26 mars 2014

Face à François-Xavier Priollaud, Franck Martin fait parler l'expérience et sa connaissance des dossiers


Le face-à-face va commencer. (photo Jean-Charles Houel)
Excellente initiative que celle de la rédaction lovérienne de «La Dépêche», organisatrice d’un débat entre les trois têtes de listes qualifiées pour le second tour des élections municipales. Ludovic Larue, pour le Front national s’était fait porter pâle (il ne connaît rien aux dossiers locaux). Il s’est donc agi d’un face-à-face Martin-Priollaud puisque ce dernier, depuis hier soir 18 heures, est à la tête de la liste d’union de la droite recomposée avec des candidats issus des listes UMP-UDI, d’une part, et de la liste Terlez (sans étiquette) d’autre part. Cette fusion n’étonne personne. Elle était dans les tuyaux avant le premier tour. Elle était l’unique chance pour la droite de « reprendre » la mairie. L’étonnement vient de la disparition subreptice des sigles UMP et UDI imposée par Anne Terlez qui tient à cette apparence citoyenne.
Les sujets choisis par les journalistes comprenaient : la sécurité, la dette, la CASE, le rôle du maire, les rapports avec l’opposition ainsi que les explications concernant la soi-disant poussée du Front national.
Un mot du climat tout d’abord. Franck Martin est un vieux routier des débats publics. Il en possède la maîtrise et l’art de déstabiliser un adversaire. Surtout quand celui-ci est un jeune politicien désigné il y a trois mois et ne possédant pas toute la gamme que requiert l’art de la confrontation des hommes et des idées. Pour affronter Franck Martin avec quelque succès, il faut connaître les dossiers sur le bout des doigts et surtout élaborer une stratégie à laquelle on se tient.
Pour l’avoir ignoré, François Xavier Priollaud est apparu fragile, friable, trop général pour être percutant. Il avait pourtant bien démarré le débat en assurant qu’avec lui devenu maire, l’opposition aurait des droits, qu’elle serait respectée et présente dans toutes les commissions au nom de la transparence. 
Il a suffi d’aborder le premier thème important, la sécurité, pour comprendre que le maire sortant avait réussi par son action et la baisse statistique de la délinquance à couper l’herbe sous le pied de son adversaire d’accord avec lui pour augmenter les effectifs de la police municipale, ne pas l’armer, et généraliser la vidéo-protection (1) à toute la ville.
Sur la montée du Front national, on peut invoquer la tendance européenne au repli et aux nationalismes comme l’a fait Franck Martin, on peut trouver une explication sociale et protestataire comme l’a indiqué FX Priollaud. Aucun n’a accusé l’autre d’être à l’origine des presque 18 % de Ludovic Larue uniquement dus à la présence de Marine Le Pen sur les tracts.

L’animation et la culture sont des points forts du programme de la liste PRG-PS-EELV. Malgré les regrets de M. Priollaud « la ville est morte le soir » « les jeunes ne savent pas quoi faire », le maire sortant a fait état des nombreuses initiatives municipales faisant, selon lui, « de Louviers la capitale de l’Eure de la culture ». Moulin, Gare aux musiques, Scène nationale, relance des cinémas (2)…tandis que M. Priollaud « veut redonner le sourire à Louviers ».
 
Franck Martin a tétanisé son adversaire.
La dette : Le sondage de l’automne dernier faisait état d’un talon d’Achille dans l’action municipale : impôts trop lourds à Louviers. Le candidat UMP-UDI-SE aurait pu, s’il avait mieux connu le dossier financier et fiscal lovérien, tirer son épingle du jeu. S’il a souligné le départ de 700 Lovériens en quelques années, il n’a pas réussi à gêner Franck Martin qui confirme le gel de la dette à son niveau actuel et assure le succès de « la gestion active de cette dette » à des taux bancaires exceptionnellement faibles.

L’intercommunalité : M. Priollaud proposera, s’il est élu, une mutualisation de certains services et dépenses « mais cela existe déjà » rétorque Franck Martin. Quant au conseil des forces vives (entrepreneurs, commerçants, artisans dont l’écoute fait, selon lui, défaut) dont la création est souhaitée par le candidat de la droite, « il s’appelle, répond Franck Martin, conseil du développement durable et rassemble patrons, syndicats, associations. Et il existe déjà. »
M. Priollaud veut créer une filière numérique porteuse d’emplois futurs et nécessitant des énergies propres. « Nous avons la Cosmetic Valley (chimie fine, pharmacie) la logistique et des milliers d’emplois créés », « cette filière est une utopie, c’est de la foutaise » assène Franck Martin avec dédain.
Seront-ils candidats l’un ou l’autre à la présidence de la CASE en cas d’élection favorable dimanche prochain ? Les deux impétrants demeurent évasifs. Ils étudieront les rapports de forces après le second tour. Franck Martin glisse au passage « Patrice Yung, c’est moi ! » comme le disait Flaubert de Mme Bovary.
Si M. Priollaud est élu maire de Louviers, il abandonnera ses fonctions d’administrateur de l’Assemblée nationale pour être maire à 100 % et s’ils sont battus, les deux débatteurs affirment qu’ils siégeront au sein de l’assemblée communale.

FX Priollaud n'a eu que trois mois pour se préparer.
Le débat a pris fin sur l’attaque frontale de Franck Martin contre la nouvelle liste de second tour de la droite classée sans étiquette après que M. Priollaud a eu le soutien de l’UMP et de l’UDI au premier ! « Tambouille, magouille » s’écrie Franck Martin ! « Vous mentez aux électeurs qui ont le droit de savoir qui vous êtes. » M. Priollaud ne se rappelle pas avoir vu les logos du PS ou du PRG sur les affiches de la liste de gauche et affirme que ce qui unit Priollaud et Terlez « c’est qu’il n’y a pas de contradiction entre nos deux projets. » FXP conclut : « Dimanche, les Lovériens auront la chance historique d’exprimer leur désaveu à l’égard de votre gestion. »
Franck Martin : « Nous avons bien compris votre souhait : faire un Louviers pour les riches et pour les nantis. Pendant trois mandats nous avons été au service des Lovériens. »

Lesquels disposent encore de quelques jours pour faire leur choix définitif. S’ils avaient pu assister au débat d’hier (sous l’œil impassible de Marianne voir photo) — mais ils bénéficieront d’un compte rendu fidèle et complet dans La Dépêche dès jeudi — ils auraient pu constater les différences sensibles entre les deux têtes de listes. D’un côté, un jeune politicien en début de carrière qui veut se construire un fief mais se trouve affaibli par sa méconnaissance du terrain et des dossiers, de l’autre un homme d’expérience qui a tout connu : les succès et les échecs et qui n’ignore pas que dimanche se joue son avenir politique et professionnel. 
(1) Il n'est pas vrai que tous les maires sont unanimes pour imposer la vidéo-surveillance. Une commune consultée par referendum local a refusé à 59 % cette solution préférant la création d'une police municipale.
(2) Le maire de Louviers cite les cinémas locaux en exemple. Pourtant, des problèmes techniques surviennent parfois amputant le plaisir de se faire une toile.

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