9 août 2014

Arnaud Montebourg ira-t-il jusqu'au bout de sa volonté réformatrice ?


Arnaud Montebourg au congrès du Mans. (photo JCH)
Arnaud Montebourg s’est emparé d’un rapport de l’inspection général des finances daté de mars 2013 et préconisant de revoir les conditions d’exclusivité dont bénéficient certaines professions dites réglementées. Il ne faut pas être grand clerc pour savoir que les notaires sont incontournables en cas de transactions immobilières ou que les pharmaciens sont les seuls à pouvoir délivrer des médicaments sur ordonnances. Plus étrange me semble être la situation très confortable des greffiers des tribunaux de commerce (ils seraient 124 en France) dont les émoluments sont véritablement extravagants eu égard au rôle qu’ils jouent.
Évidemment, les syndicats corporatistes et les ordres professionnels de certaines des 37 professions sont déjà montés au créneau. Les mêmes qui protestent contre la CGT par exemple quand le syndicat veut protéger des salariés des conséquences de mesures soit antisociales soit antiéconomiques. Des manifestations sont d’ores et déjà prévues pour l’automne alors que le gouvernement n’a pas encore délibéré et que les « menaces » évoquées par Arnaud Montebourg n’ont encore aucune forme juridique.
L’inspection générale des finances affirme qu’il y a du grain à moudre à réformer des professions très (trop ?) bien payées. Elle chiffre à 6 milliards d’euros le gain possible pour la collectivité et affirme que libéraliser certains secteurs et susciter de la concurrence ne pourront être que bénéfiques pour les Français(e)s.
Est-ce aussi simple qu’il y paraît ? Je veux bien croire qu’un opticien diplômé est assez qualifié pour estimer la vue d’un presbyte ou d’un myope. Il ne l’est pas pour un fond d’œil ou un calcul de tension optique. Un supermarché peut vendre de l’aspirine. Aura-t-il le salarié compétent pour en préciser les avantages et les effets secondaires ? La sécurité notariale française est réputée pour son excellence ? Je ne vois pas bien comment on pourrait créer une concurrence dans ce secteur sinon de revoir les honoraires de ces professions très…réglementées.
Je ne suis pas hostile aux réformes, bien au contraire. Notre pays souffre de pesanteurs, d’acquis, d’habitudes, souvent coûteux pour l’usager. Qu’un ministre courageux propose de revoir certaines pratiques, pourquoi pas ? Surtout en période de crise. Mais les réformes, pour être efficaces, doivent être comprises, admises, partagées. On a bien vu avec l’Ecotaxe ce qu’il advenait d’une forme de brutalité administrative. Il faut donc faire très attention aux effets d’annonces. Surtout si on est dans l’incapacité de les mettre en œuvre.

7 août 2014

La France n'est pas fonctionnariste : plaidoyer pour une fonction publique au service des citoyens


Les cheminots ne sont pas des privilégiés. (photo JCH)
Il existe un sport national en France visant à fustiger l’Etat, la fonction publique et ceux qui l’animent : les fonctionnaires. Les critiques mettent en cause une forme de non productivité, de laxisme, les emplois leur étant garantis à vie sauf assassinat ou crime organisé, ce qui est heureusement, fort rare. Les fonctionnaires appartiendraient, selon certains, à cette catégorie de salariés protégés par un statut valant CDI ad vitam aeternam. Oubliant par là même que les fonctionnaires valident leurs compétences par concours et formation continue tout au long de la vie.
Ces critiques considèrent que les professionnels de l’Education nationale ou les salariés de la SNCF, par exemple, bénéficient de privilèges : des vacances répétées, des heures de cours pas trop nombreuses, des voyages peu chers pour eux-mêmes ou pour leur famille, des retraites d’agents dits « actifs »  bien avant 60 ans. Ces « privilèges » ont été acquis au fil des décennies et dans l’intérêt des enfants, d’une part, ou de la relative faiblesse des salaires, d’autre part. Ce que l’on oublie trop souvent.

