28 mars 2015

« Pas de ça chez nous »…on dirait du Sarkozy dans le texte


Un ami d’origine maghrébine m’affirme que la déception des jeunes « rebeus » est telle vis-à-vis de la gauche et de la droite républicaines qu’ils s’apprêteraient, peut être pas tous heureusement, à voter pour le FN ce dimanche, histoire de donner « un coup de pied dans la fourmilière ». Et pourtant. Comme dans une ruche, une fourmilière est un monde organisé, hiérarchisé, où chaque individu ne dépend que de l’attitude des autres affirmant ainsi une solidarité sans faille entre tous les membres de la collectivité. La taille même de chaque individu est fonction de l’utilité commune. Le tout servant à faire perdurer la colonie, à la faire grandir, à assurer sa subsistance et sa sécurité. Donner un coup de pied dans la fourmilière reviendrait donc à semer le désordre, la peur, l’angoisse, à déstructurer la colonie dont les individus seraient perdus…ce qui n’est que provisoire car les insectes savent, par bonheur, se reconstituer rapidement et ailleurs. Ce qui n’est pas toujours le cas au sein des colonies humaines.

Loin de moi l’idée de comparer notre société à une ruche ou une fourmilière. Je sais que certains économistes flattent l’organisation des hyménoptères dont il faudrait s’inspirer. Mais il s’agit d’un anthropomorphisme déplacé. Les jeunes « rebeus » devraient y regarder à deux fois avant de commettre un geste citoyen libre, certes, mais lourd de conséquences. Car ce que n’affirme pas péremptoirement Marine Le Pen, Sarkozy le fait à sa place : pas de menu de substitution dans les cantines scolaires ! Absence de liberté de choix ! Plus de voile pour les étudiantes à l’université ! S’ils ne sont pas contents qu’ils aillent dans le privé confessionnel ! Et que je t’en remets une louche. Au point d’indigner même des ténors de l’UMP comme Fillon, Juppé…ou Rachida Dati qui demande « qu’on arrête le délire. »

Le mot est bien choisi. Sarkozy délire. Et certains Français l’approuvent. Il est tellement sûr de lui, tellement certain de gagner la prochaine présidentielle qu’il ne prend plus de gants pour asséner ses vérités partagées par les électeurs communs au Front national et à la droite forte. Mais le « Pas de ça chez nous » crié à la face d’une jeune femme enceinte de huit mois, portant le foulard et agressée physiquement, hier, par deux voyous fanatiques devrait pourtant être un signal d’alerte.
« Chez nous » comme si ces deux voyous pouvaient se revendiquer de la France éternelle, celle des lumières et des droits de l’homme. Comme si la Laïcité à la sauce Le Pen n’avait d’autre objectif que de défendre l’espace public pour en interdire l’accès aux kippas, aux djellabas et aux autres tenues religieuses portées par qui le veut quand il ou elle le veut. Les Français musulmans ont autant de droits que les autres. Pas plus, mais pas moins. Ils sont nos compatriotes et doivent pouvoir circuler librement dans toutes les rues de nos villes. Avec ou sans foulard sur la tête.

Des responsables du CFCM (Comité français du culte musulman, d’ailleurs constitué à la demande de Nicolas Sarkozy) accusent les politiques imprudents ou pyromanes de jeter de l’huile sur le feu. D’attiser des braises toujours chaudes. Et cela, bien évidemment, à la veille du second tour d’une élection. Ils ont raison, tout cela recèle des arrières pensées. Le « Pas de ça chez nous » illustre parfaitement la volonté de marginaliser, stigmatiser, rejeter, tous thèmes à l’œuvre à l’extrême droite. Jouer sur des réflexes d’exclusion, voilà la nouvelle politique qu’on nous propose. Comme à Hénin-Beaumont où la ligue des droits de l’homme a été expulsée de son local, comme à Béziers où la liste des associations subventionnées a été revue à la baisse. Quand on pense que dimanche, ces gens-là sont bien capables de gagner quelques cantons. Misère.



