31 mai 2014

François Loncle charge la barque de Marc-Antoine Jamet qu'il accuse d'avoir favorisé la droite à l'élection de la présidence de la CASE


C'était au temps où Bruxelles rêvait, c'était au temps où Bruxelles bruxellait. (photo Jean-Charles Houel)
François Loncle ne m’en voudra pas — eu égard à nos nombreuses années de complicité — de lui dire que je ne suis pas du tout d’accord avec sa lecture des événements récents survenus à la CASE. Dans un entretien avec un journaliste de La Dépêche paru le 30 mai, le député de l'Eure passe en revue les principaux faits de l’actualité, des municipales aux élections européennes, en insistant sur la politique conduite par Manuel Valls (qu'il soutient) et l’élection de Bernard Leroy comme président de la CASE (qu'il regrette). C’est ce sujet-ci que je souhaite commenter.

La théorie de François Loncle est la suivante : eu égard à la guerre picrocholine que se livreraient élus (de gauche) lovériens et rolivalois, la présidence de la CASE a été perdue par la gauche faute d’un ralliement de l’ensemble des délégués de gauche ou sympathisants à la candidature de Patrice Yung, le président sortant. Ce dernier était, selon François Loncle, le seul à posséder les qualités pour empêcher la droite de gagner. 
Qui seraient les responsables de la double candidature à gauche : Yung-PRG et Jacquet-PS ? Pour le député, la réponse est claire : Marc-Antoine Jamet et ses représentants rolivalois à la CASE ! Par ostracisme anti-lovérien, les élus rolivalois auraient fait tomber la CASE dans l’escarcelle de la droite en contraignant Richard Jacquet à postuler à la présidence. Le tout…au mépris des intérêts de Val-de-Reuil puisque Bernard Leroy a toujours été un opposant de l'ex-ville nouvelle. Comprenne qui pourra !

Cette vision est simpliste. Examinons en détail les données de la situation.
   Au soir du second tour des élections municipales, le bilan à gauche n’était pas franchement flamboyant. François Loncle a beau mettre en avant que dans sa circonscription « les grandes communes ont tenu », chacun sait que les élections municipales se jouent aussi sur la personnalité des têtes de liste. Louviers (excusez du peu) Acquigny et Léry ont basculé, la droite y est devenue majoritaire. Sans compter les élus de Surville, La Haye-Le-Comte, La Vacherie, Tournedos-sur-Seine etc. qui votaient jadis avec Franck Martin et ont rejoint leur camp naturel : celui de la droite.
   La situation de Patrice Yung. L’ancien président de la CASE était un président intérimaire. Son sens du dialogue et sa personnalité « ronde » ont été appréciés de l’ensemble des élus de la CASE, de gauche comme de droite. Mais la 7e place de Patrice Yung sur la liste municipale de Franck Martin n’indiquait pas (en cas de défaite de la liste d’union PS-PRG-EELV) qu’il serait délégué à la CASE. Il a fallu une série de démissions en chaîne, celles de Franck Martin, et d’autres aussi, pour que Patrice Yung représente finalement une partie de la gauche lovérienne à la CASE. Je n'aurais pas la cruauté de préciser que Patrice Yung est élu depuis 1976 à Louviers, qu'il a un âge certain et que le renouvellement et le rajeunissement des élus, tant souhaités, passent évidemment par des choix de personnes.
   Pourquoi deux candidatures à gauche ? Les partisans de Patrice Yung (PRG) et ceux de Richard Jacquet (PS) qui n’a pas été candidat avec un révolver sur la tempe ne se sont pas mis d’accord sur une candidature unique au premier tour. Il a été décidé entre les deux postulants que ce vote servirait de primaire pour désigner le candidat de la gauche en cas de second tour. La candidature de Richard Jacquet a été motivée, non par des raisons politiciennes, mais parce qu’il a été réélu largement à Pont-de-l’Arche (avec près de 73 % des voix) qu’il a réussi dans le secteur de compétence de sa vice-présidence à la CASE, qu’il est un homme de dialogue, ouvert et qu’il a des convictions (1). 

 Qu’on ne vienne pas nous dire que, sur le papier, Patrice Yung (représentant de la liste perdante à Louviers) avait gagné. L'attitude politiquement responsable, c'est de faire confiance au suffrage des élus comme il faut accepter le verdict du suffrage universel même quand il nous déplaît. Dans le doute, il vaut mieux mettre en avant des convictions plutôt que d’imaginer des scénarios improbables et purement tactiques.

