5 avril 2014

La base des écolos très largement défavorable au choix de Cécile Duflot et Pascal Canfin de ne pas figurer parmi les ministres


Cécile Duflot. (DR)
85 % des militants écologistes considèrent que la sortie du gouvernement des ministres EELV est une mauvaise chose. Chez les socialistes, ils sont 50 % à considérer que c’est une bonne chose et 47 % une mauvaise chose. Comme Cécile Duflot et Pascal Canfin ont décidé, très tôt de ne pas appartenir à un gouvernement animé par Manuel Valls, sans en référer aux instances de leur parti, on sent bien le hiatus existant entre le sommet et la base. Pour un parti dont les statuts et les méthodes s’appuient sur la délibération collective et l’opinion partagée, cette sortie intempestive, non souhaitée par le nouveau premier ministre ni par la président d’ailleurs, explique en partie les échecs des écolos. Car ils n’apparaissent pas comme responsables. Mais comme les animateurs d’un mouvement à vocation protestataire et minoritaire sensibles à l’air du temps alors que justement les temps sont tels qu’ils demandent constance et courage. Ils demeurent les adeptes de congrès houleux, au cours desquels les psychodrames et les problèmes entre les personnes dominent les débats. Éternelle contradiction entre la gauche de gouvernement et la gauche purement idéologique. Je souhaite aux écolos de passer un week-end serein au cours duquel les engueulades et les décisions individuelles intempestives ne vont pas manquer au menu.
Dans ces temps de crise dure, âpre, à la fois économique et sociétale, donc, la tâche des gouvernants est terriblement rude et difficile. Entrer dans la logique bruxelloise des baisses de déficits publics, de réduction des dépenses publiques, d’austérité même si le mot n’est jamais franchement prononcé, implique plus que des efforts, surtout pour les moins favorisés. Il s’agit d’une véritable mutation dans un pays où le rôle de l’Etat est si important et si essentiel à l’équilibre social. Sommes-nous prêts à remettre en cause notre système de santé ? Sommes-nous prêts à nous livrer pieds et mains liés au « laisser-faire laisser aller » prôné par de brillants esprits surtout londoniens ? Sommes-nous prêts à abandonner les idéaux du Conseil national de la Résistance sur lesquels s’est construite la démocratie française depuis 1945 ? Et pas seulement la démocratie mais un véritable corpus idéologique du vivre ensemble. Hollande sera-t-il celui qui, après Sarkozy, mettra à mal cet acquis historique et civilisationnel ? Si c’était le cas gare à la fuite des militants et des élus socialistes dont le crédit a été très entamé lors des municipales alors que, objectivement, leur gestion était plutôt bonne. Ce n’est pas par hasard que cent députés viennent de signer un texte exigeant un contrat entre le gouvernement et la majorité parlementaire…
Sans les écolos, le gouvernement ne comprend, actuellement, que des socialistes si l’on excepte Sylvia Pinel, membre du PRG. La nomination des secrétaires d’état, mardi, une dizaine dit-on, devrait permettre à certaines personnalités de la société civile de faire leur entrée au gouvernement sous la houlette des seize ministres de « combat ».  Et comme le principal reproche fait au gouvernement Ayrault fut celui d’une absence de gouvernance et de cohérence, peut-on souhaiter — même si on n’est pas d’accord avec toutes leurs propositions — que les ministres parlent d’une même voix et agissent dans le même sens ? Au moins, les Français sauraient pourquoi on fait ce qu’on fait et comment on le fait. Il sera toujours temps (pour ceux qui le voudraient) de les sanctionner en temps utile. De s’en satisfaire et de les soutenir s’ils réussissent.

4 avril 2014

Franck Martin fait ses cartons. La défaite est toujours violente et cruelle.


A mi-dépouillement, la messe était dite. (photo JCH)
Suite à mon article concernant la défaite de la liste Martin, un mauvais esprit m’a adressé un commentaire pour déplorer « mes larmes de crocodile. » Compte tenu de mes rapports avec l’ancien maire et des critiques que j’ai pu formuler sur sa politique, il paraît inconcevable à certains que j’ai pu être sincèrement navré de la défaite de la gauche à Louviers. C’est le cas cependant. Je regrette de le constater mais Franck Martin, jusqu’à preuve du contraire, n’était pas le seul concerné par l’avenir de la liste qu’il conduisait. Je rappelle que sur cette liste figuraient notamment des membres du Parti socialiste, des Verts et que, par conséquent, il s’agissait bien du sort d’un collectif et non pas celui d’un individu isolé, fût-il tête de liste. 

