se comporter comme un vrai président, apte à trancher, à décider. Que la famille de Jacqueline Sauvage, ses avocats, son comité de soutien, les Français en général, approuvent la grâce, c’est bien le moins. Les politiques aussi, de droite comme de gauche, ont rejoint la cohorte des soutiens à une femme que les magistrats considèrent comme coupable et non comme victime. Ces derniers l’accusent encore de ne pas avoir accepté cette condition apitoyée, de ne pas vouloir se repentir d’un crime que ses avocats ont affirmé avoir été commis en légitime défense. Me Soulez-Larivière considère qu’il eût mieux valu plaider les circonstances atténuantes puisque ce crime a eu lieu sans préméditation mais pas dans l’immédiateté des coups et des violences. Le fait est que la loi devra se voir améliorée au cours de la prochaine législature. Avec une notion d’emprise mentale expliquant…l’irréparable.

Deux juifs hostiles au grand Israël. (photo Taryn Simon)
Barack Obama aussi aura attendu la fin de son mandat pour régler ses comptes avec Benjamin Netanyahou. En préconisant l’abstention lors du dernier vote du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant à nouveau la colonisation dans les territoires occupés de Cisjordanie, le président américain a signifié que cette colonisation galopante ne permettrait pas la création de deux états distincts et voisins contraints de vivre en paix. Le dirigeant israélien le plus à droite de l’histoire du jeune état a bien du mal à cacher qu’il envisage un seul état juif avec la présence de deux millions de Palestiniens tolérés on ne sait pas trop bien comment. L’annexion progressive mais constante de la Cisjordanie indique ainsi clairement que le mouvement « la Paix maintenant » est en panne en Israël et que l’élection de Trump va favoriser, par ailleurs, une droite extrême travaillée par le nationalisme et le religieux orthodoxe. 2017 s’annonce mal au Moyen-Orient.

Enfin, coup de chapeau à Poutine qui se fout bien de la gueule des gens. Permettez-moi cette trivialité. Le président (à vie ?) russe fait un bras d’honneur à Barack Obama qui, en fin de règne, tape sur la table trop tardivement. Maintenant qu’il est acquis que les services secrets russes ont envoyé leurs hackers en première ligne pour espionner les démocrates et perturber le jeu  normal de la démocratie américaine, Poutine n’a que faire des expulsions programmées aux USA de ses diplomates. Il peut se permettre de jouer les grands seigneurs en assurant que lui ne voit pas de raison d’équilibrer les sanctions puisqu’il attend patiemment l’arrivée au pouvoir de macho Trump qu’il a contribué à faire élire.
Les Républicains du Congrès ne sont pas tous poutinophiles. Il est possible que certains d’entre eux souhaitent aggraver les mesures antirusses adoptées par Barack Obama. Et si, comme on le prétend, Poutine veut créer des turbulences en France, en Allemagne et pourquoi pas en Autriche ou ailleurs, les systèmes de défense européens ont intérêt à veiller grain. En Français la Poutine est une bouillie d’avoine. Au Canada il s’agit d’un plat de frites et de fromages en grains. Ah ce Poutine, il nous fera tout avaler.


25 décembre 2016

Christian Estrosi enfourche sa bécane judiciaire pour faire taire la presse


« Alors que notre ville est toujours en deuil et qu’une enquête est en cours, Mediapart aurait-il eu accès à des images qui sont normalement protégées par le secret de l’enquête ? » Voilà tout ce qu’a trouvé Christian Estrosi, ancien maire de Nice et adjoint à la sécurité de la ville,  pour attaquer Mediapart et poursuivre le site d’information en diffamation. Il est vrai que le selfie de M. Estrosi avec l’auteur du massacre (pris en août 2015) fait mal dans le paysage même si on ne peut reprocher au président de la Région de poser pour des photos avec des gens qui l’encensent ou l’admirent.

Un procès en diffamation, si M. Estrosi confirme ses projets de plainte, ce qui n’est pas du tout évident aujourd’hui, est une arme à double tranchant. Le site Mediapart et Edwy Plenel, directeur de la rédaction, auront beau jeu de plaider la vérité des faits et aussi leur bonne foi qui exonèrent les journalistes de toute responsabilité. En règle générale les plaintes en diffamation n’ont qu’un but : faire taire les journalistes trop curieux ou trop bien informés. Cette arme est à double tranchant puisqu’un procès est aussi une occasion de rendre publiques des turpitudes et des preuves qui, sans cela, n’auraient été que survolées pendant un jour ou deux. Estrosi a donc tort de vouloir polémiquer sur la responsabilité de sa police et les erreurs éventuelles qu'elle a commises.

J’imagine que la menace d’un procès en diffamation n’effraie pas outre mesure la rédaction de Mediapart. Son enquête est argumentée, les mots sont bien choisis et surtout elle s’appuie sur un dossier redoutable pour la crédibilité de la police municipale niçoise qu’Estrosi veut protéger à tout prix. Quant au secret de l’instruction, on sait depuis belle lurette qu’il n’est qu’un secret de polichinelle. Destiné à protéger les justiciables des pressions et des rumeurs, il n’alimente en fait que le désir toujours plus grand des journalistes d’investigation de chercher à mettre au jour ce qu’on voudrait nous cacher. Que M. Estrosi trouve saumâtre de voir son système de défense mis à mal se comprend mais la liberté d'informer se situe au-dessus de ses états d'âme.

24 décembre 2016

« C'est le coq qu'on entend crier, jamais le bœuf » (proverbe touareg)


En lisant l’enquête de Mediapart parue hier, je comprends mieux pourquoi Christian Estrosi braillait comme un âne au lendemain de l’attentat de Nice. En criant plus fort que les autres et en insistant sur les failles (réelles ou supposées) de la police nationale, l’adjoint à la sécurité du maire de Nice qu’il est, voulait tout simplement noyer le poisson et tenter de dissimuler la responsabilité des policiers municipaux niçois chargés de contrôler la vidéosurveillance et les images afférentes.

