9 novembre 2013

Ils sont nombreux à veiller sur le sommeil du célèbre mort de Colombey-les-deux-Eglises


La preuve que le Front national voudrait être un parti comme un autre est administrée aujourd’hui. Florian Philippot, l’un des plus éminents théoricien du FN, bras droit de Marine Le Pen, a décidé — lisez bien — d’aller à Colombey-les-deux-Eglises pour déposer une gerbe sur la tombe du général de Gaulle. Une gerbe déposée par un membre de la famille Le Péniste qui plonge son histoire dans Vichy et la collaboration ainsi que dans l’OAS et l’Algérie française. Aux antipodes des choix de l’ancien animateur de la France libre et de la Résistance au nazisme, de l’ancien président de la République française acteur décisif de l’indépendance de l’Algérie.
Quand un parti se renie à ce point c’est qu’il veut jouer un rôle dans le jeu politique et, pourquoi pas, tenter d’accéder au pouvoir. Il est vrai que nombre de politiciens français nous ont habitués aux contradictions, aux promesses non tenues et aux reniements. Quand même. Jean-Marie Le Pen a été l’un des principaux pourfendeurs du gaullisme lui qui fut élu en 1956 comme député poujadiste mais surtout fut l’un des principaux défenseurs de l’Algérie française et de l’OAS et de l’empire colonial légitimement détruit au fil du temps par l’accession à l’indépendance des peuples soumis.
Je n’apprécie pas plus le geste d’Anne Hidalgo, candidate socialiste à la mairie de Paris, qui accomplira elle aussi le pèlerinage de Colombey. Même s’il est moins illégitime que celui de Philippot, il n’en demeure pas moins une reconnaissance étonnante à l’égard d’un de Gaulle arrivé au pouvoir en mai 1958 dans des conditions surprenantes qualifiées de coup d’état permanent par François Mitterrand. Certes, jamais le général de Gaulle n’a été un dictateur. Il avait quand même regroupé autour de lui des gens peu respectueux du pluralisme politique et encore moins pratiquants des méthodes démocratiques habituelles. Le SAC (Service d’action civique) de sinistre mémoire n’était ni l’œuvre de bisounours ni celle de républicains authentiques.
Admettons qu’avec le temps, les mémoires flanchent. Cela n’empêchera pas les historiens de rappeler les faits et surtout de mettre en perspective les objectifs que s’assigne l’extrême droite ou la droite dite nationale. De nationale, elle n’a pas grand-chose d'ailleurs quand elle s’expose à Vienne ou en Flandres avec des mouvements inspirés du néonazisme ou du fascisme réel ou supposé.

8 novembre 2013

Guillaume Bachelay ambassadeur de la politique économique gouvernementale en visite à Val-de-Reuil

Le public attentif accueilli au dancing. (photo JCH)
Pour prêcher la bonne parole. Guillaume Bachelay, député de Seine-Maritime et numéro 2 du Parti socialiste, était l’invité de la fédération de l’Eure et de Marc Antoine Jamet, premier secrétaire fédéral, hier soir, à Val-de-Reuil pour défendre la politique du gouvernement…le dancing (salle d’accueil) ne proposait ni tango, ni paso doble mais plutôt une valse de mesures économiques et financières destinées à rasséréner les militants venus en une petite centaine parmi lesquels Nicolas Mayer-Rossignol, président du conseil régional.
Le député PS, la voix quelque peu éraillée et la fièvre montante due à une rhino naissante, a eu du mal à se faire entendre mais pas à se faire comprendre. S’il admet une certaine complexité technique de la fiscalité et reconnaît une certaine confusion dans la manière d’annoncer et de défendre les mesures (banque d’investissement, pacte de compétitivité, mesures proposées par Louis Gallois) destinées à améliorer la situation de l’emploi, il insiste sur un héritage lourd du à la politique de Sarkozy et de 10 ans de gestion de droite. Comparativement à la gestion Jospin, il est évident que la situation trouvée en mai 2012 s’avérait dramatique à la fois pour les classes moyennes et modestes mais également pour nombre d’entreprises certaines d’entre elles ayant depuis mis en œuvre des plans sociaux coûteux pour les salariés et les rentrées fiscales.
Deux mots sont revenus en permanence dans la bouche de l’invité : lutte pour l’emploi, redressement économique. Sur l’inversion de la courbe du chômage, pas d’engagement daté mais une volonté. Sur le redressement économique, l’impatience n’est pas de mise puisqu’il faut du temps pour imaginer, agir, récolter les fruits de l’action.
Chaque élu socialiste, chaque élu de gauche, où qu’il soit, doit être au service de l’intérêt général donc de la politique insufflée par l’exécutif. A l’évidence, Si Guillaume Bachelay est convaincant, il reste à atteindre les Français. Dans leur majorité, même à gauche, ils ne perçoivent pas très bien le sens de l’action du président et celle des ministres. L’inquiétude grandit dans le pays et les manifestations entreprises ici et là pourraient très bien déboucher sur un mouvement plus vaste, pluripolaire, dangereux pour la démocratie. Le responsable socialiste est conscient de l’urgence et des nécessités d’explication. A Val-de-Reuil, son travail ne fait que commencer. Avec les municipales au bout du chemin, il est plus que temps de redoubler de vigilance et de crédibilité. Mais cela ne se commande pas.

