17 janvier 2015

Si Jean-Marie Le Pen croit ce qu'il dit, c'est qu'il est atteint de démence sénile


Imagine-t-on Marine Le Pen défilant avec les chefs d'états européens ?
La tête de liste du Front National dans la région PACA aux futures élections régionales, un certain Jean-Marie Le Pen, aime faire de la provocation. Mais comme il est président d’honneur d’un parti — « le premier de France » paraît-il— qui aspire à gouverner notre pays, on attend de lui d’autres propositions que les saillies antisémites dont le président d’honneur du FN ( ?) est coutumier ou des commentaires plus sérieux et plus avisés que ceux publiés hier.

Dans un entretien accordé à un journaliste russe (les banques de Moscou ont prêté beaucoup d’argent aux Le Pen et au FN !) l’amateur de bons mots et de formules à l’emporte-pièce considère que les attentats commis l’autre semaine à Paris sont certainement le fait des services secrets français. Il en veut pour preuve la carte d’identité d’un des frères Kouachi retrouvée dans la voiture des agresseurs, une signature en quelque sorte comme un nez au milieu de la figure.

Il s’agit donc ni plus ni moins d’une théorie du complot (1). Au-delà des déclarations totalement fantaisistes de « Charlie Martel », il nous faut une fois encore constater que l’extrême droite se complait dans les fanges complotistes. Ainsi, l’homme n’a pas marché sur la lune, les attentats contre le World Trade Center sont le fait de la CIA, jamais un avion n’est tombé sur le Pentagone etc. etc. L’origine de la seconde guerre mondiale, pour les pétainistes et l’extrême droite française, est à rechercher dans un complot judéo maçonnique. Les juifs et les francs-maçons se sont unis (avec les communistes) pour dominer la société. Voilà une explication simpliste, ridicule, absurde que tous les événements et la grande Histoire démentent.

On dit souvent que Jean-Marie Le Pen dit tout haut ce que les gens pensent tout bas. Si c’est le cas, ce doit d’abord être vrai parmi les adhérents du Front national et ses électeurs. Sa fille, Marine, doit donc s’expliquer rapidement sur les affirmations de son père. Imagine-t-on, en effet, une Le Pen, présidente, défilant aux côtés de ses homologues des démocraties européennes, alors que l’attentat trouverait son origine dans des manipulations, des manœuvres orchestrées par les services secrets de la puissance invitante ! Si secrets, d’ailleurs, que Jean-Marie Le Pen est bien peine de les citer nommément et le voilà contraint de mettre un conditionnel là où d’habitude il utilise l’imparfait du subjonctif. Si Le Pen-père croit ce qu’il dit, c’est qu’il est atteint de démence sénile. S’il n’y croit pas, c’est qu’il nous prend pour des demeurés pour ne pas employer un autre mot.

(1) La théorie du complot propose de donner une vision de l'histoire perçue comme le produit de l'action d'un groupe occulte agissant dans l'ombre. Loin de la simple rumeur, il s'agit (selon Peter Knight, de l'université de Manchester) d'un récit théorique qui se prétend cohérent et cherche à démontrer l'existence d'un complot entendu comme le fait qu'« un petit groupe de gens puissants se coordonne en secret pour planifier et entreprendre une action illégale et néfaste affectant le cours des évènements ».

Foxnews ment, Foxnews nous raconte des histoires…à dormir debout


Par les temps qui courent, l’information occupe une place importante dans les centres d'intérêts des Français. Après les événements tragiques au siège de Charlie Hebdo, à Montrouge et dans l’hypermarché Cascher de la Porte de Vincennes, Les médias français et étrangers ont fait de notre pays un sujet de reportage permanent. 

Yann Barthès vous invite à écrire au directeur de Foxnews
Rien de plus normal que de tenter d’analyser les comportements des frères Kouachi et celui d’Amedy Coulibaly  à l’aune, notamment, des situations socio-économiques de certaines villes françaises et de certains quartiers. Ces anciens délinquants ont un parcours banal composé d’échec scolaire, d’emprisonnement, de non intégration dans notre société. Le fanatisme islamo-fasciste devient pour eux une porte de sortie…vers la violence, le meurtre et enfin l’au-delà. 

