1 novembre 2014

« Le gouvernement des lâches » par Reynald Harlaut



Le drame de Sivens, avec la mort de Rémi Fraisse, n’est pas fortuit quand bien même le pouvoir dispense tardivement et avec parcimonie ses regrets. C’est un échec d’une extrême gravité. Il est la conséquence malheureuse de la politique délibérée du gouvernement de Manuels Valls. Il y a peu de temps, l’interception d’une note blanche émanant du cabinet du Premier ministre et révélée par la presse, a permis de s’en convaincre.

Dans cette note confidentielle était envisagée la requalification des actions menées par les anti-gaz de schiste en proposant de les assimiler à une forme de terrorisme. Criminaliser la contestation autoriserait par conséquent le recours à l’arsenal répressif que fournit la législation actuelle contre le terrorisme. C’est à la prise en considération de ce type de proposition par le Gouvernement qu’on mesure le poids du lobby pétrolier sur les plus hautes instances de l’État. Et c’est ainsi qu’au nom de la sécurité, se restreignent chaque jour davantage les libertés publiques et les droits fondamentaux garantis par la Constitution, toutes choses sans cesse dénoncées par la Ligue des Droits de l’Homme.

Lors du fameux discours dit du Bourget. (capture d'écran)
Ainsi remise en perspective, la répression violente menée contre toutes celles et ceux qui sont hostiles à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, à la ferme des Mille vaches ou au barrage de Sivens, comme d’autres le furent en leur temps à l’extension du camp du Larzac et à la construction d’une centrale nucléaire à Plogoff, n’est que le résultat des choix du Président de la République François Hollande et de son gouvernement dirigé par Manuel Valls. Cette attitude peut se résumer ainsi : dure envers les faibles, docile envers les puissants.

Pour les premiers, c’est le refus d’amnistier les syndicalistes qui se sont battus au cours du mandat de l’ancien Président de la République pour tenter de sauver leur entreprise. C’est aussi le matraquage fiscal des plus fragiles et des classes moyennes (relèvement de la TVA, blocage des retraites, gel du point d’indice des fonctionnaires, culpabilisation des chômeurs, tentatives pour réduire les prestations familiales, etc). Pour les seconds, c’est le cadeau fiscal de 40 milliards d’euros aux entreprises sans contreparties dont l’essentiel profite aux plus grands groupes industriels. C’est aussi l’abandon de l’écotaxe sous la pression des « bonnets rouges » puis des transporteurs (taxe que paiera finalement le contribuable avec l’augmentation du gazole). C’est encore la quasi-impunité dont bénéficient les agriculteurs qui ont détruit le Centre des impôts et les locaux de la Mutualité sociale agricole de Morlaix. C’est enfin le renoncement à la taxation des dividendes. Tout concoure désormais à rendre tangible cette cruelle logique. Elle caractérise désormais le pouvoir en place.

Ce comportement a un nom qui le qualifie : il se nomme la lâcheté. Le monarque présidentiel qui n’a cessé de renier ses promesses électorales constitue désormais avec son équipe le Gouvernement des lâches. C’est pourquoi doit être soulignée la lucidité des quelques personnalités qui à l’intérieur même du Parti socialiste déclarent aujourd’hui avec nous ce que nous pressentions depuis longtemps : cette politique est une menace pour la République et nous ajouterons, pour la démocratie.

Reynald Harlaut

Les élections cantonales doivent être l'occasion de donner leur chance à des militants et des élus nouveaux dans le paysage politique