26 mars 2015

Les résultats du premier tour des élections départementales dans les bureaux de la ville de Louviers

A la demande de plusieurs de mes lecteurs, je publie le tableau des résultats du premier tour des élections départementales dans les huit bureaux de la ville de Louviers. Pour le rendre plus lisible, cliquez sur l'image.

Jean-Louis Destans a eu le tort de s'opposer à Gérard Grimaud, il en paie le prix fort


Je ne suis pas un adepte de la langue de bois et même si ce que j’écris dérange parfois mes amis socialistes, il me semble utile de mettre le doigt là où cela fait mal. Pas par masochisme ni volonté de nuire mais parce que je juge utile de dénoncer certains faits ou de commenter certaines déclarations.

Ce matin, je suis notamment surpris d’une déclaration, lue dans La Dépêche. Etonné des phrases qu’aurait prononcées Jean-Louis Destans, au lendemain de sa défaite aux élections départementales dans le canton de Brionne. Il affirme : « Je suis battu, c’est un sentiment difficile. J’assume sans amertume. On paie la division entre le Front de gauche et le parti socialiste car si on additionne les scores on serait arrivé en tête…» A qui la faute ? Qui dit division, dit responsabilité de cette division. C’est ce fait que je veux analyser même si, sur le plan national, le Front de gauche a préféré des alliances avec Europe-Ecologie-les-Verts plutôt qu’avec le PS vilipendé pour sa politique nationale.

Les conseillers généraux sortants du Front de gauche appartenaient à la majorité de gauche du conseil général sortant présidé par Jean-Louis Destans. Dans le cadre des discussions engagées par les partis de gauche avant le premier tour, les sortants du Front de gauche exigeaient du PS qu’il ne présentât pas de candidats socialistes contre eux. C’était le cas à Brionne avec Gérard Grimaud, à Pont-de-l’Arche avec Gaétan Levitre, à Saint-André avec Andrée Oger. L’affaire s’est corsée lorsque Jean-Louis Destans, député de la circonscription de Brionne a souhaité se présenter dans cette dernière aux élections départementales alors qu’il avait été élu conseiller général de Pont-Audemer dont le canton était situé hors de sa circonscription. On peut comprendre la volonté de cohérence du président sortant mais cette cohérence entrait en conflit avec la situation politique globale et locale. Une situation peu favorable au PS et surtout directement orientée contre le sortant communiste qui a considéré l'attitude de Jean-Louis Destans comme un casus belli. Elle a eu des conséquences dans d’autres cantons puisqu’à Pont-de-l’Arche, par exemple, Richard Jacquet (maire PS) s’est présenté contre Gaétan Levitre (PCF) alors qu’un terrain d’entente entre eux aurait pu être trouvé.

Ce qui devait arriver, comme je l’avais d’ailleurs indiqué sur ce blog, arriva. Jean-Louis Destans a été distancé par le conseiller général sortant et éliminé dès le premier tour faute d’avoir recueilli 12,5% des électeurs inscrits. Voilà son travail et celui de sa majorité de gauche, un travail réel, efficace, novateur, engagé depuis 2001 remis en cause faute d’une attitude lucide et réaliste. 

L’action du conseil départemental sera dorénavant conduite par la droite. Que M. Lecornu ou M. Legendre devienne président nous importe peu. Il s’agira d’un choix partisan auquel les citoyens sont étrangers. On jugera le futur président à l’aune de la comparaison avec celle de son prédécesseur de gauche. Qu’il s’agisse d’action sociale, d’aides aux communes et aux associations, de programmes routiers ou de constructions et d’entretien des collèges, d’accords avec la région et le département de Seine-Maritime, j’ai plus que des doutes sur la capacité de la droite à faire plus sinon autant. 

25 mars 2015

Goujat un jour, goujat toujours. Lionnel Luca se distingue une fois encore…


Le député UMP Lionnel Luca
Monsieur le député Lionnel Luca est l’élu d’une circonscription des Alpes Maritimes. Son profil Wikipédia indique qu’il est d’origine roumaine et a été professeur d’histoire et géographie dans des lycées privés pendant 20 ans. Qu’il soit Roumain ne me gêne aucunement. Qu’il soit professeur dans le privé non plus. Mais il tweete. Et il tweete souvent sans réfléchir. C’est dommage car ses tweets sont souvent, pas toujours, d’un humour plus que discutable surtout s’il considère qu’il s’agit d’humour.