Toutefois, une chaîne d’informations américaine s’est distinguée dans la mauvaise foi et dans le mensonge. Fox News, puisque tel est le nom de cette chaîne câblée américaine, a diffusé des commentaires totalement déconnectés de la réalité actuelle puisque les souvenirs de l’expert invité et interrogé par la chaîne remontaient à dix ans tandis que les images accompagnant ses propos rappelaient l’état d’urgence décrété par Jacques Chirac et Dominique de Villepin lors des incidents faisant suite à l’affaire de Clichy-sous-Bois.
C’est ainsi qu’on apprit que, selon l’expert-touriste la France comporte 750 zones de non droit où les islamistes fondamentalistes vendent drogues et produits illicites, recrutent des soldats de Dieu, interdisent à la police d’intervenir, le tout à « 10 minutes de Paris si bien qu’on se croirait à Damas. » Rien que cela.

Cette vision totalement caricaturale, fallacieuse et mensongère a suscité de la part de Yann Barthès du « Petit journal » de Canal Plus une réaction indignée avec envoi de mails (1) à la direction de la chaîne américaine réputée pour ses reportages trash et son obsession républicaine à la sauce Tea Party. Il s’agit d’une chaîne de télévision militante et située à la droite extrême.

Face à l’afflux de messages (plus de 20 000 selon Yann Barthès) le soi-disant expert s’est ainsi cru obligé de corriger — du bout des lèvres — sa vision fantaisiste de la France mais pas un mot n’a été prononcé sur l’existence « fantasmatique » des zones de non droit et de villes à feu et à sang. Voilà comment des journalistes militants impriment une image déplorable de la France dans l’esprit des citoyens américains et dans celui de journalistes très peu nombreux à avoir reproduit la Une de Charlie Hebdo de cette semaine.
(1) adresse mail de fox news : mickael.clemente@foxnews.com

15 janvier 2015

« Heureux comme Dieu en France » même quand on n'y croit pas


Le sens des mots. Essentiel pour se comprendre et être compris. J’entends que des Français, des jeunes « issus de l’immigration » surtout, mettent sur un même plan les unes de Charlie Hebdo (1) jugées blasphématoires par des musulmans et les propos de Dieudonné plusieurs fois condamnés par la justice pour incitation à la haine raciale. Ils reprochent aux médias un « deux poids deux mesures » au désavantage de Dieudonné, pourfendeur antisémite et négationniste en chef.

Pourquoi devons-nous nous entendre sur le sens des mots ? Parce que d’un côté, on a des journalistes, caricaturistes, chroniqueurs, dont le métier est de faire rire et réfléchir, de moquer sans prosélytisme, de blasphémer si besoin est dans un pays dont la devise « liberté, égalité, fraternité » devrait se voir ajouter : laïcité. En France, le caractère sacré d’un lieu, d’un homme ou d’une femme, n’existe pas collectivement. Il s’agit d’un choix individuel relevant de la sphère privée. Le délit de blasphème n’existe d’ailleurs que dans les états dans lesquels la séparation du religieux et du politique est inconnue. Autrement dit, la France est un pays permissif, qu’on croit au ciel ou qu’on n’y croit pas.

Quand des musulmans demandent l’application du Coran comme mode de gouvernance, il ne s’agit pas d’une revendication de nature constitutionnelle et démocratique. Il s’agit de l’application d’un texte datant du 7e siècle, un texte qu’il faut évidemment respecter comme élément constitutif d’une foi ou d’une croyance, mais non opposable à une société — la nôtre —dont les textes encadrant notre vivre ensemble privilégient la liberté et notamment la liberté d’expression. En France on peut critiquer le pape, le prophète, les juifs orthodoxes, Bouddha et d’autres dieux…Les Talibans, eux, exigent l’application de la charia, la loi canonique de l’Islam. Ils ne sont pas seuls. On voit bien qu’au Nigéria, en Libye, en Irak, en Syrie, d’autres gouvernants ou postulants au pouvoir veulent imposer leur loi aux autres aux non musulmans ou aux musulmans différents. Ce danger guettait la Tunisie mais les électeurs de ce pays par un vote au suffrage universel l’ont écarté. Il n’empêche que des islamo-fascistes ont trouvé le temps de tuer deux représentants éminents de l’opposition tunisienne !

