23 janvier 2015

Les vœux de Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil : « Je ne renoncerai pas à faire confiance »

Marc-Antoine Jamet a rendu hommage aux policiers et gendarmes.
La cérémonie des vœux est un moment que pas un Rolivalois, pas un élu de la CASE, pas un chef d’entreprise ne voudraient rater. Car Marc-Antoine Jamet, maire, s’y livre à un art qu’il maîtrise avec la culture et l’humour qui le caractérisent : l’art du discours. En appliquant à la lettre le conseil de Pierre Dac : « un bon discours ne doit être basé sur rien tout en donnant l’impression d’être basé sur tout » Marc-Antoine Jamet n’a rien oublié qui soit indispensable à l’harmonie collective : les noms et les responsabilités de tel ou telle dans le développement de la ville nouvelle, la préparation du quarantième anniversaire de sa naissance, les efforts financiers des 15 dernières années, la politique de la ville, les appels du pied à la CASE et à « Bernard » (un voisin pas toujours docile) la moquerie sympathique à l’égard de François-Xavier Priollaud, l’évocation de la mémoire des chers disparus en 2015 dont Gérard Thurnauer et Daniel Moreau…mais le moment phare de la soirée fut l’inévitable mais nécessaire passage consacré aux attentats de Paris. Marc-Antoine aussi a été Charlie.

Du récit des événements, de leur gravité et conséquences, rien ne fut omis. Et le maire laissa libre cours à sa riche éloquence en insistant sur le travail permanent, accompli dans la ville par tous les élus locaux, les fonctionnaires territoriaux, pour que coexistent, au sein de la communauté rolivaloise — la seule qui vaille — les musulmans, les catholiques, les protestants, les athées…le maire condamnant sévèrement ceux qui s’adonnent au terrorisme au nom d’une religion qu’ils trompent et abusent. Des ennemis assurément. S’agissant de la mosquée en projet, elle se fera, évidemment, la seule contrainte des élus étant que le projet architectural soit de qualité. La laïcité, quant à elle, ce trésor national, devra vivre sous toutes les formes possibles et imaginables. Un directeur de services est même appelé à la développer. Il en profitera pour continuer l'action contre le racisme et l'antisémitisme et « contribuera à freiner le petit commerce de la haine ordinaire. »

Des différentes visites ministérielles (Bernard Cazeneuve, Marylise Lebranchu etc.) Marc-Antoine Jamet s’attarda quelque peu sur celle, le 7 janvier justement, de Myriam El Khomri, secrétaire d’Etat à la ville. Val-de-Reuil a été retenu à la mi-décembre, parmi les 200 sites à « enjeu national ». Reste à déterminer les participations financières notamment celles de l’agglomération Seine-Eure, du Département et de la Région et des partenaires tels que la CAF, la Caisse des dépôts ou les bailleurs sociaux…les programmes de rénovation ou les nouveaux étant encore à définir.

Les objectifs du maire : développer le commerce, le logement, reconquérir les rives de l’Eure, moderniser par le savoir notamment avec le nouveau théâtre et la fibre optique, accroître encore la sécurité même si les bilans sont plutôt bons. MAJ en profita pour lancer un appel à la solidarité financière des communes de la CASE dont les habitants profitent des équipements de la ville nouvelle sans assumer vraiment la part des charges qui leur revient. On aurait tort d'oublier la rénovation de la gare SNCF et ses parkings (mise en service fin 2015) ainsi que l'écosite des carrières d'exploitation des graves restitué durant l'année en cours.

Le maire, également haut responsable au sein d’une grande entreprise française, ne pouvait terminer son discours sans faire allusion au développement économique de sa ville et de l’agglomération. Pour deux raisons : d’une part parce que 1600 personnes sont au chômage à Val-de-Reuil et, d’autre part, parce que les entrepreneurs sont ceux qui investissent et prennent des risques. Les 7 parcs d’activités, les 10 000 emplois créés au sein des 600 entreprises recensées font du bassin d’emploi un leader départemental. Il faut, dorénavant, que les Rolivalois eux-mêmes s’y retrouvent en y travaillant…

Les 500 invités, après avoir écouté « religieusement » le discours du maire de l’exorde à la péroraison, ont été invités à lever leur verre à la santé d’une ville qui, année après année, affirme à la fois son rôle régional et son âme locale.

