10 mai 2014

Benoit Hamon à Val-de-Reuil le 14 mai « pour une autre Europe »


Bientôt Jean-Marie Bigard à Louviers ? Ou Chevalier Laspalès ?


Le dernier « Actua Louviers », le journal municipal de la ville de Louviers, a été distribué ces jours derniers, dans nos boîtes à lettres. Sur la forme, rien ne change. Et c’est tant mieux car ce journal est réalisé par des professionnels compétents. Sur le fond, la nouvelle équipe au pouvoir se montre prudente dans les mots et dans les objectifs. On sent bien que François-Xavier Priollaud a décidé de ne pas brusquer les Lovériens et de ne pas faire table rase du passé. Il a même raison sur un point, notamment, quand il affirme que la municipalité précédente a beaucoup investi mais a consacré peu de crédits ou d’actions à l’entretien de l’existant.
FXP sait que les Lovériens ne le connaissent pas très bien. Il doit donc faire ses premiers pas de maire avec une volonté : mieux s’intégrer pour mieux se faire apprécier. Il a regardé de près les résultats des élections municipales. En bénéficiant de la vague bleue et de l’usure du maire sortant, le nouveau venu à Louviers a conscience d’avoir capitalisé grâce à un faisceau d’éléments divers :  la dissidence Bidault, une union « masquée » de la droite et du centre, le rabibochage PRG-PS, la personnalité du maire sortant, le départ de M. Veyrat, etc. Bref, FXP s'est trouvé au bon endroit au bon moment.
Mais le plus difficile commence. Car c’est dans l’action que la nouvelle équipe sera jugée. Et si j’ai évoqué, dans un de mes derniers billets, la situation de la Scène nationale et la convention liant la ville à cette dernière c’est parce que je subodorais une volonté de changement pas forcément de bon goût.

En lisant le texte d’une question « téléphonée » et parue dans « Actua Louviers » page 29, le maire tient à faire savoir — très vite donc — que cette convention a du plomb dans l’aile. « Il s’agit pour la municipalité de réinterroger en temps voulu (NDLR : à l’automne) cette convention pour y introduire, comme vous le souhaitez, des pièces de théâtre dites populaires, de boulevard ou à caractère comique. » Nous y voilà. Sans faire de procès d’intention à l’adjointe à la culture bardée de diplômes d’études supérieures mais aussi sensible à l'art et à son histoire et donc sensible à une culture de l’effort et de l’interrogation sur le sens de notre vie, j’aimerais qu’elle définisse publiquement ce qu’elle entend par « populaire »  ?

S’agit-il de réjouir le cœur des Lovériens, avec ce que le Larrousse qualifie de « terme général pour désigner le répertoire des salles situées autrefois sur le boulevard du Temple, puis sur les Grands Boulevards de Paris, et dont le caractère d'abord populaire et mélodramatique, puis bourgeois, s'oppose à la fois au répertoire des grandes scènes traditionnelles et aux recherches du théâtre d'avant-garde. L'expression « théâtre de boulevard » désigne un genre de théâtre conventionnel, qui vise uniquement à plaire, par des effets faciles. »
Si les mots ont un sens voilà donc ce que nous proposerait la nouvelle municipalité. Du gros rire bien gras. On serait loin d’Ariane Mnouchkine et des Tréteaux de France dans « l’examen d’une évolution concrète et sensible des offres de spectacle dans la salle du Grand Forum ». J’invite le maire et son équipe à y réfléchir. 
S’ils ont la chance d’être cultivés, c’est sans doute moins avec le mélodrame et le vaudeville qu’avec une certaine exigence de soi et de connaissance de l'autre.

8 mai 2014

Le député UMP Thierry Mariani veut «déculpabiliser» l'histoire française de l'esclavage


