24 octobre 2014

La Fondation Louis Vuitton : la volupté dans l'art moderne


Fondation Louis Vuitton
La fondation Vuitton a ouvert ses portes cette semaine. En présence de François Hollande, président de la République, Bernard Arnault a guidé ses invités dans un lieu aussi magique que voluptueux. A l’évidence, il n’y a pas que les journaux où LVMH publie ses publicités qui ont apprécié l’œuvre de Franck Gehry, l’architecte américain, auteur de projets majeurs pour l’art contemporain tels le musée Guggenheim de Bilbao.
Sis près de la porte Maillot, en lisière du Bois de Boulogne, sur des terrains du jardin d’acclimatation, l’immense voilier de Franck Ghery attire les regards et éveille la curiosité. Sans ignorer que Bernard Arnault, l’un des plus importants « capitaine » d’industrie, est aussi un collectionneur et un amateur avisé, sans méconnaître les noms des membres de son « écurie » artistique qu’il a donc intérêt à promouvoir, j’avoue qu’une visite patiente du nouveau musée parisien rassure sur le génie humain.

Lancé en 2001, le projet de Bernard Arnault a mis quelques années avant d’éclore. Au-delà des procédures judiciaires intentées par des riverains « effrayés » mais passéistes, au-delà du jugement de certains experts étonnés de « la décontextualisation » de ce grand vaisseau, l’œil et l’esprit ne peuvent être que conquis par la réussite indéniable de ce nouvel espace dédié à l’art sous bien des formes : peinture, sculpture, musique, photographie, films… et cette réussite se décline avec des formes et des matériaux inconnus au toucher ou à la lumière.
Il faut donc insister sur le travail des ingénieurs, des techniciens, des ouvriers du BTP, des artisans, et de l’équipe d'architectes entourant Franck Ghery, un ensemble d’hommes et de femmes concourant au même objectif : l’intégration d’un incontestable chef d’œuvre de l’art moderne dans un quartier de la capitale appelé à devenir un rendez-vous culturel majeur à Paris.
Le sourcier entravé de Thomas Schütte
Je serais bien injuste de ne pas rappeler que le président du jardin d’acclimatation n’est autre que Marc-Antoine Jamet, secrétaire général de LVMH. Il fut un guide attentif pour les personnalités invitées à découvrir la fondation en avant-première. Fleur Pellerin, ministre de la Culture avait, ainsi, précédé par une visite privée, le président de la République. Ce dernier vécut d’ailleurs une semaine culturelle intense puisqu’il fut également en charge d’inaugurer le nouveau musée Picasso tandis que Manuel Valls ouvrait officiellement la FIAC au Grand Palais. 

La fondation Vuitton ouvrira ses portes au public dès lundi 27 octobre et pour trois jours gratuitement. Je ne saurais trop vous encourager à vous rendre dans cet espace exceptionnel où le métal, le bois, le végétal, le verre et les œuvres des créateurs (1) se côtoient avec merveille.

(1) La fondation expose notamment les oeuvres de Gerhard Richter, Christian Boltanski, Bertrand Lavier, Ellsworth Kelly, John Giorno, Pierre Huyghe, Thomas Schütte, et des commandes passées à Olafur Eliasson, Janet Cardiff, Adrian Villar Rojas…

23 octobre 2014

L'exclusion ou la coercition ne permettent pas de résoudre un problème politique


Depuis plusieurs semaines, des élus zélés du Parti socialiste, soutiens inconditionnels de Manuel Valls et de sa politique, demandent à l’envi l’exclusion des commissions de l’Assemblée nationale ou, pire encore, du parti lui-même, d’opposants à cette politique ou de militants peu regardants sur le vocabulaire. L’exemple de Gérard Filoche, membre du bureau national du PS, et irrespectueux à l’égard de la mort de Christophe de Margerie, le patron de Total mort accidentellement ( ?) à Moscou, est le dernier avatar d’un comportement peu admissible dans un parti démocratique.
Le fait est que, depuis la nuit des temps, on sait qu’on ne résout pas un problème politique par la sanction ou la coercition. C’est même ce qui différenciait la gauche de la droite, laquelle préfère isoler, marginaliser les opposants ou tout simplement les réduire au silence.
Le problème posé au Parti socialiste et à sa direction est finalement assez simple : comment accepter que des positions antagonistes continuent de s’affirmer au sein de la même organisation ? Quand j’entends des élus de haut rang en appeler au « pragmatisme » (Valls) au « bon sens » (Leroux) au « modernisme » je m’inquiète. Car ces mots vides de sens ne font pas une politique.
La seule façon de résoudre un conflit devenu plus que latent — les votes récents des frondeurs et des écologistes le démontrent — est d’organiser un congrès, du moins pour les socialistes. C’est la seule façon de connaître la pensée majoritaire des militants dont on devine, depuis la primaire pour la présidentielle, qu’elle ne compte plus vraiment aux yeux des gouvernants. D’où les hésitations de Jean-Christophe Cambadélis et de François Hollande. Car le président ne peut se désintéresser de ce qui se passe au sein du principal parti de la majorité. Les prochaines élections cantonales serviront de sondage grandeur nature permettant de connaître l’avis des Français (et de la gauche) à l’égard de la politique suivie. Je sais aussi qu’on en appellera au temps long. Mais sans troupes, un général ne peut gagner la guerre à lui tout seul. Et le PS perd chaque jour de nombreux militants !