L’objectif de François Loncle est donc de charger la barque des soi-disant échecs de Marc-Antoine Jamet. Nul n’ignore plus — et cela depuis des années — que le député de Louviers fait une fixation sur le maire de Val-de-Reuil. Quel dommage compte tenu de l'état actuel des forces de gauche aux plans national et local ! La réalité est que la droite étant majoritaire à la CASE, il était logique que le président soit issu de ses rangs. Point barre.


(1) Dans le débat sur la gestion des services de l’eau et de l’assainissement, notamment, Richard Jacquet a démontré un sens aigu de l’intérêt général et s’est interrogé publiquement sur la pertinence des choix opérés par Patrice Yung avec la poursuite des contrats passés avec Véolia.

30 mai 2014

L'avenir du Marité : Bernard Leroy mettrait bien les voiles…


Bernard Leroy, le président de la CASE. (photo JCH)
Le nouveau président de la CASE, Bernard Leroy, s’interroge sur l’intérêt pour Seine-Eure de poursuivre la politique menée par l’exécutif précédent à l’égard du Marité. Il a eu l’occasion, récemment, de faire part de ses doutes quant à la justification de l’engagement de certains crédits permettant de financer le fonctionnement du voilier restauré à grands frais. Bernard Leroy a le mérite de la constance. Quand il était dans l’opposition, il s’est souvent élevé contre des dépenses qu’il jugeait superfétatoires et sans lien avec les situations historique ou géographique de Seine-Eure. Je sais que plusieurs élus de gauche étaient sur les mêmes positions. Mais par loyauté ou faiblesse, ces élus ne se sont jamais opposés frontalement à « la danseuse » de Franck Martin.

Même s’il souhaite mettre les voiles, Bernard Leroy demeure pragmatique. Il veut que les élus aient toutes les cartes en mains avant de prendre une décision définitive. On sait que d’autres collectivités (la ville de Rouen par exemple) ont retiré leurs billes de ce projet très coûteux. Le président actuel de la CASE, avant de continuer à payer, veut un bilan chiffré, en investissement et en fonctionnement, et étudier de plus près les éventuelles retombées positives pour les habitants de l’agglomération. Car c'est cela le plus important, non ?
Je n’ai personnellement jamais été favorable à la participation de la CASE à un projet fumeux et rempli d’imprévus. Je ne comprends toujours pas — au delà de la passion légitime de Franck Martin pour le grand large mais cela le regarde — pourquoi la CASE a été conduite à apporter son écot à ce Marité et à ses réparations, de la cale à la mâture, tant ce navire était rongé par les ans et les brumes. Qu’il soit remis sur pied, tant mieux, qu’il vogue encore longtemps et sur toutes les mers. Mais sans la participation financière de la CASE, même symbolique. Il appartiendra, évidemment, aux élus de voter et d’opérer leur choix en toute connaissance de cause.

28 mai 2014

L'affaire des fausses factures de Bygmalion : la fable de Jérôme Lavrilleux racontée aux enfants

Pour Sarkozy, agir en France ! (photo JCH)
 Jérôme Lavrilleux, ex-directeur de cabinet de Jean-François Copé et Yves Thréard, du Figaro, sur des antennes différentes et dans des rôles également différents ont tenu le même discours. Le premier mouillé jusqu’au cou dans l’affaire des fausses factures de Bygmalion (il était directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy) a reconnu sur BFM TV que « le train de la campagne roulait si vite qu’il n’a pas osé tirer sur le signal d’alarme. » Il faut comprendre que la campagne était si intense et Nicolas Sarkozy si préoccupé de battre les estrades que pas un de ses collaborateurs n’a osé l’ouvrir et n’a seulement pensé à alerter le candidat sur l’accumulation des dépenses et des factures. On connaît Sarkozy, il n’aurait pas supporté le moindre problème d’intendance et en ce sens il est totalement responsable de la situation créée. Mais la version Lavrilleux c’est le monde raconté aux petits enfants. Le croira qui a envie de le croire. Brice Hortefeux, par exemple. Quelle personne sensée peut raisonnablement admettre que ni Copé, ni Sarkozy n’ont entendu parler d’une somme de 11 millions d’euros (11 millions !) de dépassement du compte de campagne ? Qui peut imaginer que les principaux responsables du parti et de la campagne soient tenus à l’écart d’une affaire aussi lourde de conséquences possibles. Puisque Sarko aime bien le mot, je dirais que cela ressemble à une fable.
Le second point de la démonstration de Lavrilleux est plus spécieux, plus sournois. Il consiste à affirmer que si on étudiait avec soin les comptes de campagne de François Hollande, on trouverait des choses pas très nettes. « Il est impossible de faire campagne sans dépasser le plafond légal de 22 millions d’euros. » Non content de pleurer sur son sort devant la France entière, Lavrilleux cherche à décrédibiliser l’adversaire forcément coupable lui aussi. Cette défense de nature enfantine a pourtant été reprise par Yves Thréard, un habitué du plateau de C dans l’air. Ce dernier y a maintes fois prouvé sa détestation de la gauche et de François Hollande. Alors pourquoi ne pas suggérer que chez les socialistes « on a affaire aux mêmes expédients. » Il est gonflé le Thréard. Sans le début de commencement d’une preuve, il jette l’opprobre sur le PS, déjà à terre, et cherche à accréditer le fait que tous les partis, tous les politiques, pratiquent le même art de la dissimulation malgré les lois, les textes, les contrôles. Ce système de défense est pitoyable. Jamais on ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes, jamais on ne doit tenter de s’exonérer de ses responsabilités en discréditant l’adversaire qui n’en peut mais.
J’ignore comment cette histoire de fausses factures va se terminer. Mais une chose me rassure. Des gens comme Copé et Lavrilleux sont mieux hors du système institutionnel que dedans. Car eux aussi nourrissent le vote FN.