7 novembre 2013

Christine Angot est la belle et haute voix qui s'est levée pour alerter sur la dérive de la société française

Christiane Taubira a été ovationnée, hier, à l'Assemblée nationale. Les député(e)s de Gauche et du Centre se sont levé(e)s pour saluer la ministre, témoigner le respect qu'inspire sa personne après les agressions verbales et racistes que lui ont adressées des enfants mal élevées et une candidate du Front national exclue depuis du parti. Christine Angot, écrivaine, a souhaité répondre à Mme Taubira dans une tribune parue aujourd'hui dans le journal Libération. Cette tribune fait suite à l'article paru hier sous la signature de la ministre de la Justice. Je la publie avec plaisir après avoir sollicité l'autorisation de la rédaction du quotidien.

« Je viens de lire votre interview dans Libération (du 06 novembre), tout ce que vous dites est vrai, juste, ce n’est pas de ça que je veux parler, je veux vous parler de la fin de votre interview, on vous demande : «Avez-vous été déçue par la faiblesse des réactions qui ont suivi les attaques dont vous avez été victime ?» Entre crochets, il y a d’abord écrit : «soupir». Vous poussez donc un soupir puis vous répondez. Vous parlez des messages de soutien qui vous ont été adressés à titre personnel, vous expliquez que c’est gentil mais que ce n’est pas le propos, et vous avez raison. Vous parlez de l’analyse de l’historien Pascal Blanchard, que vous dites juste mais qui n’est pas une alerte, et vous avez aussi raison. Vous dites que des consciences françaises pourraient dire que les injures racistes dont vous avez fait l’objet ne sont pas périphériques mais sont «une alarme», ne sont plus un signe mais une alarme, un signal d’alarme, dites-vous, car quelque chose dans notre société se «délabre», c’est votre mot, se dégrade, fout le camp, pourrit, est sale, est crade, est dégueulasse, est nul, est fini, est foutu, et vous avez raison. Et puis vous dites, je vous cite : «Ce qui m’étonne le plus, c’est qu’il n’y a pas eu de belle et haute voix qui se soit levée pour alerter sur la dérive de la société française.»
Là encore, vous avez raison, mais puisque vous dites que vous êtes étonnée, permettez-moi une explication. Nous n’avons rien dit parce que nous ne savons pas comment faire, comment dire ce que nous ressentons, nous ne trouvons pas les mots pour expliquer la terreur qui nous saisit à la gorge, la peine radicale, plus que profonde, radicale, une tristesse qui touche le fond, que nous éprouvons, cette histoire de banane nous tue. Nous tue, je pèse mes mots. Et quand quelque chose vous tue profondément vous ne pouvez rien dire. Vous êtes cloué sur place, vous pourriez crier, vous pourriez hurler, ça oui, mais vous ne pouvez pas élever une belle et haute voix, vous hurlez tout seul devant votre télé, vous avez l’impression que l’humanité est en train de se diviser en deux, sous vos yeux, vous sentez que vous n’avez rien de commun avec ces gens qui se permettent de traiter une femme de guenon, leur bestialité vous fait horreur, leur bêtise vous fait mal, vous vous sentez rejeté de la masse, du groupe, vous ne pouvez parler ni avec eux ni contre eux avec d’autres frontalement, vous ne savez pas comment faire, vous voyez qu’ils sont nombreux, vous voyez qu’il y en a partout, vous voyez l’autre numéro 2 de Florian Philippot dire que les traiter de racistes est une insulte à quarante pour cent de la société française, la numéro 1 dire qu’ils vont porter plainte, vous vous sentez mort devant votre télé, incapable de faire entendre la «belle et haute voix» que vous aimeriez entendre, qui se lèverait «pour alerter sur la dérive de la société française».
