13 décembre 2014

« Signez la pétition : La municipalité d’Évreux doit continuer de mettre à disposition un local pour la LDH et le CEFED »


« Par une lettre reçue le 30 octobre 2014, le Maire d’Évreux exige que la Ligue des Droits de l'Homme (LDH)-section d’Évreux et le Collectif Étrangers - Français pour l’Égalité des Droits (CEFED) – ASTI d’Évreux, quittent le local d'accueil qu'ils ont en commun et mis à leur disposition par la mairie d’Évreux depuis septembre 2001.

Cette décision non argumentée et non assortie de proposition de relogement, nous met devant un fait accompli et fait apparaître cette décision comme arbitraire.
Un local est indispensable pour l'accueil et le soutien de nombreuses personnes. L'activité de nos deux associations profite à toute la population sans discrimination de toutes sortes.

Nous vous appelons à signer cette pétition pour exiger que le Maire d’Évreux continue, comme ses prédécesseurs, à mettre à disposition un local pour la LDH et au CEFED afin que ces deux associations poursuivent leurs activités citoyennes.

Signez la pétition : La municipalité d’Évreux doit continuer de mettre à disposition un local pour la LDH et le CEFED »
Cette pétition peut être signé sur papier (document joint) ou en ligne : http://www.avaaz.org/fr/petitio/M_le_Maire_dEvreux_Mise_a_disposition_dun_local_pour_la_LDH_et_le_CEFED/?cVZANib

Jean-Pierre Rioux raconte Jaurès dans le cadre de l'université populaire rolivaloise : « le courage c'est de chercher la vérité et de la dire. »


Jean-Pierre Rioux discute avec des lycéens après sa conférence.
Jean-Pierre Rioux, historien connu et reconnu, sait tout de la vie de Jean Jaurès. Invité par Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil et Jean-Pierre Cantrelle, proviseur du lycée Marc Bloch, et dans le cadre du lancement de l’Université populaire rolivaloise, l’ancien professeur de Sciences Po de Paris était présent au théâtre des Chalands, ce vendredi. Il a fait face à une assemblée essentiellement composée d’élèves du lycée et d’amis rolivalois ou habitants de Louviers et alentours pour évoquer celui qui perdit la vie dans des conditions tragiques à quelques jours de la déclaration de ce qui allait devenir la première guerre mondiale.
Jaurès assassiné, ce serait donc la guerre ! Car le pacifiste réaliste et lucide que fut le grand socialiste représentait le dernier rempart, politique et philosophique, contre la mobilisation de millions d'hommes prêts à se battre et pour nombre d'entre eux à mourir dont il avait pressenti les effets dévastateurs pour l’Europe, le monde et la civilisation.
Jean-Pierre Rioux rappela les grandes étapes de l’existence de celui qui galvanisa les foules en faisant appel à ce qu’elles avaient de meilleur : l’écoute des discours destinés à développer l’harmonie, conserver la paix, aimer la nation, défendre la patrie quand il le faudrait, l’amour de la pédagogie, du savoir et du monde des livres dont il remplissait les poches de son manteau.
Il narra l’enfance petite bourgeoise, l’accent occitan et le patois, les paysages de blés et de maïs verts et jaunes, l’élève surdoué, l’étudiant de Normale Sup, l’agrégé, le thésard…enfin l’homme mature devenu député de Carmaux si près des travailleurs des verreries ou des mines à ciel ouvert. Imprégné des idées des Lumières et de la déclaration des droits de l’homme, Jaurès demeura un homme libre, qu’il fût professeur, parlementaire ou homme de presse.
On se souvient de son combat en faveur de l’innocence du capitaine Dreyfus, de son soutien raisonnable à la loi de séparation des églises et de l’Etat, de sa fibre internationaliste, notamment de ses rapports fraternels avec les socio-démocrates allemands. On l’accusa même de pactiser avec l’ennemi potentiel si bien qu’il fut la victime d’un Raoul Vilain fanatisé par les appels au meurtre lui qui revolvérisa le grand tribun socialiste au bar du Croissant alors qu’il venait de quitter les locaux de l’Humanité et d'y écrire son dernier éditorial.
Que reste-t-il aujourd’hui de Jaurès et de sa République sociale ? Que reste-t-il de cette référence et de cet homme devenu un idéal ? Lui qui affirmait que « le courage c’est de chercher la vérité et de la dire » a dû inspirer Pierre Mendès France. On aimerait que d’autres, plus contemporains, parviennent à démontrer que Jaurès n’est pas tout à fait mort.