« Réfléchir, réagir, rebondir » par Marc-Antoine Jamet

 Communiqué de Marc-Antoine Jamet, premier secrétaire de la fédération du Parti socialiste de l'Eure :
Lors de la victoire de François Hollande. C'était hier (photo JCH).
« Ce dimanche 25 mai 2014, le Parti socialiste et, avec lui, toute la Gauche ont connu un cinglant désaveu dans les urnes. C'est évidemment plus qu'une alerte. Il est impossible de dire qu’il ne s’est « rien passé ». Dans l’Eure, le Front national est arrivé en tête dans 622 communes sur 675. Même si son incompétence et l'abstention massive ne font pas de cette formation le premier parti de France, même si nous savons que, par une étrange filiation, comme si un parti ou un pays ne pouvait recruter son "chef" que dans une seule famille, l'extrême droite continue de puiser aux sources délétères de l'OAS et de Vichy, même si l'électorat de Marine Le Pen n'a pas plus de cohérence que son programme, il faut réagir.

Au-delà de l'émotion forte que provoque ce résultat, l'effondrement des voix du Parti socialiste doit conduire à un véritable travail d'analyse. La nature de l'élection n'est pas seule en cause. Une campagne courte, peu et mal médiatisée, n'est pas l'entière responsable de cette situation. Les résultats de ce scrutin sont d'abord la conséquence de son éloignement des préoccupations quotidiennes des Français. L'éparpillement, pour ne pas dire les divergences affichées au sein de la Gauche, ont aggravé  cette situation. L'incompréhension face à la politique menée, qu'elle soit bonne ou mauvaise, son encore trop faible lisibilité, ont ajouté à cette défaite. Il faut donc retrouver l’efficacité et la confiance de nos concitoyens. Le chantier est ouvert. Il est prioritaire. 

Le Parti socialiste n’a obtenu dans notre département que 10,7% des suffrages exprimés. Le résultat n’est pas à la hauteur du travail réalisé par les collectivités que nous gérons. Il ne correspond pas au dévouement des camarades de nos sections, de nos militants, de nos partisans, de nos sympathisants. Il est injuste pour Claude Roiron, notre candidate, qui ne nous représentera pas à Bruxelles. Les Eurois ont, comme l’ensemble des Français, exprimé un besoin de repères, d'Etat, de solidarité sociale, de valeurs, de Nation, de politique industrielle, de souveraineté, de temps long, d'harmonie fiscale. Ils ont voté en tenant compte de leur inquiétude devant une Europe qui va à hue et à dia, devant une mondialisation qui nous rapetisse, devant un avenir qui ne donne à nos enfants ni emploi, ni croissance. Ils n’ont pas été sensibles à des arguments vieux de trente ans, quand ce n’était pas d’un siècle. Si l'Europe ne fonctionne pas, ce n'est pas son peuple qu'il faut changer. C’est son avenir.

Le Parti socialiste est, et reste, un parti militant, fier de ses racines populaires. Il devra, sur le terrain, sur tous les terrains, dans les semaines qui viennent, agir pour éviter que les échéances qui s'annoncent, ne soient de nouveaux échecs. Il devra réfléchir, initier un dialogue citoyen et contribuer à réhabiliter, à restaurer le débat sans lequel il n’est pas de politique et en l’absence duquel les idéologies les plus dangereuses, les projets les plus absurdes -ce sont parfois les mêmes- prospèrent. Dernier point, nous voulons les réformes, nous comprenons les efforts. Mais les efforts et la réforme, pour être acceptés, doivent s'incarner en un homme et une politique qui donnent la volonté, l'enthousiasme, le courage de les mettre en œuvre. Le Président de la République et le Premier Ministre le savent.