C’est d’autant plus important que c’est au nom du prophète que ces islamo-fascistes violent, assassinent, terrorisent ceux et celles qui ne pensent pas comme eux, ne croient pas comme eux, ne vivent pas comme eux. Dieudonné prétend se situer sur le terrain du rire et de la liberté d’expression mais ses propos stigmatisent une communauté dans les personnes qui la composent, ils répondent à la définition que donne la loi du délit : le négationnisme et l’antisémitisme. Il agresse les juifs parce qu’ils sont juifs, pour ce qu’ils sont non pour ce qu’ils font. Il conteste la Shoah et nie l’existence des chambres à gaz. Il déplore les lois mémorielles au prétexte que l’esclavage serait sous-estimé. Christiane Taubira a pourtant, dans un discours improvisé remarquable, fait voter une loi reconnaissant l’esclavage comme un crime contre l’humanité.

Dans le droit français, l’antisémitisme et le racisme ne sont donc pas des opinions, ce sont des délits et ils sont réprimés comme tels. Dieudonné était en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire de Paris parce qu’il a vanté l’action de Coulibaly, auteur de quatre meurtres contre des clients juifs du magasin cacher de la porte de Vincennes. Quand il dit être heureux de s’appeler « Charlie Coulibaly », il donne son approbation implicite à plusieurs crimes commis au nom de l’antisémitisme et c’est punissable car ses propos incitent à la haine…et font l’apologie du terrorisme.

Je ne suis, par contre, pas d’accord avec Manuel Valls quand il stigmatise le roman de Michel Houellebecq « Soumission » dont on peut contester la forme, le fond et le style mais une œuvre telle que la sienne ne peut en aucune façon être comparée aux pamphlets de Céline qui appelait au massacre des juifs comme le faisaient Rebatet, Brasillach et quelques autres. Le droit à l’imagination n’entre pas dans une catégorie ou un quelconque classement. Il doit être large, ouvert et c’est bien pourquoi Bernard Maris, tué dans les attentats de Charlie Hebdo, était un ami de Houellebecq dont il a défendu le roman.

L’avocat de Charlie Hebdo, Richard Malka affirme qu’une démocratie se reconnaît à un caractère que ne possèdent ni les dictatures ni les pouvoirs fascisants : il s’agit de la nuance. Cette nuance est consubstantielle à la démocratie, c’est elle qui permet la vie en commun, elle qui permet des choix différents et qui permet le débat. Autant on peut se sentir Charlie, autant on peut nier ce choix. Les « je suis Charlie » et les « je ne suis pas Charlie » peuvent coexister et dialoguer. Il existe peu de pays au monde à pouvoir être comparé au nôtre. C’est sans doute pourquoi les juifs ashkénazes du 18e siècle déclaraient en yiddish « Men ist azoy wie Gott in Frankreich » « heureux comme Dieu en France »…

(1) L’indépendance de la presse, c’est Charlie hebdo ! Pourquoi ?
« Parce que Charlie Hebdo ne dépend d’aucun actionnaire extérieur. Parce que Charlie Hebdo refuse de se vendre à la publicité. Parce que Charlie Hebdo ne cède pas aux menaces de mort. Parce que Charlie Hebdo ne cède pas aux attentats. Parce que Charlie Hebdo n’est pas soumis à Dieu. Parce que Charlie Hebdo n’a de compte à rendre qu’à ses lecteurs. Charlie Hebdo est un journal satirique, laïc, politique et d’information » Texte destiné à ceux qui souhaitent s'abonner.

Ségolène Royal donne son feu vert à la liaison A28 - A13 dite contournement est de Rouen


Le projet retenu par la ministre
Mercredi 7 janvier 2015, Ségolène Royal a donné son feu vert pour la poursuite du projet de contournement Est de Rouen, qui doit relier l'A28 à l'A13.
Une nouvelle étape a été franchie, dans le projet de contournement Est de Rouen, mercredi 7 janvier 2015. Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, a donné son accord pour qu’il se poursuive selon le « tracé de la variante préférentielle ». Il intègre le lien vers l’autoroute A13 à Incarville, et le barreau de raccordement vers Rouen passe par Port-Saint-Ouen puis la zone d’activité Seine-Sud.