J’oubliais. M. Luca est également membre de l’UMP mais surtout il appartient à un courant intitulé « droite populaire ». Après son tweet d’hier, j’ignore si l’adjectif pourra continuer de lui être accolé. Qu’a dit M. Luca ? Que François Hollande, victime d’un week-end meurtrier pour le PS (après le premier tour des élections départementales) était devenu un spécialiste du compassionnel suite à la catastrophe aérienne de Seyne-les-Alpes et non La Seyne-sur-mer comme l’a indiqué un journaliste étourdi de BFM-TV ! Et compassionnel devient, dans la bouche de Lionnel Luca un gros mot. En versant des larmes sur les victimes du crash, Hollande pleure sur lui-même et sur son ancien parti, voilà le message du député UMP.

Dans le Hollande-bashing, Lionnel luca est un obsédé. Il en a parfaitement le droit et personne n’oserait le lui contester. D’ailleurs un parlementaire a tous les droits même celui de se tromper. Qu’il le veuille ou non, François Hollande est le président de tous les Français depuis mai 2012. Je sais bien que pour nombre d’entre eux, c’est injuste, illégitime et insupportable. La démocratie autorise tous les jugements et toutes les contestations. Un élu UMP, qui plus est un supporteur de Nicolas Sarkozy, est dans son rôle en contestant la politique d’un président socialiste. A-t-il, pour autant la faculté de se présenter comme un homme vulgaire et auteur, à l’évidence, d’une faute de goût ?

On me dira, François Hollande en fait trop, et patati et patata. La France se devait et son président avec, de recevoir les responsables des gouvernements allemand et espagnol même si quinze nationalités ont été recensées parmi les victimes du crash. Et à partir du moment où notre pays accueille des gouvernants étrangers, il appartient aux autorités exécutives, aux élus et aux fonctionnaires de les recevoir avec dignité et respect. J’apprends que des habitants des villages avoisinant le lieu de la catastrophe sont disposés à mettre des chambres et des chalets (sans bourse déliée) à disposition des familles venues du nord et du sud de l’Europe. Peut-être M. Luca pourrait-il s’inspirer de leur exemple et faire preuve sinon de compassion du moins d’un peu d’humanité. Goujat un jour, goujat toujours ?

24 mars 2015

Nonna Mayer en connaît un rayon sur le vote FN et sur les nostalgiques du Vichysme


Nonna Mayer
Nonna Mayer en connaît un rayon sur le vote FN. Voilà trente ans qu’elle ausculte ce parti politique et essaie de comprendre et d’expliquer pourquoi l’extrême-droite française parvient à accroître ses scores et à conquérir de nouveaux territoires. J’ai suivi avec attention le débat organisé en direct par le journal numérique Mediapart au soir du premier tour des élections cantonales. Nonna Mayer y était invitée à commenter les résultats du Front national qui a obtenu près de 25 % des suffrages.

Avec une grande lucidité et une profonde connaissance de l’électorat du FN, Nonna Mayer explique comment depuis 1984, le vote FN a évolué. Dans ces années-là, les électeurs de Jean-Marie Le Pen se recrutaient plutôt dans les milieux bourgeois et chez les nostalgiques d’une idée de la France à l’opposée de celle du général de Gaulle. Avec le temps, le vote a conduit des citoyens d’origines diverses à donner leur voix au parti xénophobe. Justement, la haine de l’étranger, la peur de l’autre, est au cœur du vote FN. C’est bien pourquoi les thèmes favoris des leaders du FN sont l’immigration, l’insécurité et le chômage qui en seraient les conséquences directes. Même si les statistiques dont on dispose démentent ces affirmations, de plus en plus de Français considèrent qu’il y a trop d’étrangers en France, qu’ils bénéficient d’avantages sociaux et économiques dont seraient privés les Français « de souche » comme dirait le président sous une forme humoristique mal comprise. On dit même que les jeunes âgés de 18 à 24 ans se plaisent à voter FN en révolte contre leurs parents et contre l’ordre établi ! A mon époque, on se révoltait en manifestant aux côtés des grévistes, des sans papiers kurdes, ou des mouvements féministes…

