28 mars 2014

Le conseil constitutionnel censure la loi « Florange-M-Real » au nom de la défense de la propriété privée et de la liberté du commerce


Arnaud Montebourg était présent à Alizay lors de la signature des accords de reprise de l'usine M-Real par le conseil général.
En censurant la loi dite Florange alors qu’il s’agit, en fait, de la loi M-Real puisqu’imaginée par les travailleurs de l’usine d’Alizay et les élus normands, le Conseil constitutionnel rappelle un droit inscrit en toutes lettres…dans la déclaration des droits de l’homme. On ne peut s’attaquer, même au nom de principes généreux et justifiés, à la propriété privée s’il n’y a pas nécessité d’un intérêt supérieur. Il est évident que dans une société libérale comme la nôtre, la loi Florange qui prévoyait d’obliger un industriel désireux de cesser une activité rentable à chercher un repreneur (sous peine de sanctions financières) avait quelque chose d’inédit. Mais le cas de l’usine M-Real était emblématique de la toute puissance du marché puisque le Finlandais propriétaire de l’usine voulait mettre la clé sous la porte alors qu’il faisait tout pour empêcher la reprise du site parfaitement adaptés aux conditions industrielles d’aujourd’hui afin de ne pas favoriser un concurrent.
La preuve ? Il a fallu l’implication totale de l’Etat, du conseil général, des élus locaux et des syndicats de l’usine M-Real pour obtenir que l’industriel accepte de céder l’outil de production à une société thaïlandaise qui semble se porter au mieux depuis la remise en marche de l’usine de la vallée de Seine.
J’en connais qui vont hurler après la décision du conseil constitutionnel. Une décision sans appel. Je pense au NPA qui jugeait déjà la loi votée par le Parlement bien trop timide et bien trop prudente. Je pense aussi aux députés de la majorité qu’il a fallu convaincre de l’utilité de cette loi et c’est bien pourquoi elle a mis tant de temps pour arriver sur le bureau de l’Assemblée nationale.
Est-ce la fin de l’histoire ? Sans doute pas. Le gouvernement et les parlementaires doivent se remettre au travail pour trouver un chemin juridique conforme à la constitution, protecteur du droit de propriété et apte à envisager un avenir pour des salariés premières victimes du laisser faire de certains grands industriels. Si la solution ne passe pas obligatoirement par des contraintes financières et des pénalités, peut-on envisager des règles nouvelles à imaginer dans les cabinets de la République qui ne manquent pas de beaux esprits ?
En fait, la loi dite Florange était plus symbolique que réellement efficace. Conscients de l’éventualité d’un refus du Conseil constitutionnel, les parlementaires l’avaient rédigée a minima en obligeant l’industriel en situation de cession à chercher un repreneur mais dans des conditions de temps et de concurrence très amoindries par rapport au texte d’origine défendu par Guillaume Bachelay, Jean-Louis Destans et François Loncle, députés de Haute-Normandie. En tout état de cause, la décision de censurer le texte ne tombe pas forcément au meilleur moment puisqu’entre les deux tours des municipales alors que la gauche est déjà en grande difficulté.

26 mars 2014

Face à François-Xavier Priollaud, Franck Martin fait parler l'expérience et sa connaissance des dossiers