« Un projet d’intérêt national »
« Cette annonce marque une étape supplémentaire vers la concrétisation du contournement Est de Rouen, axe aujourd’hui indispensable pour les Haut-Normands dans leur ensemble, se réjouissent dans un communiqué commun, la député Valérie Fourneyron, le président de Région Haute-Normandie, Nicolas Mayer-Rossignol, le président du conseil général de Seine-Maritime, Nicolas Rouly, le président de la Métropole Rouen-Normandie, Frédéric Sanchez et le maire de Rouen, Yvon Robert. Le projet est reconnu d’intérêt national. Notre mobilisation collective a payé. » Lors de ses vœux, mercredi 14 janvier, le préfet de la région Haute-Normandie, Pierre-Henry Maccioni, a affiché sa satisfaction :
« L’ensemble des acteurs concernés sera associé à cette nouvelle étape. Nous aurons une attention toute particulière sur la rigueur, la transparence et la qualité des études environnementales. J’aurai à cœur de développer ce projet tant que je serai préfet ici. Je n’ai jamais vu un projet de ce type faire l’unanimité mais après tout le monde le saluera. Quant aux communes concernées, nous allons retourner les voir et continuer la concertation. S’il faut faire des aménagements, des murs anti-bruits, nous les ferons. La nécessité du projet ne prête pas à contestation. »

Un projet sur 10 ans
En 2015 : démarrage des études préalables à la déclaration d’utilité publique, sur deux grands volets : socio-économique et environnemental. Début 2016 : lancement de l’enquête publique, recueillant l’avis des collectivités locales et des habitants. 2017 : le projet est déclaré d’utilité publique, un appel d’offres est lancé pour choisir le concessionnaire, qui retient le tracé final. 2020 : début des travaux, pour une mise en route envisagée en 2024.
Il ne fait pas de doute que l'annonce de la décision de la ministre fera des mécontents, notamment celui des membres de l'association « non à l'autoroute » qui ne manqueront pas de le faire savoir.

14 janvier 2015

Wolinski était passé par le Moulin d'Andé


 
Dessin publié avec l'accord amical de Suzanne Lipinska.
Que les dessins d’humour fleurissent par milliers ! Voilà ce que Charb, Wolinski, Honoré, Cabu et leurs copains de la bande à Charlie auraient souhaité si on leur avait laissé le choix d’exprimer leurs dernières volontés. Des dessins, la presse française et internationale en reproduit chaque jour un peu plus, tous plus pertinents les uns que les autres. Et je ne me plaindrai pas de la Une du journal satirique d’aujourd’hui, à la fois tendre, insolente, et surtout fidèle à l’esprit de ses collaborateurs qu'ils soient caricaturistes ou chroniqueurs.

Et si l'on peut regretter que des dizaines de milliers de potentiels acheteurs de Charlie Hebdo soient ressortis bredouilles de leur dépôt de presse, ce matin, nous avons heureusement pour nous consoler, de quoi nourrir le souvenir des jours heureux. Prenons, par exemple, ce dessin sorti du Livre d’or du Moulin d’Andé tenu avec assiduité et rigueur par Maurice Pons et Christine Lipinska. Wolinski, comme nombre d’amis cinéastes, écrivains, musiciens, poètes, peintres…est passé au Moulin où il a laissé une trace éloquente de son talent et de son imagination.

Rien ne manque. Ni la roue du Moulin, ni l’utopie de Don quichotte, ni la conviction de Sancho Pança, ni les petites femmes que cet érotomane sublimait.

13 janvier 2015

Réflexions et remarques après la semaine sanglante


Pendant une période aussi troublée, aussi trouble, et malgré le « sans faute » de François Hollande et des membres du gouvernement dont le solide Bernard Cazeneuve, un certain nombre de faits et d’événements ont suscité des remarques et des bêtises ont été commises parfois de bonne foi. J’en ai relevé certains et certaines que je souhaite commenter.
 
