7 juin 2014

La coupe du monde de football au Qatar en 2022 fait tousser


Sepp Blatter au centre avec l'émir du Qatar.
La Qatar est un petit pays par la taille mais grand par ses richesses. S’ils compte plus de 2 millions d’habitants, seuls un peu plus de 200 000 d’entre eux bénéficient de la citoyenneté et par conséquent d’un avantage considérable puisqu’ils ne paient ni taxes ni impôts. Cette richesse provient du pétrole et du gaz. Cela permet au gouvernement qatari de racheter des hôtels de luxe en occident, des équipes de football et de financer une grande chaîne de télévision et les Frères musulmans ainsi que, pense-t-on, des groupes salafistes pas du tout fréquentables par ailleurs.
Parlons un peu sport. Comment a fait ce pays où il fait 50° l’été (à l’ombre) pour obtenir l’organisation de la coupe du monde de football en 2022 qui se joue en été après la fin des championnats européens, notamment. L’un des responsables du pouvoir qatari a été déclaré persona non grata et à vie au sein de la prestigieuse fédération mondiale de football que dirige Sepp Blatter. Il est maintenant acquis que les pétrodollars ont servi à acheter des membres de la FIFA et c’est bien grâce à la corruption (5 millions de dollars tout de même) que les Qataris ont peu lever les bras en l’air et organiser un feu d’artifice pour fêter la victoire.
Depuis les fusées sont retombées. La situation des travailleurs étrangers employés sur les chantiers de construction des stades est dramatique. Ils accomplissent leur tâche dans des conditions matérielles dignes d’un esclavagisme moderne : passeports retirés, horaires déments, salaires de misère, chaleur étouffante et hébergement plus que précaire. La FIFA s’interroge — mais un  peu tard — sur l’opportunité de jouer en été alors même que les Qataris proposaient de climatiser les stades, une aberration écologique absolue. On jouera donc sans doute en hiver avec des conséquences fâcheuses sur l’organisation des championnats dans diverses parties du monde. Se greffe là-dessus l’affaire « Platini-Sarkozy ». Platini jure ses grands dieux qu’il n’a jamais touché un cent dans l’attribution de la coupe du monde pour laquelle Sarko s’est dévoué corps et âme en faveur du Qatar. N’est-ce pas les Qataris qu’on avait envoyé à la manœuvre dans la triste affaire libyenne des infirmières bulgares et du médecin palestinien ?
Quoiqu’il arrive, la coupe du Monde au Brésil — elle commence dans quelques jours — laisse déjà un goût amer dans la bouche de millions de Brésiliens trop pauvres ou trop malheureux pour s’offrir une place au stade. La France aura la chance d’y participer (sans Ribéry) et de donner un visage du sport français meilleur que celui présenté en Afrique du sud mais de miracle, il n'y aura pas.
Je ne suis plus fan de football : trop d’argent (100 millions d’euros pour acheter un joueur !) trop de racisme sur les stades (les bananes) trop de chauvinisme (les hooligans). Je ne peux pas être un fan de ceux qui déclarent avoir « les épaules sur la tête » on sont les champions des « voilà, voilà. » 
Et encore bravo aux chaînes de télévision et au journal l’Equipe, leur succès est assuré pour l’été. Sans oublier le tour de France et le dopage qui va avec. Désolant.

6 juin 2014

Faut-il se réjouir des malheurs de l'UMP que je ne confonds pas avec Sarkozy ?


Jérôme Lavrilleux avait accusé Fillon de tricherie !
"Le problème dans ce milieu, c'est qu'il y a des gens morts de l'intérieur : Baroin, Juppé. Copé ne l'est pas. Fillon, non plus. Lui, il est complexé de l'intérieur, il est dans l'auto­-émasculation tout en ayant besoin de prouver sa virilité. Wauquiez, c'est une raclure. NKM, ce n'est pas une belle personne. Le Maire est très sympa et vivant, alors qu'il a l'air d'un poisson froid. Sarkozy, c'est le plus vivant de tous, mais à quoi ça sert ?"

Ces jugements sont-ils le fruit d’une grande solitude, d’un syndrome dépressif, ou tout simplement l’analyse conforme au réel d’un homme avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, celle de la justice et des procès en vue. La justice va en effet demander à Jérôme Lavrilleux, l’auteur des ces propos rapportés par le journal Le Point, des comptes…sur les comptes de la campagne 2012 de Nicolas Sarkozy. Lavrilleux n’était-il pas le directeur adjoint de la campagne, lui qu’on surnomme « l’étrangleur » ? j’ai déjà écrit sur ce blog que ses larmes étaient des larmes de crocodile, celles qui coulent quand on s’apitoye sur son sort. Franchement, elles me laissent de marbre surtout quand il s’agit de Nicolas Sarkozy.