Les journalistes de Mediapart démontrent, preuves à l’appui (images, PV) que pendant plusieurs jours le conducteur du camion-fou a circulé dans des rues de Nice pourtant interdites aux poids lourds et qu’il a manœuvré sur les trottoirs afin de calculer les trajectoires qui lui permettraient le 14 juillet au soir, de faire un maximum de morts et blessés. Ainsi, la vidéosurveillance de Nice, si souvent citée en exemple par Estrosi, prouve qu’il y a eu défaillance dans l’analyse des images et qu’en fin de compte, les caméras ne sont rien sans des experts compétents pour les lire. A quoi servent les presque 1300 caméras de la ville si personne n'est capable de constater qu'un camion commet infraction sur infraction, plusieurs jours durant !

L’adjoint à la sécurité de Nice, par ailleurs président du Conseil régional, n’est pas connu pour sa modération et son sens des nuances. Peut-être aurait-il dû, pour une fois, se montrer plus prudent. Après ces révélations démontrant que le chauffeur du camion avait procédé à onze repérages enregistrés par la vidéosurveillance, une enquête approfondie devrait pouvoir placer les responsabilités réelles là où elles sont c’est-à-dire au sein de la police municipale niçoise et, qui sait, au sein de la municipalité elle-même. M. Estrosi, s’il était demeuré discret, aurait sans doute moins incité les médias à s’intéresser de près aux déclarations de celle que Bernard Cazeneuve poursuit en diffamation. Une policière municipale a, en effet, outrancièrement chargé la barque de la police nationale accusée d’être la cause du carnage. Morale de l'histoire : « C'est le coq qu'on entend crier, jamais le bœuf » (proverbe touareg)

23 décembre 2016

Lepénisation, trumpisation, poutinisation, abomination…


 Qu’il est difficile de demeurer rationnel et raisonnable face à Donald Trump, sa personnalité, ses excès et ses humeurs. Après une campagne exceptionnelle de vulgarité et de fausses promesses, le nouveau président américain présente au monde l’un des pires visages de ce qu’on appelle la politique. Ce mot, a priori noble puisqu’il définit les actes utiles à la cité et à la société, devient le symbole de ce qui se fait de pire en comportements humains. On avait la lepénisation des esprits en France, on a maintenant la trumpisation des idées aux Etats-Unis et ailleurs.

En relisant les déclarations, les tweets, les lettres d’insultes adressées à l’ancien premier ministre écossais sous la signature de Donald Trump (1), on mesure à quel point le cynisme devient la règle alors qu’autrefois, l’éducation, la culture, une idée commune de la vie, poussaient les politiciens à la retenue et au respect d’une certaine moralité. Aujourd’hui les digues de la morale publique et de la dignité ne tiennent plus. Le flot puissant des démagogues mine tous les édifices construits autour du bien commun. La fille de Jean-Marie Le Pen propose de déscolariser des enfants sont le seul tort est d’avoir des parents sans papier. On les pénalise non pas pour ce qu’ils font mais pour ce qu’ils sont. Remugle d’un passé pas si lointain qu’on croyait oublié. Trump traite ses adversaires comme des ennemis, il expose ses obsessions et n’hésite pas à parler de « truies ou de chiennes » quand il s’agit des femmes « qu’il prend par la chatte ». Il s’assied sur des cuvettes de WC en or mais fustige le marigot de Washington comme les banquiers…dont son gouvernement est pourtant composé à 90 %. Business is business.

Marine Le Pen comme Ménard, Trump comme Grillo, n’ont pas de surmoi. Ils exècrent le genre humain et tout ce qui n’est pas eux. Ils n’ont aucun scrupule à mentir, à tromper, à  profiter des failles du système qu’ils condamnent uniquement dans les mots. Si ces personnages peu ragoûtants prospèrent, c’est parce que l’outrance devient la règle et l’outrage un lieu commun. C’est parce que le bruit et la fureur remplacent la réflexion et la distance. Il est vrai aussi que les vieux partis de nos vieilles démocraties sont usés, fatigués, épuisés. Le système tant honni craque de partout. Autrement dit 2017 s’annonce sous les pires auspices.

Raison de plus pour ne rien céder, ne pas reculer, valoriser le dialogue et le compromis, continuer de lutter pied à pied contre tous ces démagogues car on sait bien où ils nous emmènent. Le rôle des journalistes se fait donc chaque jour plus important. A chaque mensonge sa réponse. A chaque contre-vérité sa mise au point. Sans oublier les enquêtes, la traque aux délits voire aux crimes. Que cent Médiapart s’épanouissent et les démocraties dignes de ce nom seront mieux gardées.

(1) Donald Trump, propriétaire de plusieurs golfs en Ecosse, est parti en guerre contre les fermes éoliennes et les énergies nouvelles !

20 décembre 2016

Christine Lagarde et l'affaire Tapie : « coupable mais pas responsable » !


Et Michel Sapin, ministre de l’économie et des finances qui y va de son message de confiance à l’égard de Mme Christine Lagarde ! On en voit de belles et des pas mûres dans le monde politique. Car enfin, Mme Lagarde n’est-elle pas celle qui « en voulant être utile à Nicolas » a entériné l’arbitrage Tapie et ignoré les recommandations des membres de son administration quant au scandaleux résultat. Ces fonctionnaires avisés proposaient de faire appel de cet arbitrage frelaté, pensé, imaginé par l’équipe Sarkozy en remerciement du soutien apporté à Tapie lors de la présidentielle. Du moins pour ce que l’on en sait publiquement

François Bayrou, pourfendeur méritant des frasques de Sarkozy-Tapie tape fort contre le jugement de la Cour de Justice de la République. Il évoque même un pacte de corruption mêlant président de la République de l'époque et un Bernard Tapie intéressé. Cette juridiction — la CJR — très particulière composée de parlementaires et de trois magistrats professionnels a rendu un jugement étrangement complaisant, hier, dans l’affaire Lagarde-Tapie. Oui, Mme Lagarde s’est montrée négligente et donc coupable dans le refus de faire appel de la sentence d’arbitrage accordant 405 millions d’euros à Tapie (dont 45 millions d’euros pour préjudice moral) mais eu égard au poste qu’elle occupe au FMI à Washington et un casier judiciaire vide, elle est exemptée de peine et donc déclarée en quelque sorte irresponsable. On connaissait la célèbre formule « responsable mais pas coupable » on a maintenant  « coupable mais pas responsable. » Une fois de plus une politique profite allègrement d’une position privilégiée faisant la nique à tous les citoyens décidément bien inégaux devant la loi.