Ce soir, un Bureau fédéral a eu lieu qui a abordé tous ces sujets. Un Conseil fédéral, qui sera  ouvert à l’ensemble des militants de l’Eure se tiendra le jeudi 5 juin prochain.

Rien ne serait pire que le renoncement ou la résignation, nos valeurs -nous en sommes convaincus- restent celles qui ont défendu, défendent et défendront le mieux nos concitoyens contre les menaces qui les inquiètent. Nous refusons la fatalité économique, et le déclin industriel. Nous remédierons, ensemble, au laisser-aller qui a conduit notre pays, géré depuis vingt ans par la Droite, comme l’Europe, dans les difficultés économiques et financières que nous traversons. Nous ne partageons pas l'idée que les Eurois, par colère, par désarroi, tourneraient le dos au développement économique, à la culture et à l'éducation, à la devise de notre République : Liberté, Égalité, Fraternité. Il faut retrouver le chemin de leur cœur. »




Un appel pour «Une république nouvelle » car la réponse économique ne suffira pas : la crise est politique

Manifestation des indignés sur le parvis de la Défense à Paris. De l'indignation à la révolte, il y a peu. (photo GH)

L’avocat Jean-Pierre Mignard, l’historien Benjamin Stora et la philosophe Cynthia Fleury lancent dans Mediapart un appel à une République nouvelle afin de donner au peuple « les moyens d’une expression démocratique, fondée sur des valeurs sociales, humanistes et écologiques ». « La réponse économique ne suffira pas », lancent-ils à l’adresse du président de la République.

« Il faut à la France une République nouvelle. Peu importe sa numérotation. La victoire de l’extrême-droite nationaliste aux élections européennes exige une réponse de fond au-delà des émotions et des protestations. On ne dissout pas le peuple. On doit lui donner les moyens d’une expression démocratique, fondée sur des valeurs sociales, humanistes et écologiques, partout où elle est limitée ou sclérosée :
– Au Parlement où la proportionnelle s’impose et des formules de coalition doivent être recherchées à chaque fois que les circonstances l’exigent, comme en Allemagne ;  
– Dans les territoires où la reforme suppose une participation citoyenne dans une répartition intergénérationnelle et paritaire des mandats ;
Vont-ils gouverner la France un jour ?
– Dans l’économie où les efforts n’ont de chance de réussir que s’ils sont partagés et où toute tentation oligarchique doit être repoussée ;
– Dans la démocratie européenne où le choix politique doit prévaloir sur les technostructures bancaires ou techniques, notamment dans la zone euro où un Parlement doit être installé.
Enfin, les partis doivent constater la fin d’un cycle historique marqué par la Vème république. Ils doivent, pour prouver leur vitalité, oser entreprendre un processus de recomposition dans ses fondements idéologiques comme dans ses relations à la société.
Le Président de la République doit situer la deuxième partie de son mandat à la hauteur des risques encourus par le pays. Ils sont immenses. Sa mission est dorénavant là. La réponse économique, indispensable, ne suffira pas. La crise est politique.
Dorénavant, la sauvegarde de la démocratie devient l’affaire de tous. Citoyens, nous y œuvrerons dans les jours ou semaines qui viennent avec tous ceux, où qu’ils se situent sur l’échiquier politique, qui en ont la conviction. »

Jean-Pierre Mignard, avocat; Benjamin Stora, historien; Cynthia Fleury, philosophe.
Pour contacter les auteurs ou rejoindre cet appel, écrire à : manifeste.republique.nouvelle@gmail.compermanente ; 