Si nous n’avons rien dit, c’est parce que nous sommes touchés, atteints, meurtris, nous avons mal, nous sommes malheureux, nous souffrons de ces insultes qui nous sont adressées autant qu’à vous puisqu’elles mettent en lumière notre silence, et nous ne savons pas comment dire que malgré notre peau blanche on se sent piétiné, justement parce qu’on ne sait pas comment parler, nous ne savons pas nous défendre, nous sommes des singes muets, mais si nous étions des singes au moins nous pourrions leur faire des grimaces, nous n’avons même pas ce recours, nous n’avons pas envie de rire, nous n’avons pas envie de leur faire des grimaces, nous pleurons, pourquoi ne pas le dire, ne vous moquez pas de nous, aidez-nous, nous voulons parler, faites quelque chose, dites à François Hollande de vous nommer Premier ministre, de faire quelque chose, de se mettre devant un micro, à vingt heures, et de hurler, de dire à tous ces marchands de bananes de relire Réflexions sur la question juive de Jean-Paul Sartre, ils verront page 25 de l’édition de poche, à propos de l’antisémite, mais le raciste, c’est pareil : «Il se considère comme un homme de la moyenne, de la petite moyenne, au fond comme un médiocre […]. Mais il ne faudrait pas croire que sa médiocrité lui fasse honte : il s’y complaît au contraire ; je dirai qu’il l’a choisie. Il redoute toute espèce de solitude, celle du génie aussi bien que celle de l’assassin : c’est l’homme des foules ; si petite que soit sa taille, il prend encore la précaution de se baisser, de peur d’émerger du troupeau et de se retrouver en face de lui-même. S’il s’est fait antisémite, c’est qu’on ne peut pas l’être tout seul.»
Toujours page 25, mais maintenant j’adapte : «S’il s’est fait raciste, c’est qu’on ne peut pas l’être tout seul. Cette phrase : "La guenon, mange ta banane", est de celles qu’on prononce en groupe ; en la prononçant on se rattache à une tradition et à une communauté : celle des médiocres. Aussi convient-il de rappeler qu’on n’est pas nécessairement humble ni même modeste parce qu’on a consenti à la médiocrité. C’est tout le contraire : il y a un orgueil passionné des médiocres et le racisme est une tentative pour valoriser la médiocrité en tant que telle, pour créer l’élite des médiocres.» Page 57, j’adapte encore : «C’est un homme qui a peur. Non des Noirs, certes : de lui-même, de sa conscience, de sa liberté, de ses instincts, de ses responsabilités, de la solitude, du changement, de la société et du monde ; de tout sauf des Noirs. C’est un lâche qui ne veut pas s’avouer sa lâcheté ; un assassin qui refoule et censure sa tendance au meurtre sans pouvoir la refréner et qui, pourtant, n’ose tuer qu’en effigie ou dans l’anonymat d’une foule ; un mécontent qui n’ose se révolter. En adhérant au racisme, il n’adopte pas seulement une opinion, il se choisit comme personne. Il choisit la permanence et l’impénétrabilité de la pierre, l’irresponsabilité totale du guerrier qui obéit à ses chefs - et il n’a pas de chef. Il choisit de ne rien acquérir, de ne rien mériter, mais que tout lui soit donné de naissance…»
Vous imaginez, chère Christiane Taubira, si François Hollande, à 20 heures, venait dire ça ? Vous arrêteriez d’attendre une belle et haute voix et moi j’arrêterais de pleurer. Je ne ressentirais pas cette honte en lisant la fin de votre interview : «Il n’y a pas eu de belle et haute voix qui se soit levée pour alerter sur la dérive de la société française.»
La société française face au racisme est démunie comme toute société murée dans le déni, la moitié pleurant devant sa télé, l’autre moitié agitant des bananes sur les trottoirs en insultant une ministre noire. Quelle honte. Regardons le racisme de notre propre société en face, regardons-nous dans le miroir, ne faisons pas comme l’antisémite de Sartre qui ne veut pas se voir lui-même, qui a peur de lui-même, de sa lâcheté présente et passée, de ce petit détail, le racisme des Français, leur violence raciste et donc meurtrière, que nous préférons refouler, nier, au profit d’une caricature, le Français râleur qui râle, et se plaît comme ça, en fouteur de merde énervé, il fallait voir hier, dans les couloirs de l’Assemblée nationale, les députés interrogés sur la tribune dans le Monde de Harry Roselmack sur le retour du racisme en France, nier l’évidence, avec des mines de vierges effarouchées qu’on puisse prêter à ces chers petits Français des pensées si bananières. Ils avaient l’air attendri par ces garnements qui soi-disant souffriraient ce serait la seule explication, alors que ce sont ceux qui n’arrivent plus à trouver une belle et haute voix qui souffrent.
 