22 janvier 2015

Oui au renforcement des mesures de protection de la population, vigilance sur le reste des propositions du gouvernement


En utilisant le mot  apartheid » pour qualifier la situation de certaines cités et de certains quartiers de notre pays, le Premier ministre a commis un contresens. Car l’apartheid est une politique conduite volontairement et institutionnellement par un état — l’Afrique du sud en l’occurrence — et ne répond pas à la définition de la vie réelle ou supposée de minorités ethniques ou de classes sociales défavorisées dans les villes de la France de 2015.
Stigmatisation, sûrement, ségrégation, assurément, mais pas action politique réfléchie et volontaire de la part d’un état. Manuel Valls nourrit ainsi une ambiguïté sémantique qu’on peut admettre d’un auteur de livre (le sien en 2005) mais qui n’est pas admissible de la part d’un Premier ministre. L'apartheid fonctionne du haut vers le bas, pas le contraire.

L’ancien maire d’Evry, candidat lors de la primaire du PS destiné à choisir le candidat socialiste de la présidentielle 2012, avait marché sur les brisées de Nicolas Sarkozy et c’est bien pourquoi, déjà, il était classé à droite au sein du PS. Dans le célèbre (trop) célèbre discours de Grenoble, en juillet 2010, qui faisait suite à des agressions très graves contre les policiers de cette ville, l’ancien président de la République avait fustigé l’immigration non régulée, les Roms et leurs camps, les parents d’enfants délinquants, promis la suppression de leurs allocations familiales, déploré l’échec de la politique de la ville, et insisté sur le volet répression des mesures qu’il préconisait pour lutter contre la délinquance et le banditisme. Pas d’angélisme, affirmait-il, mais une action policière permanente…et visible. Il avait même viré le préfet en place pour nommer un de ses copains issu des rangs de la police. Quel fut le changement à l’échelle nationale de 2010 à 2012 ? Nul. 

Car les causes du malaise sont plus profondes qu’une simple volonté de président, défenseur de « l’identité nationale » faisant des immigrés les boucs émissaires faciles de tous les maux de la société, ne saurait faire disparaître. Déjà, il préconisait la déchéance de la nationalité française pour les délinquants, déchéance impossible selon les traités internationaux signés par la France ! Déjà il souhaitait durcir la loi, imposer des peines incompressibles, des peines plancher rendant impossible toute individualisation des peines. Des magistrats, pas tous de gauche, protestèrent contre ces propositions. Elles ne furent d'ailleurs pas suivies d'effets.

Certaines des mesures préconisées par le gouvernement Valls-Hollande sont, en revanche, recevables. La Ligue des droits de l'Homme, par exemple, « apprécie à sa juste valeur politique que le gouvernement n'ait pas cédé à la surenchère législative et réglementaire que réclamaient les partis de droite, le FN, et autres partisans d’une « guerre de civilisation ». La restriction des libertés n'a jamais favorisé une meilleure sécurité, comme l’atteste le bilan du Patriot Act américain.

La Ligue des droits de l'Homme considère que le plan de renforcement des mesures de protection par un recrutement substantiel de personnels dans la police, le renseignement et la justice, en particulier dans la protection judiciaire de la jeunesse pour agir immédiatement sur le terrain, ainsi que l'affectation de moyens nouveaux en matériel étaient nécessaires. La LDH s'en félicite et souhaite que toute la formation nécessaire à l'exercice de leur métier soit organisée tant en ce qui concerne les opérations de contrôle, qu'en ce qui tient à l'exercice de tous les droits.

En revanche, la LDH sera très vigilante sur la prochaine loi sur le renseignement. Elle est susceptible de comporter des mesures dangereuses pour les libertés sans contrôle et contre-pouvoir suffisants.

