Marine Le Pen se lamente : « Dans tel département, 38 %
pour le front national et Zéro canton ! » Ce mode de scrutin est fait
contre elle et son parti affirme-t-elle. Ou c’est de la mauvaise foi, ou elle n’a
rien compris au film. Le scrutin uninominal ou binominal à deux tours est fait,
non pour déplaire à qui que ce soit, mais pour permettre des alliances que le
premier tour ne permet pas de dégager. Et donc de constituer des majorités à
plusieurs couleurs soit avec des élus soit avec des électeurs.
Ce scrutin possède des règles
et applique une loi d’airain : un parti sans allié ne peut gagner puisqu’il
faut obtenir plus de 50 % des suffrages au premier tour pour être élu ! C’est
très simple et Marine Le Pen peut toujours pleurer sur elle-même. Le fait est que
personne ne veut (officiellement) s’aimanter à ses causes. Elle parviendra
peut-être à se hisser au second tour de l’élection présidentielle mais sans
aucun espoir de victoire, les candidats des partis de gouvernement et les
citoyens l’en empêchant.
Le second tour d’hier illustre
bien ce que j’avais écrit avant le premier tour. Le Front national pourra éternellement
piaffer d’impatience au pied du pouvoir. Comme le Parti communiste à une autre époque
de notre histoire, le FN est dans l’impossibilité politique et mathématique de
gouverner la France à lui tout seul. Si, demain, comme le font ici ou là
quelques débauché(e)s de l’UMP, de l’UDI ou de la…CGT comme on l’a vu parfois,
des cohortes entières d’élus abandonnaient leur âme pour le FN ou des alliances
durables avec lui, la donne serait différente. Mais nous ne sommes pas du tout
dans cette situation.
Car Sarkozy, s’il délire
souvent, n’est pas fou. Pourquoi irait-il s’allier avec un parti que les Français
rejettent massivement au second tour ? Pourquoi, alors qu’il siphonne les
thèmes du Front national sans vergogne et sans honte, irait-il à Canossa quand
l’UMP, l’UDI et peut-être le MODEM formeront une majorité demain. Une
majorité d’idées autour du pain au chocolat de Copé et des menus avec porc dans les
cantines scolaires. On peut comprendre le dépit de Marine Le Pen : tout ce
bruit pour 64 conseillers départementaux ! Pas un département gagné !
Même pas le Vaucluse où Mme Maréchal-Le Pen nous voilà plaçait tant d’espoirs
de victoire.
Le FN a perdu le second
tour. Sarkozy a gagné. C’est comme si le FN avait, un peu, partagé la victoire.
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