Je réaffirme que dans l’intérêt global de la ville de Louviers et de l’agglomération Seine-Eure, il eût mieux valu que la liste de gauche l’emportât, la droite au pouvoir à Louviers, ayant suffisamment démontré dans le passé sa capacité de nuire aux intérêts des catégories sociales légitimement prioritaires dans les choix d’une liste se réclamant du progressisme.
Pour autant, nous faut-il pleurer sur le sort personnel de Franck Martin ? Au-delà de la déception légitime après une défaite inattendue et de la remise en question d’un certain niveau de vie, comment comparer son sort à celui des centaines de salariés licenciés ou victimes de suppressions d’emplois à un âge où toute remise en question est plus que problématique. Franck martin (58 ans) n’aurait plus, pour vivre, que les 1500 euros d’indemnité du conseil régional et…la retraite de sa compagne et serait donc contraint de s’inscrire à Pôle emploi sans garantie de trouver un travail correspondant à ses compétences. Il oublie de préciser qu’il touchera une retraite de salarié et d’élu lors de ses soixante ans et quelques.

 Depuis des années, pourtant, il a touché des indemnités conséquentes, si conséquentes qu’elles l’ont conduit à octroyer à sa compagne (également adjointe et vice-présidente de la CASE) la part de trop plein (le total étant de 10 200 euros) limitée par les textes à 8 800 euros (arrondis). Des sommes rondelettes on en conviendra. Cette conduite fit assez jaser à Louviers et ailleurs et parmi ses proches au sein de la municipalité. Certes, il existe un réel handicap pour les salariés du privé, engagés en politique. Quand les fonctionnaires, mis en disponibilité, retrouvent ipso facto leur emploi, les cadres et autres membres de l’industrie ou du secteur tertiaire défendent bec et ongles leurs mandats parce que c’est — comme dirait Franck Martin — « leur boulot ». Là, il y a confusion des genres. Un mandat d’élu n’est pas une profession. Il s’agit d’un engagement au service de l’intérêt général. Et comme la disponibilité doit être totale, il n’est pas scandaleux que les élus touchent des indemnités qu’on peut considérer comme élevées mais qui correspondent à un salaire de directeur d’entreprise privée. Le maire président de la CASE est responsable de plusieurs centaines de salariés et doit gérer des budgets de plusieurs dizaines de millions d’euros. Il est juste qu'il soit bien rémunéré.

Franck Martin, élu pendant 19 ans, est-il cigale ? S’il n’a pas réussi à prévoir l’avenir pour se protéger d’une défaite électorale, c’est à l’évidence un manque d’anticipation coupable. Il faudra également qu’il nous explique comment et pourquoi il a déclaré à la presse qu’il n’accomplirait pas un 4e mandat ? S’il avait été élu — c’eût été son 4e mandat ! — il avait donc l’intention de passer la main en cours de mandature ? Il aurait été bien que les électeurs soient informés de cette volonté. Même si elle n’aurait rien changé au résultat.
Maintenant, il est loisible de comprendre qu’il n’est jamais agréable de devoir faire ses cartons, de quitter un lieu où l’on a trôné pendant deux décennies, où l’on a dirigé, commandé, orienté et travaillé au mieux–être de la collectivité. La défaite est toujours violente et cruelle. Mais Franck Martin n’est pas le premier à la connaître.

