3 octobre 2014

Edwy Plenel-Alain Finkielkraut : un face à face sans concessions


Le débat faisait rage au cours de l’émission 28 minutes l’autre soir sur Arte. Bien qu’il ait été enregistré, Elisabeth Quin a jugé utile de préciser que lors de sa diffusion aucune coupe n’avait été faite et que le face à face entre Alain Finkielkraut et Edwy Plenel nous apparaissait dans toute sa vérité et toute sa brutalité.
On le sait, les egos de l’un et de l’autre sont surdimensionnés. L’un est un académicien, journaliste sur France Culture, prosélyte fort cultivé du sionisme, un ardent défenseur de la culture française, et un anti-salafiste peu ordinaire. L’autre est un journaliste passionnel, un combattant de l’indépendance journalistique et un homme sans limites quand il s’agit de défendre ce en quoi il croit.
Le face à face organisé par l’équipe de 28 minutes était justifié par la sortie récente des deux livres des invités : « Pour les musulmans » d’Edwy Plenel et « L’identité malheureuse » d’Alain Finkielkraut. On l’imagine, les thèses de l’un ne sont pas les thèses de l’autre. Edwy Plenel n’est pas antisémite et Alain Finkielkraut n’est pas islamophobe. Mais Plenel n’épargne ni le gouvernement israélien ni les sionistes tandis que son adversaire déplore le salafisme rampant, la burka et la charia. Plenel plaide pour une citoyenneté large, ouverte, multiculturelle, Finkielkraut regrette la bonne vieille culture française qui a fait ce qu’il est tout en insistant sur l’intégration aux mœurs de notre pays et non l’adaptation de nos us et coutumes à ceux des autres.
Je ne vais pas entrer plus avant dans le détail de leurs thèses et de leur opposition. J’ai retenu une expression d’Alain Finkielkraut à l’égard de Mediapart et des journalistes qui travaillent pour ce journal numérique : « vous êtes des fouille merde. »
Plenel a posé la question suivante : « dans quelle France vivons-nous ? » Sa rédaction apporte chaque jour son lot de réponses, toutes plus fouillées les unes que les autres dans « la merde » du monde politique et quand on remue la merde, cela sent mauvais et cela porte loin.
Peut-on reprocher aux journalistes de Mediapart de conduire des investigations tous azimuts, mêlant argent, affaires, politique et de porter le fruit de leurs enquêtes à la connaissance des citoyens ? Récemment encore Mediapart publiait des éléments de l’enquête judiciaire concernant le financement de la campagne de 2007 de Sarkozy par Kadhafi. Alors que l’ancien président se présente blanc comme neige — qui me rendra mon honneur ? — les faits plaident contre ses affirmations. François Fillon et Alain Juppé assurent bien connaître la société Bygmalion et ce ne serait pas le cas de Sarkozy, allons donc, il nous prend pour des demeurés. C’est tout de même lui qui a signé les comptes de sa campagne et les a déclarés sincères !
Alain Finkielkraut a tort de faire la fine bouche et de ressasser le passé trotskyste d’Edwy Plenel. Mediapart a atteint le 100 000e abonné ces dernières semaines et cet élément suffit à souligner le sérieux et la nécessité de son existence. Fouille-merde ou pas.

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