9 octobre 2015

Leny Escudero était passé par Louviers


J’apprends la mort de Lény Escudero à l’âge de 82 ans. J’ai un merveilleux souvenir de sa venue à la salle des fêtes de Louviers entre 1977 et 1983. Si quelqu’un peut me donner la date précise de son récital, je l’en remercie à l’avance. Il y avait interprété les plus belles chansons de son répertoire et « Pour une amourette » que chacun pouvait fredonner à loisir.
Leny Escudero n’a pas eu, au cours de sa carrière, tout le succès qu’il méritait. Habitué des sentiers non battus, rétif à l’ordre et au cadre, il cheminait dans sa poésie teintée d’anarchisme et de grande liberté. Sans doute le prix à payer pour rester ce qu'il était : authentique et fragile.
(photos Jean-Charles Houel)

8 octobre 2015

Michel Platini sommé de prendre un congé sabbatique de trois mois


Manuel Valls aurait dû attendre quelques jours avant de déclarer sa confiance totale en Michel Platini. Non pas que ce dernier soit un coupable définitif (pour avoir touché 2 millions de Francs suisses onze ans après son soi-disant travail de conseiller du président de la FIFA) mais parce que la commission d’éthique ( !) de la fédération international du football association vient de suspendre 90 jours Sep Blatter le président démissionnaire et Michel Platini, le président de l’UEFA. Ils sont soupçonnés de conduite inappropriée sur le plan financier.

Pendant les trois mois à venir les deux célèbres dirigeants devront être distants des affaires et événements footballistiques. Ce délai sera mis à profit par la commission d’éthique afin de poursuivre l’enquête en cours et définir les tenants et aboutissants des fameux deux millions de francs suisses versés à l’ancien capitaine de l’équipe de France. Je considère que le premier ministre du gouvernement français a commis une erreur d’appréciation (pour le moins) en affirmant qu’il ne doutait pas de la probité et de l’honnêteté de Michel Platini, candidat déclaré à la présidence de la FIFA. Personne n’en doute…jusqu’à plus ample informé. M. Valls aurait dû faire preuve d’un peu plus de prudence. Il est vrai que la séquence du Petit Journal de Yann Barthès offrant un Valls hurlant et tapant du poing en attendant de prendre la parole — au micro de France Inter — suscite bien des interrogations.

M. Valls voulait-il plaisanter, à sa manière ? A-t-il pété un plomb ? Faisait-il des essais de voix ? Il n’empêche que les citoyens ordinaires dont je suis ne peuvent que s’interroger sur la personnalité du premier ministre comme ils ne manquaient pas de le faire quand Sarkozy éructait ou insultait les quidams. En attendant Michel Platini est sommé de prendre un congé sabbatique. Gageons qu’il utilisera son temps libre pour préparer une campagne électorale maintenant placée sous le signe de la difficulté.

François Hollande fait la leçon à Marine Le Pen


François Hollande a ridiculisé Marine Le Pen.
Les discours tenus par François Hollande, hier à Strasbourg et par Marine Le Pen illustrent parfaitement ce qui distingue un homme d’Etat d’un vibrion plus intéressé par le spectacle que l’intérêt général. Sans être dans l’éloquence forcenée ni la grandiloquence, le président de la République française a bien situé les enjeux géopolitiques qui attendent l’Union européenne et les difficultés qu’il faudra surmonter pour ne pas reculer.

En opposant souveraineté et souverainisme, en misant sur le volontarisme contre le déclinisme, François Hollande a réglé son compte à une Marine Le Pen dépassée par les enjeux mondiaux et pas du tout à la hauteur des problèmes posés. Sa soumission à Poutine et ses obsessions anti-réfugiés l’ont conduite à tenir un discours caricatural pour simplets…Tandis qu’Angela Merkel renouvelait ses certitudes d’ouverture au monde et aux migrants et la capacité de l’Union européenne à dépasser les nationalismes étroits et morbides.

François Hollande a haussé le ton pour répondre à la meneuse du Front national, finalement très peu applaudie par les députés européens. Autant elle peut amuser la galerie composée d’admirateurs béats autant elle semble incapable de proposer des solutions à l’échelle d’un continent et susceptibles de résoudre les crises économiques et financières transfrontalières. Que deviendrait la France sous une Marine Le Pen au pouvoir ? Un petit pays rapetissé, réduit, fermé…appelé à mourir à petit feu.

Du discours de François Hollande, j’ai retenu ces éléments :
   « La zone euro [doit] être consolidée et renforcée » au sein de l’Union économique et monétaire « pour coordonner nos politiques, pour favoriser la convergence, pour acter l’harmonisation fiscale, pour lutter contre le dumping fiscal et social ». « Des choix institutionnels seront nécessaires pour que la zone euro soit gouvernée [selon] une intégration différenciée » 
   L’espace Schengen doit être renforcé. « Remettre en cause la libre circulation des personnes par le retour aux frontières intérieurs serait une erreur tragique, mais prétendre que [son fonctionnement actuel] permettra d’affronter les pressions à son périmètre serait une autre erreur ». « Le contrôle effectif des frontières extérieures de l’Union passe par une assistance renforcée aux Etats concernés ; et par la mise en place d’un corps de gardes-frontières européen » ;
   La politique d’asile « doit être plus cohérente », et devenir « un véritable régime commun d’asile » ;
   L’Europe doit être au rendez-vous de la COP21 et « être capable d’instituer un grand marché du carbone pour orienter les investissements vers les meilleures technologies ».
   S’agissant de l’agriculture, dans un contexte de crise « qui concerne un certain nombre de nos productions, [des] soutiens indispensables [doivent être] dégagés pour protéger nos produits et venir en aide aux plus vulnérables ». 
   Les négociations sur le TAFTA : « la France veut que ces négociations puissent être un progrès [et] qu’il puisse y avoir des garanties qui y soient apportées, aussi bien pour l’identification des produits, pour les appellations d’origine, pour la réciprocité, pour la transparence [et] pour les mécanismes de protection des investissements, notamment pour le règlement des différends. »