Hollande voulait supprimer cette CJR composée de copains et très indulgente pour les fautes ou les délits commis par des ministres. Il voulait mais ne pouvait ! Qu’attend donc le Parlement pour prendre des initiatives et mettre fin à ce statut exceptionnel qui permet à des coupables de sortir des tribunaux la tête haute et les mains sales.


19 décembre 2016

La situation financière de la ville de Louviers est fragile : le maire actuel apporte ses réponses à mes questions


La fragilité de la situation financière de la ville va-t-elle contraindre le maire à revoir ses projets ?
La situation financière de la ville de Louviers est « fragile ». Autrement dit et en langage clair, cela veut dire qu’elle est mauvaise. Et cette situation ne date pas d’hier. Il y a en effet belle lurette que les citoyens de notre ville et les observateurs impartiaux considèrent que le poids de la dette municipale est excessif, que les capacités d’investissements sont limitées et que les taux des impositions (taxe foncière et taxe d’habitation) sont bien supérieurs aux moyennes admissibles.

A n’en pas douter, et même s’il la conteste, cette analyse a lourdement pesé dans le résultat de l’élection municipale de 2014 et la défaite de Franck Martin (1). Le rapport de la Chambre régionale des comptes sur la gestion municipale lovérienne (2) de 2011 à 2015 (soit cinq exercices) souligne à nouveau les aspects négatifs de cette gestion. Même s’ils constatent des efforts en 2014 et 2015, les magistrats financiers déplorent des tendances lourdes qu’il faudra des années afin d’en atténuer les effets.

On ne balaie pas d’un coup de baguette magique des défaillances dans l’entretien d’un parc immobilier (qu’on ignore en détail !) une course aux investissements heureusement compensée depuis que l’agglomération Seine-Eure a décidé de prendre en charge centre nautique et patinoire, enfin et surtout, les obstacles principaux que constituent la baisse des dotations de l’Etat (3). Si l’on ajoute un autofinancement réduit à la portion congrue et un fonds de roulement obligeant la commune à tirer des lignes de crédit à « perpet », on comprend pourquoi la gestion Martin avait suscité des opposition internes solides et argumentées.

Il n’en est que plus aisé pour les ex-opposants de la droite devenus majoritaires de se plaindre d’une situation qu’ils affirment vouloir redresser (progressivement) et que j’ai souhaité mieux connaître encore. C’est pourquoi j’ai adressé à François-Xavier Priollaud, maire, cinq questions liées à l’analyse de la Chambre régionale des comptes. Il y a répondu avec précision même si le maire actuel, prudent, a parfois usé d’un vocabulaire préservant l’avenir notamment sur sa promesse de baisse des impôts. Je n’ai évidemment rien changé au texte de mes questions ni à celui des réponses du maire.
(1) Franck Martin a omis (?) de répondre aux demandes d'explications de la Chambre régionale des comptes.
(2)  De 2011 à 2013 gestion Martin, ensuite gestion Priollaud.
(3)  François Fillon envisage de supprimer 500 000 postes de fonctionnaires essentiellement dans les collectivités territoriales. Il continuera donc de diminuer les dotations afin d'obliger les régions, départements, métropoles et agglomérations à « dégraisser ».

 La Chambre régionale des comptes met en évidence une faible capacité d’autofinancement. Comment comptez-vous y remédier ?

