19 avril 2013

Mariage pour tous, homophobie : des violences qui mettent la République en ligne de mire


« Bars gays saccagés, « chasse à l’homo », organisation systématique d'affrontements avec les forces de l’ordre, prise à partie personnelle des parlementaires, débats publics sabotés… La protestation contre le mariage pour tous, veut faire prévaloir la force sur le débat parlementaire, et sur le respect des engagements pris devant les électeurs. Elle recourt aux pires méthodes, et révèle son mépris du processus démocratique et l’homophobie qu’elle prétendait dissimuler, sous couvert de la « défense des familles ».
La Ligue des droits de l’Homme, qui a toujours soutenu le droit au mariage pour tous et l’adoption, sans considération de l’orientation sexuelle, comme des avancées fortes de l’égalité des droits, condamne avec force cette explosion calculée de violences. S'il est normal que les enjeux de société fassent débat, que les craintes et les refus s’expriment, et que la protestation s'inscrive dans l’espace public, en l’espèce, il s’agit de tout autre chose. Les organisateurs de ces manifestations construisent le cadre idéologique qui légitime les violences perpétrées contre les biens et les personnes. Ils fournissent un espace d’accueil et de rencontre à divers courants politiques et religieux de droite, historiquement marqués par leur haine de l’égalité, de la liberté et de la République. Cette stratégie de montée de la violence s’exprime également au sein de l’Assemblée nationale ; l’opposition marque ainsi son dépit, mais aussi sa disponibilité à des alliances sulfureuses, enjeux électoraux obligent.
La Ligue des droits de l’Homme s’inquiète de la conjonction de cette radicalisation avec la fragilisation politique induite par les suites de l’affaire Cahuzac. Elle demande au gouvernement de prendre conscience de l'exaspération de la population, toujours en attente des mesures de justice sociale et de rénovation éternellement remises à plus tard. Elle invite le président de la République et le gouvernement à en prendre la juste mesure, et demande  aux  citoyennes et citoyens de continuer à se mobiliser pour la légalisation du mariage pour tous. Au-delà, la Ligue des droits de l'Homme appelle à la plus grande vigilance face à toutes les provocations visant à affaiblir la République et délégitimer la représentation nationale. »
(communiqué de la ligue des droits de l'homme)

la gauche a été élue pour cinq ans. La droite devra s'y faire.

Agressions contre des lieux de rencontres homosexuelles. Menaces sur la vie de députés de l'ouest. Attaques physiques contre des couples homos se promenant tranquillement dans les rues de nos villes. Et enfin, pétage de plombs absolu de la part de quelques députés de droite et d'extrême droite prêts à en venir aux mains avec des fonctionnaires de l'Assemblée nationale au cours du débat de la nuit passée. Frigide Barjot voulait du sang. Elle va peut-être finir par en avoir.
Lamentables. Ces excès, ces débordements sont le fait d'esprits dérangés voire manipulés. Qu'ils se réclament de Civitas, du GUD, de l'UMP aussi malheureusement, l'objectif de tous ces groupes ou de ces élus demeure identique : se payer Hollande et le gouvernement. Apporter la preuve de la soi-disant faiblesse de l'exécutif. Pourtant, Manuel Valls ne lâche rien comme ils le disent eux-mêmes. Les CRS et les gardes mobiles font face : ils défendent l'ordre public mis à mal par des dizaines d'excités et de fanatiques.
Dans ce climat de revanche et de vengeance, la droite joue avec le feu. A force de souffler sur les braises, l'embrasement global peut survenir. Cela fait des semaines que je dénonce cette volonté d'en découdre en dehors des voies légitimes. Cela fait des semaines que ces groupes intégristes pourrissent la manif pour tous devenue la manif pour quelques uns, des têtes brûlées et des crânes rasés.
A l'UMP, peu de voix appellent au calme. Au contraire, Copé et Mariton en rajoutent. Alors que dès mardi prochain, la loi sera officiellement adoptée et le mariage pour tous entériné, il se trouve des représentants de la nation, des gens censés défendre la loi, pour contester la majorité et mettre en cause ce qui n'est rien d'autre qu'une promesse électorale de François Hollande. Les Français, en l'élisant, savaient ce qu'ils faisaient. Qu'on ne vienne pas nous dire, après deux mois de débats, que la concertation n'a pas eu lieu et que l'opposition au texte n'a pas pu s'exprimer. Les minoritaires ne peuvent pas, ne doivent pas imposer leurs idées ou empêcher l'expression de celles des autres. La gauche a été élue pour cinq ans. La droite devra s'y faire.