De la même manière, la LDH s’interroge sur l’efficacité du projet de regroupement carcéral des détenus qualifiés de « radicaux islamistes ». Une telle mesure peut engendrer des situations insupportables au regard des droits élémentaires de ces personnes mais aussi les amener à se radicaliser encore plus. Dans le contexte de surpeuplement des prisons françaises, ce regroupement ne peut être abordé qu’avec prudence et en préservant les droits fondamentaux des prévenus. »
Il faut donc être vigilant quant aux mesures plus répressives que préventives avancées par le gouvernement. Mais la réalité des dangers et des risques que court la population nous oblige à faire face à une réalité nouvelle : celle d’un terrorisme intérieur «œuvre» d’islamo-fascistes résolus. Il ne se combat pas avec des pincettes.

(1) L’apartheid était une politique dite de « développement séparé » affectant des populations selon des critères raciaux ou ethniques dans des zones géographiques déterminées. Il fut conceptualisé et mis en place à partir de 1948 en Afrique du Sud (Union d'Afrique du Sud, puis République d'Afrique du Sud) par le Parti national, et aboli le 30 juin 1991. La politique d'apartheid se voulait l'aboutissement institutionnel d'une politique et d'une pratique jusque-là empirique de ségrégation raciale élaborée en Afrique du Sud depuis la fondation par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales de la colonie du Cap en 1652. Avec l'apartheid, le rattachement territorial (puis la nationalité) et le statut social dépendaient du statut racial de l'individu. L'apartheid a également été appliqué de 1959 à 1979 dans le Sud-Ouest africain (actuelle Namibie), alors administré par l'Afrique du Sud.
La politique d'apartheid fut le « résultat de l'anxiété historique des Afrikaners obsédés par leur peur d'être engloutis par la masse des peuples noirs environnants »2. Les lois rigides qui en résultèrent, « dictées par une minorité blanche dynamique obsédée par sa survie » en tant que nation distincte, furent ainsi le résultat d'une confrontation, sur une même aire géographique, d'une société surdéveloppée, intégrée au premier monde avec une société de subsistance, encore dans le tiers monde, manifestant le refus de l'intégration des premiers avec les seconds.

21 janvier 2015

Marine Le Pen soutient Syriza en Grèce, elle marche sur la tête !


Le parlement grec réuni en séance. (DR)
Je cherche vainement les points communs entre les propositions du mouvement Syriza, en Grèce, et les fondements idéologiques du Front national. Cette question mérite d’être posée puisque la responsable du FN vient de déclarer publiquement qu’elle souhaitait le succès de Syriza lors des prochaines élections législatives grecques programmées le 25 janvier !
Syriza est soutenu, en France, par le PC, le Parti de Gauche, certains membres du PS et certains adhérents d’Europe-Ecologie-Les Verts. Plusieurs animateurs de ces partis ont d’ailleurs accusé Marine Le Pen de jouer les coucous pour tirer à elle la couverture lors du succès possible (probable ?) de Syriza ainsi que l’indiquent certains sondages.

Interrogée, Marine Le Pen ne voit pas de contradiction à soutenir un parti dit d’extrême gauche, ni raciste, ni xénophobe, ni islamophobe aux antipodes de l'extrême-droite. Elle le soutient, assure-t-elle, parce que les dirigeants de Syriza disent vouloir mettre un terme à la politique d’austérité imposée à la Grèce par la Troïka (FMI, BCE, Commission européenne) politique sensée sauver la Grèce de la faillite. Elle lui reproche quand même ses positions sur l'immigration…

Une différence fondamentale devrait pourtant conduire Mme Le Pen à plus de prudence. Car Syriza — ses leaders ont pensé un instant pouvoir sortir de la zone euro voire de l’union européenne — sont revenus à des propositions bien moins favorables aux thèses du Front national. En effet, Alexis Tsipras, la tête de liste de Syriza, s’il affirme vouloir atténuer les conséquences de l’austérité sur la vie quotidienne des Grecs et des Grecques, dit vouloir demeurer au sein de l’UE et vouloir conserver la monnaie commune.

La sortie de l’Euro aurait eu pour effet de rétablir le Drachme (δραχμή) avec une baisse de valeur de 30 à 40 %, diminuant d’autant les avoirs et le bas de laine (quand il existe) des citoyens du Péloponnèse. Cette assurance à l’égard des créanciers européens, privés et publics, de la Grèce ne doit pas les étourdir. Alexis Tsipras veut renégocier la dette extérieure de son pays mais pour ce faire, il devra réussir à rassembler une majorité au parlement et obtenir l’accord des dits créanciers qui ne devraient pas s’opposer à un remboursement échelonné de cette dette. Il n’est dans l’intérêt de personne de mettre le couteau sous la gorge du futur gouvernement grec ni d’accroître les difficultés économiques et financières de cet état.