L’électeur FN est d’ailleurs plutôt un homme (1) sans diplôme, il est âgé de 30 à 50 ans, vit une forme de précarité juste au-dessus du seuil de pauvreté, habite dans les campagnes ou les zones péri-urbaines, est sensible au « tous pourris » et au «tous corrompus» (2) considère que la gauche et la droite ont échoué et qu’on peut donc essayer du nouveau avec Marine Le Pen même si ses qualités pour diriger la France ne semblent pas du plus haut niveau. La « préférence nationale » — thème fort au FN — est adoubée tout comme le besoin d’un état fort et très administré. C’est pour cette raison que Sarkozy peut affirmer sans barguigner que les propositions économiques de l’extrême-droite sont semblables à celles de l’extrême-gauche même si, personnellement, je considère qu’il s’agit là d’un abus de langage et d’une tromperie sur l’analyse.(3)

De plus, l’électeur FN (ancien électeur de gauche ou de droite) est aujourd’hui plus prompt à enclencher une dynamique de mobilisation alors même que les électorats traditionnels de la gauche, par exemple, se réfugient dans l’abstention pour exprimer leur mécontentement. S’agissant de l’abstention, les études montrent que les villes où le taux de chômage augmente ne sont pas celles qui s’abstiennent le plus. Par contre le second enseignement d’une étude conduite lors des municipales de 2014 montre un lien très net entre le niveau de chômage et celui du FN : moins le premier est élevé, moins le second est important ; plus le premier est fort, plus le second l'est aussi. La résolution du problème du chômage serait donc un moyen de faire baisser le Front national…

En écoutant Nonna Mayer, on apprend aussi que les arguments moraux et historiques ne sont d’aucune prise sur les électeurs du FN. Ils culpabilisent de moins en moins et la réponse qu’ils font aux sondeurs est de plus en plus en prise avec le réel de leur vote. C’est sans doute pourquoi les instituts se sont largement trompés sur le score obtenu par le FN lors du vote de dimanche dernier. Les instituts donnaient de 3 à 6 points de plus au FN ce qui n’est pas rien. Odoxa a même situé le rassemblement bleu marine à 33 % soit 8 points au-dessus de son score réel.

Les politiques et les électeurs ne pourront pas dire, comme l’a suggéré Martine Aubry, qu’ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient en soutenant ou en votant pour le FN. Je me tue (c’est une image) à répéter que l’implantation du FN dans la vie politique française ne sera pas durable. Certes, il se passera quelques années avant que cette secte perde ses adeptes. Mais avec le retour de la croissance et donc de la baisse du chômage et d’un comportement respectueux des promesses de la part des partis de gouvernement, je ne doute pas que la vague frontiste reculera jusqu’à revenir à son étiage originel : le vote des nostalgiques du Vichysme.

(1) Même si de plus en plus de femmes votent pour Marine Le Pen.
(2) Les affaires Cahuzac et Sarkozy ont dégoûté certains électeurs du bipartisme.
(3) Marine Le Pen s'est félicitée de la victoire de Syriza en Grèce.

Le bureau fédéral de l'Eure du PS appelle à voter pour les candidats de gauche et républicains dimanche prochain