16 avril 2013

Contre le grand déballage et le mélange des genres


Alain Filkienkraut, un philosophe que je n’apprécie pas spécialement, était l’un des invités de l’émission 28 minutes, hier soir, sur la Cinq. Il venait dire tout le mépris qu’il éprouve à l’égard de l’opération obligeant les ministres à déclarer leur patrimoine immobilier, mobilier et bancaire. Un mépris dû à l’absence de séparation de plus en plus permanente entre la sphère publique et la sphère privée. Après qu’il a reconnu que les hommes et les femmes politiques de notre pays ne sont pas (pour la majorité d’entre eux) corrompus ou corruptibles, le philosophe constate, tout simplement, que la tricherie de Jérôme Cahuzac n’a strictement rien à voir avec la publicité tapageuse faite autour des riches et des « pauvres » de ce gouvernement.
Depuis hier soir, on n’en sait pas beaucoup plus qu’avant si ce n’est que Laurent Fabius est le plus riche (héritier favorisé…tout le monde était au courant) et que Christiane Taubira possède trois bicyclettes. Tout cela nous fait une belle jambe. En quoi ces informations sur le patrimoine de l’un et de l’autre influence-t-il leur position en matière de politique étrangère et de réflexion sur la récidive et les peines plancher ?
Ce voyeurisme me conduit à élargir la réflexion sur ce qui devrait relever de la sphère publique et de la sphère privée pour déplorer que depuis Giscard d’Estaing et ses dîners chez l’habitant avec petit air d’accordéon, les politiques ont eux-mêmes creusé leur tombe. Quel sens donné aux photographies de Ségolène Royal et de sa petite dernière dans Paris Match ? Quel intérêt à voir Franck Martin dans La Dépêche — c’était en 1993 — entourée de son épouse avec sa petite fille dans les bras ? C’est ainsi que les citoyens et les élus se sont habitués à pénétrer dans la vie privée des gens (les élus sont des gens) et que les systèmes d’espionnage, de surveillance collectifs ou individuels se sont développés. Les voyeurs en veulent toujours plus. Demain, ils installeront des micros et des caméras dans les chambres à coucher.
Je suis farouchement hostile à ce déballage. Il revêt un aspect barbare, intrusif. Aujourd’hui, le patrimoine des ministres. Demain celui des députés et des sénateurs. Demain encore, celui des présidents de Région et des Départements. Et alors ? En quoi cela va-t-il aider à favoriser la compétence des élus ? En quoi cela va-t-il aider les citoyens à mieux comprendre les décisions qu’on leur impose ?
Qu’une haute autorité ait les moyens de contrôler, d’investiguer, de vérifier les déclarations des élus, pourquoi pas. C’est sans doute utile et nécessaire. Mais à quoi bon remplir les colonnes des journaux avec des informations qui finalement, ne servent à rien. Un tricheur s’accommode des règles et des lois. Celui ou celle qui veut frauder cherchera le secret, l’indifférence. Sans son aveu téléphonique, qui aurait eu connaissance du compte suisse de Cahuzac ?
Il appartient au législateur de créer le cadre de l’activité publique. Et donc de tout faire pour que les décisions et les actes des élus aillent dans le sens de l’intérêt général. Eviter les conflits d’intérêts, éviter la fraude fiscale, interdire le cumul des mandats, telles sont les règles qui devraient inspirer François Hollande. Gageons que les parlementaires s’efforceront de maintenir l’honneur qu’on leur fait en les élisant. Pas pour leur gloire individuelle mais pour la recherche d’un certain bonheur commun.

15 avril 2013

Karl Zéro écrit à sa belle-sœur Frigide Barjot : « il est des croix pour toutes les épaules, tu es devenue la mienne »


Lu sur le site du Huffington post :
« Lorsque tu fus subitement touchée par la grâce à l'occasion de l'élection de Benoit XVI, je me suis réjoui en bon chrétien de ton retour vers le Christ. Je n'ai jamais douté que tous les chemins menaient à Rome, y compris les concerts des "Dead Pompidou's" et les pignolades au "Banana Café". Autant en tout cas que bien des offices liturgiques désuets pour cheveux bleus aigris. Tu as lancé tes "Benoithon", béatifiant ce Joseph Ratzinger que personnellement je trouvais légèrement rance, c'était curieux mais cocasse. Je me disais que ce combat s'inscrivait, en quelque sorte, dans la continuité logique des "combats" déjantés initiés par Jalons sous la houlette de Basile de Koch, mon frère, et ton mari. Nous avions scandé "Verglas Assassin, Mitterrand Complice !" et pour moi le Benoithon, c'était un peu la même chose : du second degré bon enfant...