Le face-à-face va commencer. (photo Jean-Charles Houel)
Excellente initiative que celle de la rédaction lovérienne de «La Dépêche», organisatrice d’un débat entre les trois têtes de listes qualifiées pour le second tour des élections municipales. Ludovic Larue, pour le Front national s’était fait porter pâle (il ne connaît rien aux dossiers locaux). Il s’est donc agi d’un face-à-face Martin-Priollaud puisque ce dernier, depuis hier soir 18 heures, est à la tête de la liste d’union de la droite recomposée avec des candidats issus des listes UMP-UDI, d’une part, et de la liste Terlez (sans étiquette) d’autre part. Cette fusion n’étonne personne. Elle était dans les tuyaux avant le premier tour. Elle était l’unique chance pour la droite de « reprendre » la mairie. L’étonnement vient de la disparition subreptice des sigles UMP et UDI imposée par Anne Terlez qui tient à cette apparence citoyenne.
Les sujets choisis par les journalistes comprenaient : la sécurité, la dette, la CASE, le rôle du maire, les rapports avec l’opposition ainsi que les explications concernant la soi-disant poussée du Front national.
Un mot du climat tout d’abord. Franck Martin est un vieux routier des débats publics. Il en possède la maîtrise et l’art de déstabiliser un adversaire. Surtout quand celui-ci est un jeune politicien désigné il y a trois mois et ne possédant pas toute la gamme que requiert l’art de la confrontation des hommes et des idées. Pour affronter Franck Martin avec quelque succès, il faut connaître les dossiers sur le bout des doigts et surtout élaborer une stratégie à laquelle on se tient.
Pour l’avoir ignoré, François Xavier Priollaud est apparu fragile, friable, trop général pour être percutant. Il avait pourtant bien démarré le débat en assurant qu’avec lui devenu maire, l’opposition aurait des droits, qu’elle serait respectée et présente dans toutes les commissions au nom de la transparence. 
Il a suffi d’aborder le premier thème important, la sécurité, pour comprendre que le maire sortant avait réussi par son action et la baisse statistique de la délinquance à couper l’herbe sous le pied de son adversaire d’accord avec lui pour augmenter les effectifs de la police municipale, ne pas l’armer, et généraliser la vidéo-protection (1) à toute la ville.
Sur la montée du Front national, on peut invoquer la tendance européenne au repli et aux nationalismes comme l’a fait Franck Martin, on peut trouver une explication sociale et protestataire comme l’a indiqué FX Priollaud. Aucun n’a accusé l’autre d’être à l’origine des presque 18 % de Ludovic Larue uniquement dus à la présence de Marine Le Pen sur les tracts.

L’animation et la culture sont des points forts du programme de la liste PRG-PS-EELV. Malgré les regrets de M. Priollaud « la ville est morte le soir » « les jeunes ne savent pas quoi faire », le maire sortant a fait état des nombreuses initiatives municipales faisant, selon lui, « de Louviers la capitale de l’Eure de la culture ». Moulin, Gare aux musiques, Scène nationale, relance des cinémas (2)…tandis que M. Priollaud « veut redonner le sourire à Louviers ».
 
Franck Martin a tétanisé son adversaire.
La dette : Le sondage de l’automne dernier faisait état d’un talon d’Achille dans l’action municipale : impôts trop lourds à Louviers. Le candidat UMP-UDI-SE aurait pu, s’il avait mieux connu le dossier financier et fiscal lovérien, tirer son épingle du jeu. S’il a souligné le départ de 700 Lovériens en quelques années, il n’a pas réussi à gêner Franck Martin qui confirme le gel de la dette à son niveau actuel et assure le succès de « la gestion active de cette dette » à des taux bancaires exceptionnellement faibles.

L’intercommunalité : M. Priollaud proposera, s’il est élu, une mutualisation de certains services et dépenses « mais cela existe déjà » rétorque Franck Martin. Quant au conseil des forces vives (entrepreneurs, commerçants, artisans dont l’écoute fait, selon lui, défaut) dont la création est souhaitée par le candidat de la droite, « il s’appelle, répond Franck Martin, conseil du développement durable et rassemble patrons, syndicats, associations. Et il existe déjà. »
M. Priollaud veut créer une filière numérique porteuse d’emplois futurs et nécessitant des énergies propres. « Nous avons la Cosmetic Valley (chimie fine, pharmacie) la logistique et des milliers d’emplois créés », « cette filière est une utopie, c’est de la foutaise » assène Franck Martin avec dédain.
Seront-ils candidats l’un ou l’autre à la présidence de la CASE en cas d’élection favorable dimanche prochain ? Les deux impétrants demeurent évasifs. Ils étudieront les rapports de forces après le second tour. Franck Martin glisse au passage « Patrice Yung, c’est moi ! » comme le disait Flaubert de Mme Bovary.
Si M. Priollaud est élu maire de Louviers, il abandonnera ses fonctions d’administrateur de l’Assemblée nationale pour être maire à 100 % et s’ils sont battus, les deux débatteurs affirment qu’ils siégeront au sein de l’assemblée communale.