 Communiqué du bureau fédéral de l'Eure du PS à l'occasion du second tour des élections départementales :
« La nationalisation de la campagne a probablement permis de contenir la progression du Front National et, sur certains points de notre territoire, à l’inverser par rapport au score qu’il avait obtenu lors du dernier scrutin européen. Il faut s’en féliciter. Toutefois cette dimension a pu permettre à une droite sans idées et sans projet d’afficher en guise de programme, dans l’Eure comme dans le reste du pays, la simple photocopie de tracts mensongers, vagues ou polémiques, édités au siège de l’UMP, afin de faire oublier aux électeurs les enjeux concrets, les enjeux locaux des élections départementales. Il faut le regretter.
Peu de citoyens se sont souvenus que c’est la Gauche et ses élus qui leur ont proposé, soixante-dix ans après l’instauration d’un suffrage réellement universel, de désigner à parité entre hommes et femmes leurs représentants aux conseils départementaux. Peu de votants ont reconnu que c’est la Gauche et ses élus, par un découpage équilibré des cantons, qui ont mis fin au système de proportionnelle à l’hectare qui caractérisait les anciennes élections cantonales pour donner la même assise démographique à tous les élus départementaux. Peu d’électeurs ont observé que c’est Gauche et ses élus qui, en imposant aux binômes de candidats de dépasser la barre des 12,5% des inscrits pour être présents au second tour, a voulu redonner de la clarté et de l’efficacité à la gestion des collectivités départementales. Malheureusement, seule une moitié des électeurs, 51%, a considéré, dimanche dernier, que ces réformes démocratiques, ces principes qui ont pu nous être défavorables dans un contexte de division, en renforçant la justice et l’égalité devant le suffrage, méritaient, pour les saluer, de se rendre aux urnes.
Dans l’Eure, ces réformes avaient été précédées, depuis 2001, de très nombreuses autres avancées : pour l’éducation et le logement, pour l’emploi et le développement économique, pour l’environnement et la modernisation numérique, pour la petite enfance et le grand âge, pour le renouvellement urbain et la ruralité. En quinze ans, Jean Louis Destans et les majorités qu’il a conduites ont transformé un département qui, jusqu’alors s’endormait, coincé entre Ile-de-de-France et littoral normand, bercé par le conservatisme de la droite et l’immobilisme de ses notables, en terre d’innovations et de progrès.
En dernier ressort, ce sont les électeurs eurois qui jugent. Il faut s’incliner devant leur décision, l’accepter et la respecter. Il faut aussi en tirer les leçons. Sans doute ne sommes-nous pas parvenus à souligner suffisamment le caractère exceptionnel de ce bilan, ni à mettre en valeur le socle qu’il offrait pour d’autres projets à venir. Il n’en demeure pas moins que les socialistes expriment leur reconnaissance et leur confiance à celui qui a été leur président de Conseil Général, faisant voter à l’unanimité 95% de ses propositions, et dont ils sont fiers qu’il soit leur député. Par simple comparaison, la qualité de cette action qui ne délaissait aucune partie de notre territoire, n’excluait aucune catégorie de sa population, ne méprisait aucun engagement de ses représentants, ne tardera pas à apparaître. A un destin collectif ce sont substitués un système sectaire et une aventure personnelle.
Nous remercions donc tous les électeurs qui se sont portés sur les listes de Gauche pour ce premier tour et tous ceux qui se sont rassemblés espérant leur victoire. Ils doivent poursuivre leur effort de conviction et de mobilisation.
Ils savent que la gestion de leur département ne sera pas la même avec la gauche ou avec la droite. On ne peut prôner, comme le fait cette dernière, une réduction massive de la fonction publique, une baisse des dépenses de solidarité pour les jeunes comme pour les aînés, la disparition des politiques culturelles et de solidarité, et faire croire que cela n’aura aucune conséquence sur la vie quotidienne des Eurois. Le seul débat suscité par l’UMP ne peut être celui qui consiste à savoir qui, entre Jean-Paul Legendre et Sébastien Lecornu, aura l’honneur de s’asseoir dans le fauteuil présidentiel.