12 décembre 2014

On est dans le jeu de rôles avec la polémique sur l'état des finances municipales de Louviers


Il est dans la nature des choses qu’une équipe municipale succédant à une équipe d’une autre couleur politique lui cherche des poux sur la tête dans le domaine des finances. Ainsi, François-Xavier Priollaud, le nouveau maire de Louviers, n’a-t-il pas refusé de céder à cette tentation en sollicitant « l’Etat » pour connaître la situation objective des finances de la ville de Louviers et par conséquent celle des contribuables.
Compte tenu des conclusions tirées par le nouveau maire — il juge cette situation catastrophique — il fallait s’attendre à une contestation de l’ancien lequel a passé 19 ans à la tête de la municipalité sans mégotter sur les investissements et en renouvelant constamment le stock de la dette. On est dans le jeu de rôles inévitable.
François-Xavier Priollaud. (capture d'écran)
Je ne suis pas forcément d’accord avec toutes les conclusions de M. François-Xavier Priollaud même s’il est de bonne guerre d’effectuer des comparaisons avec les villes moyennes situées dans la même strate démographique que Louviers. Il est un point sur lequel on ne saurait lui donner tort : le niveau d’imposition dans notre ville est élevé, trop élevé sans doute quand l’argent se fait rare et que la crise économique et financière perdure. Avec une dette de près de 2000 euros par habitant, Louviers occupe une place largement au-dessus de la moyenne des villes comparables. J’ai à plusieurs reprises, sur ce blog, dénoncé la fuite en avant de l’ancienne municipalité ce qui fut, d’ailleurs, l’une des causes de l’éclatement de l’ancienne majorité PS-PRG. Chiffres en main, Michel Doucet, ancien adjoint aux finances et professionnel des finances locales, avait tiré la sonnette d’alarme à diverses reprises sans être entendu par le maire. Je me suis même laissé dire que lors du mandat récent, le maire avait outrepassé le vote majoritaire de son groupe (en interne) visant à rejeter la pose d’une pelouse synthétique au stade Paul Coudray. Rien n’y fit, un acte d’autorité solitaire imposa cette pelouse dont la dépense avoisinait 600 000 euros tout de même ! Peut-on considérer que la pose d'une pelouse synthétique est du domaine de l'urgence ?
L’ancien maire affirme que le niveau de la dette demeurait constant et que c’était le but recherché. En fait, la question se pose différemment : ce niveau évidemment trop élevé aurait dû diminuer et la municipalité aurait dû engager un processus de désendettement forcément long pour ne pas être brutal. A deux reprises, l’ancienne équipe a au contraire augmenté les impôts dans une période où les Français et donc les Lovériens étaient contraints de se serrer la ceinture. Cet élément a d'ailleurs joué un rôle non négligeable dans l’échec de l’équipe sortante.
Je sais bien qu’on ne conduit pas une politique collective comme on le fait dans un ménage. Une ville, surtout une ville comme Louviers, n’est pas près de faire faillite ou d’être mise sous tutelle comme le laisse entendre le maire actuel. Sur ce point la menace semble plus polémique que concrète.
Mais quand l’argent public se faire rare et les subventions avec, la responsabilité des élus est de bien gérer et de bien dépenser. Il faut éviter les gaspillages, rechercher la mutualisation avec l’agglomération (combien d’emplois transférés ?) et aussi limiter ses ambitions et les projets nouveaux. D’autant plus que l’entretien de l’existant a été…inexistant et que le fonctionnement de nombreux services a pâti du manque d’argent suite aux choix de l'équipe alors aux commandes de la ville.
Il est trop tôt pour porter un jugement sur le projet politico-financier de François-Xavier Priollaud et de sa majorité. Le nouveau maire est encore dans la dénonciation de l’héritage, il a annoncé que le niveau des impôts n’augmenterait pas, ce qui est une bonne chose, mais on ignore encore les détails des économies qu’il compte réaliser. Le projet de budget 2015 nous éclairera sans doute quelque peu sur ce point.