FX Priollaud n'a eu que trois mois pour se préparer.
Le débat a pris fin sur l’attaque frontale de Franck Martin contre la nouvelle liste de second tour de la droite classée sans étiquette après que M. Priollaud a eu le soutien de l’UMP et de l’UDI au premier ! « Tambouille, magouille » s’écrie Franck Martin ! « Vous mentez aux électeurs qui ont le droit de savoir qui vous êtes. » M. Priollaud ne se rappelle pas avoir vu les logos du PS ou du PRG sur les affiches de la liste de gauche et affirme que ce qui unit Priollaud et Terlez « c’est qu’il n’y a pas de contradiction entre nos deux projets. » FXP conclut : « Dimanche, les Lovériens auront la chance historique d’exprimer leur désaveu à l’égard de votre gestion. »
Franck Martin : « Nous avons bien compris votre souhait : faire un Louviers pour les riches et pour les nantis. Pendant trois mandats nous avons été au service des Lovériens. »

Lesquels disposent encore de quelques jours pour faire leur choix définitif. S’ils avaient pu assister au débat d’hier (sous l’œil impassible de Marianne voir photo) — mais ils bénéficieront d’un compte rendu fidèle et complet dans La Dépêche dès jeudi — ils auraient pu constater les différences sensibles entre les deux têtes de listes. D’un côté, un jeune politicien en début de carrière qui veut se construire un fief mais se trouve affaibli par sa méconnaissance du terrain et des dossiers, de l’autre un homme d’expérience qui a tout connu : les succès et les échecs et qui n’ignore pas que dimanche se joue son avenir politique et professionnel. 
(1) Il n'est pas vrai que tous les maires sont unanimes pour imposer la vidéo-surveillance. Une commune consultée par referendum local a refusé à 59 % cette solution préférant la création d'une police municipale.
(2) Le maire de Louviers cite les cinémas locaux en exemple. Pourtant, des problèmes techniques surviennent parfois amputant le plaisir de se faire une toile.

25 mars 2014

Louviers : François Loncle demande de choisir « entre la cohérence et l'attelage bancal bâti dans le désordre et l'esprit politicien »

François Loncle, député et 33e sur la liste de Franck Martin communique :
« La liste Bravo Louviers conduite par Franck Martin est arrivée nettement en tête du 1er tour de scrutin. Il reste, dimanche prochain, une étape décisive. Il nous faut transformer l’essai, forger une nouvelle victoire, affirmer la volonté de progrès et de justice qui anime la grande majorité des Lovériens. Pour cela, il suffit de comparer bilans, programmes et équipes. Pas d’abstention, pas d’hésitation !
L’opposition a laborieusement fusionné ses listes. Cela ressort à la fois du bricolage et de l’imposture. Comment celles et ceux qui s’affirmaient même timidement centristes ou démocrates ont-ils pu rallier la pire droite UMP, celle des excès et des méfaits ? Voilà un mystère qu’il faudra éclaircir après leur défaite.
Car désormais, la voie est tracée. Pour que notre ville ne retombe pas dans les errements du passé, pour que les Lovériens puissent continuer à être fiers de leur ville, ils doivent faire confiance à l’équipe qui a fait gagner Louviers. Choisissons la cohérence contre l’attelage bancal bâti dans le désordre et l’esprit politicien, qui conduirait Louviers au déclin et à la désespérance. La liste UMP qui ose désormais s’afficher sans étiquette rase honteusement les murs. »