5 novembre 2013

Jacques Dorival, ancien commandant de la circonscription de police de Louviers, est décédé

Jacques Dorival (au centre sur la photo) lors de la rentrée solennelle du tribunal de commerce en 1980. (photo JCH)
« Nous avons appris, ce dimanche, la mort de Jacques Dorival. Un faire-part dans le Monde annonçant ses funérailles à Evreux où il était resté militant, les appels de ses camarades et de Timour Veyri, le secrétaire de sa section, la tristesse du lovérien Jean-Charles Houël, sont venus confirmer cette nouvelle. Notre camarade était décédé le 25 octobre dernier à Fontainebleau. Sa disparition est, pour la Fédération de l'Eure, une perte immense.

Jacques Dorival était, à une époque où la conjonction des deux mots n'était pas immanquablement automatique, un policier républicain. Toute sa vie, il fut un homme d’engagement et de combat. A la fois, un grand serviteur de l’Etat avec ce que cela comporte de devoir et d'abnégation, et un vrai socialiste avec ce que cela implique de générosité et d'altruisme. Parce qu'il savait que sous certains ordres apparents couvent les plus grands désordres, il avait su faire cohabiter en lui deux impératifs, celui du fonctionnaire attaché à remplir sa tâche, celui du militant capable de libre-arbitre, sans contradiction, sans affrontement, sans violence. La sécurité est avant tout le droit des plus faibles. Il le savait et en avait fait, à juste titre,  la légitimité de son travail. Son métier servait ses convictions. Il appliquait ses convictions dans son métier.

Inspecteur divisionnaire, Jacques Dorival avait terminé sa carrière à la tête de la circonscription de police de Louviers. C'est dans cette ville, alors qu'il était déjà à la retraite, que je l'avais rencontré en 1999, coiffé d'un feutre héroïque, un regard malicieux derrière ses lunettes. Il avait pu déployer dans la cité drapière ses remarquables talents de négociateur, son sens de l'autorité, sa volonté de préserver l'ordre public. Il y était aimé. C'était un homme simple, sincère, profondément imprégné de l'esprit de Justice et du désir de Solidarité, dont il n'extrayait pas son action. Grand Humaniste, fin connaisseur de chaque milieu social et admirable meneur d'hommes, manager avant que le terme ne s'applique à la fonction publique, Jacques Dorival savait, en arpentant les quartiers difficiles, en n'ignorant rien des passions et des conflits propres aux êtres humains, prévenir et anticiper toutes les situations. Prévenir pour guérir. Guérir en prévenant. C'était un médecin attentif tout autant qu'un policier vigilant.

Apprécié de ses subalternes dont il avait su rester proche, de ses supérieurs auxquels il ne cachait aucune vérité, Jacques Dorival était aussi respecté des élus qu'il prenait le temps d'écouter et qu'il estimait. Ces derniers savaient trouver en lui, quand les situations s'envenimaient, dans une rue, dans un immeuble, entre deux communautés, un conseiller au discernement apprécié, un fin médiateur, ferme sur le fond et sur l'exigence de légalité, ouvert sur la forme et ne mésestimant pas le rôle du dialogue. Pierre Joxe n'avait pas encore imposé l'affichage de la Déclaration des droits de l’homme dans les postes de police, mais Jacques Dorival en citait volontiers l'article XII : « la garantie des droits de l'Homme et du Citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée. »

Infatigable supporter de la Gauche à Evreux, il fut de toutes de toutes les campagnes. Ardemment. Pleinement. L’élection de François Mitterrand, en 1981, marqua la concrétisation de ses espoirs en une société plus juste, plus laïque, plus fraternelle. De  1983 à 1995, en tant que conseiller municipal à la prévention, il agit, il travailla auprès de Roland Plaisance créant, notamment, le conseil local de la prévention de la délinquance et une importante Maison de la Justice. Tout l'indique. Sa vie, Jacques Dorival avait choisi de la consacrer aux autres.