MAJ : « Manuel Valls doit pouvoir compter sur le soutien entier et déterminé de ses camarades »


« Manuel Valls est un élu déterminé et un homme énergique. Certains le lui reprochent jusque dans nos rangs. Mais, en ces périodes difficiles, très difficiles, la faiblesse, l’hésitation, la pusillanimité ne sont pas vraiment de bon aloi. Sa fermeté sera un atout dans le combat pour la croissance et l’emploi. On dit qu’il communique beaucoup. Est-ce inutile pour rappeler des valeurs et des principes, défendre des idées et des lois, mobiliser et rassembler les Français ? La mission que lui a confiée le Président de la République, en effet, est à la fois simple et terriblement dure : mener la politique qui permettra de redresser notre pays dans la justice, l’efficacité et le progrès. Le nouveau chef de la majorité doit faire en sorte que la Gauche relève la tête, sorte du fossé, reprenne courage.
J’ajoute qu’il devra parvenir à ce que ses adversaires baissent les yeux. Etait-il normal, bien davantage que les ministres et la majorité parlementaire, de ne plus entendre que ceux qui entretiennent, méthodiquement, médiatiquement, depuis mai 2012, le vieux fonds de commerce médiocre et populiste de l’anti-politique ? Fallait-il laisser la parole à un quarteron de conservateurs accumulant sur tous les sujets, du mariage pour chacun à l’Europe pour tous, moqueries, ricanements et mauvaise foi afin de masquer leurs turpitudes du moment, leurs tricheries et leurs détournements d’argent ? Devait-on laisser la droite se multiplier les mensonges tirés de ces tristes « éléments de langage » qui font l’ordinaire intellectuel de MM. Copé et consorts ? Jean-Marc Ayrault, avec courage et sérieux, parce que c’était son caractère et sa façon d’être, les ignorait et avançait. Le Gouvernement Valls devra les combattre pour ne pas reculer. Il n’est pas de sauveur suprême, mais nous n’en pouvions plus d’être aphones.
Or, la voix du nouveau Premier Ministre porte. Bien des militants ont retenu, à l’université d’été de La Rochelle en août 2013, son discours sur le socialisme, la République, la nation, la laïcité, sa dénonciation du Front national, « ce parti qui simplifie tout et ne règle rien ». Son action est concrète. Dans l’Eure, Vernon et Les Andelys sont devenues avec lui zones de sécurité prioritaires. Val-de-Reuil avec son soutien a étendu un dispositif de vidéo-vigilance pour la protection des plus faibles. Louviers l’a accueilli. Ne soyons donc pas uniquement des « amis des bons jours ». Les socialistes et la Gauche ne doivent avoir aucune hésitation. Il leur faut apporter au Gouvernement de la France dirigé par Manuel Valls un appui sans faille s’ils veulent, d’ici 2017, réussir.
Le temps n’est plus où nous pouvions choisir. Notre récente et cinglante défaite aux municipales nous a fait nous interroger, douter, questionner l’espace d’un dimanche électoral ? Voici une première réponse qui a le mérite de la clarté. Nous étions en attente d’un geste, d’un signe, d’un espoir. En voilà de directs. Ne les boudons pas. Le temps de la critique viendra bien assez tôt. D’autres déjà s’en chargent avec une certaine détermination. C’est pourquoi, au nom des militants eurois, avec fidélité et cohérence, avec loyauté et volonté de gagner, je veux saluer la décision et le discours de François Hollande, féliciter Manuel Valls et lui souhaiter bonne chance dans l’exercice des hautes responsabilités qui sont désormais les siennes. Pour conduire et diriger la politique de la Nation, il doit pouvoir compter, à l’échelle qui est la nôtre, sur le soutien entier et déterminé de ses camarades.  »

3 avril 2014

Le remaniement avait un double objectif : virer Ayrault et Moscovici !