21 octobre 2014

Martine Aubry et les frondeurs ont deux ans pour empêcher le vote populaire d'aller chez Le Pen ou Sarkozy


Martine Aubry. (photo JCH)
Deux lignes s’affrontent au sein du Parti socialiste. Une ligne néo-libérale, défendue par Manuel Valls et assumée par François Hollande et une ligne sociale-démocrate dont Martine Aubry peut devenir la chef de file. Le prochain congrès aura pour tâche de départager les deux camps et c’est bien pourquoi Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire, tarde à en fixer la date. Il n’est pas sûr de son coup lui qui n’a pas été élu par les suffrages de l’ensemble des militants mais par le vote d’un conseil national, un vote de second degré en quelque sorte.
J’entends MM. Macron, Le Guen, Rebsamen, notamment, expliquer que la sociale démocratie à l’ancienne, c’est fini. Vieilles lunes et rêves insensés. Aujourd’hui, il faut être moderne et tourné vers le changement. Cela entraîne quelques dérapages sémantiques…« les illettrées de GAD » « Les chômeurs qui ne cherchent pas de travail » « my government is pro business » et le tout à l’avenant. J'imagine les ravages dans les rangs des sans emploi et des victimes des plans sociaux plus nombreux que jamais.
Je ne nie pas que parmi les électeurs de François Hollande se soient trouvés quelques centristes amusés par un François Bayrou ou Jean-Luc Benhamias. Mais il ne faudrait pas exagérer. Les électeurs(trices) de François Hollande et ensuite des députés de gauche (dont les écologistes grâce à Martine Aubry d’ailleurs) ont voté pour un programme bien plus à gauche que les actes et les décisions actuels du gouvernement. Manuel Valls avait recueilli 5 % des suffrages des Français lors de la primaire socialiste, ce qui en disait long sur le ressenti des militants et des sympathisants de gauche à l'égard de ses propositions mises en musique aujourd'hui. Le discours du Bourget a été écouté et compris pour ce qu’il était. Pas pour amuser la galerie et faire le contraire de ce que l’on a promis.
Que Martine Aubry monte enfin en première ligne est une bonne nouvelle pour ceux et celles qui l’ont soutenue en 2011 et au début de l’année 2012. Son interview dans Le Journal du Dimanche montre qu’elle demeure pugnace et volontaire. J’ai évidemment en tête sa petite phrase concernant François Hollande : « quand c’est flou il y a un loup » et rien dans le comportement du Président de la République n’a démenti cette amabilité quelque peu taquine.
Alors, ce congrès ? Les États généraux engagés actuellement vont permettre à la base de faire remonter son mécontentement. L’espoir est que Martine Aubry et les frondeurs soient suffisamment crédibles et convaincants pour empêcher le vote populaire de finir chez les Le Pen ou chez Sarkozy. Il reste deux années pour y travailler.

20 octobre 2014

Prétendre que Pétain a sauvé les juifs de France est un mensonge


Libé-soir du 15 août 1945 : Pétain sera condamné à mort
La réécriture de l’histoire est une spécialité de l’extrême droite et donc du Front national. Jean-Marie Le Pen ne veut pas qu’on modifie le nom de son parti puisque c’est lui qui l’a créé et a permis à sa fille d’enrichir le terreau existant, celui traditionnel de la xénophobie et de l’hostilité à la République. Je ne suis pas Serge Moati et je n’ai pas de précautions à prendre pour contester les visions déformées des Le Pen et autres Zemmour. Leurs oripeaux, toujours visibles au FN, sont destinés à les « couvrir » de leur antisémitisme historique et de leur islamophobie à la mode.
L’une des thèses (inepties ?) de Zemmour dans son livre fort médiatiquement encouragé est que Pétain et son régime ont sauvé de nombreux juifs français en…sacrifiant des juifs étrangers. Jean-Marie Le Pen, ce matin, a joint sa voix à ce discours qu’il juge courageux et sympathique. Ce n’est pas tous les jours qu’un journaliste, affirme-t-il, ose mettre en cause la doxa « établie » après la Libération de la France. Et puis Le Pen ne s’est-il pas rendu célèbre en affirmant qu’il préférerait toujours ses enfants à ses cousins et ses cousins à ses neveux etc. Qu’un Bousquet ou un Papon sacrifie des juifs allemands, autrichiens, polonais ou ukrainiens réfugiés dans le pays des droits de l’homme ne les émeut pas une seule seconde.
Le sauvetage des juifs français par Pétain et son régime est bien une fable. Plusieurs historiens de renom dont l’Américain Paxton, spécialiste de cette période de l’histoire de notre pays, contestent à 100 % les affirmations de Zemmour-Le Pen, ce dernier ayant à plusieurs reprises au cours des décennies récentes, nié l’existence des chambres à gaz ou voulu ignorer la destruction systématique des juifs d’Europe.
Les jeunes ou les Français peu intéressés par l’histoire pourraient, si on n’y prenait garde, gober ces discours pour ignorants. Depuis le « Hitler connais pas », la majorité des générations récentes ignore tout des années 30 et 40. Franco, Mussolini, Hitler…des noms pourtant accessibles dans tous les bons livres d’histoire avec leurs cortèges de malheurs, de souffrances, de barbarie…
Zemmour est un imposteur. Il faut le dénoncer comme tel. Qu’il vende son livre à des milliers d’exemplaires ne le rend ni plus ni moins sympathique comme le dit JMLP. Car un livre contenant des contre-vérités peut être vendu et acheté par milliers, cela ne le blanchit pas. Au contraire.