11 décembre 2014

Il faut dire non au mur de la honte à Calais


« La légitimité de la présence des migrants est incontestable. Les pays dont ils proviennent - Afghanistan, Erythrée, Irak, Libye, Soudan, Syrie, notamment - en témoignent. Ils fuient la guerre, la répression, la dictature et l’arbitraire à la recherche d’une protection en Europe. Contrairement à ce qui est répété inlassablement, y compris au sommet de l’Etat, il ne s’agit nullement d’une « invasion ». Les conditions de survie indignes qui leur sont imposées en France sont intolérables. Malgré la solidarité des associations locales et la générosité des calaisiens, ils subissent l’abandon des pouvoirs publics qui proposent, à la marge, des solutions insuffisantes et n’assument pas leur responsabilité. Des moyens puissants doivent être déployés immédiatement pour secourir ces réfugiés qui se sont tournés vers nous. Faut-il attendre les premiers morts de froid dans les jungles de Calais pour déclencher enfin une réelle prise de conscience ?
Une nouvelle escalade dans l’aveuglement est en marche avec la construction d’un mur et le déploiement d’un dispositif sécuritaire de grande envergure à Calais, véritable appareil de guerre contre les migrants, entre la France et le Royaume-Uni. Nous, migrants et organisations de la société civile qui travaillons côte à côte depuis des années, refusons une telle dérive et demandons à nos concitoyens de s’y opposer fermement et massivement.
Depuis des décennies, les contrôles renforcés aux frontières, les dispositifs de surveillance, d’intimidation et de contention, les mesures de déportation des migrants ont totalement échoué, ont coûté très cher et ont surtout provoqué des milliers de morts. Le mur en construction à Calais n’est qu’une nouvelle et triste illustration de cette réponse sécuritaire. Est-ce cela que nous voulons poursuivre, dans une fuite en avant inacceptable et irresponsable ?
En refusant l’asile et l’accueil, c’est la liberté dont nous jouissons nous-mêmes qui est menacée : nous construisons les murs de notre propre prison. De cela nous ne voulons pas ! L’érection de fortifications à Calais doit cesser et des discussions s’ouvrir sans attendre avec les autorités britanniques pour recevoir les demandes d’asile qui s’adressent à elles (comme cela a été pratiqué en 2002, à l’occasion de la fermeture du camp de Sangatte). Avec tous les Etats européens, ou avant eux, la France doit revoir la totalité de sa législation et de sa réglementation en matière d’asile et de migration (dénonciation du règlement Dublin et suppression de Frontex). Elle doit le faire dans le strict respect de l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, comme de la Convention de Genève. La France doit enfin réviser sa dangereuse et illusoire conception « nationale » de la migration, totalement inadaptée à la mondialisation des échanges humains et aux drames vécus aux portes de l’Europe. La France doit contribuer, au sein de l’ONU, à promouvoir une nouvelle gouvernance en matière de migration, respectueuse de la liberté de circulation, des droits enfin reconnus et appliqués pour tous les migrants.
Le 18 décembre prochain, Journée Internationale des Migrants, nous, migrants et organisations de la société civile engagées aux cotés des migrants, appelons à une mobilisation d’ampleur, à Calais et partout en France,
pour dénoncer l’indignité de l’accueil des migrants et exiger, conformément aux propositions des acteurs associatifs, la mise en place d’un dispositif d’accueil réaliste dans le Calaisis ; pour refuser la réponse sécuritaire et la construction, en notre nom, du mur de la honte à Calais ; pour obtenir de nouvelles politiques migratoires au niveau national, européen et mondial, respectueuses des droits et de la dignité des migrants. »
Appel signé, notamment, par la Ligue des droits de l'homme

10 décembre 2014

Bruno Leroux a raison : « La gégène est dans les gènes des Le Pen »