La presse moque le nouveau gouvernement en faisant (à juste titre) remarquer que de nombreux ministres importants conservent leur charge et que les principaux sortants sont Jean-Marc Ayrault, le premier ministre, Pierre Moscovici, à la tête de Bercy mais où il fait la preuve de son insuffisance, et quelques autres ministres moins connus du grand public. En fait de changement, ce que je retiens c’est qu’il s’agissait surtout de virer Ayrault.
Il ne faut pas s’étonner. François Hollande considère, à raison, que l’ancien maire de Nantes ne répondait pas aux nécessités des temps difficiles que traversent la gauche et le pouvoir en place. Trop mou, trop lent, pas assez d’autorité, très mauvais communicant. Maintenant que les chaînes en continu et les réseaux sociaux donnent le la, Jean-Marc Ayrault est apparu, si je puis dire, déconnecté des Français. Une victime de la fracture numérique et médiatique, voilà ce qu’est Jean-Marc Ayrault sans oublier les nombreux couacs de tel ou tel ministre, les contradictions internes, les différences d’appréciations sur tel ou tel dossier. Et surtout le bilan dressé au lendemain des municipales : catastrophique pour la Gauche !
L’arrivée de Manuel Valls forme un contraste. Le nouveau premier ministre dit ce qu’il a à dire. Il a de l’énergie à revendre. Il est capable à la fois de résister à la droite et à l’extrême droite (qui sent le danger) et de donner de la cohérence à la politique définie par le président. Même si cette politique soulève bien des questions, surtout à gauche. Alors que les classes modeste et moyenne réclament plus de pouvoir d’achat et moins d’impôts, je ne suis pas certain que le pacte de solidarité suffira à apaiser la grogne des fonctionnaires, des salariés du privé et celle des pigeons, des canards boiteux et autres oiseaux aux noms divers.
On demande à voir les résultats et les effets sur les Français. Car c’est bien là que les bémols s’inscrivent sur la portée musicale. Dans combien des temps aurons-nous les résultats de la politique actuelle face au chômage de masse et aux nombreux licenciements et suppressions d’emplois programmés ? Pascal Lamy, ancien directeur général de l’OMC (organisation mondiale du commerce) déplore que François Hollande soit arrivé au pouvoir au pire moment. Depuis 2008, la crise frappe de plein fouet l’Europe et la France. L’héritage sarkozyste laisse une France en faillite, comme disait François Fillon. Plus généralement la dette française n’a jamais été aussi élevée et les critères de Maastricht nous mènent la vie très dure. L’austérité démontre aussi que la consommation et donc la croissance sont atones faisant craindre la déflation ! Même le FMI reconnaît que les états avec leurs mesures (cf la Grèce, l’Espagne, le Portugal) frappent les ménages et les retraités trop durement.
Je retiens du nouveau gouvernement la confirmation de Christiane Taubira au ministère de la Justice. C’eût été un vilain signe que de l’écarter. C’eût été donner raison à la manif pour tous et aux racistes lanceurs de bananes. Mme Taubira a ouvert quelques chantiers de réformes, elle a l’occasion de les mener au bout, souhaitons lui de réussir.

2 avril 2014

Jacques Le Goff avait parraîné le monument à la mémoire et à la paix de Val-de-Reuil


A l’occasion de la cérémonie d’inauguration du Monument à la mémoire et à la paix, sur une idée de Bernard Amsalem, alors maire de Val-de-Reuil en 1993, de nombreux parrains avaient accepté d’adresser un texte devant servir de support à la réflexion. Jacques Le Goff, décédé avant-hier, historien de renom et excellent médiéviste avait accepté d’être de ceux-là. J’ai plaisir à rappeler le texte de la lettre qu’il avait adressée au maire et le texte consacré au sens de la paix et de la mémoire : 

« Votre idée d'un monument pour la paix et pour la mémoire me semble belle et bonne et c'est pour moi un grand honneur que vous ayez souhaité me mettre parmi les parrains. Je l'accepte bien volontiers et vous prie d'agréer l'expression de ma haute considération et de mes sentiments très chaleureux. »

« La mémoire bien utilisée et la paix bien ordonnée sont les deux conditions d'un avenir heureux et fructueux. La mémoire doit y projeter l'émotion du passé vécu en gardant la voie médiane entre un souvenir qui ne doit pas paralyser et un oubli qui déshonorerait. Elle doit chercher la vérité sous la passion, se transformer en histoire authentique. La paix ne doit pas être lâche, passive ou neutre, elle doit être l'effort actif pour surmonter les pulsions xénophobes ou racistes, pour fonder la société sur la justice, le respect et la fraternité. »
Jacques Le Goff

1 avril 2014

François Loncle : « pour Manuel Valls contre la ringardise de gauche »


Pendant la campagne présidentielle à Rouen. (photo JCH)
« Le Président de la République a pris une décision qui s’avère doublement excellente, d’une part, en nommant Manuel Valls à Matignon et, d’autre part, en fixant une orientation politique claire, cohérente et courageuse. François Hollande rétablit un équilibre strict entre les impératifs économiques et les indispensables préoccupations sociales. Il a aussi pleinement raison de hausser le ton à l’égard de la Commission européenne.
Quant à certaines critiques adressées au chef de l’Etat et au nouveau Premier ministre par une partie, nettement minoritaire, de la gauche, elles n’apparaissent pas seulement inappropriées, mais totalement ineptes et ringardes.»
François Loncle, 
député de l'Eure