Justement, parlons de Sarko dont je ne parviens pas à me lasser des nombreuses avanies. Brice Hortefeux, le petit télégraphiste, et Nadine Morano, la groopie de service, ont été envoyés sur le front médiatique pour préparer le terrain du retour de Sarko, potentiel candidat à la présidence de l’UMP avant de viser plus haut c’est-à-dire la présidentielle. Les galas de Carla Bruni, la chanteuse qui parle en chantant ou qui chante en parlant, font salle comble. Les Sarkozystes s’y pressent, eux qui souffrent tant de l’absence d’un guide pouvant les conduire un jour sur les chemins de la victoire.

Mais qui sont ces hommes ou ces femmes qui entourent Sarko : Eric Woerth ? Mis en examen. Isabelle Balkany ? Mise en examen. Bernard Tapie ? Mis en examen. Claude Guéant ? Gardé à vue. Jean-François Copé ? Viré et perquisitionné. La liste est longue des affaires et donc des juges qui mènent la vie dure à l’ancien président de la République. D’ailleurs, dans ses propos au Point, Lavrilleux compare Sarko à Chirac et admire leur art commun de faire payer les autres…

Faire payer est bien le mot quand le Sarkothon récolte 11 millions d’euros, somme équivalente au montant des fausses facturations de la société Bygmalion et destinée au financement des dépassements des frais de campagne du sortant. Une campagne de 42 meetings au cours de laquelle affirme Lavrilleux « personne n’a osé dire STOP à Sarkozy ». C’est cela le bonapartisme ! Le chef a toujours raison.
Je rappelle au passage que sur ces 11 millions de dons, les contribuables (de droite et de gauche) ont payé les 2/3 (soit sept millions d’euros) sous forme d’une déduction fiscale très avantageuse. Je propose que le législateur revoit sa copie en cas de fraude assumée d’un candidat présentant des comptes insincères.

Au final, faut-il se réjouir des malheurs de l’UMP que je ne confonds plus avec Sarkozy puisque des gens plus présentables (genre Juppé) semblent vouloir mouiller le maillot. Xavier Bertrand va même jusqu’à affirmer que « tous ceux qui, de près ou de loin ont été aux manettes dans la campagne UMP de 2012 doivent disparaître de l’avant scène. » Façon élégante de dire à Sarkozy : ça suffit ! Car si l’UMP et l’UDI dévissent, le FN deviendra une force potentielle de second tour. Comme dirait Jean-Louis Destans, président du conseil général, « en cas de duel FN-PS, je ne suis pas certain que la gauche gagnerait. » Imagine-t-on Marine Le Pen, présidente de la République, recevant les chefs d’Etat du monde entier pour fêter l'anniversaire du débarquement quand ses maîtres à penser et ses références historiques sont plus proches de Vichy, Pétain et la Révolution nationale que de la France Libre et de la Résistance. Il est vrai que si Poutine demeurait toujours au pouvoir, Marine Le Pen aurait au moins un ami. Cette pensée me glace le sang.

4 juin 2014

Le sénateur Joël Bourdin placé sur un siège éjectable par ses « amis » parlementaires UMP