Parlons salaires justement : 2459 euros, c'est le salaire net moyen perçu en 2010 par un fonctionnaire de l'Etat. Le salaire médian (la moitié gagne moins, l'autre moitié plus) est de 2254 euros nets par mois. L'Etat emploie 44% du total des 5,23 millions de fonctionnaires, soit 2,3 millions de personnes. Ce sont les mieux lotis en termes de rémunérations. Leurs collègues de la fonction publique territoriale (1,8 million d'agents), ont perçu en moyenne, en 2010, 1800 euros nets par mois, avec un salaire net médian de 1616 euros. Les agents de la fonction publique hospitalière, au nombre de 1,1 million, gagnent eux en moyenne 2205 euros nets par mois, avec un salaire médian de 1883 euros. Peut-on dire, à la lecture de ces chiffres que les fonctionnaires, toutes catégories confondues sont avantagés alors que le point d’indice est gelé depuis trois ans et que seul le GVT (glissement vieillesse technicité) permet aux salaires de suivre l’inflation.
Les fonctionnaires sont mieux payés que les salariés du privé où le salaire mensuel net moyen s'élevait, en 2010, à 2082 euros. Le salaire médian, qui sépare la population des salariés en deux parties égales, était lui de 1675 euros. Donc oui, les fonctionnaires gagnent mieux leur vie que les salariés du privé, mais les fonctionnaires d'Etat seulement. Les agents de la fonction publique hospitalière ont un salaire légèrement supérieur, mais ceux de la fonction publique territoriale gagnent moins que les salariés du privé.  

Pourquoi ces différences ? Parce qu'il y a davantage de cadres dans la fonction publique que dans le secteur privé et que les salariés sont plus âgés dans la fonction publique que dans le privé, donc leur niveau de rémunération est plus élevé. Globalement, le secteur public propose par rapport au privé des salaires plus élevés pour les catégories les moins diplômées (ouvriers et employés) la fonction publique territoriale offrant néanmoins des niveaux de salaires relativement proches du secteur privé pour ces catégories. (1) 

Si je passe par cette digression, c’est aussi pour souligner que les agents de la fonction publique remplissent des tâches régaliennes irremplaçables et sans rapport avec un quelconque avantage pécuniaire : justice, culture, santé, police, armée, éducation, administration au sens large, etc. le tout au service des citoyens et de leurs besoins. Ils ne sont pas chargés de la production de biens ou de marchandises. Ils ne subissent pas la concurrence ou la loi terrible du marché des produits et des biens. D’ailleurs, les dirigeants du privé ont bien compris les avantages du système puisque les partenariats « public-privé » réalisés par l’Etat lui-même ou les collectivités rapportent gros aux grands opérateurs des secteurs marchands où l’Etat s’avère incapable d’agir : BTP et autoroutes pour ne citer que ces deux domaines.

Le rôle de l’Etat ? Les opposants des fonctionnaires dénoncent « la gabegie », les doublons d’emplois de certaines collectivités du millefeuille territorial, les emplois parfois fictifs de certains partis politiques, le manque de productivité. Tous ces reproches contiennent une part de vérité mais une part seulement. Si cette gabegie est de 5% des emplois, elle demeure dans la marge également recensée dans le privé.

Pour illustrer, une fois encore, le rôle prépondérant et irremplaçable de l’Etat, je vais m’appuyer sur un exemple récent pris dans un pays de l’Union européenne. Il s’agit du sauvetage de la banque portugaise Banco Espirito Santo, «coulée» par incompétence et impéritie d’agents du privé et qui vient d’être sauvée par l’Etat portugais et le mécanisme européen d’union bancaire. Ce sauvetage démontre le rôle fondamental joué, aujourd’hui, par les états et l’Europe dans l’équilibre économique des banques soumises à des crashes test permanents (mais un peu trop faciles à contourner). La nouveauté, c’est que cette fois, les actionnaires (et non les contribuables) paieront les pots cassés ! On leur imputera les créances pourries tandis que les déposants (vous et moi) verront leurs dépôts garantis. D’où les mauvais résultats actuels du Crédit agricole, actionnaire à hauteur de 14,5% de cette banque de Lisbonne ! Les actions de Crédit Agricole chez BES valent dorénavant zéro euro : bravo les banquiers avisés !

Je sais bien qu’une tendance « moderne » souhaite privatiser les bénéfices et collectiviser les pertes ! Mais la crise de 2008-2009 a instruit les gouvernements européens, lesquels avancent (lentement) vers une moralisation de la vie financière et une plus grande responsabilité des banques. On n’en est pas encore à la séparation claire et nette des activités spéculatives et des activités de dépôt mais on avance. La solution adoptée au Portugal aurait pu, aurait dû être proposée en Grèce, en Italie, en Espagne, en Irlande…partout où les défaillances bancaires ont nui à l’économie.

En conclusion, je me permets de souligner l’importance du rôle des fonctionnaires pour la bonne marche d’un état de droit, civilisé et respectueux de la dignité humaine. De même, je continuerai de défendre, malgré les défauts et les ratés inévitables dans toute société démocratique, la nécessaire régulation des activités lucratives. Je ne dirais pas, comme François Hollande, que l’adversaire c’est la finance, disons qu’elle n’est pas forcément l’amie de tout le monde.
(1) étude publiée par un journal économique.