La poussée du Front national doit être relativisée


Dans le bureau N° 8, le Front national a totalisé 135 suffrages soit 20,64 % ! (photo JCH)
Dominique Reynié, président du Fondapol, a raison. La forte poussée du Front national est un effet d’optique ou plutôt un effet mathématique comparatif. Que font les analystes et les médias ? Ils mesurent la progression du FN municipal d’une élection à l’autre alors que 2008 fut une année particulièrement médiocre pour le parti des Le Pen puisqu’absent dans de nombreuses villes de France. Sa progression d’aujourd’hui, dès lors que le FN présentait des listes dans plus de 500 communes, ne pouvait être qu’explosive. Rappelant à peu de chose près les résultats de 1995 quand le FN eut 1100 élus — l’objectif de Marine Le Pen pour dimanche prochain — et quatre mairies gagnées telles Orange, Vitrolles, Marignane et Toulon.
La victoire de Steve Briois, dimanche dernier à Hénin-Beaumont dès le premier tour, est certes un exploit (1) mais les résultats définitifs de second tour donneront le vrai visage du FN en 2014 avec quelques poussées dans le nord, dans l’est et un peu l’ouest, des résultats pitoyables à Paris. Le FN va connaître des situations lui permettant d’entrer dans le jeu démocratique, une démocratie que les frontistes exècrent mais qu’ils vivent comme un passage obligé pour tenter de conquérir d'autres forteresses. Le bilan des anciennes mairies frontistes devrait nous rassurer : excepté Orange, aucun autre maire FN n'a réussi à tenir la distance et, depuis, ont disparu du paysage.
Le secrétaire national du PS, Harlem Désir, a décidé de demander aux listes socialistes susceptibles de faire passer le FN en se maintenant au second tour de se retirer. Et cela à l’unique bénéfice de l’UMP-UDI puisque Copé, lui, maintient la règle du ni-ni, ni appel au vote en faveur du PS, ni front républicain. Les enjeux locaux risquent pourtant de heurter de front les volontés nationales. A Fréjus (à Béziers on en a parlé) les responsables PS et UMP se concertent pour empêcher le FN de prendre la ville. Franchement, comment les électeurs (trices) PS pourraient-ils avaler une couleuvre pareille ? Alors que les dirigeants de l’UMP soutiennent, reprennent, avalisent nombre de thèmes du Front national et cela depuis des années grâce à Sarkozy, alors que 50 % des membres de l’UMP et du FN sont d’accord pour composer des listes ensemble, je vois mal des hommes et des femmes de gauche donner la main à des hommes et des femmes de droite pour nuire à l’extrême-droite dont les idées polluent la République ? Les tactiques de dernière minute ne plaisent pas aux électeurs. Les fusions ne peuvent marcher que si des projets communs sont partagés, si une proximité humaine, idéologique permet à une équipe de fonctionner sans trop de heurts. A l’évidence, les unions de dernière minute, opportunistes mais inopportunes, sont incapables de susciter une mobilisation. Surtout dans le climat politique actuel. Et puis les Français ont besoin de clarté, pas de calculs sordides. Fut-ce au prix d’une défaite.
(1) Dans cette ville du nord, les socialistes sont victimes d’un phénomène de rejet dû, notamment, aux affaires judiciaires de Gérard Dalongeville, l’ancien maire de la commune.