27 mai 2014

Pas un poil de sec pour Martel le ficheur du FN


Eu égard au score du Front national, dimanche dernier, et des dangers qu’il fait courir à la démocratie républicaine, il faut suivre avec attention les actes et les actions des élus du FN et de Marine Le Pen en particulier. Ces gens-là, tellement prompts à voir la paille dans l’œil des autres et ignorant la poutre qu’ils ont dans le leur, ont décidé de se spécialiser dans la chasse aux journalistes. Cette chasse à l’homme et à la femme (la parité est atteinte dans cette profession) est sous la coupe d’un certain Philippe Martel (pas Charles) ancien collaborateur d’Alain Juppé devenu, depuis novembre 2013, le directeur de cabinet de Marine Le Pen. Ce Martel-là veut un Poitiers des titulaires de la carte de presse.
Au cours d’un entretien avec une journaliste du Point, le Philippe Martel en question s’est livré. Il a promis tracas et tracasseries à tous ces gens de presse formés, soi-disant, dans le même moule que les politiques qu’ils fréquentent. M. Martel, ancien énarque lui-même s’exclut évidemment de la caste des têtes d’œuf préférant l’omelette des professionnels de l’information. Non seulement il est prêt à dire où ces journaleux (euses) habitent, vivent, travaillent mais il annonce un fichage rappelant les belles périodes de la Révolution nationale quand les francs-maçons, les socialistes, les communistes, les juifs et les mal-pensant étaient pourchassés, poursuivis, car ils déplaisaient au «Maréchal nous voilà».
S’apercevant de sa «connerie», tancé par Marine Le Pen, du moins le supposè-je, Philippe Martel a tweeté que tout cela était faux, qu’il n’était pas question de ficher les journalistes etc. etc. que la journaliste du Point avait mal compris ses propos. Mon œil. Anna Cabana a très bien entendu et, si j’ose dire, s’est mis Martel en tête. Elle a cent fois raison de s’interroger sur les propos de Marine Le Pen à l’égard d’une journaliste de BFM TV dont elle connaissait le passé, les préférences politiques d’une époque, les diplômes obtenues par icelle. Exactement la stratégie de Martel le ficheur.
S’il a décidé de ne pas « lâcher » les professionnels de la presse, Martel doit savoir que nombre d’hommes et de femmes libres ont également pris l’engagement de ne pas laisser un poil de sec à tous ces apprentis-fachos surtout quand ils s’en prennent ou s’en prendront aux libertés et singulièrement à la liberté de la presse.

Et si Jean-Christophe Cambadélis prenait des initiatives courageuses…


Contraint et forcé. La démission de Jean-François Copé de la présidence de l’UMP a beau être présentée comme un acte responsable, digne et solitaire par Christian Jacob, président du groupe UMP de l’Assemblée et porte-parole du parti, ce n’est pas vrai. Il s’agit d’un habillage sémantique, rien de plus. Copé voulait absolument conserver la présidence, cette présidence qu’il avait eu tant de mal à conquérir et pour le gain de laquelle il aurait tué père et mère (c’est une image bien entendu).
A vrai dire, Copé n’avait plus le choix. Face à la grogne des partisans des autres courants de l’UMP, les courants des présidentiables bien sûr, Copé a tenté de résister, de refiler la patate chaude à ses fusibles, de jurer qu’il ne savait rien, qu’il ne savait pas ce qui se tramait dans les comptes de l’UMP et du candidat Sarkozy, qu’il tombait des nues, rien n’y a fait, car personne ne l’a cru. Copé a longtemps crié au loup puis il a méprisé la presse (qu’il a ensuite remerciée) fustigé les critiques internes, fait preuve d’une arrogance à toute épreuve. Finalement, la situation politique nationale (après les européennes notamment) Jérôme Lavrilleux passé aux aveux, les déclarations de Me Patrick Maisonneuve, avocat de la société Bygmalion, ont eu raison de l’obstination d’un homme lâché de tous côtés, devenu infréquentable même provisoirement.
Les trois anciens premiers ministres : Fillon, Raffarin et Juppé vont donc hériter de la présidence de l’UMP le 15 juin prochain. François Fillon tient sa revanche. Ils auront pour tâche d’organiser un congrès à l’automne qui lui-même devra élire le nouveau (ou la nouvelle) président(e) de l’UMP. Cette démission collective de l’ensemble du bureau politique est une bonne solution. En interne, elle remet la balle au centre et en externe, elle donne l’image d’un parti qui a compris le message des électeurs (trices) et se déclare prêt à reconstruire…en vue de 2017.
Jean-Christophe Cambadélis.
Le Parti socialiste serait-il capable d’une telle initiative ? Après le désastre de dimanche dernier, si je peux comprendre que le président et le gouvernement se sentent protégés (jusqu’à quand ?) par les institutions, il serait sans doute souhaitable d’organiser un congrès extraordinaire permettant aux militants de donner leur point de vue sur la ligne politique globale du parti, sur les conséquences du vote des Français aux municipales et aux européennes, sur la défiance constante à l’égard de François Hollande, sur les décisions prises par Manuel Valls et qui vont dans le bon sens quand il baisse les impôts.
Je ne sais si François Hollande en est conscient mais il n’est pas tout seul, même s’il le croit. Derrière lui, il y a des électeurs (trices) des élus et des militants-sympathisants et ce sont eux qui ont fait ce qu’il est. Je sais bien que ce qui est avalé n’a plus de goût mais un taux de confiance de 14 % devrait rendre notre président plus humble surtout quand son premier ministre dépasse les 50 % de satisfaits. A moins qu’il n’ait considéré que l’élection présidentielle ne se jouait qu’à un coup et que mai 2012 ne se reproduira pas. Dans ces conditions, plus rien n’a d’importance, ni les 200 villes de plus de 10 000 habitants perdues, ni le fait que Claude Roiron, seconde de liste dans notre circonscription ne sera pas députée européenne (sauf démission de Gilles Pargneaux) ni la menace que fait peser l’extrême-droite sur les futures échéances régionales et départementales. Je ne parle même pas du Sénat, perdu sur le papier depuis le mois de mars.
Jean-Christophe Cambadélis est le premier secrétaire du Parti socialiste. Il lui appartient d’orienter l’action du principal parti de la gauche puisque les autres, tous les autres, n’ont obtenu que de piètres résultats. Il doit donc et très rapidement prendre des initiatives pour remettre le parti debout et adresser des messages aux Français et à l’éxécutif-exécuté.