« J'ai hérité à mon élection d'une épargne nette négative, ce qui signifie que la ville n'était alors pas en mesure d'investir un seul euro sans emprunter ! Depuis 3 ans, nous avons restauré une capacité d'investissement qui, si elle reste encore faible, a vocation à augmenter significativement chaque année pour nous permettre de mener à bien notre programme d'investissements.  Les efforts de gestion que nous menons depuis 2014 produisent leurs effets. Contrairement à l'ancienne municipalité, nous n'avons pas fait le choix de la facilité consistant à systématiquement augmenter les impôts, alors même que les dotations de l'Etat étaient stables.  C'est dramatique d'avoir agi à si courte vue. »
L’augmentation des dotations de l’agglomération Seine-Eure comblera-t-elle, à l’avenir, la baisse des dotations de l’Etat ?
« Il n'est pas prévu d'augmentation des dotations de l'agglomération Seine-Eure ! Et tout nouveau transfert de compétence s'accompagne au contraire d'une réduction de la compensation versée par l'agglomération. C'est par nos efforts de gestion, et par nos seuls efforts que depuis 2014, nous digérons la baisse - historique par son ampleur - des dotations de l'Etat. Cela passe par l'instauration de procédures de gestion très strictes, par la mise en concurrence de secteurs qui ne l'étaient pas comme, par exemple, la conception et l'impression du journal municipal. Nous avons également procédé à une importante réorganisation des services de la ville qui permet des mutualisations et une meilleure performance de l'action publique locale, pour le service des habitants. A moyen et à long terme, c'est par le dynamisme de nos ressources fiscales qui nous rétablirons durablement les finances de la ville. Ce dynamisme, il ne doit pas résulter de  l'augmentation des impôts mais de  l'augmentation de la population de Louviers et donc du nombre de contribuables. On peut tout à la fois baisser les impôts et augmenter les recettes fiscales ! C'est le cœur de notre stratégie d'attractivité plutôt que de se lamenter sur la baisse inéluctable des dotations de l'Etat. »
 Les charges de personnel : La Chambre régionale considère qu’elles sont trop élevées, que les emplois non titulaires subissent une certaine inflation. Quelle va être votre politique dans ce domaine ?
« Lorsque je suis devenu maire, personne n'était capable de me dire combien d'agents étaient employés par la ville ! C'est un comble non ? Je n'évoque pas le sujet des heures supplémentaires qui n'étaient absolument pas contrôlées et représentaient plusieurs centaines de milliers d'euros. La chambre régionale des comptes le dénonce sous la mandature Martin et souligne les progrès réalisés depuis 2015. La hausse du nombre des emplois non titulaires est due à la mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires. Pour marquer une rupture avec les dérives et les négligences du passé, j'ai procédé il y a 18 mois à une réorganisation de la direction générale des services et nous avons mis en place des règles qui n'existaient pas en matière de gestion des ressources humaines. Instauration d'une démarche métier, plans de formation, mobilité interne, communication interne: nous sommes partis d'une page blanche ce qui est préoccupant dans une ville de 20 000 habitants. Beaucoup d'emplois permanents étaient occupés par des personnels non titulaires. J'ai décidé d'engager une politique de titularisations des agents concernés, dans un souci de justice et d'équité. Cette politique a d'ores et déjà bénéficié à une quinzaine d'agents municipaux.
La situation financière de la ville est « fragile ». Etes vous d’accord avec ce constat ? L’absence de fonds de roulement oblige la ville à tirer des lignes de trésorerie pour faire face à ses dépenses ? Est-ce durable ?
« Bien sûr que la situation financière de la ville de Louviers reste fragile. Je ne vais pas vous dire le contraire puisque je martèle ce discours depuis mon élection. Je me souviens des conseils municipaux où l'ancien maire déclarait haut et fort qu'il m'avait laissé une ville en parfaite santé financière. Au dernier conseil municipal, depuis la publication du rapport de la chambre régionale des comptes, vous aurez noté le changement de ton. Il fait profil bas. Mais si la situation demeure fragile, nos efforts menés sans relâche depuis trois ans, nous ont permis d'assainir structurellement les finances de la ville et de passer d'un cercle vicieux - celui du surendettement et de l'absence d'autofinancement -  à un cercle vertueux qui nous autorise à redevenir optimistes pour l'avenir. »
 D’une manière plus générale, quelle va être votre politique financière d’ici 2020 ? Baisserez vous les taux d’imposition comme vous l’avez déclaré publiquement ?
« Nous allons poursuivre jusqu'en 2020 les efforts engagés depuis 2014. Nous n'avons pas d'autre choix si nous voulons restaurer l'attractivité de Louviers. Mais un mandat de bonne gestion est tout à fait compatible avec un mandat de projets et de projets ambitieux ! Le contraire serait inquiétant. Oui nous allons baisser les taux d'imposition, non pas de façon spectaculaire car nous n'en avons pas les moyens et ce serait perçu comme électoraliste. Nous allons baisser les taux d'imposition de façon progressive mais continue dans le temps. C'est la condition de notre crédibilité et l'expression de la sincérité de notre démarche. »


18 décembre 2016

La primaire de la Gauche : surtout n'oubliez pas de demander le programme !


Benoît Hamon à Val-de-Reuil. (photo JCH)
La haute autorité de la primaire de la gauche a rendu son verdict, ce samedi. Finalement, sept concurrents sont admis à concourir. Parmi eux, une seule femme, Sylvia Pinel, ancienne ministre et l’une des principales dirigeantes du Parti radical de gauche. Je n’aurai pas la cruauté de rappeler quel fut le score de Jean-Michel Baylet lors de la primaire de 2011. Une sorte de score à la Jean-Frédéric Poisson même si je préfère tout de même le propriétaire de La Dépêche du Midi  à un extrémiste de droite, catholique intégriste et proche de Christine Boutin.

Alors qu’avons-nous sur la ligne de départ ? Manuel Valls, Vincent Peillon, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, François de Rugy, Jean-Luc Benhamias et Sylvia Pinel, déjà citée. J’espère que lors des débats, les six hommes auront l’élégance de ne pas interrompre constamment Mme Pinel comme le firent les six candidats de la droite et du centre à l’égard de Nathalie Kociusko-Morizet. Il est si difficile de trouver des femmes désireuses de se lancer dans le grand bain qu’il serait scandaleux de la faire se noyer.

Cette primaire citoyenne, refusée par Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, devrait attirer, selon les politologues avertis entre 1,5 million et deux millions d’électeurs(trices). Soit deux fois moins de citoyens mobilisés que lors de la primaire de la droite et du centre. Si ces projections sont atteintes, cela ne sera pas si mal. Car quel que soit le (la) vainqueur(e), il (elle) bénéficiera d’une légitimité et d’une dynamique à quelques mois du premier tour de l’élection présidentielle.

Avant de me décider à choisir l’un des sept postulants (ou aucun), j’attends que la campagne me permette de mieux connaître les projets des uns et des autres. Si, comme lors de la primaire de la droite, les débats télévisés permettent d’éclairer les Français sur les projets et de dresser un bilan sans concessions des gouvernements Valls et Ayrault, alors peut-être, le vainqueur de la primaire pourra-t-il se prévaloir d’une certaine marque de confiance. Certes, on sait ce que valent les promesses de campagne…pas grand-chose. En ces périodes fastes pour le populisme, il faut cependant bien se raccrocher à un semblant de convictions. Sans illusions donc.

Quand je vois comment le programme de François Fillon, analysé à la loupe et maintenant mieux connu, démontre toute sa violence (1) quand je le vois reculer après tant d’assurance et tant d’autorité feintes, quand je constate que son armée mexicaine comprend 90 membres forcément là pour faire de la figuration, je me dis que rien n’est écrit, comme dirait Manuel Valls, et que rien n’est joué. 