Thierry Mariani se distingue. En 140 signes sur tweeter, le député UMP a réussi à se mettre à dos toutes les personnes sensées et raisonnables. On se demande encore comment cet ancien ministre, rompu aux us et coutumes du pouvoir, habitué des prises de bec et autres gracieusetés, a pu se laisser aller, tout seul comme un grand, à proférer une vérité historique, certes mais au mauvais moment, dans de mauvaises conditions pour un mauvais mobile. Autrement dit, Mariani a tout faux.
Qu’a-t-il donc voulu prouver ? Sous le titre « déculpabilisation », Mariani a souhaité rappeler, à l’occasion de l’enlèvement de centaines de jeunes filles nigérianes par des membres de la secte islamiste Boko Haram, que l’esclavage auquel elles ont été promises par le gourou de cette secte violente et morbide, n’est pas une invention occidentale et que ce comportement pourrait déculpabiliser les esclavagistes européens pourtant auteurs de crimes contre l’humanité depuis le vote de la loi Taubira.
Ne nous contentons pas de ces 140 signes. Essayons de comprendre comme un député de la droite forte (en quoi ?) a pu en arriver là. Car il faut avoir accumulé de l’amertume, de l’aigreur, de la rancœur, pour tenter de profiter d’une occasion dramatique afin de tenter de disculper les Français notamment, dont on sait qu’ils ont enlevé, transporté, vendu, des centaines de milliers d’Africains utiles aux Antilles et ailleurs à Saint-Domingue par exemple. Le Code noir n’est pas une invention américaine, il s’agit d’une décision royale et française.
En quoi le fait historique prouvant que des émirats, des sultanats, ont fait du commerce avec des hommes et des femmes africaines nous exonèrerait, nous occidentaux, d’autres faits historiques tout aussi crapuleux ? Mariani, Italien d’origine, nés de parents modestes, a fait de solides études et a occupé diverses fonctions d’élu (RPR puis UMP) dans le Vaucluse, un département du sud de la France où le Front national s’implante durablement.
Mais aujourd’hui, Mariani est député de l’étranger. Il devrait donc avoir les yeux ouverts et la mémoire plus sélective. A droite comme à gauche, de nombreuses voix se sont élevées pour déplorer le tweet de Mariani. A-t-il pensé un seul instant au sort de ces centaines de jeunes filles, âgées de 9 à 16 ans, promises à l’esclavage ou au mariage, au Cameroun, au Tchad ou ailleurs, victimes de la folie d’intégristes fanatisés ? Interrogé sur son tweet, Mariani a refusé de reconnaître son erreur. Il en a même rajouté. Il s'agit donc bien d'une vraie conviction. Odieuse.

7 mai 2014

Réforme territoriale : Hollande doit résister aux corporatismes


L’annonce, par François Hollande, de son intention de reporter les élections départementales en 2016 pour les jumeler avec les régionales, est pertinente. Il veut, en effet, que sa réforme (moitié moins de régions, disparition des conseils départementaux) soit préparée, pensée, travaillée pour ne pas subir les foudres du Conseil constitutionnel ou un avis négatif du Conseil d’Etat.
J’ai écrit, il y a quelque temps, que j’étais favorable à cette réforme, cette simplification souhaitée majoritairement par les Français de gauche comme de droite. Il faut être cohérent. On ne peut pas clamer à tout bout de champ que le millefeuille territorial est trop épais et ne pas agir pour modifier la situation. Je soupçonne M. Guillaume, sénateur socialiste, d’avoir été le poisson pilote de ce report à 2016. Il y a quelques jours, ce dernier a avancé cette proposition rejetée par la plupart des présidents de conseils généraux, de droite comme de gauche, et par des apparatchiks conscients de la disparition des grands fromages à partager.
L’argument essentiel qui donna naissance aux conseils généraux est celui de la proximité. La fameuse journée de cheval entre le point le plus éloigné du département et le chef-lieu où siégeaient les services. Avec Internet et la dématérialisation, cette fameuse journée de cheval en a un sacré coup dans les pattes. Tout comme certaines sous-préfecture d’ailleurs puisqu’il est prouvé que certains sous-préfet sont sous-employés et sous-utilisés. Là aussi, le gouvernement pourrait donner un utile coup de rabot.
Pour en revenir à nos moutons à quatre pattes, j’espère que François Hollande et Manuel Valls vont garder le cap. A deux sur le même pédalo (comme dirait Mélenchon) ce serait bien le diable qu’ils s’échouent sur un banc de sable (pour nous endormir ?) ou sur un Parlement remonté contre la réforme. Il reste deux années au président pour transformer en actes les promesses présidentielles et doter la France d’institutions modernisées et plus efficaces.

Lui, c’est moi, moi c’est lui
Puisque je parle d’institution, j’aimerais casser une patte au canard ambiant à la CASE de Louviers. Il se dit, à droite et à gauche aussi, que Franck Martin aurait demandé à Patrice Yung, si celui-ci était élu président, « de le nommer directeur politique » ou quelque chose d’approchant. Patrice Yung aurait refusé arguant d’un suicide politicien évident. Je ne sais d’où vient cette rumeur. Elle court, elle court et si je la rapporte c’est plutôt pour y mettre un terme car je la crois tout droit sortie de l’imagination d’un adversaire du bon sens, la chose du monde la moins bien partagée.

Son salaire augmente de 33 % en 2013 ! Le patron du MEDEF, Pierre Gattaz, victime de son discours : « variable »


Pierre Gattaz
Le Canard enchaîné joue un rôle au moins aussi important que le site Médiapart dans le paysage médiatique français. Et depuis plus longtemps compte tenu de sa longue histoire. Ce sont tous deux des organes d’information essentiels à la vie démocratique quoiqu’en disent leurs détracteurs. Ils nous montrent la face cachée des hommes de pouvoir qu’ils soient politiques, financiers, chefs d’entreprises. Le cirage de pompes d’Aquilino Morel restera marqué dans les mémoires même si personne ne peut lui reprocher d’aimer les belles chaussures bien lustrées. A chacun sa névrose.