24 mars 2014

La Ligue des droits de l'Homme veut faire barrage au Front national


« Trois faits majeurs s’imposent au lendemain du premier tour des élections municipales ; d’abord la force de l’abstention ; les Françaises et Français sont de plus en plus nombreux à considérer l’exercice du vote comme vain, dans la mesure où les élus du suffrage universel semblent incapables de porter les projets mis en avant durant les campagnes électorales. De par sa portée nationale, l’abstention prend une dimension nette de désaveu du gouvernement en place, qui va au-delà du caractère local du scrutin.
Ensuite, ce désaveu passif mais dangereux accompagne et amplifie une montée généralisée et spectaculaire du Front national, qui confirme un enracinement dans le tissu local et dans les villes moyennes. Enfin, les candidats du parti au gouvernement enregistrent, au-delà de résultats diversifiés, un mouvement de reflux.
Les accords passés entre partis de gauche et candidats de la droite républicaine seront décisifs pour mettre en avant des configurations républicaines susceptibles de limiter le nombre d’élus FN. La Ligue des droits de l’Homme presse les abstentionnistes du premier tour à prendre cet enjeu en considération et à faire barrage aux candidats d’extrême droite lors du second tour.
Au-delà, elle invite le gouvernement à entendre le message porté par les résultats de ce premier tour et à rompre avec des politiques qui, socialement et économiquement, sont loin de faire vivre le changement, confortent inégalités, injustices sociales et craintes du lendemain. Face à la montée d’une droite extrême montée qui ira au-delà des municipales — il est urgent d’afficher avec clarté et courage des priorités de solidarité et de fraternité répondant clairement aux demandes et inquiétudes qui s’expriment dans le pays. »
(Communiqué de la Ligue des droits de l'Homme)

A Louviers tout reste à faire pour un second tour très ouvert


Philippe Thouément continue le combat…(photo JCH)
A Louviers, tout reste à faire pour le second tour des élections municipales. Les 34,7 % de la liste Martin (PRG-PS-Verts) la placent certes en tête du scrutin mais à l’évidence, si les deux listes de droite fusionnent, celle d’Anne Terlez, dite sans étiquette mais MODEM (18,9 %) et celle de François-Xavier Priollaud (UMP-UDI avec 21,66 % des suffrages) il y aura bel et bien un risque pour la gauche de perdre la mairie qu’elle occupe depuis 1995. Le maintien de la liste du Front national (16,71% des suffrages) lui permettra d’avoir deux ou trois élus tandis que la liste NPA-PC (8,07 %) n’a pu passer le cap des 10 % des suffrages exprimés et est donc éliminée. Malgré les menaces du FN, d’une part, de la droite d’autre part, Philippe Thouément (tête de liste NPA) a déclaré que sa liste ne donnerait aucune consigne de vote. Franck Martin paie là le produit d’une relation chaotique avec le NPA local ponctuée d’un mépris certain de la part du maire sortant pour une gauche protestataire par ailleurs peu encline à exercer des responsabilités. Le score relatif de la liste Martin s’explique évidemment par le contexte national mais aussi par une usure du pouvoir. La campagne de FM calquée sur celle de 2008 n’a pas brillé par l’imagination ni le renouvellement. Or, on sait qu’un bilan (même considéré comme bon par nombre de Lovériens) ne fait pas une élection. Encore moins un sondage soi-disant mirifique à six mois du vote ! Il s'est sans doute ajouté un trouble dans l'électorat face à la personnalité du maire lequel, avec le temps, semble avoir pris des distances avec les enjeux locaux. L'abandon de la présidence de la CASE peut être considéré comme un exemple de ce détachement bien compréhensible après 19 ans passés à la mairie.
Franck Martin a pourtant deux atouts dans son jeu : Primo, le fait que François-Xavier Priollaud soit probablement la future potentielle tête de liste à droite va lui simplifier la vie. Une liste de droite unie conduite par Anne Terlez aurait été bien plus dangereuse. Elle comporte en effet un nombre de Lovériens bien intégrés à la vie de la ville et a bénéficié du dynamisme « revanchard » de Jacky Bidault, ancien adjoint du maire sortant lequel a sorti quelques dossiers brûlants comme la circulation et le stationnement en centre-ville. Le vote commerçant a échappé à la liste Martin. FXP est, quant à lui, un politicien surtout tourné vers l’avenir législatif et son intérêt pour Louviers n’est que conjoncturel. 
Secundo, les abstentionnistes se recrutent surtout à gauche. Avec une participation de 54 % au premier tour, la gauche a du grain à moudre en allant chercher les électeurs avec les dents, comme on dit dans le jargon. Il y a donc là un réservoir important qu’il va falloir mobiliser cette semaine si la liste PRG-PS-Verts veut gagner.
Jacky Bidault et Anne Terlez suivent les résultats affichés. (photo JCH)
Il est certain que la victoire de l’une ou l’autre liste se jouera dans un mouchoir de poche. Il y aura donc foule, dimanche prochain, dans la salle du Moulin pour assister au dépouillement et découvrir le nom du gagnant ou de la gagnante. Avec des conséquences importantes au sein de l’agglomération Seine-Eure puisque les équilibres gauche-droite pourraient être rompus. Il est vrai que Val-de-Reuil, Pont-de-l’Arche et quelques autres communes importantes comme Alizay, Pitres, le Manoir-sur-Seine, Montaure, La Haye-Malherbe, Heudebouville, vont renvoyer à l’agglo des maires de gauches. Ce qui ne sera pas le cas à Evreux, les Andelys, Vernon…où la droite a le plus de chances de l’emporter. Le flux et le reflux, tel est le rythme inexorable de la vie politique en France. Et dans l’Eure.