(1) un sondage du JDD d'aujourd'hui démontre que les 3/4 des Français n'ont pas « envie » de Fillon.

16 décembre 2016

Madona et Pierre Corneille ont des ancêtres dans l'Eure : et vous ?


Jean-Pierre Raux en action. (photo JCH)
Madona et ses ancêtres originaires de la région du Neubourg. Mitterrand cousin éloigné (très) de Giscard d’Estaing. Radiguet, Corneille, Duruflé etc. tous liés à notre département…la généalogie permet les associations les plus improbables. Et quand un grand chef de la pratique de cette passion explique comment conduire des recherches personnelles sur les origines de chacun, quel plaisir de l’écouter.

Invité par l’Université populaire de Louviers, ce jeudi, Jean-Pierre Raux, le président du Cercle des généalogistes de l’Eure, ne s’est pas contenté d’expliquer pourquoi il faut conserver les images de communion, les photos de baptêmes ou de mariage, lire avec attention les épitaphes des monuments funéraires, et pourquoi la généalogie fait appel à des qualités spécifiques : la patience par exemple et le plaisir d’apprendre. Il est parvenu, avec une décontraction apparente et un solide sens de l’humour, à communiquer cette envie de connaître ses ancêtres mais également de s’intéresser à leur vie.

Les dates de naissances, les appariements, l’arbre généalogique ne lui suffisent pas. Il propose de s’intéresser aux contextes historique et géographique, aux métiers pratiqués, aux positions sociales des uns et des autres sachant qu’il y a peu encore, la plupart de nos ancêtres étaient liés à la terre et à sa culture. Jean-Pierre Raux propose quelques pistes simples pour débuter en généalogie et vante Internet (1) lequel ne remplacera jamais les recherches dans les mairies, les Archives départementales, enfin  et surtout, la consultation des archives familiales dont on ne mesure pas toujours le vif intérêt qu’elle suscite quand on sait les lire. Sans oublier les registres paroissiaux pour toutes les recherches antérieures à 1792 date de naissance de l’état-civil républicain.

Cette conférence de vulgarisation suscitera sans doute quelques vocations. Personnellement, je ne regarderai plus de la même façon les photos de mes grands-parents ou les cartes postales que j’ai amassées au fil du temps. Je prendrai dorénavant le temps de lire les menus des quelques mariages auxquels j’ai été invités et vais, de ce pas, tenter de retrouver le livret militaire de mon père dont j’ignorais qu’il contînt tant de trésors…

(1) Il existe évidemment de nombreux sites liés à la généalogie. Jean-Pierre Raux en a cité quelques-uns tels que « mémoire des hommes » ou « geneanet ». Je vous conseille de trier le bon grain de l’ivraie et de préférer les sites gratuits.

15 décembre 2016

François Ruffin n'aime pas qu'on critique le referendum. Il a tort.


Le général de Gaulle en Irlande après la défaite de 1969…
En entendant François Ruffin affirmer dernièrement dans l’émission 28 minutes sur Arte, que ceux qui  critiquent les résultats des referendums visent, ni plus ni moins, qu’à remettre en cause la validité du suffrage universel et qu’en le contestant c’est faire preuve d’une arrogance antidémocratique, j’ai explosé intérieurement. Lui, François Ruffin, considère que les referendums sont l’expression légitime des colères du peuple et que ce processus électoral ne mérite pas tant d’opprobre. D’ailleurs ne vient-il pas d’affirmer qu’au « populisme de droite, il fallait opposer le populisme de gauche. » Merci beaucoup mais le théâtre politique est déjà rempli de ces histrions fanatiques ivres de ce que d’aucuns appellent l’ère post-vérité. La vérité des faits et des événements ne vaut plus rien. Ce qui compte, c’est la rumeur. Vive Trump, Vive Farage, Vive Grillo, Vive Poutine, Vive Le Pen ! Vive Ruffin !

Le referendum est-il l’outil démocratique absolu tel que vanté, notamment, par tous ces populistes de droite et de gauche ? Sur le papier, c’est vrai, le referendum peut apparaître comme la forme la plus aboutie de l’expression populaire. Le général De Gaulle a même souhaité en faire un outil de gouvernance. Il en a été lui-même victime en 1969 lors de ce fameux referendum sur la régionalisation perdu comme chacun sait par l’homme de la France libre. Il s’agissait d’une autre époque, sans doute, pourtant les Français répondaient déjà, non pas à la question, mais à celui qui la posaient. Si c’était à refaire, j’en connais qui modifieraient leur vote de l’époque puisque dans le texte du général le Sénat devait disparaître et que personne, depuis, n’a osé revenir sur sa suppression au fond pas si contestable que cela.

Dans un référendum, si la question peut s’avérer complexe, la réponse est très simple : c’est oui ou c’est non. C’est blanc ou c’est noir. Dans une démocratie présidentialo-parlementaire, le referendum met en prise directe le chef de l’Etat et le peuple, court-circuitant, de fait, les corps intermédiaires que sont les parlementaires, les partis politiques, les associations. Posons nous donc la question de savoir pourquoi les Le Pen et autres Wilders (aux Pays-Bas) réclament à cors et à cris un referendum pour exiger la sortie de l’Europe ? Parce qu’ils pensent éviter le lent et patient travail d’explications permettant d’informer le peuple mais surtout parce qu’ils sont convaincus (exemples le Brexit et le referendum italien) qu’il est plus facile de mentir et donc de tromper les électeurs(trices). Le referendum est devenu un moyen d’efficacité pour un discours simpliste « qui parle aux tripes » comme le dit si bien Beppe Grillo. Les tenants du Brexit ont menti et c’est grâce à leurs arguments fallacieux qu’ils ont gagné. Quant à l’élection de Trump, s’il ne s’agissait pas d’un référendum, on ne peut pas dire que la vérité y ait trouvé son compte.