Joël Bourdin à Louviers avec ses compagnons Maurey et Poniatowski (debout). (photo JCH)
La presse régionale évoque, ce matin, la tentative des barons de l’UMP de l’Eure de marginaliser Joël Bourdin, sénateur de l’Eure et président de l’association des maires du département. Le sénateur, spécialiste des finances locales, ne s’attendait pas à être victime d’un pu-putsch à la veille de l’élection du nouveau bureau de l’association systématique après le renouvellement des conseils municipaux. La droite, déjà majoritaire, le sera encore plus et Bruno Le Maire, le chef d’orchestre de la manœuvre en cours, veut du changement à tous les étages de la vie politique.
L’ancien ministre, très actif sur le plan national, s’attribue une bonne part du succès départemental des jeunots à Louviers, Vernon, Les Andelys, Evreux, et dans des communes de moindre importance. Il considère que les électeurs ont été sensibles à cette image de renouvellement et de rajeunissement. Si bien qu’il veut poursuivre sur la même voie, notamment en vue des élections sénatoriales de l’automne où il escompte un triomphe de la droite. Il est vrai que le retour à la proportionnelle devrait — c’est théorique — dans les départements de trois sénateurs permettre l’élection d’un sénateur de gauche dans l’Eure. Bruno Le Maire souhaite évidemment la réélection de ses amis Maurey et Poniatowski et n’hésite pas à vouloir sacrifier Joël Bourdin.
Sur quels critères ? Essentiellement celui de l’âge. A 76 ans, Joël Bourdin doit aspirer selon ses ex-amis à une retraite paisible mais en dehors de la vie politique. Élu au sénat depuis 1989, maire de Bernay pendant vingt ans, Bruno Le Maire considère que M. Bourdin, ancien recteur, a fait son temps, qu’il a bien mérité de la patrie et qu’il doit, de gré ou de force, passer la main à quelqu’un de plus jeune. C’est ainsi que le maire de la Couture-Boussey, de droite mais non encarté, se présentera en fin de semaine, avec l’appui de MM. Maurey, Gilard, Le Maire, Poniatowski, Morin, tous parlementaires, et désireux de régler son compte à leur vieux compagnon devenu indésirable. Joël Bourdin affirme qu’il maintiendra sa candidature ce qui rend le sort du vote incertain. La Gauche jouera-t-elle les trouble-fête pour réduire à néant les projets de Bruno Le Maire ?
Le problème de l’âge s’est posé, avec moins d’acuité il est vrai, lors de l’élection du président de la CASE. Il est évident que l’âge de Patrice Yung même s’il n’atteint pas un âge canonique, n’a pas joué en sa faveur. Les élus de la CASE appréciaient l’homme, certes, mais ils ont surtout profité de l’occasion pour opérer un changement même factice car on ne peut pas considérer Bernard Leroy comme un perdreau de l’année. Le vrai changement aurait été l’élection de François-Xavier Priollaud à la présidence. Le maire de Louviers, désirant finalement poursuivre son travail d’administrateur de l’Assemblée nationale — contrairement à sa promesse de campagne — a compris que ses fonctions électives allaient dévorer ses nuits et ses jours. Il a souhaité partager le fardeau.
Quant à la gauche, elle devra, elle aussi, repenser sa stratégie en terme de renouvellement. L’association en cours de constitution pour reprendre la mairie de Louviers en 2020, ne peut pas être animée par des élus battus et surtout présents sur la scène depuis 25 ans voire 40 ! Il faut de nouvelles têtes, des hommes et des femmes pouvant échapper au poids de l’histoire locale et animés de projets novateurs plus conformes aux besoins exprimés aujourd’hui : protection de l’environnement, transition écologique, économies d’énergie…la régionalisation en cours et les compétences attenantes (dont on ignore presque tout) se chargeront de mettre en œuvre le changement.

3 juin 2014

« J'aimais tellement la Normandie que j'étais bien content qu'il y en ait deux »


Vue en surplomb de la plage d'Omaha beach (Basse-Normandie). (photo JCH)
Franck Martin n’aura bientôt plus besoin d’aller se promener, main dans la main, avec Hervé Morin, sur le pont de Normandie. En général, c’est là que les partisans de la réunification des deux Normandie se rassemblent pour hisser le drapeau du régionalisme. Il y a quelques semaines, ils étaient quelques dizaines à braver les embruns pour rappeler une revendication aussi vieille que le mouvement normand de Didier Patte. Un mouvement plus autonomiste qu’indépendantiste mais tout de même un peu mâtiné d’une forme de particularisme.
La vérité veut que la Normandie ait été, pendant longtemps, une province composée de cinq départements : L’Eure, la Seine-Maritime, l’Orne, le Calvados et la Manche. Il a fallu un découpage à la sauce gaullo-centriste pour permettre à Jean Lecanuet d’être maître chez lui et c’est ainsi qu’on créa la Haute-Normandie et la Basse-Normandie, l’une étant située plus au nord. Lecanuet voulait Rouen comme capitale régionale, il eut gain de cause.
François Hollande, en faisant publier, ce matin, la liste des 14 futures nouvelles régions remplaçant les 22 régions existantes, n’a pas finassé. Point de Picardie en Normandie comme le souhaitait le président Mayer-Rossignol, cette dernière sera ce que l’histoire a enseigné : la Haute et Basse réunies.
Et c’est là que les ennuis commencent. Si la réunification ne s’est pas produite plus tôt, ce n’est pas parce que les hommes au pouvoir sont méchants ou stupides, qu’ils soient de droite ou de gauche, c’est parce que le pouvoir, justement, ne se partage pas. « Je veux Rouen pour capitale régionale (avec le siège de la région) » dit l’un. « Je veux que ce soit Caen » dit l’autre. Je veux ceci, je veux cela. Et l’intérêt des habitants ? Quel est l’intérêt de la réunification pour les habitants de la Haute et de la Basse-Normandie ? C’est la seule et vraie question qui se pose. Le reste, c’est de l’intendance et comme chacun sait, elle devra suivre.
Quelques repères. La Basse Normandie c’est près d’1,5 million d’habitants, une superficie de près de 18 000 km2, quelques villes importantes : Caen, Saint-Lô, Alençon, Cherbourg, c’est aussi un conseil régional de 47 membres la majorité d'entre eux étant issus du Calvados.
La Haute-Normandie c’est 1 850 000 habitants, une superficie de 12 000 Km2, des villes importantes comme Rouen, Le Havre, Dieppe, Evreux. Actuellement, les deux régions sont dirigées par des socialistes, Nicolas Mayer-Rossignol à Rouen et Laurent Beauvais à Caen. 
Leur proximité politique facilitera sans doute le dialogue et la recherche de solutions. Et dans quelques mois on ne pourra plus dire « j’aimais tellement la Normandie que j'étais bien content qu’il y en ait deux. »