6 août 2014

Les trois sénateurs sortants de l'Eure ont plus d'un tour dans leur…urne.


Ladislas Poniatowski (a dr) pourrait bien empêcher Nicole Duranton (à gauche sur la photo) d'être élue sénatrice de l'Eure.
Les candidats UMP-UDI au Sénat ont plus d’un tour dans leur…urne. J’ai lu récemment que trois candidats sortants de l’UMP élus dans un département dorénavant doté de la proportionnelle et donc contraints de respecter la parité avaient trouvé la parade pour contourner la loi. Alors qu’une liste de droite normalement constituée devrait comporter un homme, une femme, un homme ou une femme, un homme, une femme, les hommes sortants ont décidé de présenter trois listes différentes, eux-mêmes étant évidemment têtes de liste.
Partant du principe que la gauche n’est pas dangereuse dans le département où ils se présentent, nos trois vaillant sénateurs, forts critiques à l’égard de la parité et surtout très attachés à leurs mandats et leurs privilèges, considèrent qu’il n’y a pas de place pour le changement ni pour le renouvellement des cadres. Surtout s’il s’agit de femmes.
Le pari qu’ils font est très simple. Compte tenu du rapport de forces politiques dans leur département, les trois élus UMP comptent être réélus s’appuyant sur le mode de calcul des sénatoriales…
Je me demande si les trois sénateurs sortant de l’Eure n’ont pas fait le même calcul mais sans qu’ils aient l’honnêteté de le reconnaître publiquement. MM. Maurey, Bourdin et Poniatowski s’apprêtent en effet, à présenter des listes distinctes espérant interdire à la gauche et donc à Bruno Questel, candidat socialiste, de gagner un siège. Les résultats des dernières municipales ont favorisé nettement la droite et on ne peut pas exclure un grand chelem bénéficiant à l’UMP-UDI, le font national ne jouant que les utilités dans l’Eure.
Sous un apparent désaccord, les sénateurs de droite sortants sont bien capables d’être réélus et d’empêcher Nicole Duranton, responsable de l’UMP protégée de Bruno Le Maire, de devenir sénatrice de l’Eure. Nous allons suivre ce feuilleton avec attention.

4 août 2014

Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l'ONU, demande que cesse « cette folie »…à Gaza


Le poids des mots, le choc des photos. Cette devise de Paris-Match s’impose de plus en plus avec les chaines d’information en continu et le compte rendu permanents des envoyés spéciaux sur les théâtres d’opérations guerrières. A Gaza, chacun souffre avec une population fragilisée, abandonnée, martyrisée. Pour que Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l’ONU, demande que cesse « cette folie » de la part de l’Etat d’Israël, proteste publiquement après les attaques contre les centres de réfugiés de l’ONU, soit rejoint par les Etats-Unis affirmant que les attaques aériennes indiscriminées sont une « honte », on sent bien que l’opération militaire israélienne est sur le point d’atteindre ses limites.
Prenant prétexte de l’assassinat horrible des trois jeunes adolescents israéliens, Benjamin Netanyahou, le premier ministre faucon de l’état hébreu a lancé une guerre terrible (près de 1700 morts palestiniens dont les deux tiers de civils, des milliers de blessés) sans mesurer précisément le coût humain de l’agression et sa perte de crédibilité internationale.
L’extrême droite israélienne est au pouvoir et cela se voit. Pas de compromis, pas de cessez-le-feu, pas de recherche de paix, pas d’arrêt de la colonisation en Cisjordanie…les services secrets israéliens sont allés jusqu’à écouter les conversations téléphoniques de John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, lors de ses rencontres destinées à ouvrir un nouveau chemin en avril dernier, le tout voué à l’échec. Voilà ce qu’il en coûte quand des états policiers prennent en main le destin des peuples. Les Américains n’ont pas officiellement réagi, et pour cause, dans ce domaine ils ne donnent pas le bon exemple.
François Hollande, aujourd’hui en Belgique, à l’occasion des cérémonies du centenaire de la guerre de 1914, presse l’Europe de prendre des initiatives pour stopper le carnage. Que ce soit en Libye, en Syrie, à Gaza…des hommes, des femmes, des enfants, meurent pour cause de fanatisme ou de nationalisme. Mais que peut l’Europe sans l’ONU ? Que peut l’ONU sous la menace permanente du veto américain ou russe ? L’impuissance des Européens est un drame.

3 août 2014

Qui peut m'aider à identifier cette plante aux senteurs agréables ?