La dernière exclusivité (dans le temps) du journal satirique nous apprend que Pierre Gattaz, le patron du MEDEF, l’homme qui voulait créer un SMIC « intermédiaire », le SMIC du pauvre encore plus pauvre, a augmenté son salaire de 33% en 2013 à la tête de l’entreprise qu’il dirige. Évidemment, les salariés de son entreprise n’ont pas eu droit à un tel honneur.

Pour sa défense, Pierre Gattaz invoque une croissance de la part variable de son salaire liée à la croissance de l’activité et du chiffre d’affaires. Pourquoi donc, les salariés ne bénéficieraient-ils pas de cette part variable ? Ne contribuent-ils pas également, par la force de leur travail, leur imagination, leur engagement professionnel, leur fidélité et leurs compétences au sein de l’entreprise, à cette part si appréciée des patrons ?
Je connais des PME, respectables, qui partagent en trois tiers les résultats des bonnes années : un tiers pour les actionnaires, un tiers pour les salariés, un tiers pour les investissements, indispensables aujourd’hui pour progresser, conquérir des marchés et créer de nouveaux emplois.

Le problème de Pierre Gattaz c’est d’être dans la contradiction. Il n’est pas le seul dans ce cas. D’autres que lui en subissent les effets, dans le monde politique en particulier. Car il est impossible de donner du crédit à la proposition de SMIC au rabais « un comportement esclavagiste » dirait Mme Parisot, ancienne présidente du MEDEF, quand dans le même temps, on voit ses propres revenus croître à la vitesse grand V.

Qu’on me comprenne bien. Je ne remets pas en cause la qualité des chefs d’entreprises qui se font une haute idée de leur métier : prise de risque (financier souvent) innovation, recherche de clientèle, compétence, respect des hommes et des femmes, et finalement utilité sociale pour les produits qu’ils créent ou les services qu’ils rendent. Je n’y vois pas d’injustice à être « bien » rémunéré. Le hiatus vient du comportement ambigu, contradictoire avec leurs paroles, de la part des responsables d’organisations collectives ayant pignon sur rue. Leur discours devient inaudible, injuste, pour tout dire insincère. Gattaz en paiera le prix.

5 mai 2014

Quand Ernest Martin expliquait la politique culturelle de Louviers à Ariane Mnouchkine


Lorsque l’Etat ou une collectivité locale — surtout si elle dirigée par un maire FN ou UMP — veut réaliser des économies, il s’attaque à la politique culturelle ou aux activités d’animation culturelle. Il faut croire que les élus FN et UMP (socialistes malheureusement aussi parfois) ont envie de sortir leur révolver quand ils entendent le mot culture.
A Louviers, j’ignore quel sera le sort réservé à la convention liant la ville de Louviers à la ville d’Evreux et à la Scène nationale. Ce qu’on sait des intentions de M. Priollaud, nouveau maire, c’est qu’il veut créer un festival de musique classique pourquoi pas en osmose avec le Moulin d’Andé, où Suzanne Lipinska a développé musique de chambre, académies estivales, concerts pour orchestres ou solistes accompagnés. La semaine Alexandre Paley, pianiste mondialement renommé, rencontre plus qu’un succès d’estime.
Même s’il n’en a rien à faire, je souhaite évoquer à l’intention du nouveau maire de notre ville, une anecdote liée à la venue à Louviers du Théâtre du Soleil dont on fête cette année le 50e anniversaire de sa création. J’ai raconté récemment comment Ariane Mnouchkine avait accepté de recevoir à la Cartoucherie de Vincennes le comité de grève de l’usine Zimmerfer en 1972. En réalité ses liens avec Louviers dataient de 1967. Cette année-là (1) Dans le cadre du festival de l’été, Ernest Martin, maire, avait invité Ariane Mnouchkine à présenter à Louviers « La Cuisine » d’Arnold Wesker. Ceux qui souhaitent en savoir plus sur le contenu de la pièce de théâtre donnée à la salle des fêtes d’alors peuvent trouver sur Internet un synopsis apte à satisfaire leur curiosité.
L’anecdote est la suivante : Ernest Martin considérait que l’action culturelle devait se voir consacrer un budget équivalent à celui destiné à l’enlèvement et au traitement des ordures ménagères. « Les citoyens ne discutent pas les dépenses engendrées par ce service alors qu’on pinaille sur l’entrée libre pratiquée pour la culture active. » En effet, en apprenant que l’entrée de la salle serait ouverte à tous sans bourse déliée, Ariane Mnouchkine menaça de ne pas jouer. Pour elle « la gratuité » était le symbole d’un mépris à l’égard des artistes lesquels méritaient « qu’on paie pour les voir. » Je me souviens des explications politiques et financières d’Ernest Martin. La culture est un droit et une municipalité de gauche sait qu’il est plus facile de payer pour un loisir passif (une place de cinéma par exemple) ou pour une addiction (un paquet de cigarettes) que pour un spectacle vivant. 
Faire l’entrée libre c’est au contraire placer la barre très haut et considérer qu’aucune barrière sociale ou financière ne doit entraver l’accès aux œuvres de l’esprit. Convaincue, Ariane Mnouchkine donna la pièce, laquelle fit salle comble et les comédiens furent magnifiquement fêtés. Il en est de même avec les bibliothèques ou autres médiathèques. De nombreuses communes acceptent aujourd'hui de prêter des livres « gratuitement » ce qui est un mot impropre puisque l’impôt permet non seulement d’acquérir des ouvrages mais aussi d’assurer les frais de fonctionnement.
Avant de poursuivre ou non la convention avec la Scène nationale, M. Priollaud ne devrait pas avoir le réflexe parisien d’Odile Proust. Elle considérait que les Lovériens n’étaient pas murs pour avoir un théâtre. Nous saurons bientôt si M. Priollaud considère qu’ils sont assez murs pour continuer à apprécier (ou non) les programmes de la Scène nationale.

