5 décembre 2014

Après la série « noire » des morts afro-américains, la décision souveraine des grands jurys devrait être modulée.


Barack Obama.
La série de décisions des grands jurys aboutissant à innocenter des policiers à l’origine de la mort de jeunes et d’adultes afro-américains dans des conditions de partialité évidentes conduit à se poser plusieurs questions. Tout d’abord, il ressort de l’analyse factuelle des événements, que les policiers (filmés parfois) ont ou tiré très vite et pour tuer ou agi sans discernement s’agissant de l’étranglement d’une personne obèse et asthmatique qui criait : « je ne peux plus respirer, je ne peux plus respirer ».
Ensuite, on apprend que dans la ville de Ferguson, par exemple, ville composée à 70 % de population noire, la majorité des policiers est blanche. Compte tenu des présupposés américains, les Noirs des États-Unis ont dix fois plus de chances que les Blancs d’être contrôlés, interpellés, incarcérés, tués.
Autre question, encore, liée à la composition des grands jurys. Il apparaît qu’ils sont très majoritairement composés de Blancs (aux deux tiers souvent) lesquels emportent une majorité raciale hostile aux victimes, pourtant, de couleur noire.
Enfin, ces grands jurys sont un témoignage antique d’une justice populaire sans doute utile du temps de la conquête de l’ouest mais devenue à la fois systématique et brutale aujourd’hui. Il y a tout à craindre de ces jurys populaires porteurs de préjugés, soumis à la pression des médias et de la rue, sensibles à l’esprit communautaire. La France n’est sans doute pas un pays parfait mais la présence de magistrats professionnels au sein des jurys d’assises permet de relativiser ces regards profanes et de canaliser les simples émotions ou les émois simplistes.
La justice ne peut pas, ne doit pas, s’exercer dans la haine, l’esprit de revanche, ou la crainte. « Jurez de parler sans haine et sans crainte, levez la main droite et dites je le jure. » Cette formule doit être prise au pied de la lettre et les jurés comme les témoins déposant sous serment, sont liés par ce pacte moral. Aux États-Unis, le grand jury comporte uniquement des citoyens pas forcément formés au droit, pas forcément attentifs aux détails même s’ils entendent témoins et avocats.
Les quelques exemples récents de décisions absolument scandaleuses même souveraines devraient inciter les élus américains à revoir le fonctionnement de leur justice et ne pas laisser aux sentiments immédiats ou aux aspects culturels individuels le soin de dominer les situations évidemment complexes.
Les manifestations de Noirs et de Blancs réunis contre ces violences policières et leur impunité sont légitimes. Barack Obama, président noir des États-Unis, laisse entendre qu’il les comprend mais laisse penser, également et surtout, que les rapports de forces sont tels que rien ne bougera dans les institutions…

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