Ils savent le risque que représente le Front National. Comme, à toutes les élections intermédiaires, par la forte mobilisation d’un électorat qui, dans notre département, conjugue la perte de repères que ressentent les campagnes et les angoisses que ressentent les villes, le parti de la famille Le Pen bénéficie, en dépit des dérapages de son fondateur, d’une surreprésentation qui n’en fait pourtant ni le premier, ni le second parti de France, encore moins une force d’alternance. Ségrégation raciale, fractures sociales, isolement international, désastre économique restent les fondamentaux de sa politique et c’est pour cela qu’elle demeure, au-delà ou malgré ceux qui y adhèrent, un danger pour la République.
C’est pourquoi, comme l’a fait dans ces termes le Premier secrétaire national du Parti Socialiste Jean-Christophe Cambadélis, nous appelons les électeurs de gauche à se mobiliser sans exception pour le second tour. Pour défendre la solidarité face à la droite et la République face à l’extrême droite, l’Eure a besoin que les valeurs, les idées, les actions de la Gauche continuent de se faire entendre. C’est une cause d’intérêt général.
Il faut pour cela appeler les Eurois au soutien actif, cette semaine et dimanche prochain, dans les bureaux de vote, des candidats de Gauche encore qualifiés pour le second tour dans plus d’une dizaine de nos cantons.
Il faut que, de Pont-Audemer à Conches, de Gaillon à Bourgtheroulde, de Val-de-Reuil à Evreux, de Bourg-Achard à Saint André de l’Eure, de Pont de l’Arche à Bernay, tous les partis de gauche et les forces de progrès fassent bloc : Parti socialiste, Parti communiste Français, le Parti de gauche, Europe Ecologie Les Verts, Parti Radical de Gauche, divers gauche, républicains et démocrates.
Il faut que les électrices et les électeurs de Gauche, hélas trop nombreux à s’être abstenus dimanche, se rendent massivement aux urnes et conservent leur unité jusqu’aux régionales.
Partout où les candidats de la Gauche ne sont pas au second tour, nous appelons sans la moindre équivoque au désistement républicain et demandons fermement à l’UMP/UDI, qui ne rejettera certainement pas nos voix, la réciproque. Partout, il faut faire barrage au Front National. C’est l’affaire des républicains et des démocrates.
Chaque voix comptera dans les villes et les campagnes ! Chaque citoyen est concerné. Dimanche prochain se joue aussi l’avenir de notre pays. Votez à gauche, votez socialiste, radical, communiste et vert, votez républicain ! »
NDLR : François-Xavier Priollaud, maire de Louviers et conseiller régional, membre de l’UDI, invite à faire barrage au candidat FN dans la canton de Val-de-Reuil.

23 mars 2015

Vous voulez voir les maires FN à l'œuvre ? Allez à Mantes-la-ville !


Marine Le Pen affirme que le Front national a été plébiscité dans les communes dirigées par un maire frontiste ! Plébiscité par qui ? Pas par les défenseurs des belles causes humanistes et désintéressées. Car il faut voir les maires FN à l’œuvre comme à Béziers, Hénin-Beaumont ou pire encore à Mantes-la-ville. Le communiqué ci-dessous, de la section de la ligue des Droits de l’homme de cette ville, éclaire d’un jour sombre les pratiques et les comportements de ces élus d’extrême droite qu’il ne faudrait pas voir majoritaires dans le pays.

« Par un courrier en date du 24 février 2015, le maire FN de Mantes-la-Ville a informé la Ligue des droits de l’Homme que les membres de son association doivent vider et libérer pour le 31 mars les locaux situés rue de Moulins, locaux occupés en vertu d’une convention annuelle, depuis plus de 20 ans. Dans le même courrier, il indique par ailleurs que la Ligue des droits de l’Homme devra mettre fin à la tenue de permanences d’accueil et de conseils juridiques au Centre de Vie Sociale « l’Arche en ciel » à la fin du mois de mars.
Le maire FN de Mantes la Ville s’inscrit ainsi dans un positionnement caractéristique de l’extrême droite qui — dans un esprit antirépublicain — a toujours désigné la Ligue des droits de l’Homme comme un de ses principaux adversaires. La Ligue des droits de l’Homme est née à la fin du XIXème siècle dans le contexte de l’Affaire Dreyfus. Sa vocation depuis lors, partout en France, a été et reste de lutter contre toutes les formes de racisme, de veiller au respect des droits de tous, d’impulser des réflexions collectives pour les faire avancer et de proposer aide et conseil juridiques à tout être humain.
Depuis des décennies, la LDH section de Mantes et du Mantois s’est attachée à incarner cet esprit fraternel et républicain sur le territoire mantais. L'affluence à ses permanences des droits pour tous et de soutien au plus démunis est la preuve d'un réel besoin concret dans la ville. N’en déplaise au Front national, la LDH ne renoncera pas à ces objectifs. Les membres de cette association ont, par conséquent, décidé, avec l’appui d’un collectif d’associations et d’organisations, de ne pas rendre les clés des locaux de la rue de Moulins qu’ils utilisent depuis 1995.
D'autres actions sont envisagées rapidement pour ne pas laisser passer ce coup de force anti-démocratique. »
La LDH est soutenue par : Ensemble pour une Gauche Citoyenne, Europe Ecologie Les Verts, DAL du Mantois, Parti Communiste Limay-Vexin, Parti Communiste du Mantois, Parti de Gauche du Mantois, NPA Val de Seine, ATTAC 78 Nord, Parti Communiste de Mantes la Jolie, Parti Socialiste Limay-Vexin, Nouvelle Donne, Union Locale CGT de la région Mantaise, Parti Socialiste de Mantes la Ville, La Gauche Unitaire, FSU 78.