Pendant la guerre d'Algérie. (DR)
Ce n’était pas un lapsus. Mais un cri du cœur. Comme on sait le premier mouvement est le bon. Ainsi, Marine Le Pen, après avoir avoué qu’en certaines circonstances la torture pouvait être acceptée, s’est ravisée quelques temps après pour affirmer qu’on l’avait mal comprise et qu’un état de droit ne doit pas ériger la torture en pratique tolérable.  
Mais c’était trop tard, le mal était fait. Le feu médiatique la consumait et Marine Le Pen a dû faire face, aujourd’hui, jour de libération du dernier otage français « échangé » par AQMI avec l’accord de la France contre des djihadistes maliens et malmené, comme l’a précisé Serge Lazarevic par ses gardiens parfois tortionnaires, à un déluge de critiques et de noms d’oiseaux.
Bruno Leroux, président du groupe PS de l’Assemblée nationale a eu le commentaire adapté : « la gégène (1), elle est dans les gênes des Le Pen. » Cette fameuse gégène utilisée à tire-larigot pendant la guerre d’Algérie et destinée à faire parler les « fels » comme disaient avec mépris les militaires chargés de la sale besogne.
Pourquoi la torture revient-elle à la une de l’actualité ? Tout simplement parce qu’un rapport parlementaire américain atteste de l’utilisation de méthodes barbares par les agents de la CIA qui, pendant des années, a pourtant nié qu’elle faisait appel à des outils infligeant des souffrances physiques et psychiques : baignoire et lutte contre le sommeil, par exemple.
Arrêtons-nous un instant sur la déclaration originelle de Marine Le Pen. Imagine-t-on un chef d’état, titre auquel elle aspire, président(e) d’une démocratie avancée, dans un pays ayant aboli la peine de mort, autoriser l’utilisation de la torture ? Si Marine Le Pen s’est rétractée, Gilbert Collard, député bleu marine n’a pas eu de ces manières langue de bois. Il a affirmé et réaffirmé que, pour sauver des vies, la torture était un moyen comme un autre. La civilisation est faite d’avancées vers la non violence, la recherche de la paix entre les hommes et entre les nations. Elle nécessite des règles et le respect de principes dont certains sont imprescriptibles comme les crimes contre l’humanité.
Je n’ignore pas que Jean-Marie Le Pen, officier de parachutistes à Alger pendant la bataille du même nom, a toujours nié avoir utilisé lui-même la torture mais le général Aussaresse, dans un livre de (mauvais) souvenirs, n’a pas caché que l’armée française n’hésitait pas à torturer pour obtenir des renseignements, des noms et des adresses, tortures souvent suivies de la mort des personnes interrogées. Comme disait Jean-Paul Sartre « la torture est d’abord une entreprise d’avilissement. » En la justifiant, même si elle s’est reniée ensuite, la chef du Front national se discrédite et discrédite sa candidature aux plus hautes fonctions.
(1) Instrument de torture utilisant l’électricité.

« Pour une fin de vie apaisée, une demande qui monte de toutes parts »


« Toutes les enquêtes d’opinion le montrent : une très large majorité de nos concitoyens est favorable à l’instauration d’une aide médicalisée à mourir lorsque les patients sont atteints d'une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable, leur infligeant des souffrances physiques ou psychiques qui ne peuvent être apaisées ou qu'ils ne supportent pas. La multiplication des drames de la fin de vie, ceux qu’ont vécus notamment M. Vincent Humbert et sa mère ainsi que Mme Chantal Sébire, atteinte d’une grave maladie de la face provoquant des douleurs insupportables ou que vit encore M. Vincent Lambert, victime des déchirements de sa famille, contribue à renforcer dans les profondeurs du pays l’appel en faveur d’une solution juridique permettant à chacun d’exercer sa liberté de conscience jusqu’au dernier souffle.
L’histoire parlementaire récente met également en évidence un fait nouveau : les clivages politiques peuvent s’estomper pour répondre favorablement à cette demande des citoyens et de nombreux personnels soignants. Ainsi, le 18 janvier 2011, la commission des lois de Sénat a adopté un texte résultant de la fusion de trois propositions de loi tendant à autoriser l’aide médicale à mourir. Seule la pression de forces rétrogrades sur le gouvernement d’alors en a empêché le vote.
Enfin, l’autorité judiciaire elle-même paraît de plus en plus mal à l’aise face aux drames de la fin les personnels soignants sont confrontés dans une grande solitude : le 25 juin 2014, la cour d’assises de Bayonne a acquitté le docteur Bonnemaison, médecin de l’urgence poursuivi pour avoir abrégé illégalement, pour des motifs compassionnels, les souffrances de sept malades. Quelles que soient les suites susceptibles d’être données à l’appel formé par le Parquet, l’honneur du docteur Bonnemaison a été à tout jamais lavé par le jury populaire de Bayonne.