Des amis se sont vu offrir cette plante mais ils en ignorent le nom. Un lecteur ou une lectrice de ce blog pourrait peut-être les aider à identifier cette fleur qui, à leurs dires, sent très bon et attire nombre d’insectes et papillons amateurs de nectar.
Si quelqu’un identifie le végétal, je le remercie de m’adresser son information sous la forme d’un commentaire que j’aurais plaisir à publier.Et à communiquer à mes amis. Merci d'avance.

Réponse au blogueur qui m'accuse de conserver un silence « socialiste » coupable sur le dossier de l'autoroute A 28-A13


Le plan ayant servi à l'information du public.
Un confrère blogueur m’interpelle au sujet de ce qu’il appelle mon silence de « socialiste ». Un silence sur le débat créé autour du projet de contournement est de Rouen qui a suscité une levée de boucliers en Seine-Maritime et dans l’Eure, notamment à Léry, Incarville et Val-de-Reuil, communes plus impactées que d’autres. Ce silence n’est que relatif car j’ai déjà publié des appels à manifester au nom de « non à l’autoroute ». Ce que veut mon confrère c’est que je rejoigne la cohorte des opposants selon la formule célèbre : les petits ruisseaux font les grandes rivières.

Avant d’entrer dans le fond du sujet, je dois d’abord rappeler que s’il est vrai que je suis membre du PS — je n'en ai aucune honte même par les temps qui courent — je ne suis aucunement le porte-parole de ce parti sur mon blog, lequel demeure un espace de totale liberté personnelle. Je publie ce que bon me semble et ne subis ni pression ni injonction. Cette précision me paraît nécessaire dans la mesure où elle me permet de me situer, parfois, en marge des positions et des actions du Parti socialiste et du gouvernement actuel dont je n’approuve pas toutes les orientations.

Cela étant dit, la création ex nihilo d’une autoroute à quatre voies d’une quarantaine de kilomètres entre Isneauville au nord de Rouen et Incarville au sud, entraînera diverses conséquences sur les espaces naturels, sur les trafics de véhicules lourds ou légers et sur le mode de vie d’habitants situés près de la nouvelle voie potentielle sans oublier l’aspect financier puisqu’on sait que cette autoroute nouvelle sera concédée (donc à péage) à un grande groupe du BTP dont on connaît les marges bénéficiaires et l’appétit glouton.

Pourquoi une nouvelle voie à l’est de Rouen ? L’étude technique des services de l’Etat affirme qu’elle aura vocation à recueillir le trafic nord-sud des centaines de poids lourds qui transitent actuellement par la ville de Rouen. « Le projet devrait intéresser entre 20 000 et 30 000 véhicules-jour. » La fermeture du pont Mathilde (réouverture début septembre ?) démontre bien la nécessité de « fluidifier » le trafic eu égards aux nombreux bouchons et déviations constatés depuis l’accident de la Saint-Romain 2012.

A l’origine — c’était dans les années quatre-vingt — les techniciens des services de l’Etat avaient exprimé la nécessité de créer une sorte de rocade autour de Rouen afin de désengorger les quais et de favoriser la traversée nord-sud de la capitale normande avec plus d’aisance notamment pour les poids lourds. Avec le temps, le projet a évolué pour devenir ce qu’il est : un contournement de Rouen éloigné de la ville, perdant sa fonction de rocade pour devenir un axe structurant destiné à irriguer les bassins de vie et d’emplois et également de désenclaver la vallée de l’Andelle grâce à un échangeur complet avec le CD 321.

L’état institutionnel actuel du dossier est le suivant : la Région est favorable à la création de cette autoroute, tout comme les Départements de Seine-Maritime et de l’Eure. La bande des 300 mètres dans laquelle s’intègrera le tracé définitif est acquise. L’Etat, n’ayant plus un sou en caisse, a choisi la voie de la concession « seule solution permettant la réalisation d’un seul tenant, dans un calendrier maîtrisé, d’un équipement offrant un haut niveau de service. En contrepartie de son investissement initial pour la construction, l’exploitation et l’entretien de l’autoroute, le concessionnaire sera autorisé à percevoir des péages. »
Une étude sérieuse démontre que le coût des péages est trop élevé en France. « Les tarifs des sociétés autoroutières ont encore progressé de 1,14% cette année après avoir grimpé de 2,5% en 2013 et de 2,01% en 2012. La hausse du ticket autoroutier demeure supérieure à l'inflation. Entre 2007 et 2012, les péages ont augmenté de 11%, alors que l'indice Insee des prix à la consommation n'a progressé que de 8,5%. Et encore cette moyenne cache-t-elle de grandes disparités…certains tronçons atteignent aujourd'hui des records. L'A65 entre Bordeaux et Pau : 22 euros pour 150 kilomètres. Les 15 kilomètres de l'A14 : 8,20 euros le dimanche soir. Quant au tunnel "Duplex" de l'A86, en banlieue parisienne, il est facturé 10 euros pour 10 kilomètres. » Si l'Etat fixe en théorie les hausses tarifaires, il est en réalité dépendant de quelques grands groupes depuis qu'il leur a cédé, il y a huit ans, les sociétés d'autoroutes : les français Vinci (propriétaire d'ASF, Escota et Cofiroute) et Eiffage (APRR et Area) et l'espagnol Abertis (Sanef et SAPN) détiennent les trois quarts du réseau autoroutier français.