Il n’empêche que le gouvernement, s’il est dirigé par des ministres de Syriza, devra quand même engager des réformes internes. Mettre en place un cadastre digne de ce nom, créer un vrai impôt foncier, imposer les armateurs, exiger une contribution des églises orthodoxes. Le poids du secteur informel, équivalent à 35% du PIB grec, entraîne, par ailleurs, un manque à gagner pour l’État grec estimé à 20 % des recettes fiscales. Il s’explique par le souci des professions libérales, des artisans et des entreprises d’échapper à l’impôt. Par ailleurs, la faiblesse des salaires en Grèce incitent les ménages à cumuler des emplois dans le secteur informel.

Ce serait également oublier que le déficit commercial grec est colossal et que la banque Goldman Sachs a aidé un ancien gouvernement à Athènes à maquiller les comptes de l’Etat pour lui permettre de demeurer dans la zone euro. Alexis Tsipras, s’il devient premier ministre, aura également l’ardente obligation de constater qu’être opposant ou dirigeant n’a pas du tout le même sens ni n'engage la même responsabilité.

20 janvier 2015

« Le silence c'est la mort, si tu te tais, tu meurs… »


« En mémoire de nos confrères de Charlie Hebdo et des victimes du terrorisme assassinées à Paris, Montrouge et Porte de Vincennes, nous, journalistes de presse écrite, radio, télé et Internet, affirmons notre refus obstiné de céder à la violence et à l’intimidation. Leur combat nous oblige.
Leur courage, face aux menaces de mort, nous impose de continuer à informer sans transiger, toujours indépendants de tous les pouvoirs. Comme eux, osons dire, crier, scander : nous n’avons pas peur ! Le rire est un rempart universel contre l’obscurantisme. La caricature des idées comme des croyances est une manière de faire vivre le pluralisme. Nous n’y renoncerons pas.
Nous voulons réaffirmer le sens de notre métier pour faire reculer la propagande, la rumeur et les manipulations. Dans les jours, les mois et les années qui viennent, nous voulons porter haut notre exigence et notre responsabilité d’informer nos concitoyens. L’enjeu dépasse notre profession. Il en va de la démocratie, aujourd’hui rongée par le doute. La presse a besoin de liberté. La liberté a besoin de la presse. Défendons-les !
«Le silence, c’est la mort, et toi, si tu te tais, tu meurs. Et si tu parles, tu meurs. Alors dis et meurs.» Tahar Djaout, journaliste et écrivain algérien assassiné par le FIS en 1993. »

Les sociétés des journalistes de l’AEF, l’Agence France Presse, Alternatives économiques, Canal +, Courrier international, La Croix, Les Echos, Europe 1, L’Express, Le Figaro, France Bleu, France Info, France Inter, France Culture, L’Humanité, iTélé, Libération, Marianne, Mediapart, Le Monde, Le Mouv’, L’Obs, Le Parisien, Le Point, RFI, RTL, Rue89, Télérama, TF1, LCI, BFM-TV, La Vie, Les Inrockuptibles et La Provence.

« Ce n’est pas l’œuvre d’un jour de former ou de déformer une âme libre » Jules Ferry

Jules Ferry
 Le 27 novembre 1883, Jules Ferry, président du Conseil, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, adressait une lettre aux instituteurs pour leur indiquer l’esprit devant guider l’enseignement de la morale civique. A l’aune des débats en cours sur religion et laïcité, il me paraît utile de publier les extraits les plus symboliques de cette lettre dont chaque mot est porteur de sens et de valeur. N’oublions pas que cette lettre a été écrite plusieurs années avant la loi dite de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Elle en contient tous les ingrédients futurs pour notre société d'aujourd'hui.