Un cadre juridique inadapté
Les partisans du statu quo peuvent désormais difficilement soutenir que les soins palliatifs constitueraient l’alternative à l’aide médicale à mourir et qu’une meilleure application de la loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie apporterait la réponse adéquate à la demande des patients, des personnels soignants et des citoyens en général, confrontés notamment dans leur vie de tous les jours aux conséquences de l’allongement de la durée de l’existence humaine.
En matière de soins d’accompagnement des mourants, la France accuse un retard considérable que ceux qui les brandissent comme un étendard n’ont rien fait pour les développer. Contrairement à la Catalogne, la Belgique ou la Norvège, notre pays ne répond que très imparfaitement à la résolution relative aux soins palliatifs de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe du 28 janvier 2009 qui a estimé « nécessaire [d’étendre] de toute urgence la portée de ce mode novateur de traitement et de soins » et souligné que « Les soins palliatifs devraient devenir accessibles non seulement aux malades en fin de vie, mais aussi aux patients atteints de maladies graves ou chroniques ainsi qu’à toutes les personnes qui nécessitent des soins individuels importants, qui pourraient bénéficier de cette démarche. » L’indigence de l’offre de soins palliatifs est, en effet, criante : un peu plus de cinq mille lits identifiés pour 320 000 patients par an, selon les données recueillies par l’Observatoire national de la fin de vie.
La loi du 22 avril 2005 comporte, quant à elle, de graves lacunes. L’interruption des traitements pour éviter une obstination de soins déraisonnable au regard de l’état du malade a parfois entraîné des agonies inacceptables. Notamment, la suspension de l’alimentation et de l’hydratation a constitué dans certains cas un délaissement coupable des patients pendant plusieurs jours, voire davantage. En outre, les directives anticipées n’ont pas de force juridiquement contraignante. Enfin et surtout, la mise en œuvre des dispositions de la loi s’avère impossible dans certaines situations comme l’a démontré le spectacle affligeant du déchirement de la famille de M. Vincent Lambert, en état de coma irréversible. En l’espèce, bien que le praticien eût respecté la procédure prévue par le texte, l’application de la loi a été suspendue pendant de longs mois au détriment même des droits qu’elle reconnaît aux malades.

Un engagement à tenir
L’inertie des pouvoirs publics n’a que trop duré. Le vingt-et-unième engagement du programme du candidat à la Présidence de la République François Hollande, aux termes de laquelle « toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique insupportable, et qui ne peut être apaisée, [peut] demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité », doit être suivie d’effet dans les plus brefs délais. Elle doit l’être dans le sens qu’attendent les citoyens et les soignants : non pas sous la forme d’une modification de la loi du 22 avril 2005 tendant à élargir le champ de la sédation terminale, mais sous celle de l’instauration d’un véritable droit à l’aide médicale à mourir sans lequel la liberté de conscience de chacun ne peut s’exercer complètement.
Les législations étrangères offrent à cet égard un large éventail d’expériences susceptibles d’éclairer un débat qui doit être mené sous les auspices de la seule raison, qu’il s’agisse du suicide médical assisté pratiqué dans les cantons du Valais et de Vaud en Suisse ou dans les Etats américains de l’Oregon, de Washington, du Vermont et, dans une moindre mesure, du Montana et du Nouveau-Mexique ou qu’il s’agisse de l’euthanasie dans les conditions prévues par la loi belge du 28 mai 2002 dont les dispositions s’inspirent de celles entrées en vigueur aux Pays-Bas en 2001 et ont été reprises au Luxembourg en 2009.
Les pouvoirs publics doivent méditer les conseils avisés d’Epicure que nos concitoyens souhaitent pouvoir suivre : « le sage ne tient pas à vivre la durée la plus longue, mais la durée la plus agréable ».

Associations signataires : Fédération nationale de la Libre Pensée (FNLP) Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) Ligue des Droits de l’Homme (LDH) Ligue de l’Enseignement (LDE) Union rationaliste

