5 avril 2014

La base des écolos très largement défavorable au choix de Cécile Duflot et Pascal Canfin de ne pas figurer parmi les ministres


Cécile Duflot. (DR)
85 % des militants écologistes considèrent que la sortie du gouvernement des ministres EELV est une mauvaise chose. Chez les socialistes, ils sont 50 % à considérer que c’est une bonne chose et 47 % une mauvaise chose. Comme Cécile Duflot et Pascal Canfin ont décidé, très tôt de ne pas appartenir à un gouvernement animé par Manuel Valls, sans en référer aux instances de leur parti, on sent bien le hiatus existant entre le sommet et la base. Pour un parti dont les statuts et les méthodes s’appuient sur la délibération collective et l’opinion partagée, cette sortie intempestive, non souhaitée par le nouveau premier ministre ni par la président d’ailleurs, explique en partie les échecs des écolos. Car ils n’apparaissent pas comme responsables. Mais comme les animateurs d’un mouvement à vocation protestataire et minoritaire sensibles à l’air du temps alors que justement les temps sont tels qu’ils demandent constance et courage. Ils demeurent les adeptes de congrès houleux, au cours desquels les psychodrames et les problèmes entre les personnes dominent les débats. Éternelle contradiction entre la gauche de gouvernement et la gauche purement idéologique. Je souhaite aux écolos de passer un week-end serein au cours duquel les engueulades et les décisions individuelles intempestives ne vont pas manquer au menu.
Dans ces temps de crise dure, âpre, à la fois économique et sociétale, donc, la tâche des gouvernants est terriblement rude et difficile. Entrer dans la logique bruxelloise des baisses de déficits publics, de réduction des dépenses publiques, d’austérité même si le mot n’est jamais franchement prononcé, implique plus que des efforts, surtout pour les moins favorisés. Il s’agit d’une véritable mutation dans un pays où le rôle de l’Etat est si important et si essentiel à l’équilibre social. Sommes-nous prêts à remettre en cause notre système de santé ? Sommes-nous prêts à nous livrer pieds et mains liés au « laisser-faire laisser aller » prôné par de brillants esprits surtout londoniens ? Sommes-nous prêts à abandonner les idéaux du Conseil national de la Résistance sur lesquels s’est construite la démocratie française depuis 1945 ? Et pas seulement la démocratie mais un véritable corpus idéologique du vivre ensemble. Hollande sera-t-il celui qui, après Sarkozy, mettra à mal cet acquis historique et civilisationnel ? Si c’était le cas gare à la fuite des militants et des élus socialistes dont le crédit a été très entamé lors des municipales alors que, objectivement, leur gestion était plutôt bonne. Ce n’est pas par hasard que cent députés viennent de signer un texte exigeant un contrat entre le gouvernement et la majorité parlementaire…
Sans les écolos, le gouvernement ne comprend, actuellement, que des socialistes si l’on excepte Sylvia Pinel, membre du PRG. La nomination des secrétaires d’état, mardi, une dizaine dit-on, devrait permettre à certaines personnalités de la société civile de faire leur entrée au gouvernement sous la houlette des seize ministres de « combat ».  Et comme le principal reproche fait au gouvernement Ayrault fut celui d’une absence de gouvernance et de cohérence, peut-on souhaiter — même si on n’est pas d’accord avec toutes leurs propositions — que les ministres parlent d’une même voix et agissent dans le même sens ? Au moins, les Français sauraient pourquoi on fait ce qu’on fait et comment on le fait. Il sera toujours temps (pour ceux qui le voudraient) de les sanctionner en temps utile. De s’en satisfaire et de les soutenir s’ils réussissent.

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