« …Des diverses obligations qu’il vous impose, celle assurément qui vous tient le plus au cœur, celle qui vous apporte le plus lourd surcroît de travail et de souci, c’est la mission qui vous est confiée de donner à vos élèves l’éducation morale et l’instruction civique…
La loi du 28 mars se caractérise par deux dispositions qui se complètent sans se contredire : d’une part, elle met en dehors du programme obligatoire l’enseignement de tout dogme particulier ; d’autre part, elle y place au premier rang l’enseignement moral et civique. L’instruction religieuse appartient aux familles et à l’Église, l’instruction morale à l’école. Le législateur n’a donc pas entendu faire une œuvre purement négative. Sans doute il a eu pour premier objet de séparer l’école de l’Église, d’assurer la liberté de conscience et des maîtres et des élèves, de distinguer enfin deux domaines trop longtemps confondus : celui des croyances, qui sont personnelles, libres et variables, et celui des connaissances, qui sont communes et indispensables à tous…

Mais il y a autre chose dans la loi du 28 mars : elle affirme la volonté de fonder chez nous une éducation nationale, et de la fonder sur des notions du devoir et du droit que le législateur n’hésite pas à inscrire au nombre des premières vérités que nul ne peut ignorer. Pour cette partie capitale de l’éducation, c’est sur vous, Monsieur, que les pouvoirs publics ont compté. En vous dispensant de l’enseignement religieux, on n’a pas songé à vous décharger de l’enseignement moral ; c’eût été vous enlever ce qui fait la dignité de votre profession. Au contraire, il a paru tout naturel que l’instituteur, en même temps qu’il apprend aux enfants à lire et à écrire, leur enseigne aussi ces règles élémentaires de la vie morale qui ne sont pas moins universellement acceptées que celles du langage ou du calcul…

…Et, quand on vous parle de mission et d’apostolat, vous n’allez pas vous y méprendre ; vous n’êtes point l’apôtre d’un nouvel Évangile : le législateur n’a voulu faire de vous ni un philosophe ni un théologien improvisé. Il ne vous demande rien qu’on ne puisse demander à tout homme de cœur et de sens. Il est impossible que vous voyiez chaque jour tous ces enfants qui se pressent autour de vous, écoutant vos leçons, observant votre conduite, s’inspirant de vos exemples, à l’âge où l’esprit s’éveille, où le cœur s’ouvre, où la mémoire s’enrichit, sans que l’idée vous vienne aussitôt de profiter de cette docilité, de cette confiance, pour leur transmettre, avec les connaissances scolaires proprement dites, les principes mêmes de la morale, j’entends simplement cette bonne et antique morale que nous avons reçue de nos pères et mères et que nous nous honorons tous de suivre dans les relations de la vie, sans nous mettre en peine d’en discuter les bases philosophiques. Vous êtes l’auxiliaire et, à certains égards, le suppléant du père de famille : parlez donc à son enfant comme vous voudriez que l’on parlât au vôtre ; avec force et autorité, toutes les fois qu’il s’agit d’une vérité incontestée, d’un précepte de la morale commune ; avec la plus grande réserve, dès que vous risquez d’effleurer un sentiment religieux dont vous n’êtes pas juge…

…Au moment de proposer aux élèves un précepte, une maxime quelconque, demandez-vous s’il se trouve à votre connaissance un seul honnête homme qui puisse être froissé de ce que vous allez dire. Demandez vous si un père de famille, je dis un seul, présent à votre classe et vous écoutant, pourrait de bonne foi refuser son assentiment à ce qu’il vous entendrait dire. Si oui, abstenez-vous de le dire ; sinon, parlez hardiment : car ce que vous allez communiquer à l’enfant, ce n’est pas votre propre sagesse ; c’est la sagesse du genre humain, c’est une de ces idées d’ordre universel que plusieurs siècles de civilisation ont fait entrer dans le patrimoine de l’humanité. Si étroit que vous semble peut-être un cercle d’action ainsi tracé, faites-vous un devoir d’honneur de n’en jamais sortir, restez en deçà de cette limite plutôt que vous exposer à la franchir : vous ne toucherez jamais avec trop de scrupule à cette chose délicate et sacrée, qui est la conscience de l’enfant. Mais une fois que vous vous êtes ainsi loyalement enfermé dans l’humble et sûre région de la morale usuelle, que vous demande-t-on ? La famille et la société vous demandent de les aider à bien élever leurs enfants, à en faire des honnêtes gens. C’est dire qu’elles attendent de vous non des paroles, mais des actes, non pas un enseignement de plus à inscrire au programme, mais un service tout pratique, que vous pouvez rendre au pays plutôt encore comme homme que comme professeur…