Coefficient 119 pour l'UMP et le FN. Vivement le reflux !


Janick Léger et Jean-Jacques Coquelet à Val-de-Reuil : vers une victoire au second tour. (photo JCH)
Les candidats FN se racontent et nous racontent des histoires. Pour l’immense majorité d’entre eux, il s’agit d’inconnus au bataillon dans les cantons où ils se présentaient. De fait, le score des candidats frontistes est celui de Marine Le Pen. Point barre. Toutes les affirmations des Ludovic Larue et consorts sur leurs mérites respectifs sont nuls et non avenus. La preuve ? Leur tract distribué la semaine dernière. On n’y trouve aucune proposition locale ou départementale. On n’y trouve aucune originalité cantonale. Seul le portrait de la guide, seule sa couleur, seul son nom, font figure de programme. C’est comme ça à l’extrême-droite et ce sera toujours comme ça. Un chef, une troupe. Silence dans les rangs.

La gauche dans l’Eure recule nettement. Les raisons ? Essentiellement, l’abstention de l’électorat de gauche mécontent de la politique gouvernementale. Secondairement, la division à gauche. Comme me le disait Janick Léger, bien placée pour gagner le canton de Val-de-Reuil avec Jean-Jacques Coquelet, « les résultats des candidats PS et leurs alliés sont très injustes. Nous avons beaucoup travaillé et le bilan de la majorité Destans est bon. Avant nous, le département de l’Eure ronronnait. L’élimination de Leslie Cléret à Louviers m’afflige. Les électeurs (trices) n’ont pas pris suffisamment ces données en compte. Je souhaite que le second tour soit l’occasion d’une forte mobilisation pour empêcher le FN de gagner un seul canton. » Je regrette au passage, l’élimination de Jean-Louis Destans, suicidaire dans sa candidature dans le canton de Brionne face à Gérard Grimaud, PCF, ce qui lui portera préjudice pour les futures législatives. Cette défaite annoncée contraste avec les bons résultats des candidats de gauche dans les cantons de Pont-Audemer, Pont-de-l’Arche, Bourgtheroulde, Evreux, Aubevoye, Saint-André, Conches, où la victoire de la gauche est possible sinon probable le 29 mars.

Malgré le mot d’ordre annoncé par Manuel Valls et visant à faire barrage aux candidats FN partout en France en votant pour les candidats de gauche ou pour la droite républicaine, je ne suis pas certains que les électeurs socialistes ne traîneront pas les pieds pour se rendre vers certaines urnes. Les résultats du second tour de la présidentielle de 2002 avec un Chirac triomphant mais peu reconnaissant ont laissé des traces dans les mémoires. Il faudra sans doute autre chose que le « ni-ni » de Sarkozy pour convaincre les électeurs de la gauche éliminée d’apporter leurs suffrages à la droite, celle qui veut interdire les menus de substitution dans les cantines, qui veut abolir Schengen, qui affirme que Marine Le Pen est d’extrême-gauche, le reste à l’avenant.