Mais faut croire que non, puisqu'après la publication d'un livre consacré à ta conversion - dont tout second degré était cruellement absent - tu es devenue l'égérie de "la Manif pour Tous". Là encore, je me suis rassuré, pensant qu'il s'agissait d'une posture, et que comme tu avais rêvé d'être une artiste, ce mouvement serait pour toi une rampe de lancement. J'ai constaté avec quelle volonté, quel acharnement et quelle abnégation tu t'es hissée au statut de princesse du Breaking News... Tu tombais à point nommé pour être le mégaphone d'une Eglise Catholique aphone depuis belle lurette. Pas certain que tous les curés et que toutes leurs ouailles soient contre ce mariage civil pour tous, mais pour une fois au moins, on les entendait. Tu as donc requinqué des millions de cathos déboussolés qui se sont échappés de "la Vie est un Long Fleuve Tranquille" pour envahir les rues à ton appel, poussettes en tête, le temps d'une première manif. "Jusqu'ici tout va bien", comme disait la baseline de "La Haine". Ton collectif avait pris soin de se démarquer clairement de Civitas et d'éventuelles "racailles" identitaires issues des "cités" de Neuilly.

Mais "Il est des croix pour toutes les épaules" disait Marie Antoinette, et tu es devenu la mienne... J'étais en promo pour un livre. L'histoire de Luka Magnotta, le web-killer qui plus que tout voulait être une star... Pas une émission sans que l'on aborde le chapitre familial. Et moi d'expliquer que oui je suis catholique mais que non je ne suis pas contre le mariage pour tous, puisque Jésus a dit qu'il fallait rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu, et qu'il me semble que le mariage civil dépend de César et pas de Dieu. Qu'"Aimez vous les uns les autres" dans l'idée de Jésus, ça englobe les homos, et que si ces derniers (qui seront les premiers ?) ont le désir d'avoir des enfants, je ne vois pas en quoi ces gosses seraient moins aimés par leurs parents. En outre, que spécialiste de faits divers j'avais couvert bon nombre d'affaire d'inceste et de pédocriminalité, mais que pas une fois je n'avais été confronté à des faits semblables chez des parents homosexuels...

Enfin, que frère de Basile, j'avais bien ri à son initiative de solidarité consistant à défiler seul avec sa pancarte en faveur du "mariage pour personne".

Lors de ta seconde manif, tiens donc, les pancartes avaient changé. La loi ayant été votée par l'Assemblée, il était maintenant question du chômage, de rassembler au-delà de la question du mariage tous les mécontents d'Hollande, j'en ai déduit que l'UMP avait dû affréter des cars pour voler au secours de la victoire, et se refaire la cerise après le désastre de la désignation comique de son Président. Une politisation de la manif qui a dû te réjouir, toi l'ancienne fan ultime du Jaques Chirac de 95, de voir "du fin fond des départements la France entière se mettre en mouvement" comme dans la rengaine grotesque du RPR... Ça a un peu dégénéré en fin de manif, quelques excités s'étant invités, ravis de pouvoir commencer à se mettre en jambes pour la suite...

Et puis, il y a eu vendredi dernier. Là, tu étais devant le Sénat, Civitas était curieusement dans le coin, et j'ai compris que tu étais en train de riper total. Tu basculais dans une toute autre histoire, que tu ne maîtrises pas... Quand je t'ai entendue, toi Virginie, ma belle sœur - encore catholique j'espère - tempêter : "Hollande veut du sang, il en aura ! Nous vivons dans une dictature !" Je me suis dit, paraphrasant ton mari : - Ouh la ! "On se calme et on boit frais à Saint Tropez"!