Il ne s’agit plus là d’une série de vérités à démontrer, mais, ce qui est tout autrement laborieux, d’une longue suite d’influences morales à exercer sur ces jeunes êtres, à force de patience, de fermeté, de douceur, d’élévation dans le caractère et de puissance persuasive. On a compté sur vous pour leur apprendre à bien vivre par la manière même dont vous vivrez avec eux et devant eux. On a osé prétendre pour vous que, d’ici à quelques générations, les habitudes et les idées des populations au milieu desquelles vous aurez exercé attestent les bons effets de vos leçons de morale. Ce sera dans l’histoire honneur particulier pour notre corps enseignant d’avoir mérité d’inspirer aux Chambres françaises cette opinion qu’il y a dans chaque instituteur, dans chaque institutrice, un auxiliaire naturel du progrès moral et social, une personne dont l’influence ne peut manquer, en quelque sorte, d’élever autour d’elle le niveau des mœurs…

…Il ne suffit donc pas que vos élèves aient compris et retenu vos leçons ; il faut surtout que leur caractère s’en ressente : ce n’est donc pas dans l’école, c’est surtout hors de l’école qu’on pourra juger ce qu’a valu votre enseignement. Au reste, voulez-vous en juger par vous-même, dès à présent, et voir si votre enseignement est bien engagé dans cette voie, la seule bonne : examinez s’il a déjà conduit vos élèves à quelques réformes pratiques. Vous leur avez parlé, par exemple, du respect de la loi : si cette leçon ne les empêche pas, au sortir de la classe, de commettre une fraude, un acte, fût-il léger, de contrebande ou de braconnage, vous n’avez rien fait encore ; la leçon de morale n’a pas porté, ou bien vous leur avez expliqué ce que c’est que la justice et que la vérité : en sont-ils assez profondément pénétrés pour aimer mieux avouer une faute que de la dissimuler par un mensonge, pour se refuser à une indélicatesse ou à un passe-droit en leur faveur ? Vous avez flétri l’égoïsme et fait l’éloge du dévouement : ont-ils, le moment d’après, abandonné un camarade en péril pour ne songer qu’à eux-mêmes ? Votre leçon est à recommencer. Et que ces rechutes ne vous découragent pas ! Ce n’est pas l’œuvre d’un jour de former ou de déformer une âme libre. Il y faut beaucoup de leçons sans doute, des lectures, des maximes écrites, copiées, lues et relues : mais il y faut surtout des exercices pratiques, des efforts, des actes, des habitudes. Les enfants ont, en morale, un apprentissage à faire, absolument comme pour la lecture ou le calcul. L’enfant qui sait reconnaître et assembler des lettres ne sait pas encore lire ; celui qui sait les tracer l’une après l’autre ne sait pas écrire. Que manque-t-il à l’un ou à l’autre ? La pratique, l’habitude, la facilité, la rapidité et la sûreté de l’exécution. De même, l’enfant qui répète les premiers préceptes d’instinct ; alors seulement, la morale aura passé de son esprit dans son cœur, et elle passera de là dans sa vie ; il ne pourra plus la désapprendre…

…C’est ici cependant qu’il importe de distinguer de plus près entre l’essentiel et l’accessoire, entre l’enseignement moral, qui est obligatoire, et les moyens d’enseignement, qui ne le sont pas. Si quelques personnes, peu au courant de la pédagogie moderne, ont pu croire que nos livres scolaires d’instruction morale et civique allaient être une sorte de catéchisme nouveau, c’est là une erreur que ni vous, ni vos collègues, n’avez pu commettre. Vous savez trop bien que, sous le régime de libre examen et de libre concurrence qui est le droit commun en matière de librairie classique, aucun livre ne vous arrive imposé par l’autorité universitaire. Comme tous les ouvrages que vous employez, et plus encore que tous les autres, le livre de morale est entre vos mains un auxiliaire et rien de plus, un instrument dont vous vous servez sans vous y asservir…

