31 août 2013

Réforme pénale : François Hollande arbitre en faveur de Chistiane Taubira


La réforme pénale que propose Christiane Taubira et qui a été arbitrée en sa faveur par le président de la République n’est ni laxiste ni dangereuse comme l’affirment les ténors pavloviens de la droite. Tellement empêtrés dans leurs contradictions internes et dans la surenchère sécuritaire, ils en oublient l’essence même de la justice et de ses fins. Ils sont devenus caricaturaux. Pourtant, le bilan de leurs réformes est catastrophique. Leurs peines plancher, leur durcissement des textes, leurs coups de menton à la Sarkozy n’ont absolument pas eu pour effet de réduire la récidive, bien au contraire. Et n’ont eu aucun impact sérieux sur la prévention des actes délinquants ou criminels.
La réforme qui sera proposée par Christiane Taubira au Parlement repose sur les piliers d’une société civilisée. Elle se propose de juger l’acte et l’auteur de l’acte et de prendre en compte la douleur de la victime et la réparation à laquelle elle a droit. D’ailleurs le projet de loi porte le nom de lutte contre la récidive, une sorte de pied de nez aux Rachida Dati, Christian Estrosi et autres secrétaire de syndicats de police animés par des militants de la droite dure.
Il est heureux que François Hollande ait arbitré en faveur de Christiane Taubira et non en faveur des propositions de Manuel Valls. Il se trouve que la ministre de la Justice se réfère à un système de valeurs positif voire optimiste quant à la condition humaine. Même si l’élue guyanaise n’est ni naïve, ni née de la dernière pluie, elle sait qu’un responsable gouvernemental ne peut agir dans un esprit de vengeance ou de haine. La loi doit être juste, équilibrée, adaptée. C’est ce que reconnaissent aujourd’hui des magistrats intègres, très heureux de constater que la confiance envers leur corps renaît et reprend vie après le matraquage scandaleux des années Sarkozy.
Christiane Taubira est une ministre de qualité. Cela, on le savait. Elle démontre également  de la fermeté dans ses positions et de la fidélité à l’égard des promesses du candidat Hollande. Il avait affiché son hostilité aux peines plancher. Celles-ci sont supprimées. Un bon point supplémentaire à l’action de ce gouvernement.

30 août 2013

Les Travaillistes britanniques nous donnent l'exemple


Les Travaillistes britanniques, en votant contre l’intervention en Syrie sollicitée par David Cameron, avaient en tête, dit-on, le mauvais souvenir laissé par Tony Blair lorsqu’il décida de soutenir le président Bush Junior en Irak. Les armes de destruction massive n’ayant existé que dans la tête des faucons de l’USArmy, c’est bien un marché de dupes qui fut passé avec le peuple des îles pour justifier l’envoi d’avions, de tanks et des troupes contre Saddam Hussein.
S’agissant de l’agression chimique…des armées de Bachar Al Assad ( ?) il y a de fortes présomptions contre elles, ce bombardement étant « justifié » par l’avance des « rebelles » prêts à couper la route de Damas à certaines forces loyalistes…L’enquête des inspecteurs de l’ONU — dont les résultats demanderont quelques semaines — semble d’ores et déjà prendre en compte la réalité des dommages corporels du bombardement du 21 août dernier. A la question de savoir, à 100 %, qui est à l’origine de ce crime de guerre, il faudra donc attendre encore un peu même si Les services de renseignements occidentaux assurent à 99 % que Al Assad est le donneur d’ordres.
La décision du parlement d’Outre-Manche n’empêchera pas, dixit François Hollande aujourd’hui dans « Le Monde » la France de faire ce qu’elle jugera bon de faire. Il est même possible que des missiles français auront été tirés (sur quoi ? Sur qui ?) avant que le Parlement français ait débattu (sans vote) d’un éventuel engagement de nos forces armées.
Les sondages — mais ce ne sont pas les sondages qui gouvernent — effectués dans les pays européens et aux États-Unis démontrent qu’une importante majorité des populations est hostile à une intervention en Syrie. Pourquoi ? Parce que ces populations craignent que le départ du dictateur n’amène au pouvoir d’autres dictateurs, plus barbus et plus fanatiques encore. Les exemples égyptien, tunisien et libyen n’incitent évidemment pas à l’optimisme. Car le chaos et les militaires sont partout et la démocratie nulle part. 
Faut-il ne rien faire ? Sûrement pas. Si Al Assad est à l’origine démontrée de l’agression chimique, il faudra sévir contre lui, son régime, ses suppôts. Il faudra donc renforcer les mesures économiques, financières, politiques qui étouffent peu à peu le régime oppresseur du dictateur syrien. Il faudra aider la rébellion laïque, même en lui fournissant des armes ( !) Il faudra surtout convaincre les Russes (dont les télés et radios diffusent maintes fausses nouvelles) de la nécessité de mettre fin aux exactions d’un régime corrompu, barbare et brutal.
Une seule solution donc : une rencontre de tous les protagonistes à Genève. Un paradis fiscal, certes, mais aussi la ville de tous les compromis.