Ségolène Royal et Bernard Cazeneuve avec Jean-Louis Borloo et Marisol Touraine.
Claude Guéant, ancien ministre de l’Intérieur, interrogé par une journaliste d’une chaîne Info n’hésite pas à déclarer qu’il n’y a aucun problème à supprimer certaines libertés au nom de la sécurité. L’exemple qu’il prend est ridicule. « J’ai proposé qu’on installe des caméras capables de lire les plaques d’immatriculation des voitures aux péages d’autoroutes. » Comme si les délinquants — et à plus forte raison les terroristes —circulaient dans des voitures personnelles susceptibles d’être repérées et suivies. Ils agissent avec des voitures volées et de fausses plaques !
Claude Guéant aurait dû, plutôt, demander plus de facilités administratives pour que les officiers de police judiciaires puissent poser des balises de traçage dans le cadre de commissions de crimes en préparation sur les automobiles suspectées d’être utilisées par les malfaiteurs ou les terroristes. Dans l’état actuel de la législation, un juge des libertés doit donner son accord. Cela prend du temps et nécessite beaucoup de démarches. Il faut simplifier la procédure.

La minute de silence dans les établissements scolaires ? Principe noble mais inapplicable sans incident. De quoi parle-t-on ? On demande à des enfants de 8 ans qui ne peuvent pas, sans longues explications et dialogue, comprendre le sens de ce recueillement. On exige d’ados souvent en situation de révolte, à des jeunes beurs stigmatisés de porter — ne serait-ce qu’un instant — un deuil national ! Plutôt qu’une minute de silence, il eût mieux valu que les enseignants discutent avec leurs élèves, échangent des idées, rappellent le sens des mots laïcité, liberté. Il eût mieux valu prendre le temps d’expliquer ce qu’est le fanatisme voire le terrorisme. Alors que les télés passent des spots incitant les parents à discuter avec leurs enfants des images choquantes ou violentes, j’aurais préféré que la ministre de l’Education nationale favorise le dialogue entre les enseignants qui sont aussi des éducateurs et les élèves de nos lycées, collèges et écoles.

S’il en est un qui souffre de ne pas figurer au premier rang et de ne pas être bien visible sur les photos, donc, c’est Nicolas Sarkozy. Le Petit journal de Yann Barthès a pris plaisir à nous offrir les contorsions de l’ancien président passé du 3e rang (pour cause de protocole) à la première ligne aux côtés du chef de gouvernement israélien. Sarkozy adore les photographes. Carla Bruni aussi. Plus grande, plus élancée, elle était également plus facilement repérable dans sa progression. C’était à la fois drôle et pathétique.
Carla Bruni et Nicolas Sarkozy sont encore au second plan
En un jour pareil, Nicolas Sarkozy est apparu plus tordu encore qu’il ne l’est d’habitude. Son attitude contrastait avec la dignité des autres chefs d’états dont certains, d’ailleurs, sont des tyrans dans leur pays. Il était plus qu’irritant de voir certains défiler pour défendre la liberté d’expression. Le premier ministre turc, le Hongrois Orban, l’Africain Bongo…autant de représentants de gouvernements autoritaires sans égard pour l’indépendance des journalistes.

Le tribunal correctionnel de Toulouse a infligé des peines de prison ferme, en vertu de la loi de novembre dernier, à des internautes postant des messages de haine. On a évidemment le droit de « ne pas être Charlie » mais les raisons doivent demeurer dans le cadre légal. Il en est un autre, plus célèbre que les jeunes Toulousains (bien connus des services de police locaux) qui abuse nettement de la liberté d’expression puisqu’elle tombe sous le coup de la loi chargée d’en fixer les limites.
Le satané Dieudonné a même cru bon de se faire appeler « Charlie Coulibaly » en « hommage » au terroriste auteur des quatre assassinats du magasin juif de la porte de Vincennes. Le parquet a exigé la suppression du message odieux sur Facebook et entamé des poursuites contre le soi-disant comique qui fait rire de moins en moins de gens. Ces derniers prennent conscience du danger, physique et moral, que fait courir le multirécidiviste. Le Conseil d’Etat n’avait pas dit autre chose. Avec le temps on comprend mieux pourquoi.