2 juin 2014

Rue piétonne à Louviers : attention danger !


Le chantier de la voie piétonne, rue du Matrey, en 1982. (photo JCH)
A peine élu, François-Xavier Priollaud, maire de Louviers, laisse entendre devant des commerçants ébaudis qu’il est prêt à étudier le changement de statut du morceau de rue du Matrey demeuré en voie piétonne. Cette voie piétonne a une histoire que le maire successeur de Franck Martin ne devrait pas méconnaître. C’est en effet au cours du mandat présidé par Henri Fromentin avec pour adjoint Ernest Martin (de 1976 à 1983) que la rue du Matrey est devenue piétonne au sein d’une plus vaste ensemble puisque la rue du Maréchal Foch fut elle aussi interdite en partie à la circulation. Les effets négatifs sur la population et sur les cheminements dans le centre-ville eurent des conséquences fâcheuses : la municipalité Fromentin-Martin a perdu les élections de 1983 sur le dossier des voies piétonnes et sur une forte entorse à la démocratie participative puisque la grande majorité des Lovériens était opposée à ce plan de circulation trop peu étudié dans ses conséquences à la fois pour les commerçants et pour les chalands. Finalement n’a subsisté en voie piétonne que le haut de la rue du Matrey. Elle est devenue ce qu’elle est encore aujourd'hui avec ses avantages et ses inconvénients.
Le maire dit vouloir étudier un retour de la circulation dans cette voie. Il a donc une idée derrière la tête. A l’évidence, l’étude sera à la fois technique et financière d’autant plus que la CASE ne pourra pas être tenue à l’écart des choix du conseil municipal. Rendre la rue du Matrey à la circulation impliquerait de revoir le schéma global actuel, notamment rue du général de Gaulle, avec toutes les conséquences sur les aménagements de voirie et sur le mobilier urbain ainsi que sur les sens de circulation. J’imagine que le coût des travaux sera déterminant dans les choix définitifs. La Dépêche nous apprend aussi que les commerçants réunis à l’initiative du maire ont applaudi sa proposition d’étude. Ils sont pour la plupart favorables à un retour des voitures dans la rue du Matrey, une manière de surmonter les difficultés…
Il n’empêche que toute transformation soulève des protestations de la part des conservatismes toujours plus nombreux qu’on croit. Quelle sera la démarche du maire à l’égard de la population ? Compte-t-il l’associer ? Compte-t-il la consulter ? Si oui, comment. Il est évident que les commerçants ne peuvent être les seuls à donner leur avis. Peut-on imaginer un référendum local élargi à tous les Lovériens ? Le sujet en vaut-il la chandelle ? Celui-ci étant devenu public, attendons les propositions du nouvel exécutif. S'il en a.

Après les Européennes, le FN veut faire fructifier sa petite entreprise du malheur


Pendant le dépouillement du bureau 6 à Louviers. (photo JCH)
Il est impossible de ne pas revenir, même sans dramatiser à l’excès, sur les résultats du second tour des élections européennes en France et dans l’Eure. Avec un taux de participation faible mais conforme à ce type d’élection, le vote défouloir a joué à plein. Depuis la quasi disparition du Parti communiste des écrans de la protestation crédible, c’est le Front national qui gagne. 