Le Sénat venait de voter la loi à mains levées, vite fait bien fait, et on apprenait que l'Assemblée l'entérinera dès mercredi prochain ce qui est, conviens-en, de bonne guerre, et guère innovant au regard de notre longue vie parlementaire... Que Boutin en retombe par terre, que des politiciens hurlent à la forfaiture, au déni de démocratie, voire à la fin du monde, c'est leur boulot. Mais toi ? Serais-tu grisée à ce point par la médiatisation ? Au point de ne plus vouloir redescendre de ton glorieux destrier, telle Jeanne d'Arc pressentant qu'il faut maintenant enfiler la tenue de Sans-Culotte de Charlotte Corday pour rester au top? On va faire quoi alors ? On va s'entretuer, parce que ça détend ? Attendre un Malik Oussékine de droite pour faire plier Hollande ? Puis on fera marcher des ligues de "patriotes" sur l'Elysée et l'Assemblée, comme en février 34? Non mais : allô, quoi !?

Stop, Frigide ! Fais Rewind d'urgence. Hollande ne veut pas de sang. Je pressens même qu'il l'a en horreur. Et on n'est pas en dictature, mais si tu continues sur ce registre, là, on y va tout droit... Arrête ce jeu, sinon tu sais qui on aura comme Présidente en 2017 ? Je ne peux pas croire que c'est ça que tu veux ? Ok, les Français sont à cran, Cahuzac est un menteur, les socialos patinent dans la semoule, et la crise on va encore en bouffer un moment mais j'ai le sentiment que tu surfes là-dessus, sans réfléchir, que tu t'es prise au jeu sans te rendre compte de où ça risque de nous mener, et - pire - de où ça te mène...Ton beauf qui te pardonnera si t'arrêtes les frais. »

14 avril 2013

« Si Hollande veut du sang, il va être servi » Frigide Barjot…


« Si Hollande veut du sang, il va être servi. » Frigide Barjot, qui n’a jamais si bien porté son nom, dépitée par le vote du Sénat en faveur du mariage pour tous, ne retient plus sa colère ni sa haine. Ayant appris que le gouvernement allait présenter son projet devant l’Assemblée nationale dès cette semaine et pas le 26 mai comme prévu initialement, l’égérie de la Manif pour tous montrent les crocs et menace l’Etat de balancer du sang sur les murs avec ses compagnons membres des associations catholiques intégristes.
Frigide Barjot montre le vrai visage des opposants au mariage pour tous. En proférant des menaces non voilées, elle encourage les actes qu’on disait marginaux mais qui reflètent en fait, le fond de la pensée de ces protestataires rejoints par l’UMP, certains membres de l’UDI et du Front national.
Quel est-il ? En descendant dans la rue et en employant des méthodes que les lois reprouvent, les soutiens de la manif pour tous sortent du cadre habituel des manifs de rue. J’ai souvent participé à des cortèges contre des mesures proposées par Sarkozy. Jamais il ne nous est venu à l’idée d’utiliser la violence ou de proférer une quelconque menace pour faire reculer le gouvernement. Jamais les manifestants de gauche n’ont mis en cause la légitimité des élus de droite et leur droit à gouverner. Le suffrage universel a ses règles : celui ou celle qui obtient la majorité des suffrages occupe le pouvoir le temps d’un mandat. Si les électeurs (trices) sont d’accord avec ce qui a été fait, ils ont la possibilité de conserver leur confiance aux sortants, sinon, ils peuvent en changer. Il s’agit là d’une telle évidence qu’il est choquant de devoir le rappeler. Le référendum « coup de balai » proposé par Jean-Luc Mélenchon nous fait entrer dans une autre République avec d'autres mœurs et d'autres contraintes. Je ne suis pas certain qu'il contribuerait à la paix civile.
Le mouvement actuel est donc des plus inquiétant. Toutes les déclarations des Copé-Bertrand et consorts rejoignent ce discours sur l’illégitimité, l’incompétence, l’incapacité des femmes et hommes de gauche à diriger l’état. Frigide Barjot et les siens remettent en cause le verdict du suffrage universel. Ils contestent plus que les mesures proposées au Parlement. Ils mettent en cause les qualités personnelles des élus majoritaires et de l’exécutif. François Hollande n’est, heureusement, pas Sarkozy. Fini les coups de menton et les colères publiques, les insultes et les grossièretés. Hollande doit appliquer le programme sur lequel il a été élu et choisi. Ça aussi, c’est la loi de la démocratie. Et Frigide Barjot devra s’y plier ou devenir hors-la-loi. Avec les conséquences attenantes.