Hier, la marée exceptionnelle de coefficient 119 a favorisé l’UMP-UDI-centre. Et le FN. Viendra le temps du reflux. La gauche doit faire le gros dos et laisser passer l’orage en analysant les causes de sa défaite relative et en réfléchissant à la stratégie à mettre en place pour les régionales de décembre. Si elle part divisée, comme c’est malheureusement probable, le vote proportionnel avec prime aux premiers risque de placer le FN en position de force. Il est donc temps de préparer des listes d’union PS-Front de gauche, écolos, PRG, seules à même de sauver ce qui demeure sauvable.

22 mars 2015

L'Assemblée nationale vote l'interdiction des néonicotinoïdes toxiques pour les abeilles


Je suis heureux de publier cet article du journal « Les Échos » :
 
« L’Assemblée nationale a voté jeudi, contre l’avis de Ségolène Royal, l’interdiction de toutes les substances de la famille des néonicotinoïdes, réputés toxiques pour les abeilles.

Les abeilles vont peut-être devoir leur salut à une initiative des parlementaires socialistes contre l’avis du gouvernement. L’Assemblée nationale a voté en effet jeudi l’interdiction de tous les produits phytosanitaires de la famille des néonicotinoïdes, réputés toxiques pour les abeilles, et ce à compter de janvier 2016. Les députés PS Gérard Bapt et Delphine Batho étaient à la manœuvre contre l’avis de Ségolène Royal, la ministre de l’Ecologie.

Petit rappel. A la suite de l’action menée par la France pour que l’Union européenne interdise le Cruiser OSR sur le colza, la Commission européenne a déjà restreint l’utilisation de trois substances actives de cette famille d’insecticides. Pour autant, cinq molécules restent encore autorisées dans l’Hexagone (imidaclopride, thiaclopride, clothianidine, thiaméthoxame et acétamipride) alors qu’elles présenteraient une toxicité aigüe, notamment pour les abeilles.

L’amendement propose donc de les interdire toutes, pour éviter que l’industrie ne substitue des produits cousins après le retrait d’un produit précis, plaide Gérard Bapt. Ces néonicotinoïdes sont «neurotoxiques de 500 à 10.000 fois plus que le DDT, qui est interdit, estime ce médecin de profession. Il n’y a pas un seul repas où nous n’en consommons pas. Au Moyen-Age, on aurait appelé ça un nouveau fléau de Dieu».

Action au niveau européen du gouvernement
Défavorable à la mesure, au motif notamment que «le cadre européen ne permet pas une interdiction stricte», la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal a souligné le travail déjà engagé par le gouvernement en matière de pesticides, y compris le plan sur la sauvegarde des pollinisateurs sauvages et des abeilles, et les discussions au niveau européen. La rapporteure Geneviève Gaillard (PS) s’était elle aussi montrée défavorable à «une interdiction brute» pour «ne pas gêner les avancées du gouvernement», craignant que ces produits restent utilisés à titre dérogatoire, en l’absence d’«alternative» chimique jusqu’alors.
Dans sa «feuille de route» écologiste, présentée le 4 février, le gouvernement a assuré que la France mènerait «au niveau européen une action volontariste» pour que les substances néonicotinoïdes des insecticides soient réévaluées «au plus vite, en prenant en compte toutes les études concernant les effets sur les colonies d’abeilles, les pollinisateurs sauvages, la faune».

Chute d’un tiers en 2014 de la production de miel
La Fondation Nicolas Hulot a «salué ces avancées». «Au gouvernement maintenant de traduire ce cap ambitieux en actes», a-t-elle ajouté. Pour l’association «Générations futures», «l’adoption de cette interdiction (...) est une bonne nouvelle. Il faudra cependant s’assurer que cet amendement ne soit pas revu lors du passage au Sénat».
La production de miel en France en 2014 a baissé d’un tiers par rapport à 2013 pour tomber à son niveau le plus bas depuis 20 ans, selon le bilan annuel publié jeudi par l’Union nationale des apiculteurs français, qui pointe du doigt pesticides et insecticides, notamment les insecticides néonicotinoïdes. »
Source AFP