23 mars 2014

Marc-Antoine Jamet réélu dès le premier tour à Val-de-Reuil

Marc-Antoine Jamet, maire sortant de Val-de-Reuil est réélu dès le premier tour devant la liste dissidente de Michaël Amsalem, fils de l'ancien maire. La droite est devenue inexistante.

La droite lovérienne vire en tête après le premier tour des municipales


Je reviendrai dès demain en détail sur le vote des électeurs de Louviers. Ce soir, je me contente de vous donner les résultats en pourcentages et en voix des différentes listes. Ont obtenu : Liste Terlez : 1101 voix (18,9 %) liste FN : 975 voix (16,71 %) Liste Priolllaud (UMP) 1264 voix (21,66 %) Liste Thouément (NPA-PC) 471 voix (8,07 %) Liste Martin : 2025 voix (34,7 %). A l'évidence, le second tour sera chaud. Philippe Thouément (NPA) a annoncé que sa liste ne donnerait aucune consigne de vote tandis que les deux listes de droite s'apprêtent à discuter et donc à fusionner. Le FN maintiendra sa liste et aura deux ou trois élus.

La langue de VIP de Louis Aliot, dirigeant du Front national


Louis Aliot, l’un des principaux responsables du Front national, a dû présenter ses excuses à une journaliste de l’Indépendant de Perpignan après lui avoir adressé un message par erreur dans lequel il la traitait de « pute » et affirmait qu’elle pourrait toujours courir après lui pour avoir des commentaires au soir du dépouillement. Pourquoi tant de gentillesse ? Parce que la journaliste faisant preuve d’initiative a rendu public le fait que six des candidats de la liste FN n’étaient pas inscrits sur les listes électorales de la ville. Aliot a précisé que sa liste faisait l’objet de critiques répétées dans ce quotidien pour justifier son langage de charretier.
En réalité, sous des oripeaux de bienséance et d’amabilité jouée, nombre d’hommes et de femmes politiques (notamment au FN) ne prennent pas de gants pour fustiger leurs adversaires et ceux présentés comme tels. C’est une question d’éducation, sans aucun doute, mais c’est aussi la preuve du mépris et de la condescendance qu’éprouvent certains candidats au suffrage universel comme si les codes habituels de courtoisie et de respect de l’autre ne fonctionnaient pas. Avec Jean-Marie Le Pen, on était habitué à ces écarts de langage même si l’homme savait manier l’imparfait du subjonctif et respecter la concordance des temps.
Il est particulièrement significatif qu’en privé, les langues se délient et que les injures et les insultes pleuvent comme à Gravelotte. Les journalistes, et j’en sais quelque chose, sont forcément en première ligne quand ils dénoncent des abus, des délits ou des éléments d’information significatifs suscitant l’indignation souvent ou la haine parfois. Indiquer aux électeurs que des candidats, quel que soit leur parti, ne votent pas dans la ville qu’ils souhaitent gérer, est un indicateur du faible attachement de ces personnes pour cette ville mais c’est aussi et surtout une preuve des difficultés éprouvées par les responsables locaux du Front national pour boucler leur liste. En ce sens, l'information est signifiante.
F. Michalac, journaliste perpignanaise, doit pouvoir compter sur le soutien de sa direction, de ses confrères et de ses consœurs. Une fois au pouvoir qui sait ce que feraient ces adeptes de l’invective à l’égard de la presse…et de leurs adversaires ?