…Ce qui importe, ce n’est pas l’action du livre, c’est la vôtre ; il ne faudrait pas que le livre vînt, en quelque sorte, s’interposer entre vos élèves et vous, refroidir votre parole, en émousser l’impression sur l’âme des élèves, vous réduire au rôle de simple répétiteur de la morale. Le livre est fait pour vous, et non vous pour le livre, il est votre conseiller et votre guide, mais c’est vous qui devez rester le guide et le conseiller par excellence de vos élèves…Mais, quelque solution que vous préfériez, je ne saurais trop vous le dire, faites toujours bien comprendre que vous mettez votre amour-propre, ou plutôt votre honneur, non pas à adopter tel ou tel livre, mais à faire pénétrer profondément dans les générations l’enseignement pratique des bonnes règles et des bons sentiments…

Il dépend de vous, Monsieur, j’en ai la certitude, de hâter par votre manière d’agir le moment où cet enseignement sera partout non pas seulement accepté, mais apprécié, honoré, aimé comme il mérite de l’être. Les populations mêmes dont on a cherché à exciter les inquiétudes ne résisteront pas longtemps à l’expérience qui se fera sous leurs yeux. Quand elles vous auront vu à l’œuvre, quand elles reconnaîtront que vous n’avez d’autre arrière-pensée que de leur rendre leurs enfants plus instruits et meilleurs, quand elles remarqueront que vos leçons de morale commencent à produire de l’effet, que leurs enfants rapportent de votre classe de meilleures habitudes, des manières plus douces et plus respectueuses, plus de droiture, plus d’obéissance, plus de goût pour le travail, plus de soumission au devoir, enfin tous les signes d’une incessante amélioration morale, alors la cause de l’école laïque sera gagnée : le bon sens du père et le cœur de la mère ne s’y tromperont pas, et ils n’auront pas besoin qu’on leur apprenne ce qu’ils vous doivent d’estime, de confiance et de gratitude…

19 janvier 2015

« Timbuktu » au cinéma les Arcades de Val-de-Reuil


Timbuktu ou Le Chagrin des oiseaux…
« Retrouvons nous le vendredi 23 janvier 2015 à 20 heures au cinéma Les Arcades, pour une soirée spéciale, en partenariat avec la Ferme des Jeunes, où nous visionnerons ensemble, le film « TIMBUKTU» de Abderrahmane Sissako.
 Synopsis : Non loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes religieux, Kidane  mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré de sa femme Satima, sa fille Toya et de Issan, son petit berger âgé de 12 ans. En ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de terreur des djihadistes qui ont pris en otage leur foi. Fini la musique et les rires, les cigarettes et même le football…
La projection sera suivie d’une discussion avec le Pasteur Joseph Sita, le Prêtre Sébastien Jean à Val de Reuil, ainsi que l’Imam Abdellah Baqi, et se prolongera devant un buffet. Comme chaque fois, l’entrée du public se fera à partir de 19 h 30, de façon à ce que le film puisse être projeté à 20 heures. La soirée s’achèvera vers 23 heures 30. 
Pour cette soirée, un prix d’entrée unique de 4.50 € vous sera demandé. »
En cette période marquée par les assassinats de Français journalistes, dessinateurs, policiers ou juifs, le film de Abderrahmane Sissoko place au cœur de l'actualité la vie sous le joug des Salafistes ou autrement dit des islamo-fascistes à bien distinguer des musulmans de nos villes et de nos campagnes.

Gary Stal, vainqueur hier à Abou Dhabi, est passé par le golf du Vaudreuil


Gary Stal a gagné hier à Abou Dhabi…
Le golf n’a pas une bonne image dans le public et c’est dommage. J’ai déjà eu l’occasion de regretter les préjugés et les a priori concernant ce jeu si difficile à pratiquer dans la régularité. Nous avons la chance, dans l’Eure, de disposer de plusieurs parcours de premier ordre. Le conseil général, grâce à l’obstination de Francis Courel, organise chaque année un grand tournoi, sur cinq jours, permettant à tous les licenciés (hommes, femmes, jeunes, seniors) de se livrer à leur sport favori dans un cadre différent chaque année.
En 2015 le golf du Vaudreuil accueillera donc les 5 à 600 joueurs de tous les niveaux, du débutant au champion confirmé, dans d’excellentes conditions puisque Jean-Claude Forestier, propriétaire du golf et ses équipes technique et administrative, prépareront le terrain comme s’il s’agissait d’une épreuve du circuit européen.

