7 avril 2014

Jean-Louis Borloo se retire de la vie politique : on ne tire pas sur un homme malade


Jean-Louis Borloo à Val-de-Reuil en 2004 en compagnie de Marc-Antoine Jamet et Jean-Louis Destans. (photo JCH)
Dans le monde civilisé qui est le nôtre, on respecte la mort et la maladie. En politique aussi, heureusement. De gauche ou de droite, les hommes et les femmes politiques savent marquer une pause, prendre le temps de l’hommage et de la réflexion quand survient l’inattendu. Qui aurait pu penser que Jean-Louis Borloo, l’un des principaux animateurs de la scène politique française allait passer la main en abandonnant tous ses mandats et des responsabilités au sein de l’UDI ? Il a fallu une vilaine pneumonie aigüe frontale et une méchante septicémie pour le conduire à opérer un nouveau choix de vie, loin des tumultes de la vie politique harassante et des prises de paroles épuisantes. On n’a pas l’habitude de ces prises de décisions dans la galaxie des partis dominants. On n’imagine pas ce qu’il faut de détermination, d’énergie, de vitalité pour remplir des fonctions publiques souvent ingrates, toujours frustrantes, jamais abouties.
Jean-Louis Borloo s’honore en faisant passer l’intérêt de ses idées et de son action avant celui de son avenir personnel. Car reconnaître sa vulnérabilité, c’est aussi faire preuve d’un certain humanisme, celui qu’il défend depuis le début de sa carrière. A l’aube de la campagne des européennes — toujours privilégiée par les centristes — Borloo a considéré que le chef devait être à la tête de ses troupes et comme cette nécessité lui devenait impossible, il a préféré la raison en sortant du jeu et de la campagne. Même si en politique, le mot «jamais» ne veut rien dire, il semble délicat d’imaginer un futur de premier plan pour l’homme du Grenelle de l’environnement et de la rénovation urbaine. 
Nous avions rencontré et interviewé Jean-Louis Borloo en 2004 à Val-de-Reuil où le maire, Marc-Antoine Jamet, lui avait présenté la maquette des opérations prévues dans sa ville dans le cadre de l’ORU (opération de rénovation urbaine). Les millions d’euros investis par l’Etat (1) ne l’ont pas été vainement. Le visage de l’ex-ville nouvelle a changé (en bien) les Rolivalois ne sont plus montrés du doigt et les immeubles fissurés ou vieillis trop tôt ont été démolis. Il est vrai que le maire entretient des relations solides avec les représentants de l’Agence nationale de Rénovation Urbaine et qu’il a su se montrer un avocat efficace et compétent. Jean-Louis Borloo, faisant fi des étiquettes politiques, a impulsé une vraie action de fond tant dans les domaines de l’urbanisme que de l’architecture et, surtout, il a eu les moyens de son action. C’est ce qu’il faudra retenir de sa carrière politique tout de même obscurcie par ses rapports privilégiés avec Bernard Tapie, homme d'affaires dont il fut l'avocat pendant quelques temps.
(1) Les collectivités territoriales aussi ont mis la main à la poche : Région, Département, CASE, ville de Louviers.

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