11 juillet 2014

Conflit israélo-palestinien : le président de la République devrait peser ses mots


Cent morts. 670 blessés côté palestinien. Les attaques de l’armée israélienne contre les habitants de la bande de Gaza élargissent encore — comme si c’était possible — le fossé séparant l’état d’Israël du futur état palestinien. « La Paix maintenant » du nom d’un mouvement israélien réaliste et humaniste n’est pas pour demain ni après-demain. D’ailleurs on ne les entend plus beaucoup les partisans de la paix !
Que l’assassinat des trois jeunes adolescents israéliens soit plus que condamnable et cause des troubles graves, cela peut se comprendre. Qu’un jeune palestinien soit brûlé vif par des barbares extrémistes religieux juifs est également plus que condamnable et l’envie de vengeance s’explique. Mais tout cela mène à quoi ? Vers quel débouché ? Vers quelle solution : la guerre !
C’est bien pourquoi on se demande ce qui a poussé notre président de la République, François Hollande, à publier un communiqué condamnant unilatéralement le Hamas alors que ses prédécesseurs — excepté Sarkozy peut-être — avaient scrupuleusement veillé à maintenir un certain équilibre entre les parties sous peine d’être discrédité lors des négociations futures, inévitables pour parvenir à une forme de cohabitation raisonnable. Le président, conscient de sa gaffe, a tenté de corriger le tir, hier, mais le mal est fait.
La France ne peut avoir qu’une seule attitude dans le conflit israélo-palestinien : un équilibre permanent tenant compte des intérêts des deux états actuel et futur : la sécurité pour Israël dans des frontières sures et reconnues, un état palestinien indépendant comprenant Gaza et la Cisjordanie sans la colonisation à outrance actuellement conduite par les gouvernants extrémistes israéliens.
Le Hamas, d’un côté et le gouvernement israélien actuel sont animés par des faucons. Aucun d’entre eux ne veut sincèrement construire la paix ni passer de compromis. Il faudra donc l’intervention d’un tiers ou de plusieurs tiers : Etats-Unis, ONU, Union européenne, Russie…mais le temps de la négociation n’est pas venu. Tant que la haine — « la colère des faibles » — prendra le pas sur le dialogue et l’écoute de l’autre, rien ne sera possible. Raison de plus pour peser ses mots.

Robert Ménard, le nouveau maire de Béziers, est un immense provocateur


Robert Ménard, le nouveau maire de Béziers, serait-il plus extrémiste encore que ne l’est le Front national lui-même ? S’il se réclame de la couleur bleu Marine, il revendique son origine pied-noir et surtout sa descendance oranaise région connue pour ses drames lors de la lutte pour l’indépendance. Ménard aime faire part de la sa nostalgie de petit blanc chez les sauvages ! Pour preuve la commémoration avec écharpe tricolore et drapeau bleu blanc rouge devant la stèle érigée à Béziers, en mémoire de quatre membres de l’OAS (http://ldh-toulon.net/OAS-Organisation-Armee-Secrete-par.html) fusillés pour des crimes et des attentats terroristes.
A maintes reprises, les élus de gauche de la région, dont les communistes, ont demandé au maire de Béziers ancienne formule (UMP) de ne pas honorer ces membres de l’Organisation de l’armée secrète engagés dans une lutte suicidaire qui n’avait d’autre but que d’empêcher toute relation future entre la France et le nouvel état. Rien n’y a fait. C’est si vrai que le candidat UMP à la mairie de Béziers lors des dernières municipales avait tenu à être présent à la cérémonie des nostalgiques des colonies aux côtés de Ménard. C’est dire si le vote des « rapatriés » — comme on disait en 1962 — compte beaucoup dans cette région. L’UMP se réclame encore d’un Gaullisme dont le chef (le général de Gaulle) a été victime d’un attentat perpétré par l’OAS !
Les quatre membres de l’OAS dont les noms figurent sur la stèle se sont battus pour une Algérie française éternelle et ont soutenu ceux qui tuaient et assassinaient comme ils ont eux-mêmes tué et assassiné. Dans la région de Louviers, nous rappelons aussi souvent que possible la mémoire de Maxime Marchand, inspecteur d’Académie au sein de l’Education nationale, assassiné à El Biar par les tueurs de l’OAS avec divers collègues algériens. Le crime de Maxime Marchand, originaire de Montaure : espérer une indépendance pour une Algérie…algérienne. Il est de ces hommes qui ont soutenu les combats des indépendantistes algériens et le 10 juillet 2012, j’ai publié sur ce blog des textes racontant en détail l’action de Maxime Marchand. Si une mémoire doit être honorée c’est la sienne et pas celle des desperados d’une cause qui ne fit couler que le sang et les larmes.

