26 décembre 2015

Allons nous devenir des « déchus » du socialisme ?

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Malgré toutes les précautions sémantiques prises par le gouvernement, la déchéance de la nationalité pour les binationaux coupables de crimes terroristes, qu’ils soient nés en France ou ailleurs pourrait être inscrite dans notre constitution. Cette proposition choque plus d’une conscience et en révolte bien d’autres.

En reprenant à son compte lors de son discours devant le congrès réuni à Versailles, une antienne du Front national et de nombre d’élus de la droite dite forte, François Hollande n’escomptait pas un avis favorable du Conseil d’Etat. La juridiction chargée de conseiller le gouvernement lui a tendu un piège en le laissant libre de choisir ou non cette opportunité et comme le Président de la République n’a pas voulu se dédire, il pris le risque de se faire maudire.

Le plus important n’est pas tant la mesure elle-même qui ne visera que quelques individus, de toutes façons perdus pour la nation. Le plus important et le plus déplorable aussi, c’est le choix de donner du crédit à une opinion jusqu’à maintenant réservée à celles et ceux qui attaquent sans cesse la République et la démocratie même en termes voilés.

Avec la déchéance de la nationalité retenue comme proposition constitutionnalisable, François Hollande contribue à la dédiabolisation du FN et de ses propositions. Ainsi ce parti d’extrême droite, réputé pour ses idées xénophobes, serait capable de convaincre des gens de gauche du bienfondé de leurs objectifs ! C’est gravissime. Ça l’est encore plus quand on sait que cette déchéance, éventuellement inscrite comme une menace dans notre loi fondamentale, ne jouera aucun rôle dans les choix des djihadistes convertis ou en passe d’être radicalisés.

La presse étrangère la plus respectable se moque même de notre président. Il Manifesto titre : « François Le Pen ». C’est dire en quelle considération il tient le président de la République française. Si à droite, les Wauquiez et Sarkozy applaudiront, à gauche les supporteurs de Christiane Taubira seront malheureux pour elle et les couleuvres qu’elle se voit contrainte d’avaler par kilos. Peut-elle demeurer dans ce gouvernement ? Si le président et son premier ministre préfèrent s’appuyer sur les 94 % de Français favorables à cette mesure inquiétante, c’est leur droit. Mais nous, nous avons le devoir de clamer haut et fort que nous ne sommes pas d’accord et que l’avenir nous donnera raison. Christiane Taubira, elle, fait face à sa conscience. Et à ses contradictions.

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