Lors du dépouillement des municipales à Louviers
Si, comme tout le monde le pense, les élections cantonales de mars 2015 auront un fort enjeu politique, il n’en ira pas de même sur le plan technique. Pourquoi ? Parce que le gouvernement Hollande-Valls a décidé de confier aux régions et métropoles de nombreuses et importantes compétences actuellement dévolues aux départements. Le vrai rendez-vous de l’action gouvernementale vis-à-vis des territoires aura lieu à la fin de l’année 2015 Lors des élections régionales. Ce délai sera-t-il suffisant pour empêcher la gauche de perdre de nombreuses régions, telle est la question.
Les cantonales qui se profilent seront, de l’avis général, une défaite supplémentaire pour la gauche et singulièrement le Parti socialiste. Si l’on prend comme point de repère les dernières élections municipales, on constate que certains fiefs PS bien tenus et bien gérés par des personnalités appréciées ont résisté à la vague bleue. C’est le cas de Val-de-Reuil, Pont-de-l’Arche, Bourgtheroulde, Pont-Audemer…
Il était malheureusement prévisible et anticipé que Vernon, Evreux, les Andelys passent à droite. Ces villes ont longtemps été gérées par l’UMP. Le cas de Louviers est un peu différent dans la mesure où le maire sortant refuse toujours d’admettre que sa défaite a été la conséquence d’un comportement hautain et d’un excès d’arrogance sans oublier les lourds investissements et des choix urbanistiques discutables. « La faute à Hollande » persiste-t-il à répéter d’où sa probable candidature (PRG) aux prochaines cantonales sous une forme restant à définir eu égard aux accords de partis.
Du parti socialiste, parlons-en. Il semble bien qu’une hémorragie militante frappe le PS dans toutes ses fédérations. Une estimation à la louche laisse penser que 20 % des adhérents ne reprendront pas leur carte en 2014 ! Plusieurs raisons à cette fuite : la déception face à l’absence de résultats, les changements de cap du gouvernement, la déclaration d’amour au MEDEF, l’incapacité à organiser une union des progressistes (PS-PRG, Verts…) et aussi, je l’ai déjà écrit sur ce blog, le peu de cas réservé à l’avis des militants. Les états généraux organisés par Jean-Christophe Cambadélis ne serviront à rien. On sait déjà que les plus critiques des socialistes dont les frondeurs et Martine Aubry, seront considérés comme quantité négligeable.
Ce que je souhaite ? Que les cantonales soient l’occasion de donner leurs chances à des militants et des élus nouveaux à ce niveau. Que les sortants choisis le soient pour leurs qualités et leur réel engagement, que l’ancienneté dans la fonction ne soit plus le seul critère de choix. Un vrai pari pour le PS mais c’est le moment de le tenter.


La liste des cantons de notre bassin de vie : 
Le canton n° 12 (Gaillon) comprend les communes suivantes : Ailly, Aubevoye, Autheuil-Authouillet, Bernières-sur- Seine, Cailly-sur-Eure, Champenard, Courcelles-sur-Seine, La Croix-Saint-Leufroy, Ecardenville-sur-Eure, Fontaine- Bellenger, Fontaine-Heudebourg, Gaillon, Heudreville-sur-Eure, Saint-Aubin-sur-Gaillon, Saint-Etienne-sous-Bailleul, Saint-Julien-de-la-Liègue, Saint-Pierre-de-Bailleul, Saint-Pierre-la-Garenne, Sainte-Barbe-sur-Gaillon, Tosny, Venables, Vieux-Villez, Villers-sur-le-Roule.
Le bureau centralisateur de ce canton est le bureau centralisateur de la commune de Gaillon.

Le canton n° 14 (Louviers) comprend les communes suivantes : Andé, Heudebouville, Incarville, Louviers, Saint- Etienne-du-Vauvray, Saint-Pierre-du-Vauvray, Vironvay. Le bureau centralisateur de ce canton est le bureau centralisateur de la commune de Louviers.

Le canton n° 18 (Pont-de-l'Arche) comprend les communes suivantes : Acquigny, Alizay, Amfreville-sur-Iton, Crasville, Criquebeuf-sur-Seine, Les Damps, La Haye-le-Comte, La Haye-Malherbe, Igoville, Le Manoir, Martot, Le Mesnil-Jourdain, Montaure, Pinterville, Pîtres, Pont-de-l'Arche, Quatremare, Surtauville, Surville, Tostes, La Vacherie. Le bureau centralisateur de ce canton est le bureau centralisateur de la commune de Pont-de-l'Arche.