9 juillet 2014

Jacques Toubon confirmé comme Défenseur des droits


J’étais de ceux — et je continue de l’être — qui s’opposaient à la nomination de Jacques Toubon comme défenseur des droits. L’ancien ministre de la justice de Jacques Chirac ne présentait pas un CV exempt de taches même si les faits politiques qu'on peut lui reprocher remontent à quelques années. Je n’ai pas souvenir, par exemple, que Jacques Toubon ait associé son nom à une loi  rendant les procureurs indépendants du pouvoir politique ou à un texte permettant à des condamnés de bénéficier de sanctions autres que les peines de prison. Autrement dit, Jacques Toubon était un fervent partisan de ce qu’on appelait la tolérance zéro et un ministre adepte de mesures particulièrement coercitives.
Le défenseur des droits « est une autorité constitutionnelle indépendante. Unique en son genre, elle est chargée de veiller à la protection de nos droits et de nos libertés et de promouvoir l’égalité. » Je me demande vraiment si Jacques Toubon est la bonne personne et correspond au profil de responsable d’une institution qui regroupe les missions du Médiateur de la République, du Défenseur des enfants, de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité (HALDE) et de la Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité (CNDS). Excusez du peu !
L’ancien ministre a été entendu par les commissions des lois de l’Assemblée nationale et du Sénat. J’ai ouï dire qu’il a été convaincant et habile, corrigeant quelques erreurs factuelles le concernant et plaidant la possibilité de changer ou d’évoluer avec le temps. Il reste que la majorité des 3/5e des parlementaires qui aurait pu l’empêcher d’être désigné n’a pas été atteinte. Des députés et sénateurs de gauche ont donc accepté la nomination d’un homme proposé par François Hollande, Président de la République, qui voulait un successeur de droite à Dominique Baudis, homme de droite également.
Il va de soi que la nomination de Jacques Toubon étant devenue officielle, le nouveau défenseur des droits sera particulièrement observé par les associations dont les objectifs sont de protéger nos libertés et d’agir pour les faire progresser. Je demeure persuadé qu’il existait, à gauche ou ailleurs, un homme ou une femme dont le profil correspond mieux et plus à ce qu’on attend d’une personnalité forcément exemplaire.

On peut comprendre que le militant de base de l'UMP voit rouge !


Jean-François Copé. (DR)
J’ai mis longtemps avant d’adhérer à un parti politique. J’avais 60 ans lorsque j’ai pris ma première carte de membre du PS. Ces décennies de militantisme actif (avec des hauts et des bas) sur le plan municipal et lors des élections décisives sous cette 5e République m’avaient appris à relativiser l’importance du militant de base sur les choix et les orientations des partis politiques. D'où une certaine suspicion. Qu’il participe au congrès, qu’il vote des motions (de synthèse ou non) qu’il appartienne à tel ou tel courant, qu’il colle et distribue nuit et jour, qu’il rédige des textes ou des communiqués n’a, au fond, aucune espèce de valeur aux yeux des ténors des partis et des élus choisis parmi eux. Les militants sont indispensables mais leur opinion importe peu. Ou pas.
Appartenir à un parti politique nécessite donc soit une grande modestie, soit une énorme ambition. Modestie dans la capacité à peser, ambition dans la volonté de réussite d’une politique. Mais si vous n’êtes pas élu, vous ne comptez pas. Et cela a toujours été vrai même au temps du Comité d’action de gauche de Louviers au sein duquel les apparences permettaient de penser (et de croire aussi) qu’un militant ou un élu avait la même valeur. Ce n’était évidemment pas vrai car être élu transforme les hommes et les femmes bénéficiant d’un mandat. Celui-ci les responsabilise individuellement et collectivement, d’où un sentiment de « puissance » et de pouvoir qui transforme la démocratie la plus éclatante en clan ou en groupuscule.
Les affres de l’UMP éclairent d’un jour sombre les pratiques et les habitudes d’un grand parti de gouvernement de droite. L’audit rendu public hier soir par le triumvirat dirigeant de l’UMP chiffre le déficit à près de 80 millions d’euros et met au jour des pratiques douteuses s’agissant des largesses et des avantages financiers obtenus par certains et certaines. De Mme Copé à Rachida Dati, de Geoffroy Didier à Marc-Philippe Daubresse, de Jérôme Lavrilleux à Eric Césari, la liste est longue des notes de téléphone, des voitures dites de « fonctions », des salaires mirobolants payés par les adhérents, les fonds publics ou par les assemblées puisque Mme Copé, non contente de se faire payer ses billets d’avion par l’UMP, est également assistante parlementaire de son mari… pour des conseils…le soir sur l’oreiller ?
24 000 euros par ci, 10 000 euros par là, 8 500 euros encore par là…600 000 euros de salaires annuels (charges comprises) pour les quatre responsables UMP autour de Copé avant qu’il ne démissionne. Et lui qui annonçait des propositions de loi sur la transparence. Et sans rire.
J’ignore si au Parti socialiste, on pratique de même. J’espère que non. Je sais bien que le népotisme régional ou départemental a déjà sévi mais les élus de gauche semblent avoir des scrupules (encore que…) que n’ont pas toujours des élus de droite même si je sais que la plupart d’entre eux sont honnêtes.
Revenons au militant de base, de droite par exemple. Le brave petit soldat regarde le spectacle parisien de la rue de Vaugirard (1) avec consternation. Il se dit que si les idées ne marchent pas toutes seules, elles nécessitent des hommes et des femmes pour les porter. Que la démocratie a un coût. Qu’il est légitime que les fonds publics rémunèrent les partis qui concourent à l’expression des idées et du suffrage. Mais de là à se goberger, à posséder trois téléphones portables (comme M. Copé) à payer les doubles facturations de Bygmalion ou les amendes de M. Sarkozy, es qualité, le militant de l’UMP voit rouge. Et ce n’est pas tous les jours.
(1) Adresse du siège de l'UMP à Paris.