26 mai 2014

Les fusibles vont sauter, pas le compteur du Sarkoton !

La liste UMP a compté un élu hier dans notre région.
J’ai suivi dans son intégralité la séance de confidences faites par Jérôme Lavrilleux, député européen UMP depuis hier, l’homme qui se faisait fort de battre Marine Le Pen et qui, avec le PS d’ailleurs, a pris une grosse raclée dans notre circonscription. Cette séance de questions réponses était animée par Ruth Elkrief, journaliste sur BFM TV. Le sujet : les dérèglements comptables de la campagne de Nicolas Sarkozy et les fausses factures passées par l’UMP auprès de la société Bygmalion.
Si Lavrilleux est sorti du bois, c’est parce que l’avocat de Bygmalion, Patrick Maisonneuve a tenu une conférence de presse, cet après-midi,  pour expliquer comment et pourquoi les dirigeants de cette société ont cédé au « chantage économique » de l’UMP en 2012. Il a prononcé le mot UMP pour ne pas avoir à livrer de noms propres (ou pas très propres) puisque des dirigeants du parti (présidé par Jean-François Copé aujourd’hui) ont exigé des factures diversifiées et au nom de l’UMP pour ne pas charger la mule des comptes de campagne du candidat Sarkozy, une campagne déjà pas mal plombée. 
Lavrilleux joue la sincérité mais il affiche une prudence de siou. Copé et Sarkozy, affirme-t-il sans broncher, ne savaient rien du financement de la campagne présidentielle ! Occupé à rédiger leurs textes et à serrer les paluches, les grands hommes ont d’autres chats à fouetter que ceux consistant à préparer les meetings, les organiser et les financer. Il y a eu dérapages parce que la campagne a duré une année (ah bon ?) et que la fatigue aidant, Lavrilleux et ses collègues n’ont eu que deux mois pour mettre au point les comptes de campagne et pour les présenter en conformité…laquelle n’a pas été retenue par la Commission compétente eu égard à des mélanges et des surdosages de prestations aussi visibles qu’un nez au milieu de la figure. Pas très malins les financiers de l’UMP.
Patrick Maisonneuve parle de 10 millions d’euros ! Voilà le montant des fausses factures présentées par Bygmalion à l’UMP…« mais les prestations ont été réelles » s’empresse d’ajouter Lavrilleux entre deux sanglots. « j’aurais dû avoir le courage de tirer le signal d’alarme mais je ne l’ai pas eu. » Pauvre Garçon. On va évidemment le plaindre, ce fils de garagiste qui retape sa maison de campagne pendant le week-end et qui a encore treize ans de crédit à rembourser. Lavrilleux ne s’en est pas mis plein les poches comme certains l’ont dit ou écrit. Mais qu’on ne compte sur lui pour mettre en cause qui que ce soit. S’il y a eu d’autres complices, c’est aux enquêteurs et aux juges de découvrir la vérité. Lavrilleux n’est pas un délateur, il a sa conscience intacte même s’il dort mal depuis quelques semaines à la suite de la parution des articles de Libération.
Pensez donc, poursuit-il sans se rendre compte de l’énormité de ses aveux, la campagne de Sarkozy relevait du Blitzkrieg, un rouleau compresseur avec meetings et réunions publiques à la pelle histoire de saturer les écrans et les oreilles des journalistes. Lavrilleux n’a pas eu le courage de stopper cet élan forcément victorieux (on connaît la suite) bien qu’il ait parfois pensé que tout cela finirait mal.
On y est. Cela va certainement mal finir. Les policiers ont perquisitionné dès aujourd’hui, le siège de l’UMP, celui de l’association de Copé et les bureaux de Bygmalion, d’où la sortie médiatique de l’avocat de la société. Et Sarkozy ? Pendant ce temps-là, il se faisait acclamer à Tel Aviv où Carla chantait. Rentré dare–dare à Paris, l’ancien président a réuni un comité stratégique pour définir sa future intervention publique. Il n’a certainement rien à craindre. Les fusibles vont sauter, pas le compteur du Sarkoton !