La STASI était une police politique destinée à espionner les opposants mais surtout pas un organe judiciaire


« Le ministère de la Sécurité d’État (Ministerium für Staatssicherheit, MfS), dit la Stasi, était le service de police politique, de renseignements, d'espionnage et de contre-espionnage de la République démocratique allemande (RDA) créé le 8 février 1950. Sous tutelle du gouvernement de la RDA, la Stasi était désignée comme « le glaive et le bouclier du parti » (« Schild und Schwert der Partei ») par la propagande du régime. »
Il s’agissait donc bel et bien d’une police politique au service d'un parti et d'une idéologie totalitaires. Dans « la vie des autres » un film auquel Nicolas Sarkozy fait allusion dans le texte qu’il a commis dans Le Figaro, on assiste à la prise de conscience d’un policier chargé d’espionner 24 heures sur 24 un écrivain dissident. In fine, l’auteur des écoutes, conscient de l’absurdité et de la violence d’un tel comportement, détruira les enregistrements et les notes de synthèses.
Dans la France d'aujourd'hui, nulle police politique ni service chargé d’enquêter, d’écouter, de harceler les opposants au pouvoir. C’est si vrai que, comme l’indiquent de nombreux médias, toutes les mesures visant à restreindre les libertés et les droits de l’homme depuis une décennie l’ont été sur proposition de Nicolas Sarkozy, qu’il soit ministre de l’Intérieur ou Président de la République. Et les entorses aux lois existantes l’ont été, par exemple, par Bernard Squarcini, chargé par le président d’identifier les sources de certains médias. Ou par le procureur Courroye, très habile pour classer les dossiers quelque peu gênants pour l’ancien pouvoir.
Comparer la France et l’ancienne Allemagne de l’Est c’est, selon l’avis d’une magistrate, se « suicider » judiciairement en usant de moyens totalement inadaptés et d’arguments non recevables. Autrement dit, les conseillers de l’ancien président ont eu tort de forcer le trait et de choisir l’outrance à l’argumentation. Car son texte ne contient aucune réponse aux questions que se posent ceux et celles qui ont pris connaissance des écoutes publiées par Médiapart.
Quel sera l’effet — s’il y en a un — de ce brûlot anti-magistrats de Nicolas Sarkozy ? Occuper le terrain pour gêner Alain Juppé et François Fillon ? Détourner l’attention en choisissant le terrain politique pour éviter d’entrer sur le terrain judiciaire ? Gageons que les actes futurs et très prochains (?) des juges d’instruction permettront d’en savoir plus sur la réalité des faits et des conséquences éventuelles pour l’ancien président de la République.

Nicolas Sarkozy craint plus que tout une future peine d'inéligibilité s'il était convaincu de trafic d'influence