29 août 2013

Rien de bon ne sortirait d'une attaque occidentale en Syrie


Ma philosophie est faite. Les occidentaux auraient tort de bombarder la Syrie. Aussi étrange que cela puisse paraître, j’ai été convaincu de cette nécessité en entendant Dominique de Villepin, l’ancien premier ministre de Jacques Chirac exposer ses arguments. L’auteur du fameux discours devant le conseil de sécurité de l’ONU expliquant que la France ne s’associerait pas à l’intervention militaire en Irak considère que cette intervention — symbolique — ne saurait être d’aucune efficacité : ni militaire, ni politique.
Certes, Bachar Al Assad est un dictateur de la pire espèce. Les bombardements aériens et l’utilisation de gaz sarin en font sans doute un criminel de guerre ce qui pourrait le conduire devant le TPI, le tribunal pénal international. Mais la Syrie n’est pas le Mali qui n’est pas la Libye. En écoutant François Hollande devant la conférence des ambassadeurs, j’ai été choqué par le terme de « punition » utilisé par le président pour justifier une intervention armée. Punir un dictateur, ce n’est pas lancer quatre bombes et trois missiles tomahawcs. Ce n’est pas tuer plusieurs dizaines de soldats loyalistes ou détruire quelques repères du dirigeant alaouite. Punir vraiment un dictateur, c’est trouver une issue politique à une crise qui n’en finit pas, favorisée il est vrai par le soutien qu’apportent l’Iran, la Russie et la Chine à la Syrie, pôle d’influence ultime de Vladimir Poutine au Moyen-orient. Punir un dictateur, c'est établir la démocratie et organiser des élections libres.
Villepin a raison d’insister sur la sortie de crise et sur la nécessité de réunir à Genève l’ensemble des protagonistes. Va-t-on assister à une partition de la Syrie avec des régions kurde, alaouite, sunnite…dans la mesure où la religion semble jouer un rôle essentiel dans l’affaire syrienne, les Saoudiens ne se privant pas de soutenir les rebelles.
Aujourd’hui, barack Obama et David Cameron marquent le pas. Ils attendent le rapport circonstancié des émissaires-experts de l’ONU chargés d’expliquer qui a utilisé le sarin, comment il a été véhiculé et quels ont été les mobiles de son usage mortel sachant que 60 % des 1500 victimes estimées étaient des femmes et des enfants.
Malgré cette tragédie humanitaire et cet acte infâme, je demeure persuadé que la guerre ne résoudra rien, à plus forte raison si elle est alimentée par les occidentaux directement. Que l’on aide la rébellion (laquelle ?) pourquoi pas ? Equilibrer les forces peut être un projet viable dans la mesure où cela obligerait les belligérants à ouvrir le dialogue.