François Ruffin que j’ai connu plus avisé, devrait réfléchir à cette évidence. Avec le referendum, les bonimenteurs et les menteurs peuvent plus aisément tromper les peuples. Voilà pourquoi il convient d’être circonspect à l’égard de cet outil qui a toutes les apparences de la démocratie sans avoir très peu de ses avantages : quand la démocratie parlementaire prend le temps des consultations, le referendum est brutal, pervers, rapide et surtout définitif. Au Parlement, une loi peut être modifiée voire supprimée…pour remettre en cause un référendum, il faut en organiser un autre. C’est forcément plus compliqué.

13 décembre 2016

Ciné-concert vendredi 16 décembre 2016 à 19h30 au Théâtre du Moulin d’Andé


Ciné-concert Vendredi 16 décembre 2016 à 19h30,au Théâtre du Moulin d’Andé. Ballade improvisée de courts métrages amateurs issus des collections de la Mémoire Audiovisuelle du Pôle Image, accompagnée au piano par Alain Kremski et Francis Vidil.
Entrée libre suivi d’un repas partagé (apporter son pique-nique).

Pour cette 4ème édition de collaboration entre le Moulin d’Andé et le Pôle Image pour la fête du court métrage, le pianiste Alain Kremski a désiré improviser cette année à deux pianos, avec la participation de Francis Vidil, autour de films amateurs réalisés entre 1930 et 1965 par R. Dasché, F. Bignon, A. Bellefontaine, Y. Le Roy, H. Sergent et J. Martin-Pigeon.
Une plongée dans un fonds d’archives audiovisuelles de plus en plus riche axés ici sur des thématiques de jeux d’enfants, de fête de Noël, de loisirs en Seine ou de voyage maritime (dont le fameux Voyage Inaugural du paquebot France), une vision inédite du court métrage tournée avec bonheur et poésie par des cinéastes amateurs souvent éclairés. Présentation : Agnès Deleforge
Remerciements : F. Closier, Famille Bignon, M. Bellefontaine, Famille Le Roy, Famille Sergent, M. Belot, B. Martin-Pigeon.
Durée totale : 45 minutes
Les films sont consultables dans leur intégralité sur le site archivesenligne.fr via la rubrique « base documentaire »
Alain Kremski - Grand prix de Rome de composition, pensionnaire de la Villa Médicis, Grand prix de la Sacem en 2013 pour l'ensemble de son
oeuvre - est compositeur, pianiste et percussionniste. Il aborde des répertoires inhabituels : musiques sacrées de G. Gurdjieff, Friedrich
Nietzsche, Grieg, Dvorak, Alkan, des transcriptions de Borodine, Wagner, Mahler, de jeunes contemporains. http://www.kremski.fr/
Francis Vidil - Qualifié de charismatique troubadour, jouant de la trompette de la main gauche et du piano de la main droite, il enrichit aussi
bien la marche funèbre de Chopin de motifs arabes que les claviers des grandes orgues de sonorités jazziques…
https://francisvidildotcom.wordpress.com/

11 décembre 2016

« Donner du pain aux travailleurs, du travail à la jeunesse, et au monde la grande paix humaine. » Tel était le programme du Front populaire


Erçic Lafon. (photo Jean-Charles Houel)
« Que reste-t-il de nos amours ? » ou plutôt « Que reste-t-il du Front populaire ? » La plupart des personnes interrogées répondront : « Les congés payés et la semaine de 40 heures. » L’image du tandem (voir photo ci-dessous) circulant sur le remblai bordant la plage des Sables d’Olonne ajoute à la légende d’une période faste pour les droits des salariés. Le 80e anniversaire du Front populaire n’a pas été fêté comme on aurait pu s'attendre qu’il le fût de la part d’un gouvernement de gauche. Avec mai 68, l’arrivée au pouvoir de Léon Blum représente, pourtant, dans l’imaginaire collectif, un moment de progrès et d’avancées sociales considérables. Peut-être Mme El Khomri, la ministre du Travail, de la Formation et de l’Emploi, se sent-elle coupable d’une forme d’abandon des catégories de population qu’elle est censée défendre ?

Eric Lafon, directeur scientifique du musée de l’histoire vivante de Montreuil, invité ce samedi par la Société d’études diverses de Louviers à répondre à la question devant une salle à l’écoute, reconnaît que les légendes et les mythes concernant cette période ont la vie dure. Il a donc pris le temps de détailler, en historien (1) la genèse de la constitution du gouvernement présidé par Léon Blum, composé de ministres de la SFIO et du parti radical socialiste soutenu par les communistes… Les partis de gauche se sont rassemblés après les événements du 6 févier 1934 organisés par les ligues factieuses d’extrême-droite qui voulaient, dit-on, renverser le gouvernement Daladier.

Les années 1934 et 1935 auront été mises à profit par la gauche française pour élaborer une plateforme commune susceptible de les conduire au pouvoir et de favoriser un projet dit de gauche. Eric Lafon insiste sur un point : quand les élections législatives de 1936 ont lieu, la SFIO et le PCF n’ont pas la majorité au Palais Bourdon, pour gouverner il leur faut le soutien des radicaux-socialistes forcément plus modérés. Ce soutien aura évidemment des conséquences sur le contenu de l’accord puisqu’il ne s’agit pas, selon le mot de Blum, « d’une majorité prolétarienne. » Léon Blum et ses ministres (socialistes et radicaux) travailleront bien : congés payés, 40 heures, accords de Matignon avec augmentation des salaires, conventions collectives, auberge de la jeunesse, soutien direct aux républicains engagés dans la guerre d’Espagne pendant quelques mois…sans oublier le fameux mot de Maurice Thorez « il faut savoir terminer une grève…dès lors que les principales revendications sont satisfaites. » En mai et juin 1936, de nombreux travailleurs(euses) sont en effet en grève. Ils dansent, ils chantent, font preuve de fraternité et d’exigence de dignité car ils veulent, enfin, être reconnus dans la fabrique de l’histoire. Le patronat va lâcher sur les salaires et le temps de travail tout en espérant rebattre les cartes un peu plus tard…