La Fédération de l’Eure du Parti socialiste perd un militant exemplaire, attaché aux valeurs essentielles qui nous guident et dont il fit ce qui n'est pas une loi universelle, une règle de conduite permanente dans sa vie professionnelle et personnelle. Nous nous associons avec émotion à la peine de ses enfants, de ses petits-enfants et de la famille et leur adressons nos condoléances solidaires et fraternelles.

Au nom de tous les militants, une gerbe de fleurs rouges a été déposée en un dernier hommage sur le cercueil de Jacques Dorival à la Maison Funéraire d'Evreux.  »

Marc-Antoine Jamet
Premier secrétaire de la fédération du PS de l'Eure

Ils ont des chapeaux ronds et des bonnets rouges


Je suis d’accord — cela arrive parfois — avec Jean-Luc Mélenchon. Il ne faut pas « mélencher » les torchons et les serviettes. Autant JLM était d’accord pour manifester à Carhaix (Bretagne) avec la CGT autant il jugeait malsain et inopportun pour des hommes et des femmes de gauche de se joindre aux manifestants de Quimper. On ne manifeste pas avec n’importe qui, affirme le leader du Parti de Gauche. Et il a bien raison.
On ne manifeste notamment pas avec les militants de la FNSEA ni avec ceux du MEDEF. Leurs intérêts de classe ne sont pas identiques à ceux des syndicats de salariés et encore moins avec ceux des partis de gauche. C’est la raison pour laquelle, je m’étonne pour le moins, de l’appel lancé par le NPA (1) qui, lui, ne semble pas souffrir d’une promiscuité étrange. Manifester à Quimper a été synonyme de casse et de destruction conformément aux grands mouvements des agriculteurs envahisseurs du bureau de Dominique Voynet, alors ministre de l’environnement, sans qu’aucun des visiteurs agressifs et violents n’ait alors été inquiété.
Dans le domaine de la violence de rue — inexcusable quels qu’en soient les mobiles — certains agriculteurs passent rapidement la frontière entre le droit de manifester et celui de détruire. C’est non seulement stupide c’est surtout contreproductif. Je suis surpris que le NPA ait été associé, sans doute à son corps défendant, à ces méthodes musclées. Bien sûr (voir ci-dessous) Pierre Vandevoorde prend soin de préciser que des salariés étaient présents (ce qui est vrai) et ajoute « des petits artisans » aussi car seuls les « petits »intéressent le NPA…Pierre oublie de citer les petits de la FDSEA et du MEDEF aux bonnets rouges. On aura tout vu !
(1) « Le NPA se félicite de l’immense manifestation de Quimper qui a réuni au moins 30 000 personnes. Une manifestation réunissant principalement des salariés, des précaires, des petits artisans, des paysans en colère contre les licenciements et le massacre social qu’ils subissent tous les jours. » Pierre Vandevoorde.