Le canton n° 21 (Val-de-Reuil) comprend les communes suivantes : Amfreville-sous-les-Monts, Connelles, Herqueville, Léry, Porte-Joie, Poses, Tournedos-sur-Seine, Val-de-Reuil, Le Vaudreuil. Le bureau centralisateur de ce canton est le bureau centralisateur de la commune de Val-de-Reuil.

30 octobre 2014

Le coût des aménagements de Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT, n'est pas choquant

J’avoue que les critiques concernant l’appartement de fonction de Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT, me mettent mal à l’aise. Le Canard enchaîné est dans son rôle quand il publie le devis des travaux prévus dans un appartement en bordure du bois de Vincennes et notamment la somme consacrée à la vaisselle (28 000 euros). Mais la vraie question n’est pas dans la brutalité des chiffres.
Elle est ailleurs. Le secrétaire général d’un syndicat de travailleurs salariés, contraint de vivre et d’habiter à Paris eu égard à ses fonctions, a-t-il le droit de bénéficier de conditions d’hébergement décentes (voire un peu plus) même si les travaux sont payés par les cotisations des membres de son syndicat ?
Car ce qu’on reproche à Thierry Lepaon n’est rien d’autre que ce que la conscience d’une certaine classe sociale a en tête. Qu’un homme membre d’un syndicat de Gauche, pour faire bref, ose prétendre à des conditions vie « dignes et décentes » comme le précise un communiqué du syndicat est choquant surtout pour ceux qui en bénéficient naturellement par la grâce de l’héritage, du travail aussi, ou d’autres méthodes que je ne qualifierai pas s’agissant de la richesse d’un Bernard Tapie par exemple.
Thierry Lepaon n’aurait pas attiré l’attention s’il s’agissait d’un grand patron ou d’un homme d’affaires. La retraite chapeau de 21 millions d’euros de Gérard Mestrallet en a certes ému quelques-uns (à la CGT notamment) et compte tenu de son salaire, on se pose vraiment la question de svoir ce qui est le plus indécent : aménager un appartement dans des conditions confortables pour le premier représentant d’un syndicat de salariés pour 130 000 euros ou bénéficier d’une retraite (chapeau !) au chiffre exorbitant.
A tout prendre, je préfère la solution Lepaon. Elle s’inscrit aussi dans la promotion des hommes et dans la contribution qu’ils apportent à l’intérêt général. Quand Thierry Lepaon en aura fini de ses fonctions, l'appartement loué par la CGT servira peut-être à son successeur, sauf si celui-ci  comme Henri Krasucki par exemple, habite déjà la région parisienne.

29 octobre 2014

Lettre ouverte à Manuel Valls : la démocratie et le dialogue meilleures réponses face à la violence

 
-->« Dans la nuit du 25 au 26 octobre, Rémi Fraisse, 21 ans, jeune naturaliste passionné de botanique et engagé au sein du réseau associatif pour la préservation de notre environnement, membre de Nature Midi Pyrénées, FNE Midi Pyrénées et France Nature Environnement, perdait la vie sur le site du projet de retenue de Sivens, dans le Tarn.
Ce drame intervient après 2 ans de protestations et d'argumentaires que nos associations auront largement défendus et développés mais sans être entendues par les pouvoirs publics. Le pourrissement ayant résulté de ce refus du dialogue aurait pu être évité, de même que ses récentes conséquences dramatiques.

