24 mai 2015

Le monde change. Pas les partis politiques. Ils en mourront peut-être


Les électeurs sont surtout des personnes âgées.
75 000 adhérents du Parti socialiste ont participé au vote sur les quatre motions proposées par les divers « courants » pour préparer le congrès de Poitiers. C’est peu. Alors les commentateurs y vont de leurs articles et de leurs analyses pour expliquer pourquoi, en 2015, au PS, à l’UMP, chez les écologistes, au Front de gauche,  au nouveau parti anticapitaliste l’hémorragie des militants fait pleurer les cadres et les élus. Il n’y a guère qu’au Front national que les cartes rentrent mais cela ne va pas durer. Le Front est devenu le parti ramasse-tout. Jusqu’à la prochaine fois. La grande gagnante demeure l’abstention, le désintérêt, l’indifférence…

Dans l’Eure, la motion présentée par Jean-Christophe Cambadélis et Martine Aubry a recueilli 70 % des suffrages. C’est qu’on est légitimiste dans ce département. Martine Aubry a expliqué que son ralliement à la motion du premier secrétaire sortant (et non à celle des frondeurs) signifiait sa volonté de voir le quinquennat de François Hollande être utile aux Français et surtout aux plus modestes. Je ne sais si Martine Aubry est totalement sincère. Le fait est que ce choix a certainement influencé nombre de militants en faveur d’une majorité éclectique.

Reste la question de l’adhésion à un parti. Pourquoi rejoindre les rangs de tel ou tel parti de droite ou de gauche par les temps qui courent ? Lors du congrès de l’UMP prochain, 100 000 adhérents devraient voter sur 200 000 inscrits sans qu’on puisse vérifier quoi que ce soit. Maigre consolation. Parmi toutes les raisons qui expliquent le recul de l’action militante (faible crédit des politiques, trop de luttes pour le pouvoir, inefficacité des programmes et des projets, professionnalisation des mandats, absence de renouvellement des têtes, individualisme forcené…). Il est évident aussi que l’organisation des primaires citoyennes a vidé l’engagement militant d’une partie de son sens puisque ce sont les citoyens (et c’est très bien) qui désignent le champion appelé à les représenter lors de la campagne présidentielle. Il est une autre raison que personne ne cite et qui me semble pourtant essentielle dans la désaffection des Français à l’égard des partis.

Il s’agit des affaires judiciaires et financières. A droite ou à gauche et même au Front national, les mises en examen se succèdent à un rythme soutenu. D’éminentes personnalités et élus sont rattrapées par des déclarations de patrimoine inexactes, des comptes à l’étranger non déclarés, des actes ou des tentatives de corruption, des financements de campagne malhonnêtes avec des fausses factures, des dépenses d’argent public excessives, des emplois publics captés par des clans ou des familles, des emplois fictifs en-veux-tu-en-voilà, sans oublier les incartades personnelles de tel ou tel candidat à la présidence ou président lui-même. Les Français(e)s sont souvent écœuré(e)s par ces comportements peu vertueux. Ils en arrivent à être dégoûtés de la politique et de ceux qui la servent. Même s’ils ont tort puisque la majorité des élus sont d’honnêtes gens, les citoyens ont bien du mal à croire dans le désintéressement personnel et le service de l’intérêt général.

Comme le dit bien une élue communiste « les gens ont du mal à aller voter. Alors adhérer à un parti, vous imaginez…» Le problème avec les partis c’est qu’ils sont des chapelles et que le contenant est souvent plus important que le contenu. La lutte pour les places y est farouche, les ego tenant souvent lieu de programmes, le népotisme règne en maître quand il faudrait privilégier l’engagement, la compétence, l’efficacité. Et surtout les valeurs et les principes. Fait-on de la politique pour soi-même ou pour les autres ou les deux ce qui, somme toute, est légitime ? Le parti à la papa c’est fini. Avec les réseaux sociaux, chacun peut intervenir dans le débat et apporter sa pierre. Il s’agit d’un changement fondamental que des responsables de partis n’ont pas encore intégré. Il suffit de se rendre sur leur site pour déplorer les retards à l’allumage et les renseignements obsolètes. Le monde change, pas les partis. Ils en mourront peut-être.

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