9 décembre 2014

Marine Le Pen est devenue l'œil de Moscou en France


En publiant les lettres de responsables de quatre banques (dont une banque suisse) refusant de prêter de l’argent au Front national pour organiser ses campagnes électorales, Marine Le Pen croit s’en tirer…à bon compte. D’abord, LCL, BNP Paribas et CIC, ne sont pas toutes les banques françaises. A ce jeu-là, on ignore quelle aurait été la réponse du Crédit agricole, des banques populaires, du Crédit mutuel, j’en passe et des meilleures. Peut-être les directeurs de ces banques auraient-il eu une attitude plus compréhensive à l’égard d’un parti qui a recueilli 25 % des voix aux dernières européennes.
Marin Le Pen, en publiant ces lettres pour justifier les premiers neuf millions versés par la banque tchéco-Russe, a senti le danger. Elle vient de comprendre qu’elle ne pouvait plus impunément utiliser les notions comme « la souveraineté » « la nation » quand un parti politique français bénéficie de fonds octroyés par les bonnes grâces de Moscou et de Vladimir Poutine. J’ai écrit sur ce blog que le FN était devenu le parti de l’étranger. Les membres du FN pourront faire toutes les contorsions sémantiques du monde, ils ne pourront plus se prévaloir de la préférence nationale…s’agissant du choix des banques.
D’ailleurs, Marine Le Pen justifie l’annexion de la Crimée par la Russie qu’elle considère comme légitime, elle apprécie les méthodes autoritaires et autocratiques de l’ancien responsable du KGB en Allemagne de l’Est, elle ne rejette pas les affirmations homophobes de Poutine sans oublier qu’il accuse l’Ouest de « décadence » lui qui ne connaît que les rapports de force et l’agression comme dans l’est de l’Ukraine en ce moment. Quand Poutine affirme que ce pays est gouverné par des fascistes et des putschistes, Marine Le Pen applaudit car elle est alignée sur les positions de Moscou. Peu importe les campagnes d’intoxication et de mensonge des autorités russes. Peu importe que la liberté de la presse ait été supprimée dans la fédération de Russie. L’opposition à Poutine est inexistante car muselée et clandestine.
Les Français ne sont pas idiots. Ils imaginent bien qu’une banque russe ne prête pas de l’argent (40 millions d’euros dit-on) à un parti politique et avec l'aval de Poutine sans contreparties. J’ignore quels sont les engagements de Marine Le Pen vis-à-vis du « tsar » mais la publication ce jour des lettres de refus des banques françaises sonne comme un aveu de culpabilité. Cet aveu s’avère malgré tout, bien tardif et bien inutile. Le FN n'est pas le seul en Europe — et à l’extrême droite — à recevoir des subsides de Poutine. Le FN est devenu l’œil de Moscou en France.

8 décembre 2014

« Si les Chinois pissaient seulement, ils pourraient submerger les Anglais » proverbe à méditer en France


Les Chinois récupèrent 49,9% du capital !
« Après la Grèce, le Portugal, l’Irlande, l’Espagne, l’Italie, la Roumanie, la Bulgarie, Chypre, c’est au tour de la France d’être attaquée par la finance internationale dont le relais n’est autre que l’Union européenne et son acteur le plus zélé : l’Allemagne conservatrice d’Angela Merkel.

En catimini et sans qu’il le reconnaisse, le gouvernement de la France est entré dans la logique austéritaire qu’elle recommande et a fait sien son cortège de mesures ultralibérales imposées aux peuples dont le laboratoire européen a été la Grèce avec le résultat que l’on sait.

La Grèce à laquelle la troïka (Union européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international) a imposé des sacrifices inouïs : la vente à des intérêts privés de ses infrastructures : ses ports, aéroports, autoroutes, de ses ressources naturelles telles que ses mines et ses forêts, et même de parcelles de son territoire composé, outre la Grèce continentale, d’une multitude d’îles. Sans parler de la réduction drastique du nombre de ses fonctionnaires, de l’abaissement autoritaire des salaires et des pensions, de la destruction de ses régimes sociaux, éducatifs et de santé. La Grèce qui — quelles que soient ses erreurs passées — non seulement ne voit pas sa dette se réduire, mais, exsangue, se trouve aujourd’hui dans une situation pire que celle qui a provoqué sa mise sous la tutelle par la troïka.

En France, la vente par l’État de ses participations dans l’aéroport de Toulouse-Blagnac à des intérêts privés étrangers – chinois en l’occurrence – est le signal donné aux marchés financiers de la soumission de notre pays à leur diktat. La vente de tels biens est une faute impardonnable. C’est un affaiblissement considérable de la souveraineté de la nation et une décision hypothéquant gravement l’avenir de nos enfants et petits-enfants. Or, nous le savons déjà : cette cession ne contribuera pas pour autant significativement à la réduction du déficit budgétaire ni au remboursement de la dette mais au contraire va affaiblir l’État en le privant des revenus que cet équipement lui assurait. C’est pure folie criminelle que cette vision court-termiste orchestrée par le ministre Macron qui ne risque par ailleurs aucune sanction n’étant pas élu de la nation.