Les roux et les rousses sont-ils (elles) appelé(e)s à disparaître ?


(DR)
« Il est né roux, il vivra roux ». Jean Cocteau. Mais dans quelques centaines d’années, au rythme du changement climatique, la planète portera-t-elle encore ces roux, nombreux en Ecosse (13 % de la population) mais si clairsemés dans la population mondiale (1 à 2 %). Un blog du journal « Le Monde » nous apprend, en effet, que les roux aux yeux bleus auraient vu le jour, au cours de l’évolution, pour tirer profit — dans les régions froides donc peu ensoleillées — du maximum de bienfaits des rayons de notre étoile préférée. Ils seraient porteurs d'un agent pigmentaire particulier et bénéfique à condition, bien sûr, de ne pas en abuser.
Avec le réchauffement climatique, certains experts (en dermatologie ?) estiment que la nécessité d’avoir la peau blanche et les cheveux roux ainsi que les yeux bleus ne répond plus à des besoins essentiels. En conséquence de quoi, l’évolution inéluctable conduira à la disparition des roux et des rousses de la surface de notre planète.
Déjà, les banques de sperme ont réduit leur stock à leur plus simple expression, puisque, affirment les commerçants de la fécondation, les couples stériles ne demandent pas du sperme de roux. Cette couleur de cheveux, pas toujours facile à porter, a donné naissance à tant de légendes et tant de stigmatisation au cours des siècles que des clubs de roux et de rousses se sont créés (auxquels je n’adhère pas) pour défendre la spécificité de ces taches de rousseur mises à la mode par des publicitaires en recherche d’originalité.
Je ne vais pas me livrer à une forme de prosélytisme en faveur de la roussitude. Mais si ces populations (minoritaires certes) disparaissent, c’est un peu de la diversité humaine qui disparaîtrait et ce serait très dommage. Il n’est pas certain — nous ne serons plus là pour le savoir — que cette prédiction se réalise. 
Le réchauffement climatique, s’il est inéluctable aura d’autres conséquences, moins colorées sans doute, mais plus dramatiques pour les sociétés humaines, notamment celles qui vivent au niveau de la mer…qui continuera de monter pour les roux et les autres.

7 juillet 2014

L'état « délabré » des voies ferrées françaises est-il général ?


Lors de la construction de la gare de Val-de-Reuil. (photo d'archives JCH)
Moi qui croyais que Seule Margareth Thatcher et la privatisation du réseau britannique de transport par train étaient susceptibles de créer un vrai danger pour les passagers. Le rapport des deux experts appelés à enquêter après l’accident de Brétigny est accablant. Il a été publié aujourd'hui. En France, en 2013, à quelques kilomètres de Paris, une ligne hyper utilisée se trouvait dans un état de « délabrement » avancé ! Vous avez bien lu. Les experts affirment que la voie, l’éclisse, les boulons et le reste, étaient dans un état de « délabrement ». On se croirait dans un état sous-développé. Sauf que l’accident ferroviaire a fait sept morts et plusieurs blessés et qu’un train roulant à 137 km/heure a déraillé.

