25 mai 2014

Arnaud Montebourg inspire des sénateurs américains désireux de défendre l'intérêt national


Arnaud Montebourg. (photo JCH)
Lorsqu’Arnaud Montebourg a publié son décret permettant à l’Etat de mettre son veto à la vente de certaines activités industrielles nationales à des étrangers pour cause d’intérêt national à défendre, des hommes et des femmes de gauche mais aussi de droite ont applaudi la décision. Le dossier Alstom, qui concerne des activités sensibles dans le domaine de l’énergie nucléaire notamment, peut-il être considéré comme un dossier ordinaire alors que pas un autre groupe français ne sait fabriquer les turbines produites par Alstom, turbines si prisées par les Américains.
D’autres Français(e)s ont hurlé en invoquant des règles européennes et une atteinte portée au sacro-saint libéralisme. Si les actionnaires d’une entreprise ne peuvent plus vendre quand ils veulent et à qui ils veulent, quel que soit le domaine industriel duquel ils perçoivent des dividendes, c’est le monde à l’envers. Du moins, le monde tel qu’ils le rêvent et tels qu’ils en vivent.
Ah, la France, toujours jacobine ! Ah, la France toujours centralisatrice ! Ah la gauche, toujours prête à nationaliser ! Pas du tout. « La France n’est pas seule » pour reprendre les mots du général de Gaulle, car la guerre économique est une guerre mondiale et des forces ne se sont pas encore levées. Elle n’est pas seule puisque des sénateurs américains ( !) viennent de déposer une proposition de loi pour établir un moratoire sur les délocalisations des fleurons industriels des Etats-Unis dont les patrons souhaitent quitter le sol américain pour des contrées plus accueillantes sur le plan fiscal. L’affaire du rachat d’un labo anglais par Pfizer (groupe mondial pharmaceutique) aurait en effet permis au groupe médical américain d’installer son siège au Royaume Uni, lequel est aussi le royaume des impôts réduits sur les sociétés.
Des sénateurs américains ! Rendez-vous compte. Des élus du pays le plus capitaliste du monde, des élus de la première puissance économique mondiale proposant d’empêcher des entrepreneurs de quitter le territoire américain en relevant le seuil de départ à 50% du capital détenu par des étrangers alors qu’aujourd’hui il n’est que de 20 %…d’où l’offre de Pfizer à AstraZeneca ! Mais c’est du socialisme ! Ce mot exécré par les Républicains ! Et tout cela pour gagner l’Irlande que leurs pères ont quitté il y a quelques décennies pour cause de crise économique et de chômage endémique. A Dublin, l’impôt sur les sociétés est de 12,5 % à comparer aux 35 % aux Etats Unis. En Grande-Bretagne, il est de 21 %, moins bien que l’Irlande mais meilleur qu’aux USA.
Quand des responsables gouvernementaux ou des élus constatent que les industriels regardent le monde par le grand bout de la lorgnette (le bout par lequel on ne voit rien) quand ils privilégient l’intérêt général sur des intérêts particuliers, ils agissent et proposent des mesures aptes à défendre ceux qui les ont mandatés afin qu’ils ne restent pas les deux pieds dans le même sabot. Qu’ils soient Français ou Américains.
(Source « Le Monde » de l’économie et de l’entreprise)

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