Si François Hollande pense que de telles mesures suffiront à calmer les marchés financiers, il se trompe lourdement. Car les marchés n’en n’ont jamais assez. Ce sont eux et leurs acolytes du MEDEF qui réclament ce qu’ils nomment réformes : le démantèlement du Code du Travail, la fin du CDI, la fin des 35 heures et donc du paiement des heures supplémentaires, la liberté de faire travailler le dimanche, la nuit et les jours fériés, etc. C’est-à-dire plus d’un siècle de conquêtes sociales acquises de haute lutte par les ouvriers contre le patronat. Dans le même temps, alors que la pauvreté, la précarité et les inégalités ne cessent de croître dans notre pays, la France n’a jamais été aussi riche. Les revenus du capital n’ont jamais été aussi florissants et le montant des dividendes versés aux actionnaires des sociétés du CAC 40 a progressé de 5,6% en 2013. Mais pendant ce temps le SMIC stagne et, faute d’investissement et de consommation, le chômage ne cesse d’augmenter. Cherchez l’erreur.

Au-delà de ce constat scandaleux, le résultat de l’inconséquence du président de la République est beaucoup plus grave encore. Car il met en péril notre bien le plus précieux : la démocratie. Pour avoir brouillé tous les repères qui permettaient d’identifier la Gauche dans son ensemble à commencer par ses valeurs fondamentales : humanisme, justice sociale, solidarité, progrès humain ; pour avoir appliqué la même politique économique que son prédécesseur de droite tant décrié en l’aggravant, François Hollande jette à présent chaque jour de plus en plus de Français désemparés dans les bras de l’extrême-droite. Laquelle, avec un cynisme consommé, s’attribue les valeurs que défendait hier encore le Parti socialiste. Avant que son ancien Premier secrétaire ne les vide de leur substance en pratiquant une politique qui chaque jour les contredit. Cela, les Françaises et les Français qui comme nous aiment leur pays pour les idéaux qu’il a apportés à l’humanité toute entière ne lui pardonneront jamais. »

Reynald Harlaut

La législative partielle de l'Aube est-elle le crépuscule des cantonales pour le Parti socialiste ?


Les futures cantonales s'annoncent mal pour la gauche. (photo JCH)
L’Aube n’est pas la France. Mais pour le PS elle pourrait bien en être le crépuscule. Certes, il ne s’agissait ce dimanche que d’une élection législative partielle. Certes, le taux d’abstention a dépassé 75 % taux habituel pour une partielle. Certes, il s’agissait de remplacer François Baroin, devenu sénateur, dans une circonscription depuis longtemps classée à droite. Quand même. Avec un peu plus de 14 % des suffrages, le candidat socialiste perd 12 points par rapport à son score de 2012 et surtout, ne se trouve pas qualifié pour le second tour ! Un camouflet de première grandeur.
Les résultats de ce dimanche placent donc le candidat UMP en tête avec 44 % des voix devant — et c’est là qu’il y a un hic — le candidat du Front national dont le nom, M. Subtil, s’accorde mal avec les théories prônées par son parti. Le second tour, dimanche prochain, verra s’affronter l’UMP et le Front national. Je crains fort que cette situation ne soit que l’illustration de celle que nous connaîtrons dans de nombreux cantons français lors des élections départementales de mars prochain. 
Pour aller voter en faveur du PS, en ce moment, il faut vraiment en avoir envie. Il faut vraiment appartenir à cette frange de la population ancrée dans des schémas politiques acquis capable de dépasser les contingences et les aléas économiques. Le mécontentement vis-à-vis du gouvernement et de son action est grand. La déception est immense. Je veux bien que M. Sapin raconte ce qu’il sait ou ce qu’il peut sur les antennes du service public. Je veux bien que la politique étrangère de M. Hollande soit, globalement, une réussite. Je veux bien qu’on rappelle la situation catastrophique de la gestion Chirac-Sarkozy : l’augmentation de la dette, le creusement du déficit…La réalité est que François Hollande ne convainc pas.
Autrement dit, les résultats des cantonales s’annoncent mal pour la gauche. Le PS va perdre de nombreux départements et on aurait tort de s’en réjouir. Globalement, les présidents de conseils généraux ont plutôt bien réussi leur gestion décentralisée. Dans l’Eure, par exemple, la majorité PS-PC-PRG, sous l’impulsion de Jean-Louis Destans, a pris des initiatives intelligentes et utiles. Souvent précurseur (le RSA par exemple) le département de l’Eure est très correctement administré mais les élus locaux de gauche risquent de pâtir de la colère des Eurois qui sont avant tout des Français. 
Ils vont juger le PS à l’aune de la politique nationale puisqu’aujourd’hui tout est « global ». Attendons-nous donc à une nouvelle Bérézina. Non pas parce que nos élus cantonaux auront démérité ou mal travaillé mais parce que la colère est mauvaise conseillère. Et que les candidat(e)s du Front national, totalement inconnus et nuls pour la plupart, récupèreront les suffrages des âmes perdues…et qu'il ne nous restera que nos yeux pour pleurer. Martine Aubry avait poussé une grosse colère après la déroute des municipales. Je souhaite qu'elle n'ait pas épuisé toute sa puissance d'indignation.