Elections municipales : les points chauds de l'agglomération et la défaite des deux conseillères générales


le dépouillement à Louviers (Photo JCH)
Si la ville de Louviers et son sort électoral ont focalisé toutes les attentions durant ces dernières semaines, elle le doit à son rôle de ville-centre et à l’incertitude sur le nom du vainqueur final. A dire vrai, je n’ai jamais douté de la victoire de Franck Martin. Et sa défaite prouve qu’en matière d’élections, personne n’est à abri d’un échec, personne ne joue sur du velours. Je ne vais pas répéter les raisons de cet échec — elles sont locales et nationales avec une déferlante toute bleue — je souhaite plutôt jeter un œil sur les autres communes où un vrai enjeu était proposé aux électeurs avec la participation de personnalités engagées depuis longtemps dans les combats locaux.
Prenons la commune d’Incarville. En 2008, Leslie Cléret, maire sortante, avait été sèchement battue par la liste Lemarchand. La conseillère générale du canton de Louviers-nord (cette nuance a disparu depuis) avait eu du mal à accepter sa défaite, ce qui se comprend aisément. Quand j’ai appris que Leslie Cléret souhaitait repartir à l’assaut de la petite forteresse incarvillaise, j’ai senti le danger. Que diable la conseillère générale allait-elle faire dans cette galère ? J’étais certain que Leslie Cléret n’avait pas remonté la pente et son second échec en est la preuve. Pendant six années, elle va occuper les rangs de l’opposition. J’imagine qu’elle fera montre de pugnacité et de connaissance des dossiers mais à quoi bon s’exposer un an avant le renouvellement du conseil général ?
Janick Léger, conseillère générale du canton de Val-de-Reuil, souhaitant s’émanciper de la tutelle de Marc-Antoine Jamet, a tenté sa chance dans la commune de Léry. En accord avec le maire sortant Robert Ozeel, qui ne se représentait pas, Janick Léger pensait faire la différence sur son expérience, sa vice-présidence du conseil général, son action au sein de la mission locale et sa capacité à contribuer au rapprochement avec Val-de-Reuil où elle était adjointe. Mais Léry, c’est la commune des Femel, Page, et autres représentants de la droite. Ce village a toujours été en pointe contre Val-de-Reuil. Ce qui devait arriver est arrivé : Janick Léger a fédéré contre elle tout et son contraire, permettant aux autochtones de droite et contre le mariage pour tous de conquérir cette commune.
A Pitres, village de l’ancien canton de Pont-de-l’Arche, le retour sur la scène locale de René Dréan, ancien maire, pouvait susciter un suspense…vite éteint. Dès le premier tour, Jean Carré, maire sortant, malgré la présence d’une troisième liste conduite par Florence Lambert, a réussi à sortir en tête et à prendre une option sur la victoire finale. Pitres déchaine les passions. Après la victoire de Jean Carré, dimanche dernier, on parle de recours devant la justice…mais l’écart est tel que je ne vois pas un tribunal administratif annuler l’élection.
A Saint-Pierre-du-Vauvray, aussi l’élection municipale a été passionnée. Jérôme Bourlet de la Vallée, conseiller régional EELV se voyait beau et croyait sincèrement mettre un terme à la carrière d’Alain Loeb, maire sortant. Avec 56 %, des voix, ce dernier est réélu, témoignage d’un attachement ou d’un rejet, Jérôme Bourlet de la Vallée ne laissant personne insensible à son discours et à ses engagements.
Je n’ai pas encore eu l’occasion de citer le remarquable succès de la liste de Richard Jacquet à Pont-de-l’Arche. Comme par hasard, ce maire socialiste n’a pas été victime du PS-bashing en vogue dans le département. Incontestablement, la personnalité de Richard Jacquet a beaucoup compté dans le jugement des électeurs. Homme tranquille, animé de convictions, soutenu par une équipe homogène, Richard Jacquet a battu facilement la liste d’Hervé Lour qui…n’a pas fait le poids. La présence de Dominique Jachimiak (ancien maire) sur cette liste, après qu’il avait annoncé un renoncement, n’a rien apporté de positif…au contraire.