Pourquoi la réponse de l’Etat face à des manifestations pacifistes est-elle si disproportionnée comparée à celle des destructions de portiques écotaxe ou des bureaux d’une perception des impôts, ou bien encore face aux menaces de blocages des routes, trouble manifeste à l’ordre public ? S’il faut en appeler à la modération, que le message soit adressé aux forces de l’ordre ! A faire de l’écologie le bouc émissaire de la crise profonde qui mine notre pays, on envenime la situation.
Rien ne peut justifier la mort d'un homme, quel que soit son combat, mais elle est encore plus insoutenable lorsque c’est l’intérêt général qu’il défendait. Au lendemain d'un rassemblement par ailleurs pacifique et ayant mobilisé 7000 personnes, un rapport d'experts commandé par Mme la Ministre de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie vient corroborer presque point par point l'ensemble des aberrations de ce projet que nous dénonçons depuis plus d’un an. Pourtant, ce même rapport préconise dans ses conclusions la poursuite du projet au motif qu'il serait déjà trop avancé, ce qui reviendrait à légitimer de fait une politique du passage en force et du fait accompli contraire aux principes fondamentaux de la démocratie, et, désormais, contraire à la décence la plus élémentaire.

Rien ne pourra ramener Rémi à sa famille et à ses proches. Il est encore temps, malgré tout, de faire entendre enfin un peu de bon sens et de raison à Sivens. Monsieur le Premier Ministre, vous seul avez maintenant le pouvoir d'apporter l'apaisement dont ce territoire a plus que jamais besoin. En tant que mouvement associatif représentant plus de 850 000 citoyens, nous en appelons désormais à vous pour que vous vous prononciez pour l’abandon immédiat du projet de retenue de Sivens, seul moyen de permettre l'ouverture d'un processus serein de débat public et de dialogue sur les alternatives portées par l’ensemble des acteurs concernés. Il est également et évidemment indispensable que toute la lumière soit rapidement faite sur les circonstances de la mort de Rémi Fraise et que les responsables soient jugés. 
L’écologie a perdu un de ses membres parce qu’elle a perdu la voix. La démocratie et le dialogue restent les meilleures des réponses face à la violence. Vous en êtes, Monsieur, le garant.

Nous vous prions, Monsieur le Premier Ministre, d’agréer l’expression de nos plus sincères salutations. »

Denez L'HostisPrésident de France Nature Environnement, Jérôme Calas, Président de Nature Midi-Pyrénées, Thierry de Noblens, Président de France Nature,, Environnement Midi-PyrénéesBen Lefetey Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet



28 octobre 2014

« Contester et mourir… conséquence du refus de la confrontation démocratique »

 La ligue des droits de l'homme communique :

« Rémi Fraisse est mort dans la nuit du 25 octobre 2014 lors de la manifestation qui s’opposait à la construction d’un barrage de retenue à Sivens, dans le Tarn. Militant écologiste, membre de France nature environnement, il faisait partie des nombreux acteurs, en particulier locaux, qui voulaient faire connaître un point de vue, pourtant largement partagé, de contestation d’un projet dont l’utilité méritait d’être interrogée. Cette mort n’est pas acceptable. La Ligue des droits de l’Homme présente à sa famille et à ses proches toutes ses condoléances.
La LDH prend acte de l’ouverture prochaine d’une information judiciaire, seule mesure de nature à permettre d’établir la vérité des faits. Cependant, quelles que soient les responsabilités individuelles qui se révéleront, la mort d’un manifestant atteste d’un mauvais usage, voire d’un usage excessif des forces de l’ordre.
La Ligue des droits de l’Homme constate que de Continental à Notre-Dame-des-Landes, de la ferme des « Mille vaches » à Sivens, la contestation est criminalisée et réprimée. Cette politique place l’ensemble de la société sous tension alors même qu’elle aurait besoin de raison, et elle substitue l’autoritarisme au débat et à l’imagination dont nous avons besoin collectivement pour relever les défis posés au vieil ordre productif et de distribution. La société française doit apprendre à débattre avec calme du bien-fondé de ses aéroports, de ses barrages et de son industrie agroalimentaire. Le gouvernement doit apprendre à compter avec les refus populaires et à en valoriser l’apport dans des processus de confrontation démocratiques, accepter, enfin, de considérer que l’avenir n’est pas de son seul ressort.
A défaut, on peut prévoir d’autres tensions, d’autres durcissements, d’autres drames, provoqués de fait par des acteurs très éloignés de l’intérêt général. La Ligue des droits de l’Homme entend rester vigilante quant au respect des libertés et droits fondamentaux des citoyens par les pouvoirs publics, dans ce contexte comme dans d’autres.