Les médias (radios et télévisions surtout) en ont-ils trop fait ? L’ont-ils mal fait ? Autrement dit, la course au scoop et à l’audimat a-t-elle gêné les forces de l’ordre dans leurs interventions et mis en danger la vie des innocents ? Le CSA (conseil supérieur de l’audiovisuel) a cru nécessaire, vendredi, d’appeler les journalistes professionnels au discernement. Etait-il indispensable d’entrer en relation téléphonique avec les frères Kouachi ? Etait-il utile de préciser pendant la prise d’otages que la chambre froide du magasin cacher cachait plusieurs personnes ?
Je ne vais pas jouer les hypocrites dans la mesure où j’étais de ceux qui suivaient l’évolution des événements sur une chaîne info en continu. J’imagine que la France entière retenait son souffle et souhaitait ardemment la réussite des opérations engagées par le GIGN et le RAID. Tout de même, une réflexion sera sans doute indispensable si, par malheur, une situation aussi dramatique venait à surgir à nouveau dans notre actualité.


Pas seulement des réponses sécuritaires…


Place de la République à Paris, dimanche.
« Le peuple de France est descendu dans la rue pour dire non au terrorisme et défendre les libertés. L’un et l’autre. Dans ce qui est devenu une sorte de réflexe pavlovien, la classe politique française souhaite ajouter encore à l’arsenal législatif de nouvelles mesures contre le terrorisme. Alors même que quinze lois ont été adoptées depuis 1986 et que les décrets d’application de la dernière ne sont pas publiés, notre sécurité serait, en effet, mieux assurée par de nouveaux pouvoirs confiés aux forces de l’ordre. Il n’en est rien. C’est un mensonge de prétendre que les dramatiques événements que nous venons de vivre seraient la conséquence d’une insuffisance législative. Il est exact en revanche que la déficience de moyens, les erreurs d’analyse, même si le travail des forces de sécurité française reste remarquable, méritent débat ; mais rien ne justifie les nouvelles dispositions envisagées.
La Ligue des droits de l'homme regrette qu’après l’élan du 11 janvier, ces réponses sécuritaires restent la seule voie empruntée par les pouvoirs publics.
C’est d’une autre ambition dont nous avons besoin : de réponses de fond qui permettent de comprendre comment notre société a pu faire que de tels actes soient commis ; pas pour excuser, encore moins pour absoudre, mais pour éviter réellement qu’ils ne se reproduisent. Nous avons besoin surtout de réponses préventives. Toutes doivent renforcer l’esprit et la lettre de notre démocratie.
La LDH appelle les citoyens à ne pas se laisser enfermer dans le cercle de la peur. Elle les invite à rappeler aux pouvoirs publics, à la représentation politique française qu’à chaque fois que nous avons concédé de nos libertés, il s’en est suivi moins de démocratie, sans pour autant nous assurer plus de sécurité. La fraternité qui s’est exprimée le 11 janvier exige un autre horizon que celui que l’on nous propose. »
Communiqué de la Ligue des droits de l'homme

12 janvier 2015

Les islamo-fascistes ne passeront pas !

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Dans une rue de Paris, hier. (photo GH)
1,3 million de manifestants à Paris, 4 millions en France et 1000 à Beaucaire, ville tenue par le FN et en présence de Marine Le Pen et ses amis frontistes. Elle se consolera comme elle le pourra. Evidemment, me dira-t-on, établir cette comparaison n’a aucun sens. Ni aucune espèce d’importance. On ne mélange pas les serviettes avec les torchons.

Ce qui compte, ce ne sont pas les états d’âme de la responsable du Front national. Le président d’honneur, fondateur du FN, a déclaré : « je ne suis pas Charlie. Je suis Charlie Martel. » Ce qu’on appelle un bon mot est devenu, dans sa bouche ouverte, un gros mot contre les dessinateurs assassinés : « des trotskystes libertaires qui contribuaient à l’abaissement de la morale publique. »

Ce qui compte, c’est ce réveil salutaire, ce sursaut d’indignation de millions de Français et d’étrangers qui, dans notre pays, en Europe et dans le monde entier, ont compris que ce qui s’est joué dans l’attentat au siège de Charlie Hebdo nous dépasse tous et surtout dépasse le cadre de l’hexagone. Plus que la liberté d’expression, essentielle évidemment, les marcheurs d’hier ont voulu défendre la liberté tout court et la laïcité. Les deux piliers de Charlie Hebdo. Mais aussi signifié que le racisme et l’antisémitisme sont des calamités qu’il faut éradiquer.