7 octobre 2015

Mme Pilichowski cherche des noises aux chercheurs de Grenoble…


J’ai souvent mis en cause l’animateur habituel de C dans l’air, une émission très suivie sur la 5. Yves Calvi, puisqu’il s’agit de lui, ne s’embarrasse pas de précautions particulières quand il s’en prend aux fonctionnaires et autres privilégiés selon les critères personnels de ce monsieur. En compagnie d’Yves Thréard (Le Figaro), de Catherine Nay (Europe N° 1), d’Hélène Pilichowski (politologue ?) notamment, ces blablateurs n’hésitent pas à enfoncer des portes ouvertes et à reproduire un discours pour le moins simpliste et caricatural.
Cette dernière s’est récemment livrée à une agression en règle contre des chercheurs de Grenoble lesquels ont peu apprécié et sollicitent un droit de réponse dans l’émission de M. Calvi. J’en publie le texte ci-dessous.

« Le 25 septembre 2015, lors de l’émission « C dans l’air » de France 5, la journaliste Hélène Pilichowski a tenu des propos infamants à l’endroit des chercheurs grenoblois, expliquant qu’après avoir été nommés à vie, après leurs premières années de recrutement, ils passaient leur temps sur les pistes de ski ou à jouer au tennis et ne travaillaient plus.

De tels propos, qui rappellent ceux de l’ancien chef de l’Etat Nicolas Sarkozy, lequel prétendait que les chercheurs ne se rendraient dans leur laboratoire que « parce qu’il y avait de la lumière et du chauffage », ne sont pas acceptables. Ils témoignent d’une totale ignorance du métier de chercheur scientifique, des conditions de son exercice et relèvent de la propagande libérale selon laquelle, fonctionnaire payé à vie, il ne serait pas tenu de travailler.

Ces propos sont indignes d’une émission du Service public et ne grandissent pas la qualité des débatteurs de cette émission, puisqu’ils n’ont suscité aucune controverse sur le plateau.

Le Snesup-FSU demande instamment que les producteurs de cette émission accordent un droit de réponse à la communauté scientifique mise en cause. »

La direction d'Air France ne donne pas le bon exemple, le gouvernement aurait tort de la soutenir sans discernement


Je n’ai jamais pensé que la violence physique pouvait résoudre quelque problème que ce soit. Les solutions se trouvent toujours dans la négociation et le compromis. Il en va de même dans le domaine social. L’exemple récent des deux cadres d’Air France molestés par des syndicalistes en colère illustre l’abime qui sépare les intérêts des uns et les pratiques des autres. Jean-Luc Mélenchon justifie la violence physique par la violence sociale. Il dit comprendre la colère de ceux et celles qui, in fine, sont toujours les victimes d’un système dominateur et sur de lui-même.

Nous sommes chez Air France. La grande et belle compagnie aérienne française spécialisée dans les longs et moyens courriers où les discussions entre direction et syndicats sont tendues depuis toujours, doit faire face à des difficultés économiques et financières importantes. Les pilotes refusent d’accroître le nombre de leurs rotations eux dont les salaires représentent 7 % du prix d’un billet ! Le personnel au sol y est bien plus nombreux que dans d’autres compagnies. L’évidence est que le modèle économique ne répond plus aux assauts de la concurrence, du Qatar et des émirats arabes unis notamment. Alors que faut-il faire ?

D’abord ne pas sur réagir. Comme le fait la direction d’Air France avec un plan de suppressions d’emplois provocateur et tragique puisqu’il y aura des licenciements secs si les rapports internes n’évoluent pas. S’attaquer très vite aux causes et proposer des solutions sans agresser physiquement qui que ce soit. Même les DRH de la compagnie, exécutants de décisions patronales supérieures ne méritent pas qu’on porte atteinte à leur intégrité physique. Manuel Valls a par ailleurs tort de traiter les agresseurs de voyous. Ce ne sont pas des racailles mais des personnels désespérés. Il faut à la fois condamner leur geste et le comprendre. Sinon, on demeure dans une opposition stérile. Et sans issue.

Air France dont les actions sont détenues à 17 % du capital par l’Etat est une société privée. Elle subit donc de plein fouet les effets de la concurrence mondialisée puisque l’Etat n’est plus là pour boucher les trous. Qu’Angela Merkel, chantre de la libre entreprise et bien sévère à l’égard de la Grèce, propose que l’état allemand aide Volkswagen s’il le faut, indique bien que, comme d’habitude les finances publiques sont les ailes secourables des entreprises privées. Les cadres de VW savaient presque tous que leurs voitures étaient équipées d’un logiciel très particulier. Ils ont laissé faire. Aujourd’hui les salariés de la base risquent de payer cher les fautes de leurs dirigeants. S’ils se mettent en colère (comme les salariés d’Air France) qui le leur reprochera ? Une fois de plus, le capitalisme effréné montre son vilain visage. Il faut sans cesse rappeler les règles simples et basiques de la moralité des dirigeants et du respect de la dignité des salariés. Est-ce compatible ?