Les dirigeants de la SNCF et de RFF protestent. Ils contestent le rapport des experts (qui ont décelé 200 anomalies !) et affirme que la sécurité des passagers dans les trains français est d’un haut niveau. Ce n’est pas le sentiment du secrétaire d’Etat aux transports qui met en cause le mauvais entretien des voies et exige qu’on rattrape le retard dans l’année à venir.

Thierry de Montbrial, l’avocat de deux familles victimes lors de l’accident, souhaite la mise en examen de la SNCF, personne morale, et celle des agents chargés de surveiller les voies dont la responsabilité individuelle devrait être, selon lui, recherchée. Il se trouve qu’un jeune homme de 25 ans a, quelques jours avant l’accident, inspecté les aiguillages et les rails sans remarquer quoi que ce soit d’anormal. C’est du moins ce qu’il a déclaré aux enquêteurs. Les experts, dans leurs propositions insistent pour que des techniciens formés, de bon niveau, soient affectés à ces tâches de contrôle visuel et manuel, parfois.

Que demandons-nous, nous les usagers ? Qu’un service public digne de ce nom soit apte à répondre aux besoins et aux nécessités. Des trains confortables, en bon état, des voies entretenues (pas seulement celles des TGV) des prix de billets accessibles (on a des Val-de-Reuil-Paris à près de 20 euros !) des gares accueillantes et des agents courtois sans oublier un cadencement conforme aux besoins. Dans un grand pays comme la France, on peut s’attendre à ces prestations. En 2019, la concurrence étrangère roulera sur nos voies ferrées. Encoure faudra-t-il qu’elles soient aux normes et sécurisées.



6 juillet 2014

Plaidoyer pour Daniel Mermet et Alain Veinstein écartés du service public radiophonique


Olivier Poivre d'Arvor, le directeur de France-Culture (photo JCH)
Mathieu Galet, le nouveau directeur de radio-France, semble animé d’un grand de besoin de jeunisme. Cela passe, malheureusement, par l’éviction des anciens quel que soit, semble-t-il, l’attachement des auditeurs à des animateurs et des émissions bien ancrées dans l’esprit public. On assiste, sans trop de remous d’ailleurs (1), à la suppression dans la grille de rentrée de France-Inter, par exemple, d’émissions aussi emblématiques que celle de Daniel Mermet « là-bas si j’y suis ».
Je souhaite m’arrêter un instant sur cette suppression dont les raisons ne sont pas aussi simples ni bonhommes qu’il y paraît. Daniel Mermet est de ceux qui remuent les consciences, posent les bonnes questions, soulèvent les vrais problèmes. Autrement dit, Daniel Mermet fait de la politique et c’est bien ce qui est en cause dans la volonté de la direction de la radio de faire taire l’animateur et tous ceux et toutes celles qui lui faisaient confiance. L’intérêt de l’émission de Mermet, au-delà de l’originalité de l’animateur, tenait dans ce qu’elle était ouverte aux gens et au monde. Avec lui pas de frontières, pas de barrières sociologiques ou ethniques. En compensation, on lui aurait proposé une émission au rythme…de l’oubli et tard dans la soirée. Ce qu’il a jugé (et nous avec) inacceptable.
Comme le rendez-vous d’Alain Veinstein sur France-Culture qui durait depuis trois décennies. Olivier Poivre d’Arvor a même refusé de diffuser la dernière émission d’un monsieur fort respectable, au prétexte qu’il s’agissait d’une introspection d’un homme blessé, Veinstein lui-même. L’auditeur, selon OPDA n’aurait que faire des sentiments personnels de ceux qui ouvrent les micros. Je crains que M. Poivre d’Arvor ne fasse fausse route. Nous sommes intéressés par la vie et le vivant et donc par la subjectivité des producteurs et des hommes et femmes de radio. Quoi de plus intéressant à écouter que les blessures même narcissiques d’un homme qui tient le micro à minuit depuis des lustres. J’ose dire qu’il s’agit d’un devoir de la part de cet homme-là de nous dire à sa façon pourquoi on le prive de parole et d’interlocuteur puisque tout son art tenait dans la rencontre avec quelqu’un. Il a protesté contre la censure de sa dernière causerie. Je le soutiens.
Il faut, bien sûr, permettre à des talents naissants de s’exprimer. Il est du devoir des responsables d’un service public de jouer le renouvellement et la surprise. Faut-il pour autant sacrifier des emblèmes ou des symboles d’un art radiophonique qui ne s’acquiert pas en un jour ?
(1) Une pétition de soutien à Daniel Mermet circule. Signons-la tous.