Dans ces conditions, on se demande bien pourquoi Marine Le Pen voulait tant défiler en hommage à ces morts dont la mémoire est ainsi insultée par un homme (son père) plusieurs fois condamné pour des propos racistes ou incitant à la violence raciste. Qui contribue réellement à l’abaissement de la morale publique ? Jean-Luc Mélenchon a raison de dire que « Marine Le Pen » est un problème pour notre démocratie et les idéaux pour lesquels cette démocratie se bat : la laïcité donc, la liberté d’expression, le droit à l’insolence (que pratique très bien JMLP) et surtout le multiculturalisme qu’exècrent les islamo-fascistes et les partis d’extrême droite.

Ce dimanche 11 janvier fera date dans l’histoire de notre pays. Après tant de morosité, de mépris de soi-même, de défiance, de peur, d’angoisse, des millions d’hommes et de femmes de toutes origines, de toutes les religions, des libres penseurs ont fait bloc pour envoyer un nouveau message au monde : la France de 1789 est éternelle et ce ne sont pas quelques exaltés au cerveau lavé qui lui feront mettre un genou à terre.
Les personnalités défilent aux côtés de François Hollande. (capture d'écran)

11 janvier 2015

Les vœux de Marc-Antoine Jamet aux socialistes de l'Eure : émotion, solidarité et fraternité.


Marc-Antoine Jamet était entouré de Nicolas Mayer-Rossignol, président de la Région, Jean-Louis Destans, président du conseil général et Timour Veyri, secrétaire de la section PS d'Evreux.
Emotion, recueillement, solidarité, vigilance et unité. Marc-Antoine Jamet, premier secrétaire de la Fédération de l’Eure du Parti socialiste, a placé la présentation de ses vœux 2015 aux militants et aux élus du département sous le signe de ces cinq mots. Rassemblés au siège de la fédération, à Evreux, ce samedi, les socialistes de l’Eure n’avaient d’autre choix que de témoigner leur douleur et leur compassion avec les victimes, mortes ou blessées, après les événements de ces derniers jours.

La liberté d’expression et la liberté religieuse, la laïcité, oui la laïcité, cette spécificité française, sont au cœur des valeurs que défend ce parti depuis sa création, depuis la séparation des églises et de l’Etat. C’est pourquoi Marc-Antoine Jamet a souhaité éprouver la même sensibilité, exprimer le même égard, envers les journalistes-dessinateurs de Charlie Hebdo, les policiers municipaux et nationaux, les clients juifs du magasin cacher de la Porte de Vincennes tous et toutes frappés par la même folie fanatique, le même irrespect pour la vie humaine de la part de suppôts diaboliques.

Pas de hiérarchie parmi les victimes, une même mémoire pour un même hommage. Ainsi, la minute de silence fut-elle respectée à la lettre par tous les présents avant que Jean-Louis Destans, président du conseil général, député, n’insiste sur la nécessité de faire bloc pour défendre la République et les acquis démocratiques.

A l’évidence, les trois jours de la semaine sanglante, les cortèges aux foules innombrables de ce week-end, en province et à Paris, vont compter dans l’histoire de notre pays. Peut-être vont-ils aider à une prise de conscience plus globale, un réveil citoyen plus général, au rejet mieux partagé du racisme, de l’antisémitisme, de l’islamophobie dont on sait quels ravages ils peuvent faire dans notre société.

La cérémonie de vœux d’hier a également permis de passer un moment de camaraderie comme on aimerait en vivre plus. Le parti socialiste est connu pour ses courants, ses contradictions, ses opinions parfois diverses. Il peut être aussi un lieu de convivialité et de fraternité, un mot que Marc-Antoine Jamet n’a pas omis et dont il veut également faire une priorité dans les rapports entre les militants et les citoyens.