la conférence fut abondamment illustrée.
Avec le temps, raconte Eric Lafon, les réussites et les échecs du Front populaire seront analysées plus objectivement eu égard aux recherches entreprises sur la base des archives publiques et privées. Elles éclaireront aussi bien la volonté de changement des gouvernants avec Jean Zay, Roger Salengro, Vincent Auriol, Pierre Cot (dont le rôle fut majeur pour venir en aide aux républicains espagnols) Camille Chautemps et la présence de trois femmes (2) que l’action bâtie sur le triptyque « le pain, la paix, la liberté ». Eric Lafon assure que le trait d’union des partis de gauche c’est d’abord et avant tout la lutte antifasciste. En Italie et en Allemagne, Mussolini et Hitler ont pris le pouvoir et ne cachent nullement qu’ils souhaitent faire la guerre aux démocraties. Mais la fin de l’expérience est proche. En 1938, Léon Blum propose modifier la politique financière de la France et se heurte à l’opposition du Sénat. Cette dernière entraîne sa démission et l’arrivée de Daladier au pouvoir. Exit le Front populaire. L’épopée commence. De même que les 7 mois et quelques jours…du gouvernement Mendès France ont marqué l’histoire de la gauche et affirmé sa crédibilité à gérer les affaires du pays, le Front populaire a joué un rôle considérable dans la capacité d’un gouvernement de gauche à contribuer au progrès social. Le contexte international, très défavorable, n’a pas empêché Léon Blum et ses ministres emblématiques de faire d’invention. La mémoire collective et les mémoires individuelles, en France et ailleurs, éprouvent encore une nostalgie certaine à l’évocation des noms de Salengro (poussé au suicide) Jean Zay (assassiné par la milice) et bien sûr Léon Blum homme d’état supérieurement intelligent et véritable animateur du Front populaire.
 
Haut du formulaire
Bas du formulaire(1) Une exposition itinérante : 1936, nouvelles images, nouveaux regards sur le Front populaire se tient actuellement au Musée de l’histoire vivante de Montreuil.Les auteurs/commissaires de l’exposition sont : Éric Lafon, directeur scientifique au musée de l’Histoire vivante, Frédéric Cépède (journaliste à l’Office universitaire de recherche socialiste), Jean Vigreux (professeur d’histoire contemporaine à l’Université Bourgogne). 
(2) Dans le gouvernement de Front populaire de Léon Blum, trois femmes ont été nommées ministres (ou « sous-secrétaires d'État ») alors qu'elles n'étaient, comme toutes les femmes de leur temps, ni électrices ni éligibles. Il s’agit de Cécile Brunschvicg, sous-secrétaire d'État à l'Éducation nationale, Irène Joliot-Curie, sous-secrétaire d'État à la Recherche scientifique, d'ailleurs démissionnaire dès le 28 septembre 1936, et Suzanne Lacore, sous-secrétaire d'État à la protection de l'enfance.

10 décembre 2016

Donald Trump est un menteur et Goldman Sachs une banque de coquins


Donald Trump est un voyou. Et un menteur. Pendant toute sa campagne électorale, il s’en est pris à Wall Street et au monde des banques auquel il a identifié négativement Hillary Clinton pour ses conférences à huis clos devant les financiers américains. Lui élu, les traders n’auraient qu’à bien se tenir car il ne commettrait pas les mêmes « erreurs » que ses prédécesseurs et surtout, ne s’entourerait pas des cliques si néfastes pour les américains de la classe moyenne et des classes modestes. Avec ce discours-là, Trump a convaincu les électeurs du Wisconsin, de la Pennsylvanie, du Michigan…

Et voilà que Trump nomme sans sourciller à des ministères clés (trésor, commerce, finances) le numéro 2 de Goldman Sachs et deux anciens banquiers élevés au sein de la pieuvre puisque c’est ainsi que la première banque mondiale est surnommée. Trump a donc trompé son monde dans les grandes largeurs. Il suffit de revoir le splendide documentaire réalisé en 2012 (et diffusé sur Arte) sur les agissements des membres de Goldman Sachs dont l’un des objectifs principaux est, non seulement de gagner de l’argent quel que soit le moyen utilisé, mais de placer ses pions dans tous les centres de décision : FMI, Banque mondiale, BCE, états soi-disant souverains…

Le leitmotiv du documentaire est que Goldman Sachs est toujours gagnant. Quand la banque spécule contre ses propres clients, elle gagne. Quand elle aide la Grèce à rentrer dans l’Union européenne en truquant les comptes publics, elle gagne. Quand le « Fabulous fab » (pour Fabrice Tourre) invente des produits dérivés tels que les subprimes, des millions de petits propriétaires et d’actionnaires perdent toutes leurs économies mais Goldman Sachs a joué contre eux et gagné. Quand Paulson, ancien de Goldman Sachs et ministre de Bush laisse Lehman Brothers faire faillite, Goldman Sachs gagne encore. Et les pions ! Monti en Italie, Draghi à la BCE, Barroso, à la Commission européenne, et maintenant trois ministres de Trump au gouvernement des USA, décidément Goldman Sachs est partout.

Dans le documentaire, les témoignages sont formels : Goldman Sachs n’a aucune morale, aucune éthique, la lutte pour le profit maximum autorise tous les coups bas, tous les accords secrets. En fait, Goldman Sachs gouverne le monde. Que Trump s’appuie sur ses hommes et ses femmes n’a rien de surprenant. Sauf peut-être pour les électeurs(trices) qui ont voté pour lui et qui ont cru à ses sornettes.

