8 juin 2014

Jean-Marie Le Pen ouvre la bouche comme un four mais il ferait mieux de se taire

Jean-Marie Le Pen manie trop bien l’imparfait du subjonctif et connaît trop bien le sens des mots pour être convaincant quand il accuse ses détracteurs de vouloir lui faire dire ce qu’il n’a pas dit. Dans un entretien diffusé sur les réseaux sociaux, le président d’honneur du Front national s’en prend à ceux et celles qui supportent mal le vote des Français en faveur du FN. Sans remettre en cause la réalité de ce vote ni sa légitimité, il est tout de même compréhensible que des citoyens français ou étrangers donnent leur opinion et manifestent une certaine distance avec les représentants de ce parti d’extrême-droite. C’est le cas de Madonna, de Yannick Noah et de Patrick Bruel, lequel a indiqué — et c’est son droit le plus absolu — qu’il refuserait de se donner en spectacle dans des villes dirigées par le Front national. Non seulement, en France, en 2014, les artistes sont libres d’exercer leur art où ils veulent mais en plus ils ont également le droit de ne pas s’afficher là où ils considèrent que leur présence pourrait porter atteinte à leur honneur.


Invité à donner son opinion sur l’attitude de ces artistes, Jean-Marie Le Pen s’est quelque peu emballé. Et c’est là qu’il est le plus naturel, c’est là, si j’ose dire, qu’il est le meilleur. Evoquant le cas de Patrick Bruel (de confession juive) Le Pen, déjà maintes fois condamné pour apologie d’antisémitisme, n’a pas caché qu’en cas de prise du pouvoir par le Front national, Bruel ferait partie de la première fournée…dont la définition littérale est « un ensemble de pièces mises à cuire dans un four. » Décidément, Le Pen aime bien les fours. Grands ou petits. On avait eu droit au Durafour crématoire du nom d’un ancien ministre de droite, on a maintenant droit à la fournée pour les artistes condamnés par Le Pen au nom de l’idéologie raciste.

Je sais bien que pas une voix ne sera déplacée par cette nouvelle saillie de Le Pen-gâteux. Pas un Français ayant voté pour le Front national aux Européennes ne portera une quelconque culpabilité après ces déclarations provocatrices et diffamatoires. Laissons ces électeurs à leurs fantasmes et à leur vote défouloir.



Adressons-nous plutôt aux 75 % de Français qui ne votent pas pour le FN, n’ont pas l’intention de voter pour ses candidats, ne se trompent pas sur la stratégie masquée de Marine Le Pen. On dira que des ténors du FN ont invité le président d’honneur du parti à prendre sa retraite. On dira aussi comme l’avocat Wallerand de Saint Just, candidat aux municipales à Paris, que la phrase de Le Pen est anodine. Cela prouve bien l’embarras de ceux qui veulent faire propre sur eux et confirme qu’il existe des contradictions, sincères ou pas, au sein de l’appareil.



Je souhaite conclure sur un fait passé inaperçu. Une élection partielle législative organisée cette semaine dans une circonscription britannique a permis au candidat conservateur d’être réélu alors que se présentait contre lui un candidat de l’UKIP arrivé en tête lors des européennes. Cela prouve bien que les électeurs savent faire la différence entre un vote pour ou contre l’Europe et un autre pour siéger aux Communes. C’est effectivement la limite des partis populistes.








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