Suite aux révélations du site Mediapart sur les écoutes Sarkozy et les sources d’information dont disposaient ce dernier et son avocat, les journalistes Fabrice Arfi et Karl Laske sortent scoops sur scoops et semblent avoir tissé un remarquable réseau d’informateurs enclins à sortir les dossiers les plus embarrassants pour les puissants. La France dispose donc d’un site à la Edward Snowdon du non de ce lanceur d’alertes à l’origine des écoutes mondialement réalisées par la NSA des Etats-Unis. Tous nos mails, tous nos échanges, toutes nos données personnelles sont lus, enregistrés, stockés sans fin dans les immenses disques durs des services secrets américains.
Après que Médiapart nous a appris que Me Herzog et son client-ami avaient un informateur de première classe à la Cour de Cassation, on sait maintenant qu’une taupe s’est glissée au sein de l’enquête policière et judiciaire et est venue interférer dans l’information de l’ancien président. Les soupçons semblent se porter sur une personne bien placée au Conseil de l’Ordre des avocats du barreau de Paris puisque le Bâtonnier est informé — légalement — de toutes les initiatives des juges d’instruction relatives à des auxiliaires de justice membres du barreau. Ainsi, Me Herzog et l’ancien président ont été mis au courant en amont des perquisitions que la police judiciaire allait accomplir chez eux, qu’il s’agisse des locaux professionnels ou de leurs résidences. Et c’est sans doute la même personne qui les a informés avoir été mis sur écoutes, qu’il s’agisse du premier ou du second téléphones portables au nom de Paul Bismuth (1). D’où la rapidité avec laquelle les magistrats ont organisé leurs perquisitions.
La publicité faite à ces écoutes est redoutable pour Sarkozy-Herzog. Et aussi pour le magistrat de la Cour de Cassation le fameux Gilbert Azibert. Les voilà embarqués dans une sale affaire puisque le trafic d’influence implique corrompu(s) et corrupteur(s). Qui sait même si en cas de poursuites et de jugement, Nicolas Sarkozy ne serait pas frappé d’une peine d’inéligibilité…comme son ancien ami Juppé. C’est sans doute ce qu’il redoute le plus. Je pense également aux avocats qui ont lancé la fameuse pétition destinée à épargner leur confrère…Je suis même étonné qu’un juriste aussi compétent que Me Dupont-Moretti se soit laissé embarquer dans une galère (la pétition des centaines d'avocats) dont on mesure mieux aujourd’hui l’aspect corporatiste puisque la publication des écoutes démontre que Me Herzog n’est pas tout blanc (même si je demeure favorable à une révision des textes permettant de mieux encadrer le nécessaire lien confidentiel entre avocat et client). Surtout quand on apprend qu’il a traité de « bâtards » les juges d’instruction de Bordeaux lesquels, selon lui, devaient revoir leur copie après la décision de la Cour de Cassation (2) finalement défavorable aux demandes de Nicolas Sarkozy. Les agendas de l’ancien président de la République demeureront donc utilisables par les juges d’instruction dans d’autres affaires comme l’arbitrage Tapie, par exemple, à moins que le droit ne dise le contraire dans le futur.
Quelques porte-parole de la droite ont tenté d’ouvrir des contre-feux. Tous sont maintenant convaincus que la nouvelle affaire Sarkozy va susciter des tensions après les municipales. Un Fillon ou un Juppé se frottent les mains. Quant aux Guéant, Guaino et Hortefeux, ils baissent d’un ton et se font plus discrets. Ils pourront toujours invoquer l’atteinte au secret de l’instruction. Le plus extravagant demeure la violente charge de Sarkozy (dans le Figaro) contre le pouvoir politique et les juges. Ayant intégré le long chemin restant à parcourir avant que les affaires disparaissent du paysage…ou au contraire fassent la Une pendant des semaines, Nicolas Sarkozy a souhaité jouer le rôle qui lui convient le mieux : celui de victime. Il a même comparé les enquêtes et les écoutes à des pratiques totalitaires (cf la Stasi) oubliant qu’en France, ce ne sont pas les politiques qui écoutent mais des policiers agissant sur commission rogatoire des juges d’instruction, indépendants et autonomes. Le gogo peut être sensible à l’argumentation de l’ancien président. Pas les Français avertis des choses de l’Etat de droit. Peut-être s’agit-il là d’une forme de chant du cygne, d’un coup d’éclat appelé à devenir un coup d’épée dans l’eau.

(1) Ce Paul Bismuth existe. Il s’agit d’un camarade de classe de Me Herzog qui a d’ailleurs décidé de porter plainte pour usurpation d’indentité. L’avocat a donc fait de fausses déclarations pour enregistrer le nom du titulaire du portable…
(2) Pendant plusieurs semaines, Herzog-Sarkozy ont été sûrs de leur coup. Ils pensaient que les dix conseillers de la Cour appelés à juger leur donneraient raison. Leur surprise a été douloureuse.