Après la mort d'un jeune militant écologiste : France nature environnement met en cause les pouvoirs publics

 
 (Communiqué de France Nature Environnement)
« Samedi 25 octobre, Rémi, un jeune bénévole botaniste de Nature Midi- Pyrénées, association affiliée à France Nature Environnement, est décédé en margede la mobilisation citoyenne pour lutter contre le barrage de Sivens. L'ensemble du mouvement FNE se joint à la famille de Rémi, aux bénévoles et aux salariés de Nature Midi-Pyrénées dans ce moment de deuil.
C’est avec une intense émotion et la plus grande tristesse que nous avons appris la mort de Rémi Fraisse, 21 ans, dimanche, à Sivens (Tarn), en marge de la manifestation citoyenne organisée à Sivens, dans le Tarn, contre le projet de barrage, à laquelle de nombreux militants du mouvement FNE participaient. Rémi était un jeune bénévole investi au sein de Nature Midi-Pyrénées, association affilée à FNE Midi-Pyrénées et France Nature Environnement. Actif au sein du groupe botanique de NMP, il suivait la flore protégée en Haute-Garonne où il assurait la coordination du suivi de la Renoncule à feuille d'ophioglosse.
Jérôme Calas, président de Nature Midi-Pyrénées : « Nous sommes sous le choc de la disparition de ce jeune bénévole passionné. Nous adressons nos condoléances et un message de soutien à sa famille et à ses proches. Nous avons toujours condamné toutes les violences qui entouraient la contestation au projet de ce barrage, les circonstances nous obligent à les condamner encore plus fermement aujourd'hui. Il est nécessaire de retrouver la sérénité, ne serait-ce que pour la mémoire de Rémi. »
Thierry de Noblens, président de FNE Midi-Pyrénées : « C'est un moment très dur pour notre mouvement, qui a souhaité montrer son engagement dans ce combat par une présence forte samedi dernier à Sivens. Nous ne pouvons que rendre hommage à ce jeune homme mobilisé contre ce projet, pour le respect de la flore et des espaces naturels de Midi-Pyrénées. Nous sommes consternés par la mort prématurée de ce jeune bénévole, nous condamnons les violences qui entourent lalutte contre ce projet inutile et l’acharnement des forces de police depuis le 1er septembre, nous espérons que cette escalade cessera au plus vite. »
Denez L’Hostis, président de France Nature Environnement : « Nos pensées vont d’abord à la famille de Rémi, à ses proches et ses amis de Nature Midi-Pyrénées. Nous nous associons à leur peine. Pacifistes par nature, nous condamnons fermement toute forme de violence : nul ne devrait mourir parce qu’il s’oppose à un projet insensé. C’est un jour de deuil pour le mouvement écologiste français et pour FNE. La responsabilité des pouvoirs publics et de l’Etat est engagée.»»