31 mars 2014

Mme Nicole Bricq me donne envie de gerber


Le remaniement, alors qu’on a besoin d’un changement de gouvernement, est sur les rails à l’heure où j’écris ces lignes. Ce remaniement me fait penser à certains ministres dont la compétence et le sérieux ont échappé à mon jugement. Je ne vais pas dresser une liste exhaustive de ceux et celles qui, en période d’apprentissage, n’ont pas réussi leur CAP et encore moins leur bac professionnel de ministre.
Le parfait exemple de ces hérauts de la République me semble être incarné par Mme Nicole Bricq. On raconte que cette sénatrice était une excellente parlementaire spécialiste des finances et apte à remplir les difficiles fonctions de rapporteur. Devenue ministre, elle passa un mois dans son premier poste avant d’être dirigé vers une autre adresse de l’Etat suite à une décision mal appréciée en haut lieu.
Pourquoi est-ce que je parle de Nicole Bricq ? Parce que les micros de BFM TV repris par le Petit Journal de Yann Barthès sur Canal Plus nous en apprennent plus sur le comportement de certain(e)s que tous les beaux discours bien rédigés ou bien appris. Invitée au dîner de gala organisé en l’honneur du président chinois, Mme Bricq, à peine sortie de table, s’est livrée à une envolée très classe assurant « que la bouffe de l’Elysée était dégueulasse en tout cas bien moins bonne que celle de Matignon. » Et comme elle affirmait cela devant Jean-Marc Ayrault, j’ai tendance à penser qu’elle lui cirait les bottes.
Je suis resté baba devant une telle désinvolture et en un tel moment puisqu'au lendemain de premier tour catastrophique pour la gauche et pour le PS en particulier. Vraiment, ces gens-là vivent sur une autre planète à moins qu’avec le temps, ils aient oublié qu’ils ne devaient leur rang et leur titre qu’au bon vouloir des électeurs (trices). Le second tour a dû rendre le menu de Mme Bricq encore plus indigeste. Et si elle est virée du gouvernement, comme je le suppose, Mme Bricq pourra toujours dégueuler sur le président. En tout cas, moi, elle me donne envie de gerber.

Après la défaite de Franck Martin à Louviers, quel avenir pour la communauté d'agglomération Seine-Eure ?

