10 juin 2014

La Région Haute-Normandie et les chercheurs de l'INRA volent au secours des abeilles


(photo Jean-Charles Houel)
Cette décision peut paraître anecdotique voire sans intérêt. On aurait pourtant tort de ne pas saluer l’action entreprise par le président de la région Haute-Normandie, Nicolas Mayer-Rossignol, visant à favoriser le développement de l’apiculture auprès des lycéens et des apprentis de la Seine-Maritime et de l’Eure. En acceptant de financer l’implantation de ruches dans les établissements scolaires de Haute-Normandie en accord avec les groupements apicoles locaux, Nicolas Mayer-Rossignol fait plus qu’un geste symbolique.

On sait combien le rôle des agents pollinisateurs comme les abeilles est important pour l’agriculture, l’arboriculture et la culture des fruits et légumes. On sait aussi que de nombreuses causes comme le développement d’agents pathogènes ou l’emploi systématique de pesticides ou d’insecticides conduisent à l’effondrement des colonies d’abeilles. Dans l’Eure, par exemple, on recense 6 000 ruches appartenant à quelques professionnels et de nombreux amateurs passionnés. Pour remplir les besoins, on estime qu’il en faudrait le double. L’apport de la région, sans être considérable n’en est donc pas moins souhaitable dans la mesure où les lycéens et apprentis prendront goût à une activité de loisir riche d’enseignements et de découvertes sur la nature qui nous entoure. 

J’entendais, hier soir sur Arte, un apiculteur de Lozère raconter sa vision très personnelle et poétique de l’apiculture considérée comme un art et non plus seulement comme une activité humaine. Depuis des siècles, les abeilles et le miel sont dotés d’une connotation positive pour la santé et pour la vie. La Région considère que les jeunes Eurois et Seino-marins doivent être concernés par l’avenir des abeilles qui est un peu le nôtre. Elle a raison.
Justement. Il existe des ruchers-écoles (deux dans l’Eure) ouverts à tous ceux et toutes celles qui souhaitent se lancer dans l’apiculture. Il suffit d’un coin de jardin, de quelques bases solides et d’outils rudimentaires, mais surtout d’un intérêt non démenti pour les insectes pollinisateurs et pour maintenir leur place dans l’équilibre naturel des échanges avec les plantes florales. Je ne saurais trop encourager les vocations et je profite de l’occasion pour vous donner à lire l’introduction d’un dossier de presse édité par l’INRA et consacré aux recherches conduites sur l’abeille mellifère. (1)

« Un monde sans abeilles ? N’y pensons pas ! Bien sûr, les produits de la ruche, miel, pollen, cire, nous manqueraient. Mais surtout, ces super-pollinisateurs sont indispensables à l’agriculture. Si on parle de tonnage, 35% de ce que nous mangeons dépend directement de leur travail silencieux. Si on parle de diversité, c’est 84% des espèces cultivées en Europe et plus de 80% des espèces sauvages qui ont besoin de leurs pattes et de leur toison pour s’échanger du pollen et se reproduire. Alors, seriez-vous prêt à vous passer de la plupart des fruits et légumes ?
Pourtant, on le sait, les abeilles connaissent des moments difficiles. Pesticides, pathogènes, prédateurs invasifs rendent leur survie difficile. Facteurs auxquels il faut ajouter l’agriculture intensive qui uniformise les paysages et prive les abeilles d’une alimentation constante, accessible et variée. La mortalité hivernale des ruches a de quoi inquiéter : entre 20 et 30% en France, autour de 40% pour la Belgique et la Suède. De quoi désespérer les apiculteurs. Nombreux sont ceux qui jettent l’éponge. Ceci est d’autant plus inquiétant que le monde agricole manque cruellement de pollinisateurs. L’Europe aurait besoin de 13,4 millions de colonies d’abeilles en plus pour ses cultures.
Que faire ? Les chercheurs fournissent d’intenses efforts pour mieux comprendre les causes du déclin des abeilles, et notamment pour trouver les synergies entre facteurs environnementaux, produits phytosanitaires et maladies. Efforts payants non seulement en termes scientifiques, mais aussi en termes politiques : ce sont bel et bien les résultats de leurs recherches, notamment celles menées dans les labos Inra, qui ont abouti au moratoire européen sur les insecticides néonicotinoïdes.
Les efforts des chercheurs pour déterminer les causes du déclin ne peuvent se passer d’une meilleure connaissance de l’abeille mellifère : sa physiologie, son alimentation, ses extraordinaires formes de communication, la structure sociale des colonies, les pratiques apicoles et surtout, la relation des abeilles avec les divers environnements et écosystèmes qu’elles peuvent rencontrer. »

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