Qu’a gagné le parti « fasciste » français comme l’appelle Wolfgang Schaüble, l’un des ministres d’Angela Merkel ? Il gagne en notoriété ; la famille Le Pen tire les marrons du chaudron en faisant élire le père et la fille ; il obtient 24 élus dont on sait qu’ils ne feront rien de positif à Strasbourg sinon de demander la sortie de l’Euro et la création d’un rideau de fer aux frontières. Il continuera de tenter de faire fructifier sa petite boutique du malheur. Les Français, eux, ne gagneront rien avec ces chemises noires relookées à la laïcité de circonstance et aux sentiments républicains de façade. Comme aurait dit Coluche, les élus FN ne feront pas avancer le schmilblic européen d’un centimètre.

En face, excepté les centristes attachés à leurs 10 %, le paysage est dévasté. Les écologistes perdent la moitié de leurs suffrages par rapport à 2009, le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon, malgré une campagne anti-PS d’une grande violence, ne recueille pas les fruits du mécontentement populaire, mais à gauche, c’est le PS et son allié PRG qui boivent la tasse. La dramatique situation de l’emploi n’est pas la seule raison de cet échec historique. Déjà, lors des municipales, les Français avaient montré le bout de l’oreille : ce président-là ne rassure pas, il ne fait pas président, c’est tout bête (1). Sa déclaration au lendemain des Européennes était affligeante. Le vide sidéral. Un proche du pouvoir a même assuré que François Hollande « avait parlé pour ne rien dire ». Il aurait mieux fait de se taire.

Dans l’Eure, le PS a été victime d’une double sanction. La sanction nationale évidemment et la sanction régionale illustrée par la présence de Marine Le Pen elle-même sur la liste FN. Il est évident que sans elle en tête, le FN aurait fait un moins bon score. Mais au-delà, je remarque que l’Eure n’avait aucun représentant sur la liste PS-PRG quand la Seine-Maritime en avait trois, que la personnalité intrinsèque des candidats n’est pas en cause puisqu’on n’en connaissait aucun sauf Claude Roiron venue dans notre département à plusieurs reprises. Il faut chercher l’erreur ailleurs. Gilles Pargneaux, tête de liste PS ? Qui le connaît dans l’Eure ? Quand la locomotive est aussi invisible que le wagon de queue, les passagers hésitent à monter à bord de la rame.
Je reste persuadé, contrairement aux calculs à la petite semaine des stratèges de la rue de Solférino, qu’une liste nationale conduite par un vrai leader, européen et convaincu, aurait permis au PS de limiter les dégâts. Il n’y a qu’en France qu’on a voté dans des circonscriptions totalement artificielles, ne répondant ni à des critères historiques, ni à des contraintes géographiques. Et tout cela a été imaginé en 2004 pour empêcher le FN de gagner ! Quelle erreur. Quand la vague déferle, elle rompt les digues les plus hautes.

Et la droite ? Avec 20 % des voix, le principal parti d’opposition ne réussit pas à l’incarner. Les ténors anti-Copé l’attendaient au virage et l’explication de texte est en cours. Fausses factures, surfacturations, arrangements entre amis, campagne de Sarkozy payée par Copé (mais aucun d’entre eux n’était au courant…) numéro éploré de Lavrilleux, dès le lendemain de l’élection (2) et puis finalement nomination du trio d’anciens premiers ministres pour préparer le congrès d’octobre et tenter de barrer la route à Sarko, déjà dans les startings blocks. L’automne sera chaud à l’UMP surtout si les affaires en cours prennent un tour judiciaire avec un Sarko en vedette de « chantons sous la pluie et tentons de passer entre les gouttes. »

Un sondage paru hier matin dans le JDD indique que 85 % des Français n’ont pas confiance dans les partis politiques. Face à cette avalanche de mauvaises nouvelles pour la démocratie, où se situe la lueur d’espoir ? Dans une information libre, sans tabou, sans influences ni connivence.

(1)   Nous étions nombreux à soutenir Martine Aubry lors de la primaire socialiste. Les préventions contre François Hollande se confirment à l’usage.
(2)   Jean-Paul Gauzès, 3e sur la liste UMP de notre région nord-ouest et non élu demande la démission de Jérôme Lavrilleux du parlement européen.