Le programme des réunions publiques de concertation sur le projet de contournement Est de Rouen

Le 18 décembre dernier, le directeur régional de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement de Haute-Normandie, avait annoncé l'organisation d'une concertation avec le public sur le projet du contournement Est de Rouen / liaison A28-A13 sous l'égide d'un garant, M. Michel Gaillard. 
Le directeur annonce que la concertation va se dérouler su 2 juin au 12 juillet. Neuf réunions publiques vont avoir lieu selon le programme suivant dans l'Eure : 
—Mardi 3 juin, réunion d'ouverture à Evreux à 19 h 30, au cinéma Pathé-Gaumont.
— Lundi 16 juin, réunion territoriale à Pîtres, à 20 heures, salle des fêtes, 30 rue de l'Eglise.
—Mardi 24 juin, réunion territoriale à Val-de-Reuil, à 19 h 30, à l'auditorium de l'école de musique, 5 voie de la Palestre.
— Mercredi 2 juillet, table ronde « Aménagement du territoire et déplacement » à Alizay, à 20 heures, dans la salle des fêtes des Alisiers, rue du 8 mai.
La réunion de clôture est prévue à Rouen le mercredi 9 juillet à 19 heures à la Halle aux toiles, Place de la Basse vieille tour.

Le vote populaire est devenu un vote populiste


Les électeurs(trices) de notre circonscription avaient le choix entre 21 listes. (photo JCH)
« Les listes du FN ont attiré 43 % des ouvriers qui se sont déplacés aux urnes, 38 % des employés et 37 % des chômeurs. » Quand on lit cela, la messe est dite. L’électorat populaire vote Le Pen et la décision de ces électeurs(trices) sent le soufre. Hier soir, sur les plateaux télé, deux hommes se situaient au-dessus du lot : Laurent Fabius pour le PS et Alain Juppé, pour l’UMP. Tous deux, KO debout mais lucides, sentent bien que la situation échappe de plus en plus aux partis de gouvernement. Ils sentent bien que le peuple se révolte, calmement pour l’instant, mais que tous les ingrédients pouvant mettre le feu au lac s’accumulent, s’apparient, tels des molécules formant un nouveau matériau pourtant déjà vu : La peur de l’autre, l’angoisse du lendemain, le rejet de la politique à la pépère et le refus de voir la vie en vrai. Les Français ont envie de renverser la table autour de laquelle discutent les politiques au pouvoir. Tapie affirmait, jadis, que les Français qui votent FN sont des salauds. Loin de moi cette idée. Les Français qui votent FN veulent essayer autre chose, une autre manière de faire, à leurs risques et périls. Car le FN n’est pas un  parti comme les autres. Il est contre la République, cette gueuse dont parlait Barrès. Il est pour la fermeture des frontières. Il est pour la préférence nationale quand le monde s’ouvre et s’internationalise. Il est dogmatique, chaotique, raciste, xénophobe. Il a tout pour déplaire. Et pourtant il plait. Il fait élire 24 ou 25 députés européens qui vont émarger comme les autres, embaucher des assistants comme les autres, être souvent absents, comme les autres. Le FN n’est pas un parti comme les autres mais il rentrera dans le moule des prébendes et autres sinécures. Qu’ils s’appellent Florian Philippot, Louis Aliot, Steve Briois, ou Dupont, les députés FN passeront au tourniquet du Parlement de Strasbourg et toucheront leurs jetons de présence. Eux qui détestent l’Europe, l’Euro, les europhiles…ils vont vivre sur le dos des contribuables européens. Quel paradoxe ! Que peuvent Fabius et Juppé ? L’un déplore l’image internationale d’une France défigurée comme l’Autriche du temps de Haider, Juppé met en cause Copé et sa façon de diriger l’UMP ou plutôt de ne pas la diriger pour s’occuper de ses petites affaires. Le sens de l’honneur doit être retrouvé à gauche et à droite. 
Les résultats d’hier soir sont catastrophiques pour le PS et dramatiques pour l’UMP. Le ton présidentiel et martial de Manuel Valls ne changera rien à l’équation : les Français qui votent et aussi ceux qui s’abstiennent ou votent blanc ne croient plus dans la parole politique. Trop de promesses, trop de contradictions, trop d’impôts (Franck Martin devrait méditer cette évidence) pas assez de concret, pas assez de tripes, pas assez de rêve. Prenez l’Italie : Mateo Renzi est au pouvoir depuis quelques mois. Il a tapé sur la table, proposé des réformes institutionnelles, pris des décisions dans le domaine économique, il bouge et avance, il ne palabre pas.
Valls annonce de nouvelles baisses d’impôts ! Que diable, il ne fallait pas les augmenter ! Voilà des années que je demande sur ce blog l’arrêt des augmentations d’impôts aux plans local et national. Il arrive un moment où trop c’est trop. Il aura donc fallu deux ans à ce gouvernement pour se faire à l’idée que les Français considèrent que la coupe est pleine. Mais il y a longtemps qu’on le sait ! Pourquoi ne pas avoir vu ce que tout le monde voyait. C’est comme pour les preuves de l’affaire Cahuzac : Apathie demandait à Plenel « les preuves, où sont les preuves ? » Et Plenel assurait : « Les preuves ? Mais vous les avez sous les yeux. » Il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Depuis hier, et après le coup de semonce des municipales, il est grand temps pour le pouvoir d’ouvrir enfin les yeux…