(1) La cuisine d’Arnold Wesker, adaptation de Philippe Léotard, mise en scène d’Ariane Mnouchkine, décor de Roberto Moscoso.
Création le 5 avril 1967 au Cirque de Montmartre. En 1968, représentations dans des usines à St Etienne, Grenoble, puis à Paris. Reprise en alternance avec Les Clowns à l’Elysée Montmartre en 1970.
63 400 spectateurs.

Le 25 mai prochain, je choisirai Martin Schultz et les partis qui le soutiennent


Martin Schultz
Les élections européennes passionnent moins les Français que les municipales mais plus (au dernier sondage meilleur que le précédent) que les Européennes de 2009. S’il s’agit, comme le demande Jean-François Copé de punir François Hollande, on pourra lui rétorquer que le travail a déjà été fait en mars dernier. Heureusement, les enjeux des élections du 25 mai (en un seul tour à la proportionnelle) dans les 28 pays de l’Union européenne dépassent largement la seule personne et la seule politique du président français.
Ces enjeux se résument à deux questions : quelle sera la couleur de la majorité des parlementaires de Strasbourg ? Quel sera le ou (la) futur(e) président(e) de la Commission européenne ? A la première question, les sondages actuels indiquent, tout d’abord, une poussée des populismes de différentes natures car le FN français n’est pas l’équivalent de l’UPK britannique. De toutes façons ces partis d’extrême droite luttent contre l’Europe, contre l’Euro, contre la liberté de commercer et de vivre. Contre l’ouverture au monde. Le problème est que cette ouverture manque de règles et de cadres permettant une concurrence non faussée.Le résultat du vote ne permettra pas aux néofascistes et aux souverainistes étroits de poser sur l'orientation de la politique européenne.
Primo qui sera majoritaire du PPE (la droite) ou du PSE (les socialistes) avec leurs alliés au sein du Parlement dont le groupe Verts. Les sondages penchent légèrement en faveur de la gauche mais d’ici le 25 mai, la situation peut encore évoluer. Secundo, quel nouveau président pour la Commission puisque Jose Manuel Barroso va être remplacé ? La question est simple : sera-ce Jean-Claude Juncker, le Luxembourgeois, ancien premier ministre d’un paradis fiscal ou Martin Schultz, président sortant du Parlement européen, favorable à une meilleure harmonie fiscale en Europe et partisan d’un plan de relance des investissements intelligent.
La question mérite d’être posée et j’y insiste parce que c’est l’enjeu de l’élection européenne. De l’élection du parlement dépend — et c’est la première fois dans l’histoire — celle du président du principal exécutif européen. L’enjeu n’est donc pas mince et les Français feraient bien d’y regarder à deux fois avant de décider de voter ou de s’abstenir, de choisir tel ou tel parti en leur âme et conscience.
Au moment même où l’Ukraine risque d’entrer en guerre civile, où des pays frontaliers de la Russie se posent de graves questions sur leur indépendance fragilisée par Poutine, l’Europe doit demeurer la garante de la situation de paix qui règne depuis 1945 et prendre le virage de la croissance raisonnable et écologique, celle qui fait défaut depuis deux décennies. Pour toutes ces raisons, je choisirai donc Martin Schultz le 25 mai prochain et les partis qui le soutiennent.