17 janvier 2015

Si Jean-Marie Le Pen croit ce qu'il dit, c'est qu'il est atteint de démence sénile


Imagine-t-on Marine Le Pen défilant avec les chefs d'états européens ?
La tête de liste du Front National dans la région PACA aux futures élections régionales, un certain Jean-Marie Le Pen, aime faire de la provocation. Mais comme il est président d’honneur d’un parti — « le premier de France » paraît-il— qui aspire à gouverner notre pays, on attend de lui d’autres propositions que les saillies antisémites dont le président d’honneur du FN ( ?) est coutumier ou des commentaires plus sérieux et plus avisés que ceux publiés hier.

Dans un entretien accordé à un journaliste russe (les banques de Moscou ont prêté beaucoup d’argent aux Le Pen et au FN !) l’amateur de bons mots et de formules à l’emporte-pièce considère que les attentats commis l’autre semaine à Paris sont certainement le fait des services secrets français. Il en veut pour preuve la carte d’identité d’un des frères Kouachi retrouvée dans la voiture des agresseurs, une signature en quelque sorte comme un nez au milieu de la figure.

Il s’agit donc ni plus ni moins d’une théorie du complot (1). Au-delà des déclarations totalement fantaisistes de « Charlie Martel », il nous faut une fois encore constater que l’extrême droite se complait dans les fanges complotistes. Ainsi, l’homme n’a pas marché sur la lune, les attentats contre le World Trade Center sont le fait de la CIA, jamais un avion n’est tombé sur le Pentagone etc. etc. L’origine de la seconde guerre mondiale, pour les pétainistes et l’extrême droite française, est à rechercher dans un complot judéo maçonnique. Les juifs et les francs-maçons se sont unis (avec les communistes) pour dominer la société. Voilà une explication simpliste, ridicule, absurde que tous les événements et la grande Histoire démentent.

On dit souvent que Jean-Marie Le Pen dit tout haut ce que les gens pensent tout bas. Si c’est le cas, ce doit d’abord être vrai parmi les adhérents du Front national et ses électeurs. Sa fille, Marine, doit donc s’expliquer rapidement sur les affirmations de son père. Imagine-t-on, en effet, une Le Pen, présidente, défilant aux côtés de ses homologues des démocraties européennes, alors que l’attentat trouverait son origine dans des manipulations, des manœuvres orchestrées par les services secrets de la puissance invitante ! Si secrets, d’ailleurs, que Jean-Marie Le Pen est bien peine de les citer nommément et le voilà contraint de mettre un conditionnel là où d’habitude il utilise l’imparfait du subjonctif. Si Le Pen-père croit ce qu’il dit, c’est qu’il est atteint de démence sénile. S’il n’y croit pas, c’est qu’il nous prend pour des demeurés pour ne pas employer un autre mot.

(1) La théorie du complot propose de donner une vision de l'histoire perçue comme le produit de l'action d'un groupe occulte agissant dans l'ombre. Loin de la simple rumeur, il s'agit (selon Peter Knight, de l'université de Manchester) d'un récit théorique qui se prétend cohérent et cherche à démontrer l'existence d'un complot entendu comme le fait qu'« un petit groupe de gens puissants se coordonne en secret pour planifier et entreprendre une action illégale et néfaste affectant le cours des évènements ».

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