11 mars 2014

Les affaires judiciaires de Nicolas Sarkozy tournent au vinaigre


On peut tirer de nombreuses leçons des épisodes judiciaires mêlant la Sarkozie et ses avocats. Tout d’abord, amusons-nous un instant en écoutant l’avocat de Patrick Buisson avancer une puissante défense mettant en cause les enregistrements clandestins effectués dans l’intimité de l’ancien président de la République. Dans les cours d’écoles maternelles, les enfants pris en faute disent tous « j’l’ai pas fait exprès » et ils le croient sincèrement puisqu’ils n’ont pas encore saisi qu’une personne est une. L’avocat de Buisson assure : « mon client n’est pas responsable, son dictaphone se déclenche à la voix. La preuve ? On entend le bruit des graviers. » Autrement dit, Patrick Buisson possède un dictaphone dans une de ses poches mais ce n’est pas lui qui le fait fonctionner, c’est le bruit. Le bruit est donc responsable même si ce bruit c’est la voix de Carla Bruni ou celle de M. Sarkozy. Imagine-t-on des juges sensibles à un si fort argument ?

La Cour de Cassation a validé, ce jour, la quasi totalité de l’instruction du juge bordelais Gentil dans l’affaire d’abus de faiblesse de Liliane Bettencourt. Autrement dit, les protagonistes de cette affaire (excepté Sarkozy bénéficiaire d’un non-lieu) vont se retrouver tôt ou tard devant le tribunal correctionnel. MM. De Maistre et Woerth, notamment, ont du souci à se faire même s’ils sont présumés innocents. Dans un autre avis, la Cour de Cassation n’a pas fait droit aux demandes des avocats de Nicolas Sarkozy qui souhaitaient récupérer ses agendas pour empêcher les juges d’instruction de l’affaire Tapie de s’en saisir afin de démontrer la proximité des deux hommes lors de l’arbitrage rendu en faveur de l’ancien président de l’OM. Il semble que la question de la légalité de leur utilisation reste entière ? Qui dira le droit ?

Le site Médiapart publie, aujourd’hui, le contenu des écoutes visant Brice Hortefeux dans l’affaire du financement « libyen » de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. On sait qu’un important policier de la PJ de Paris a informé Brice Hortefeux des questions que les juges d’instruction allaient lui poser en amont de l’interrogatoire. Médiapart publie une partie des conversations tenues entre le « grand » flic et l’ancien ministre. La conclusion de tout cela c’est que le flic a été muté mais qu’il n’a fait l’objet d’aucune sanction disciplinaire alors qu’il a allègrement transgressé les règles de droit. A la lecture du texte de Médiapart, on est épouvanté face à une telle légèreté de la part d’un haut fonctionnaire théoriquement tenu à la neutralité politique ou amicale. Brice Hortefeux avait sans doute profité, auparavant, de renseignements importants (qu’il avait soi-disant appris grâce à son intuition !) concernant l’épouse de M. Thierry Gaubert, l’un des mis en cause dans l’affaire Takiedine-Kadhafi. C’est dire à quel point la Sarkozie a infiltré les grandes institutions de la République et qu’il n’est pas interdit de penser que les malheurs de François Hollande concernant sa vie privée trouvent leur source — c’est une hypothèse — auprès de policiers zélés liés à l’ancien président de la République dont les réseaux demeurent très actifs.

Ces quelques faits récents montrent à quel point la contre-attaque de l’UMP sur les écoutes (que je conteste) de Thierry Herzog avec commission d’enquête parlementaire et convocation du Parlement en session extraordinaire va faire pschitt ! A quelques jours du premier tour des élections municipales, les élus battent la campagne et ont rejoint leurs circonscriptions. Qu’iraient-ils faire à Paris ?

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