Les cantonales 2015 : personne n'en parle mais beaucoup les craignent


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Jean-Louis Destans a bien travaillé pour l'Eure
Les élections cantonales vont avoir lieu dans cinq mois à peine mais aucun parti politique n’a encore abordé le sujet publiquement. Je dois rappeler tout d’abord que cette élection se déroulera dans des cantons redécoupés et que les électeurs (trices) auront à choisir un ticket de candidats titulaires composé d’un homme et d’une femme ou réciproquement. Deux candidat(e)s suppléants figureront également sur le ticket.
Pour ce qui concerne notre bassin de vie, trois cantons nous intéressent. Le canton de Louviers rassemble la ville de Louviers dans son entier plus quelques communes de l’ancien canton de Louviers-nord dont Incarville, Saint-Pierre et Saint-Etienne du Vauvray, Heudebouville. Le canton de Pont-de-l’Arche s’étend de la vallée de la Seine à la vallée de l’Iton ( !) et le canton de Val-de-Reuil demeure ce qu’il était à quelques variantes mineures près. L’objectif du redécoupage était de rééquilibrer démographiquement les cantons dont les anciens présentaient des disparités choquantes.
Les cantonales ne se présentent pas bien pour les socialistes. Le climat national ne plaide pas en faveur des candidat(e)s de ce parti qui pourtant, dispose de la majorité dans le conseil général actuel. Les candidat(e)s à la candidature commencent à se manifester eu égard aux règles internes du PS qui fixe un calendrier « démocratique » à respecter.
S’ils et elles veulent conserver une majorité à Evreux, les impétrants vont devoir conduire une campagne essentiellement locale s’appuyant sur le bon bilan de la majorité actuelle. Jean-Louis Destans a été un président omniprésent, il a engagé de nombreuses actions dans des domaines aussi divers que les collèges, les routes, l’aide sociale mais également dans le soutien aux communes et aux agglomérations et communautés. Il a disposé d’une majorité relativement unie comprenant socialistes, communistes et radicaux de gauche. Les écoles, les équipements sportifs ou culturels, les investissements en faveur de l’emploi, doivent beaucoup au conseil général qui a su s’entendre avec le département de Seine-Maritime et la Région. Le 276 est une structure informelle qui fonctionne bien.
Quels candidats ? A Val-de-Reuil, je ne doute pas que Janick Léger sera candidate à sa succession. J’ignore le nom de l’homme qui l’accompagnera. A Pont-de-l’Arche, un Levitre tentera de succéder à un autre Levitre avec des données géographiques et politiques différentes du passé puisque des communes comme La Haye-Malherbe, Quatremare, Surville, Amfreville-sur-Iton, Acquigny et Pinterville ont rejoint les anciennes communes du canton archépontain. Des socialistes seront sûrement pressentis. Richard Jacquet, le maire de Pont-de-l’Arche aura sa carte à jouer.
A Louviers, la droite devrait se tourner vers un ticket Anne Terlez-Jacky Bidault. Avec le vent en poupe depuis les municipales, ils peuvent espérer le gain du canton mais à condition que la gauche reste à la maison. Ce qui n’est pas encore acquis. L’activité militante de la campagne sera décisive.
Face à eux, Leslie Cléret, conseillère générale sortante, une bûcheuse, devrait être accompagnée, selon moi, d’un élu Lovérien fort impliqué dans la vie communale depuis des années. Christian Renoncourt, délégué à la CASE, connaît bien les problématiques cantonales et locales. Conseiller municipal d’opposition à Louviers, il aura face à lui d’autres candidats à la candidature et qui sait, un Franck Martin ne doutant de rien et revenu de nulle part.

26 octobre 2014

Gilles Carrez, un député UMP qui ne donne pas l'exemple

 Gilles Carrez, président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, est un député UMP original. Il croit faire partie des 60 parlementaires (députés et sénateurs) dont le Canard enchaîné affirme qu’ils ont maille à partir avec le fisc. Ces députés et sénateurs-là, à des échelles différentes c’est entendu, ont omis d’indiquer des revenus ou ont sous-évalué des propriétés ou encore sont victimes de phobie administrative comme Thomas Thévenoud (PS). On est prié de ne pas rire.
Revenons à Gilles Carrez. Il se répand tant et plus sur les ondes et sur les chaînes info en continu pour expliquer que s’il n’a pas correctement rempli sa déclaration d’ISF (impôt sur la fortune) c’est parce  qu’il ignorait que les SCI (sociétés civiles immobilières) n’ont pas le droit de bénéficier de 30 % de remise sur les résidences principales. Et comme il est, avec son épouse, titulaire d’une SCI et qu’il a souhaité bénéficier des 30 % de réduction, il s’est ainsi exonéré de l’ISF (plafond 1,3 million d’euros) et se trouve hors la loi. Le fisc s’est emparé de son cas et lui demande des explications avant de l’imposer et d’exiger de lui des pénalités de retard que M. Carrez a promis d’honorer. J’entends d’ici le tohu bohu des questions orales du mardi et du mercredi !
Avouez que pour un président de la Commission des finances, cela la fout mal. Ce n’est pas aussi grave que l’affaire Cahuzac mais cette omission « de bonne foi » jure-t-il sur la tête de sa mère, démontre la légèreté avec laquelle certains élus remplissent les exigences de la Haute autorité pour la transparence, outil voulu et créé par François Hollande.
Depuis que les 900 et quelques parlementaires (et d’autres) doivent remplir une déclaration sur l’honneur de leurs biens et revenus, il en reste une soixantaine dans le collimateur du fisc à Bercy dont la principale obsession, ces jours-ci, est de se mettre en règle pour éviter (et nous avec eux) de lire leur nom dans l’édition du Canard enchaîné de la semaine à venir.
Il n’en reste pas moins que les citoyens, contrôlés comme n’importe qui peut l’être, continuent de s’interroger sur le degré de conscience morale de ces élus imprudents, maladroits ou malhonnêtes. Qui croira que le député Carrez à l’origine des 30% de réduction (avant c’était 20) ne connaissait pas la loi ? Qui ?