Nathalie Kociusko-Morizet empêtrée dans le partenariat Public-Privé de l'ecotaxe


J’ai déjà attiré l’attention des lecteurs de ce blog sur les principaux défauts et inconvénients des fameux partenariats public-privé (1). Les PPP. L’un des plus grands scandales de gestion approximative et coûteuse pour le contribuable est-il en train de voir le jour après l’analyse au plus près du contrat PPP passé pour la construction et le fonctionnement des portiques de l’écotaxe poids lourds ?
A en juger par la frilosité des ministres signataires du contrat entre l’Etat et la société Ecomouv qui ont bien du mal à accepter de répondre aux journalistes, j’ai l’impression qu’une commission d’enquête parlementaire ne serait pas de trop pour mettre au jour les détails d’un contrat très coûteux pour le contribuable mais très juteux pour les actionnaires de cette société.
D’après Nathalie Kociusko-Morizet, ancien ministre de l’environnement, signataire parmi les quatre ministres responsables, c’est Fillon le principal coupable ! Valérie Pécresse (budget) elle aussi responsable, est aux abonnés absents, Fillon, fidèle à son habitude, va dégager en touche. Reste en première ligne la pauvre NKM, en pleine campagne électorale à Paris, qui va devoir faire face à une bronca sévère eu égard à la dette de l’Etat.
 Dès la semaine dernière, la mission d’appui aux partenariats public-privé (PPP) avait tiré la sonnette d'alarme. Dans les grandes lignes, les experts estiment que l'Etat aurait pu passer par un marché public car il aurait coûté moins cher. Des interrogations se portent sur les conditions très avantageuses accordées au consortium privé conduit par l'italien Autostrade détenue par le groupe Benetton.
En principe, le consortium devait percevoir 250 millions d'euros (dont 20 millions de TVA) sur un rendement annuel de 1,2 milliard d'euros, soit près de 20%. Or, selon le rapport, les autres contrats public-privé rapportent en moyenne 2 à 3% par an... Aujourd'hui, délier cet accord coûterait un milliard d'euros sur un an à l'Etat, dont 800 millions à payer immédiatement explique de son côté le ministère des Transports.
Voilà donc une ancienne ministre donneuse de leçons notamment sur la gestion Delanoë, candidate à la mairie de Paris, empêtrée dans une convention plus que favorable aux intérêts privés. Avec ces Sarkozystes-là, rien ne nous étonne plus.
Tout de même, alors que la droite crie haro sur le baudet contre toutes les taxes et les impôts au point de dénaturer l’idée même des contributions nécessaires au fonctionnement des services d’intérêt général, il est intéressant de noter la responsabilité de ceux et celles qui ont privatisé les sociétés d’autoroutes (et les revenus mirobolants avec) et signé un contrat en or avec une boite privée d’ailleurs constituée pour l’occasion.
(1) le PPP passé pour la construction du nouveau ministère de la défense. Voir http://www.architectes.org/actualites/siege-de-la-defense-a-balard-un-bon-gros-ppp-que-du-bonheur

3 novembre 2013

« Les seules balles que vous avez entendu siffler ce sont les balles de tennis ! »


A l’occasion de la libération des quatre otages d’Arlit, Marine Le Pen a trouvé qu’ils avaient l’air louche. Pas rasés de près et surtout, drôlement habillés avec cheche et djellabah. Cette tenue a instillé chez elle le syndrome de « Homeland » laissant entendre, comme dans le feuilleton américain lui-même inspiré du feuilleton israëlien « Hatofim » que ces quatre-là pourraient bien avoir été retournés par leurs geôliers durant ces 37 mois de captivité dans le désert du nord Mali. Marine Le Pen a battu le record de la vulgarité lâche et montré le visage hideux de sa névrose obsessionnelle anti-musulmane.
Quatre ex-otages, donc, quatre hommes devenus ou en passe de le devenir, des islamistes en puissance. Je suggère à Marine Le Pen, depuis l’enlèvement et l’assassinat des deux journalistes de RFI, de commenter comme l’a osé un député UMP dont je tairai le nom par charité, cette « promenade » à Kidal des deux reporters de RFI « qui devraient savoir qu’un théâtre d’opérations guerrières n’est pas le club med. »
S’il est vrai que les officiers de la force militaire française Serval avaient refusé de convoyer les deux journalistes dans le nord Mali, s’il est également vrai qu’ils ont dû faire appel à la force de l’ONU et aux détachements africains chargés de veiller à la sécurité des populations pour se rendre à Kidal,  il n’en est pas moins vrai que les deux envoyés spéciaux étaient sur le terrain pour accomplir un métier noble, dangereux par nature quand on est correspondant de RFI au Mali, risqué à trop vouloir l’objectivité et la neutralité qu’imposent les points de vue de toutes les parties et qui nécessite de leur rendre visite là où elles vivent et agissent.
C’est cette recherche-là, cette vision-là que le député UMP abaisse au niveau zéro de la réflexion politique. S’exprimer ainsi c’est rendre ces deux journalistes responsables de leur mort. Qu’attend Marine Le Pen pour se mettre sur la longueur d’onde des imbéciles heureux, trop heureux dans le confort d’une démocratie française vive mais vivante, pluraliste et plurielle. Une démocratie qui permettait à un député communiste d’asséner il y a déjà longtemps à un général en retraite également membre de l’Assemblée nationale :  « les seules balles que vous avez entendu siffler, ce sont des balles de tennis. »Ce général-là n'est plus tout seul.