9 décembre 2016

En condamnant sévèrement Jérôme Cahuzac, les juges ont voulu faire un exemple


Jérôme Cahuzac a du souci à se faire…
Après avoir implanté des cheveux pour faire fortune, Jérôme Cahuzac va devoir s’en arracher quelques-uns. Condamné à trois ans de prison FERME par le tribunal correctionnel de Paris pour blanchiment de fraude fiscale (je passe sur la condamnation de son épouse pour les mêmes faits et elle avec du sursis) l’ancien ministre du budget de François Hollande n’a pas bénéficié de la clémence des juges, loin s’en faut.

Comme il est rarissime que les délits en col blanc soient sanctionnés aussi sévèrement, il faut bien s’interroger sur le pourquoi de cette peine que les Français jugeront, quant à eux, bien méritée. Lorsqu’en décembre 2012 le site Mediapart a rendu public l’enregistrement de la conversation téléphonique de Jérôme Cahuzac avec un correspondant dont on ignorait le nom et au cours de laquelle il évoquait fort maladroitement un compte en Suisse chez UBS, il fallait être un député socialiste de base bien crédule ou un président de la République trop naïf pour ne pas mesurer les conséquences ravageuses de cet échange.

Dès lors la machine infernale était en marche et Jérôme Cahuzac allait inventer un système de défense intenable, fait de mensonges répétés et de formules assassines pour lui-même et sa fonction. Car M. Cahuzac, ministre du budget, avait vocation à lutter contre la fraude fiscale, fraude évidemment dénoncée régulièrement par la gauche, et il allait s’enfermer semaine après semaine, question orale après question orale, dans le mensonge dont Mediapart et les autres médias s’amusaient. Comment, cet homme intelligent, bon député et bon ministre, a-t-il pu imaginer qu’il allait tromper son monde durablement ? A l’heure d’Internet et des réseaux sociaux, rien ne demeure secret. Rien n’échappe par ailleurs à la sagacité des journalistes d’investigation dont le métier est justement de fouiner et de dénoncer les scandales. Est-ce un bien ou un mal ? Un bien évidemment.

Car j’ai tendance à penser que la démocratie gagne à la transparence et à la dénonciation des crimes et délits de ceux qui nous gouvernent. Alors qu’on reparle ces jours-ci des disparitions tragiques des de Broglie, Boulin, Fontanet…sous la règne de Giscard, et que les mobiles réels des suicides ou des assassinats nous échappent encore, il est sain pour une démocratie qu’une presse libre de l’influence de l’argent et des pouvoirs, indépendante des puissants, informe les citoyens des comportements anormaux des dirigeants et de ceux qui aspirent à gouverner. Les affaires Sarkozy, pour la droite, empoisonnent le climat depuis trop longtemps.

Les juges, hier, ont sanctionné le délit, certes, mais également le comportement des Cahuzac. Ils ont mis en exergue, notamment, l'atteinte au bon fonctionnement de la démocratie et insisté sur le rôle éminent des élus et des gouvernants dans la recherche permanente d'une moralité sans tache. Quand on s’engage en faveur du bien public, on doit être exemplaire. C’est évidemment contraignant mais c’est la condition de la crédibilité des politiques. A vouloir s’exonérer des obligations qu’il imposait à tout un chacun, Jérôme Cahuzac a pris le risque de perdre tous ses mandats, sa respectabilité, son honneur, sa considération. Il est devenu un paria susceptible un jour de rejoindre les Botton, Tapie et compagnie derrière les barreaux. Quelle chute !

8 décembre 2016

A l'Université populaire de Louviers, « la découverte de la généalogie » par Jean-Pierre Raux


Jean-Pierre Raux : photo Paris Normandie
L’Université populaire de Louviers reçoit jeudi 15 décembre à 18 heures, dans la salle Mendès France de l’hôtel de ville, le président du Cercle généalogique de l’Eure, Jean-Pierre RAUX, également président honoraire de l’Union des cercles généalogiques et héraldiques de Normandie et ancien membre du conseil d’administration de la Fédération française de généalogie.
Cette rencontre présentera bien sûr les aspects pratiques d'une recherche généalogique : comment commencer ? Découvrir les sources, consulter les documents, les archives, connaître les méthodes, etc.
Mais Jean-Pierre RAUX affirme que la généalogie ne peut se contenter d'un simple alignement de noms, de lieux et de dates. Elle doit devenir une étude de l'histoire des familles, des groupes sociaux et de leur environnement. Il faut "habiller" l'arbre généalogique et retrouver qui étaient nos ancêtres, ce qu'ils faisaient et, si possible, comment ils ont vécu.
Il présentera le Cercle généalogique de l'Eure et son importante œuvre d’intérêt collectif : le relevé de tous les actes d’état civil antérieurs à la Révolution (actes paroissiaux de baptêmes, sépultures et mariages), ainsi que le relevé des mariages du XIXe siècle dans le département.
Cette base de données de plus de 1.600.000 actes relevés par les bénévoles est consultable par les adhérents sur le site Internet du Cercle www.eure-genealogie.org ou encore au local du Cercle, dans ses antennes locales et lors de manifestations extérieures (congrès, forums, comme la rencontre généalogique normande du 24 septembre dernier à Evreux).
Il évoquera aussi « L’Eure, berceau de célébrités…de Pierre Corneille à Madonna… ». Ce livre édité par le Cercle généalogique de l’Eure présente une cinquantaine de personnalités diverses de la littérature, de la peinture, des sciences, de l’industrie, de la gastronomie, de l’armée, de la médecine, de la musique, de la chanson, de l’Histoire, etc.
Le Cercle généalogique met encore à la disposition de ses adhérents une importante bibliothèque documentaire : revues généalogiques et historiques, livres, guides, relevés d'actes, microfilms, etc. Une documentation consultable lors de deux permanences mensuelles et qui peut être prêtée à domicile.

Conférence de l’Université Populaire de Louviers Jeudi 15 décembre à 18 heures dans la salle Pierre Mendès France, cour de la Mairie.
Entrée libre

Le Jeudi 19 janvier 2017 à 18 heures  M.Didier Deperrois évoquera la vie et l’œuvre de Guillaume le Conquérant