N’oublions pas que dans la semaine du 20 au 26 juillet, justement, le golf valdérolien recevra 156 joueurs engagés dans le tournoi du challenge tour européen réunissant la crème des professionnels de la seconde division. En 2013, parmi les joueurs présents au Vaudreuil figurait un certain Gary Stal, 20 ans à l’époque, un golfeur talentueux et prometteur. C’est si vrai que ce week-end à Abou Dhabi, le jeune joueur lyonnais a remporté son premier tournoi du tour européen précédant Rory Mac Ilroy, premier joueur mondial, Martin Kaymer, en tête pendant trois tours et demi, vainqueur de deux tournois majeurs, Victor Dubuisson, 16e joueur mondial et Alexander Lévy, licencié au Vaudreuil, 20e du tournoi après un 18e trou gâché par l’émotion.

Lors de sa venue au Vaudreuil, j’avais eu l’occasion de discuter longuement avec le père de Gary Stal. Il avait insisté sur le sérieux de son fils et sur la nouvelle approche de ce dernier quant à sa préparation et à son entourage. Le cadet néo-zélandais qui l’assiste maintenant régulièrement semble lui avoir apporté sérénité et constance dans l’effort, deux atouts indispensables pour demeurer au plus haut niveau.

18 janvier 2015

1000 coups de fouet et dix ans de prison pour avoir contesté l'absolutisme du roi de l'Arabie Saoudite


Le roi d'Arabie Saoudite
Puisqu’on parle beaucoup et partout d’islamistes fanatiques radicaux, pensons à ce jeune blogueur d’Arabie Saoudite récemment condamné à 10 ans de prison et 1000 coups de fouet pour avoir défendu la laïcité et osé suggérer que l’absolutisme religieux ne doit plus être de mise en 2015.

L’Arabie Saoudite, membre de la coalition contre l’Etat islamique ! — sans doute pour défendre des intérêts économiques et financiers — est un royaume où l’islam sunnite règne en maître, où l’apostasie est punie de la peine de mort et où les femmes n’ont pas le droit de conduire une voiture. L’Arabie saoudite n’est pas une démocratie, Il s’agit d’une monarchie islamique de type absolue contrôlée par la famille Saoud. Le pouvoir peut tout et sans aucun contrôle. L’Arabie saoudite, l’un des premiers producteurs mondiaux de pétrole, est aussi l’état où est né Oussama Ben Laden et où les principaux auteurs des attentats de New York, le 21 septembre 2001, ont été éduqués et ensuite recrutés par le grand chef du djihad mondialisé.

Que nous apprend la condamnation du blogueur appelé à être fouetté tous les vendredis après la prière et pendant plusieurs semaines ? Qu’il existe un tas d’endroits dans le monde où la liberté d’expression, la liberté tout simplement, est loin d’être acquise. Fouetté devant une foule hurlante, menotté, entravé, le «coupable» saoudien ne serait rien d’autre, en France, qu’un homme comme les autres, autorisé à faire connaître ses idées et à exprimer des vœux pour une société meilleure, plus ouverte et plus tolérante. Pour avoir contesté l’absolutisme, cet homme moderne est devenue une victime des tyrans.

Au Niger, encore, des églises dites « évangélistes » ont été brûlées, hier, par des foules haineuses et on a compté une dizaine de morts parmi les manifestants rassemblés contre le contenu de la Une de Charlie Hebdo cette semaine. Visiblement le « tout est pardonné » d’un des caricaturistes du journal n’a pas été compris de la même façon par tous ses lecteurs. Savent-ils seulement, ces salafistes, que la terre continuera de tourner même s’ils brûlent le drapeau tricolore en place publique ? Savent-ils que les Français, mais pas seulement eux, sauront descendre à nouveau dans les rues pour défendre ce bien précieux, ce trésor que le monde nous envie : la laïcité.