7 décembre 2014

Nouveau succès pour le lanceur Ariane 5 de la base de Kourou


Le lancement réussi, hier soir, heure française de métropole. (DR)
(Communiqué)
« Arianespace a lancé avec succès les satellites de télécommunications DIRECTV-14, pour l’opérateur DIRECTV, et GSAT-16 pour l’agence spatiale indienne ISRO (Indian Space Research Organisation). Ce 6ème lancement d’Ariane 5 en 2014 illustre la relation de confiance établie par Arianespace avec les plus grands opérateurs de télécommunications, publics comme privés.
Le lancement, 63ème succès d’affilée d’Ariane 5, a eu lieu ce 6 décembre à 17h40 (heure de Kourou) depuis le Centre Spatial Guyanais (CSG). Avec à son actif près de 65% des mises en orbite de satellites commerciaux en 2014, Arianespace s’impose comme la société de service de lancement de référence pour tous les constructeurs et opérateurs du secteur.
Un lancement symbole de la relation de long terme qui unit Arianespace aux grands opérateurs
DIRECTV-14, qui fournira des services de télévision directe (DTH) en HD et 4K Ultra HD en Amérique du Nord, incluant l’Alaska, Hawaï et Porto Rico, est le 7ème satellite lancé par Arianespace incluant une charge utile pour DIRECTV. DIRECTV-14 est aussi le 46ème satellite construit par SS/L à être mis en orbite par Arianespace.
GSAT-16, satellite de télécommunications multi-bandes et multi-applications, couvrira quant à lui l’ensemble du sous-continent indien. C’est le 18ème satellite dont le lancement est confié par l’agence spatiale indienne ISRO à Arianespace, depuis celui du satellite expérimental APPLE en 1981. Arianespace a également lancé deux autres satellites de conception et fabrication indiennes, destinés aux opérateurs Eutelsat et Avanti Communications.
Un nouveau record de performance pour le leader des lancements commerciaux
A l’occasion de VA221, Arianespace établit un nouveau record de masse satellisée depuis le Centre Spatial Guyanais, avec un total de 74,3 tonnes pour 2014 tous lanceurs confondus (contre 52,2 en 2013 et 74,1 en 2012).Arianespace confirme par ailleurs sa place de leader des lancements commerciaux GTO avec près de 65% du marché. En effet, au 4 décembre 2014, sur 14 satellites commerciaux géostationnaires mis en orbite dans le monde, 9 l’ont été par Arianespace.
Quelques instants après l’annonce de l’injection en orbite des deux satellites, Stéphane Israël, Président Directeur Général d’Arianespace, a déclaré : « Arianespace est fière d’avoir répondu ce soir aux attentes de deux fidèles clients dont la diversité est à l’image de notre carnet de commandes : l’un, privé, DIRECTV, opérateur basé aux Etats-Unis et spécialisé dans les services de télévision directe, l’autre, public, l’agence spatiale indienne ISRO, opérateur national dont l’une des missions est de mettre en oeuvre pour le compte des citoyens de ce pays une large gamme d’applications utilisant les télécommunications par satellite. Merci à DIRECTV et à l’ISRO pour cette confiance renouvelée qui, lancement après lancement, nous honore et nous encourage à toujours nous améliorer. Merci enfin à tous les acteurs de ce 10ème lancement de l’année : la co-entreprise Airbus Safran Launchers et l’ensemble des industriels européens pour ce lanceur Ariane 5 ECA à la fiabilité exceptionnelle ; notre partenaire du CNES-CSG et les salariés de la base spatiale, pour une disponibilité record depuis le début de l’année ; et naturellement l’ensemble des équipes d’Arianespace pour leur dévouement qui n’a d’égal que leur excellence opérationnelle et commerciale. »