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Franck Martin félicite son adversaire de sa victoire.
Oser imaginer que des hommes et des femmes de gauche pourraient se satisfaire de la défaite de Franck Martin à Louviers est une insulte à l’intelligence et à la défense de l’intérêt général que représentent l’avenir et les projets de la communauté d’agglomération Seine-Eure. C’est pourtant à cette lecture passionnelle et partiale que s’est livrée une minorité gonflée par l’amertume et peu au fait de la réalité locale. La seule présence de Marc-Antoine Jamet dans la salle du Moulin (il y est resté jusqu’à la proclamation du résultat final hier soir) démontre bien que des responsables dignes de ce nom savent placer leur amour-propre au dessous de la nécessité et travailler au service du collectif quand il y a le feu au lac.
A Louviers, les hommes et les femmes de gauche conséquents n’avaient en réalité pas le choix, hier, lors du second tour. Face à une liste de droite sans étiquette (mais comprenant des adhérents de l’UMP, de l’UDI, du MODEM) dont le programme pèse par sa légèreté et son absence de réalisme, il est évident que la gauche ne pouvait s’exprimer qu’en apportant ses suffrages à la liste d’union PS-PRG-EELV. Une liste d’union pas aussi évidente que cela si l’on remonte à six mois du premier tour.
Souvenons-nous. La section PS hésitait à rallier le maire sortant à la fois pour des considérations liées à la personnalité de Franck Martin, très contestée, et pour des raisons de fond développées sur ce blog depuis 2008. J’étais de ceux qui pensaient qu’une liste d’union du PS avec le PCF, les Verts, le NPA, aurait eu un sens politique. François Loncle a agi activement en faveur d’un rassemblement avec Franck Martin et les protagonistes éventuels ont préféré joué l’autonomie (le NPA-PC) ou la victoire assurée (Les Verts). Les résultats de ce week-end donnent raison au député de Louviers. Une liste socialiste autonome (ou pas) aurait bu la tasse. Du moins l’honneur aurait-il été sauf.
Au cours de ce dernier mandat, la volonté d’investir a été plus forte que celle d’améliorer le quotidien des habitants. La gestion active de la dette n’a pas permis de la réduire et les impôts sont demeurés très lourds dans un contexte peu favorable aux dépenses. Dans le sondage dont Franck Martin s’est réclamé plusieurs fois pour affirmer qu’il était en quelque sorte irremplaçable, la question des impôts suscitait plus que des interrogations. Les charges supplémentaires votées par la gauche au pouvoir ont alourdi le fardeau au grand dam des classes moyennes et modestes. 
Jacques Normand optimiste puis…pessimiste.
Si l’on ajoute l’affaire de l’écrêtement, le conflit avec les enseignants de l’école de la Souris verte, la récente controverse avec les enseignants des collèges et les parents d’élèves au sujet des droits d’entrée au centre aquatique, la dissidence de Jacky Bidault démontrant une cacophonie interne, on a les ingrédients d’un vote de défiance masqué par le fait qu’en 2008, une partie de l’électorat de droite avait voté en faveur du maire sortant. Jacques Normand, notre CEVIPOF local, avait établi des projections de premier tour compte tenu de ce qu’il sait de Louviers et de son histoire. Il plaçait Franck Martin à 41 % des suffrages, ce qui lui aurait assuré la victoire au second tour. Avec 34 % et quelques, l’affaire était plus que corsée, plus que délicate.
Quand, en plus, la politique gouvernementale suscite doutes, hésitations et finalement rejet pour une absence de résultats économiques et sociaux, on a un cocktail détonnant qui a explosé au visage de nombre d’élus de gauche. Pourtant, tous les maires de gauche n’ont pas mordu la poussière. Pourquoi ? Parce qu’ils ont tissé des liens affectifs avec leur population, convaincu leurs concitoyens des difficultés des temps, écouté le mécontentement qui sourd de partout et oblige les élus à être attentifs, présents, chaleureux. Parce qu'ils ont privilégié la pacification au conflit, l'apaisement à la tempête.
Et en face ? Anne Terlez a habilement manœuvré en s’affichant sans étiquette dès le premier tour alors qu’elle est membre du MODEM. Je l’avoue, je ne la voyais pas si haut au soir du 23 mars. Je pensais que François Xavier Priollaud (UMP-UDI) serait premier à droite mais avec une différence de voix beaucoup plus importante. J’en conclus que l’apport de Jacky Bidault et de ses réseaux a été décisif dans le choix des Lovériens. François-Xavier Priollaud, conseiller régional UDI, candidat aux législatives de 2012, n’a pas fait une campagne extraordinaire. Il a surfé sur la vague bleue et son mérite est d’avoir accepté de remplacer au pied levé Benoit Veyrat, lequel pour des raisons bien compréhensibles liées à son état de santé, a laissé  passer sa chance alors qu’il a fait le travail de l’opposition de droite pendant presque six années.
le nouveau pouvoir lovérien.
Le tableau peint hier est apocalyptique pour la gauche. Non seulement, elle perd la mairie de Louviers mais en plus, elle risque de perdre la présidence de la communauté d’agglomération Seine-Eure. La rapide visite de Bernard Leroy, maire du Vaudreuil, au Moulin hier soir, la défaite de Janick Léger à Léry, les nouveaux équilibres politiques au sein de la CASE révèlent un nouveau paysage dont on ne sait ce qu’il en sortira. La droite va tenter de s’emparer d’un pouvoir — ce qui est légitime — jusqu’ici réparti en fonction des compétences individuelles et des projets communs. Il s’agissait plus d’un état d’esprit qu’un état des forces politiques, plus d’une synergie commune qu’une foire d’empoigne. Avec la présence d’une majorité et d’une opposition, le temps du consensus est sans doute terminé. Une nouvelle histoire commence. Nous contribuerons à la décrypter.

