15 avril 2014

Avec Poutine, il ne suffit pas de montrer ses petits muscles


Valérie Fourneyron à Val-de-Reuil. (photo JCH)
J’ai demandé, sur ce blog, et bien avant que Poutine annexe la Crimée, que la France soit exemplaire en renonçant à envoyer ses sportifs d’hiver aux jeux de Sotchi. Pierre Mendès France, seul en 1936, avait demandé que notre pays boycotte les jeux de Berlin lesquels ont permis à Hitler de parader — le mot est approprié — et de tourner la tête lors des victoires de Jesse Owens à la longueur et aux 100 mètres. Je ne compare pas Poutine et Hitler. Le second était antisémite, raciste, conquérant d’un espace vital pour le grand peuple allemand. Il prenait prétexte de la situation des minorités germaniques pour annexer des territoires et faire la guerre. Poutine est-il raciste ? Je ne le connais pas assez pour dresser un portrait de l’ancien responsable du KGB en Allemagne de l’Est. Conquérant, il l’est assurément puisque la guerre contre la Géorgie lui a permis d’annexer de fait des territoires et que la Crimée vient de passer sous la férule du président russe dans les conditions que l’on sait.
Va-t-il envahir l’est de l’Ukraine ? Poser la question c’est y répondre. On connaît maintenant suffisamment le personnage pour s’inquiéter sérieusement de cette éventualité. D’ailleurs si on ne sait pas encore quand, on sait comment Poutine va agir. Il envoie ses services spéciaux cagoulés, sans signe distinctif, en uniforme, les fait passer pour des milices d’auto-défense qui partent à l’assaut des institutions ukrainiennes et hissent le drapeau russe sur les mairies et autres bâtiments administratifs. Les Russophones font le reste en appelant le grand frère à la rescousse. Cela va très vite puisqu'il est déjà dans les lieux.
Rama Yade, vice-présidente de l’UDI, reproche à l’Union européenne sa timidité, son retard à l’allumage et considère que les sanctions économiques seront sans effets sur Poutine. Elle a raison. Il fallait évidemment lancer des signaux en amont au nouveau tsar. Refuser de participer aux jeunes d’hiver, voilà qui aurait eu de la gueule de la part de la France, le pays des droits de l’homme. Au lieu de cela, on a envoyé Mme Fourneyron en Russie en soutien aux sportifs méritants et participants. Comme d’habitude, les démocraties mettent du temps avant de réagir à la force. Elles comptent sur la raison, le dialogue, la communication. Avec Poutine, il ne faut pas se contenter de montrer ses petits muscles. La menace l’amuserait plutôt. Seule une action collective et cohérente dans le temps le fera reculer.

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