Dans quelles poches ont atterri les 9,24 milliards d'euros générés par les péages français en 2013 ? Selon Vinci Autoroutes, les sociétés contribuent directement aux finances publiques à hauteur de 4 milliards d'euros sous forme de TVA (1,7 milliard), d'impôt sur les sociétés (1,18 milliard), de redevance domaniale (250 millions), de taxe d'aménagement du territoire (584 millions) et de contribution économique territoriale (280 millions).
Chaque année, 1,6 milliard d'euros sont dépensés dans les charges liées à l'exploitation des autoroutes ; 1,8 milliard, dans la modernisation, l'intégration environnementale et le développement des réseaux autoroutiers. Le reste, 1,8 milliard d'euros, constitue les juteux bénéfices des groupes exploitants...» (1)

Les services de l’Etat mettent également en avant les bénéfices tirés des échangeurs créés avec la RN 31, La RD 6014, La RD 95, la RD 321, La RD 6015 et la zone d’activité Seine-Sud. Ils vantent l’attractivité des zones d’emplois alentour notamment autour d’Alizay et Val-de-Reuil et donc de la CASE. Je signale au passage que Bernard Leroy, le nouveau président de cette assemblée d’élus veut la création d’un échangeur complet à Heudebouville et se déclare prêt à financer les travaux puisque la SAPN fait la sourde oreille…comme d’habitude.

Au cours des réunions publiques organisées récemment, les détracteurs — les écologistes, le NPA, des sans cartes et sans partis membres des associations de défense de l’environnement — s’opposent par centaines au principe même de la création d’autoroutes. Ce n’est pas le cas des élus opposés à « CETTE » autoroute-là et à son tracé actuel à Léry et Val-de-Reuil par exemple. Certains d’entre eux exigent des protections environnementales fortes sans rejeter, a priori, l’outil autoroutier. Ils demandent également des garanties pour les habitants qui vont être soit privés de leur habitation soit amputés de leur outil de travail. Ce pourrait être le cas des Transports Leloup à Incarville.

Je pense aussi à la disparition de surfaces cultivables et aux hectares de forêts artificialisés avec les conséquences environnementales non négligeables sur l’écoulement des eaux de surface. La création d’ouvrages d’art importants pour rejoindre le carrefour des Vaches et passer au-dessus de la Seine en amont de Pont-de-l’Arche soulève d’autres questions sans réponse précise en l’état actuel du dossier.

Le coût total des travaux est estimé (en 2014) à environ 1 milliard d’euros. La mise en service interviendrait en 2024. L’enquête publique officielle se déroulera en 2015 et 2016 avant le choix du concessionnaire en 2016-2017 et le lancement des travaux en 2019. Encore faut-il que le ministre des transports valide le dossier en cours dès que sera connue la synthèse des réunions publiques et contradictoires récentes.

En l’état actuel du dossier, je ne me prononcerai pas pour ou contre l’autoroute A28-A13. L’affaire du train en vallée d’Eure, si présente dans le débat lors des cantonales 2008 (et qui a disparu de l’agenda comme par enchantement) m’a appris à être prudent avec les dossiers d’infrastructures. Si un conflit doit être mené — pourquoi pas ? — il faut qu’il le soit sur des bases précises, concrètes, argumentées, définitives. Dire non à TOUTES les autoroutes n’est pas ma position. Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil, considère que la négociation, les contre-propositions, le rapport de forces en un mot, sont utiles pour défendre l’intérêt général. Je suis aussi sur cette position.

Je ne sais si, ce faisant, j’aurais donné satisfaction à mon interpellateur, en tout cas, j’ai tenté de lui apporter un début d’explication. Sur un début de dossier.

(1) étude parue dans Le Nouvel Observateur qui me sert de source.