Marc-Antoine Jamet : « travailler, proposer, se rassembler après la défaite »

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Christian Renoncourt et Marc-Antoine Jamet, hier soir, au Moulin. (photo JCH)
Marc-Antoine Jamet, premier secrétaire de la fédération de l'Eure du PS, communique :
« Le parti socialiste et ses alliés ont subi les 23 et 30 mars 2014 une lourde défaite dans l'Eure. La Gauche perd trois des quatre plus grandes villes du département et s'efface dans de nombreuses communes importantes. Elle se réduit désormais, principalement, au triangle Conches/Pont-Audemer/Val-de-Reuil construit il y a quinze ans. C'est un incontestable échec. Les victoires remportées à Verneuil-sur-Avre et à Quillebeuf-sur-Seine, les confirmations à Bourgtheroulde, à Serquigny ou dans la vallée de l’Andelle, les succès renforcés de Gaillon et de Pont-de-l'Arche, la bonne tenue de nos partenaires à Brionne et Alizay, entre autres, l'atténuent, mais ne suffisent pas à le compenser. Seule la résistance au Front National, à sa violence et à son intolérance, par son recul après un premier tour inquiétant, est à mettre au crédit de ce dimanche électoral. Je veux avant toute autre considération saluer tous nos candidats qui se sont battus avec sincérité et engagement, remercier tous nos électeurs qui ne se sont pas trompés.
Cependant il faut discerner avec lucidité les raisons qui expliquent ce résultat.
1) La démobilisation de l'électorat de Gauche est flagrante. Elle se mesure notamment à Evreux, Louviers et Vernon où les municipalités en place ont subi le contrecoup de l'abstention nationale. Les chiffres du chômage dramatiques pour toutes les familles euroises, le sentiment que la pression fiscale devient étouffante pour les classes moyennes et les petits entrepreneurs, un discours gouvernemental qui ne convainc pas, sont manifestement à l'origine de cette désaffection. Sans oublier la sanction traditionnelle du pouvoir en place que constituent les élections intermédiaires et la situation économique calamiteuse héritée de la période Sarkozy, qui aurait handicapé toute majorité, le Président de la République doit entendre la demande de justice sociale, d'efficacité gouvernementale et de clarté politique que les Français ont exprimée.
2) Toutefois, dans l'Eure comme sur bien des territoires de notre pays, la dispersion, la dissidence et la division de la Gauche, actuelles ou passées, ont joué un rôle central dans son recul municipal. L'indiscipline, l'oubli des étiquettes, les ambitions personnelles ont été source de confusion et de rejet. Il appartiendra aux militants d'en tirer toutes les conséquences pour préparer l'année prochaine, après les élections sénatoriales et européennes, les campagnes en vue du renouvellement du conseil général et du conseil régional.
3) La Droite a su, au profit direct des anciens ministres qui font fonction de leaders locaux, implanter de nouveaux candidats aux idées radicales et aux valeurs incertaines. Ils ont su attirer, à Gisors et aux Andelys par exemple, le vote extrême tout en captant les voix du centre. Cette ambiguïté ne leur portera pas chance. Il n'y a d'adhésion ni pour leur personnalité sans aspérité, ni pour leur équipe sans unité, ni pour leur programme sans originalité. C'est une alternance par le rejet et le vide qui s'organise. Cependant ce réseau conservateur, cette toile d'araignée, ont été mis en place au lendemain de la débâcle de MM. Le Maire et Morin aux dernières élections régionales et cantonales sous un double signe : celui de la coordination et du renouvellement. Cette tactique a été favorable à la droite. Elle a pu mettre en exergue l'usure ou les difficultés de certaines équipes.
En analysant sans complaisance et sans psychodrame le processus qui a conduit à cette situation, la Gauche et les socialistes dans l'Eure, dont on connait le bilan plus que positif au département, à la région, dans les communes, doivent repartir dès aujourd'hui à la conquête politique et électorale des Eurois. Il faut de nouveau proposer et rassembler. »



30 mars 2014

Franck Martin battu à Louviers

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Je reviendrai en détail, demain sur les résultats de Louviers. Sachez que François Xavier Priollaud, UMP-UDI, a gagné l’élection avec 45,84 % des voix alors que la liste de Franck Martin en remporte 42,87 % et que le Front national glane 11,29 %.
La droite aura 25 élus, la gauche 7 et le Front national, 1.
La droite aura 13 représentants à la CASE, la gauche 3 et le FN 1.