Urbanisme et architecture à Louviers : attention aux idées toutes faites

Pendant le face à face Martin-Priollaud lors de la dernière campagne des municipales. (photo JCH)

J’avais précisé il y a quelques mois sur ce site qu’il faudrait attendre les premiers actes de la nouvelle municipalité lovérienne pour commencer à émettre un jugement. Il est évidemment encore un peu tôt pour être certain du type de politique conduite par François-Xavier Priollaud, par sa majorité et en accord avec la communauté d’agglomération dirigée par Bernard Leroy puisque la CASE semble ne pas rechigner à doter Louviers de moyens conséquents.
La suppression du projet de Futsal répond, selon le maire, à des critères d’ordre financier, alors que le projet rentrait dans le cadre plus large de l’Opération de rénovation urbaine et aurait bénéficié de subventions. Il s’agit donc plus d’un rejet de ce sport lui-même. Il était pourtant bien adapté aux volontés des jeunes du quartier et répondait à un besoin d’équipement structurant. On ne sait toujours pas par quoi cet équipement mort-né sera remplacé.
La lecture de la Dépêche nous permet, cependant, de mieux comprendre comment le maire veut associer les Lovériens aux décisions qu’il souhaite prendre de manière à partager la responsabilité. Il en va ainsi de l’avenir du centre-ville. En réunissant les commerçants et seulement les commerçants, pour connaître leurs désirs et poser leurs questions, le maire limite aux professionnels la connaissance du terrain et se prive sans doute de l’avis d’autres métiers et aussi de celui des chalands, tout de même intéressés par la circulation, le stationnement, le futur visage de Louviers. Je ne jurerais pas que les commerçants soient les mieux placés pour traiter des problèmes d’urbanisme et d’architecture, deux points essentiels à la formation du jugement.
On peut donc regretter que la nouvelle majorité ne s’entoure pas de l’avis de spécialistes et autres experts venant en complément du vécu des Lovériens et de tous ceux que notre ville attire. Il n’est ni indifférent ni sans conséquences durables pour le centre-ville de remettre la circulation dans la rue du Matrey actuellement piétonne et si oui, dans un sens ou dans l’autre. Mais cette décision mérite quelque attention et ne peut s’improviser. Il faut se méfier des idées générales et des aussi des idées toutes faites. La rue piétonne du Matrey n’était sans doute pas parfaite mais elle avait le mérite de permettre aux usagers du centre-ville de déambuler en toute sécurité et de flâner. La faire disparaître pour favoriser le retour des automobiles dans le centre va contre l’histoire.
Que le maire veuille par contre une halle couverte sur la place de la Halle aux Drapiers, pourquoi pas ? Mais attention, là encore, à ne pas faire n’importe quoi. S’il s’agit seulement d’un toit en tôles ondulées pour protéger le marché de la pluie, ce sera un peu court. Mais l’idée mérite d’être travaillée. Une commission d’urbanisme ouverte ne serait pas inutile.