25 mai 2014

Arnaud Montebourg inspire des sénateurs américains désireux de défendre l'intérêt national


Arnaud Montebourg. (photo JCH)
Lorsqu’Arnaud Montebourg a publié son décret permettant à l’Etat de mettre son veto à la vente de certaines activités industrielles nationales à des étrangers pour cause d’intérêt national à défendre, des hommes et des femmes de gauche mais aussi de droite ont applaudi la décision. Le dossier Alstom, qui concerne des activités sensibles dans le domaine de l’énergie nucléaire notamment, peut-il être considéré comme un dossier ordinaire alors que pas un autre groupe français ne sait fabriquer les turbines produites par Alstom, turbines si prisées par les Américains.
D’autres Français(e)s ont hurlé en invoquant des règles européennes et une atteinte portée au sacro-saint libéralisme. Si les actionnaires d’une entreprise ne peuvent plus vendre quand ils veulent et à qui ils veulent, quel que soit le domaine industriel duquel ils perçoivent des dividendes, c’est le monde à l’envers. Du moins, le monde tel qu’ils le rêvent et tels qu’ils en vivent.
Ah, la France, toujours jacobine ! Ah, la France toujours centralisatrice ! Ah la gauche, toujours prête à nationaliser ! Pas du tout. « La France n’est pas seule » pour reprendre les mots du général de Gaulle, car la guerre économique est une guerre mondiale et des forces ne se sont pas encore levées. Elle n’est pas seule puisque des sénateurs américains ( !) viennent de déposer une proposition de loi pour établir un moratoire sur les délocalisations des fleurons industriels des Etats-Unis dont les patrons souhaitent quitter le sol américain pour des contrées plus accueillantes sur le plan fiscal. L’affaire du rachat d’un labo anglais par Pfizer (groupe mondial pharmaceutique) aurait en effet permis au groupe médical américain d’installer son siège au Royaume Uni, lequel est aussi le royaume des impôts réduits sur les sociétés.
Des sénateurs américains ! Rendez-vous compte. Des élus du pays le plus capitaliste du monde, des élus de la première puissance économique mondiale proposant d’empêcher des entrepreneurs de quitter le territoire américain en relevant le seuil de départ à 50% du capital détenu par des étrangers alors qu’aujourd’hui il n’est que de 20 %…d’où l’offre de Pfizer à AstraZeneca ! Mais c’est du socialisme ! Ce mot exécré par les Républicains ! Et tout cela pour gagner l’Irlande que leurs pères ont quitté il y a quelques décennies pour cause de crise économique et de chômage endémique. A Dublin, l’impôt sur les sociétés est de 12,5 % à comparer aux 35 % aux Etats Unis. En Grande-Bretagne, il est de 21 %, moins bien que l’Irlande mais meilleur qu’aux USA.
Quand des responsables gouvernementaux ou des élus constatent que les industriels regardent le monde par le grand bout de la lorgnette (le bout par lequel on ne voit rien) quand ils privilégient l’intérêt général sur des intérêts particuliers, ils agissent et proposent des mesures aptes à défendre ceux qui les ont mandatés afin qu’ils ne restent pas les deux pieds dans le même sabot. Qu’ils soient Français ou Américains.
(Source « Le Monde » de l’économie et de l’entreprise)