25 mars 2014

La poussée du Front national doit être relativisée


Dans le bureau N° 8, le Front national a totalisé 135 suffrages soit 20,64 % ! (photo JCH)
Dominique Reynié, président du Fondapol, a raison. La forte poussée du Front national est un effet d’optique ou plutôt un effet mathématique comparatif. Que font les analystes et les médias ? Ils mesurent la progression du FN municipal d’une élection à l’autre alors que 2008 fut une année particulièrement médiocre pour le parti des Le Pen puisqu’absent dans de nombreuses villes de France. Sa progression d’aujourd’hui, dès lors que le FN présentait des listes dans plus de 500 communes, ne pouvait être qu’explosive. Rappelant à peu de chose près les résultats de 1995 quand le FN eut 1100 élus — l’objectif de Marine Le Pen pour dimanche prochain — et quatre mairies gagnées telles Orange, Vitrolles, Marignane et Toulon.
La victoire de Steve Briois, dimanche dernier à Hénin-Beaumont dès le premier tour, est certes un exploit (1) mais les résultats définitifs de second tour donneront le vrai visage du FN en 2014 avec quelques poussées dans le nord, dans l’est et un peu l’ouest, des résultats pitoyables à Paris. Le FN va connaître des situations lui permettant d’entrer dans le jeu démocratique, une démocratie que les frontistes exècrent mais qu’ils vivent comme un passage obligé pour tenter de conquérir d'autres forteresses. Le bilan des anciennes mairies frontistes devrait nous rassurer : excepté Orange, aucun autre maire FN n'a réussi à tenir la distance et, depuis, ont disparu du paysage.
Le secrétaire national du PS, Harlem Désir, a décidé de demander aux listes socialistes susceptibles de faire passer le FN en se maintenant au second tour de se retirer. Et cela à l’unique bénéfice de l’UMP-UDI puisque Copé, lui, maintient la règle du ni-ni, ni appel au vote en faveur du PS, ni front républicain. Les enjeux locaux risquent pourtant de heurter de front les volontés nationales. A Fréjus (à Béziers on en a parlé) les responsables PS et UMP se concertent pour empêcher le FN de prendre la ville. Franchement, comment les électeurs (trices) PS pourraient-ils avaler une couleuvre pareille ? Alors que les dirigeants de l’UMP soutiennent, reprennent, avalisent nombre de thèmes du Front national et cela depuis des années grâce à Sarkozy, alors que 50 % des membres de l’UMP et du FN sont d’accord pour composer des listes ensemble, je vois mal des hommes et des femmes de gauche donner la main à des hommes et des femmes de droite pour nuire à l’extrême-droite dont les idées polluent la République ? Les tactiques de dernière minute ne plaisent pas aux électeurs. Les fusions ne peuvent marcher que si des projets communs sont partagés, si une proximité humaine, idéologique permet à une équipe de fonctionner sans trop de heurts. A l’évidence, les unions de dernière minute, opportunistes mais inopportunes, sont incapables de susciter une mobilisation. Surtout dans le climat politique actuel. Et puis les Français ont besoin de clarté, pas de calculs sordides. Fut-ce au prix d’une défaite.
(1) Dans cette ville du nord, les socialistes sont victimes d’un phénomène de rejet dû, notamment, aux affaires judiciaires de Gérard Dalongeville, l’ancien maire de la commune.

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