5 décembre 2013

Exposition Jean-Paul Faccon, peintre, à Saint-Aubin-Lès-Elbeuf


“L’œuvre d’art est la juste part entre la matière et l’esprit” – Antoon Van Dyck

Nul n’est prophète en son pays. Jean-Paul Faccon illustre parfaitement cette pensée. Peu nombreux sont ceux à avoir entendu parler de cet artiste peintre né en 1949, ancien élève de l’école des Arts appliqués de Roubaix. Pourtant, il vit et exerce en Normandie, près d’Elbeuf, depuis maintenant un peu plus de quarante ans. Malgré les années et un incontestable talent, son œuvre reste confidentielle.

Il est vrai que l’homme est d’une discrétion qui s’accorde mal à l’époque où nous vivons. Celle où l’artiste est le plus souvent le produit de la conjugaison d’une stratégie marketing et d’une médiatisation orchestrée par les agences de communication. Toutes choses auxquelles il s’est toujours refusé à souscrire.

Pour au moins deux raisons. La première tient à la haute idée qu’il se fait du métier de peintre et de la condition d’artiste. La seconde découle de la première. Le niveau d’exigence qu’il s’impose à lui-même ne saurait s’accommoder d’aucune compromission. Dût-il pour cela mener une vie qui a bien des égards s’apparente à la vie monastique. Une vie réglée faite quotidiennement de longues heures de travail, mais aussi de réflexion, de solitude et de silence. Une vie frugale d’une extrême simplicité à la limite du dénuement.

Comment classer la peinture de Jean-Paul Faccon ? S’il faut le faire et puisqu’il faut à tout prix faire entrer chaque artiste dans une école, dans un mouvement, dans un courant, ce n’est pas lui faire injure que de le faire figurer dans la lignée ténue des artistes visionnaires. Voilà pour l’objet.

Mais, au-delà de ce terme d’art visionnaire qu’il conviendrait de définir, ce qui caractérise la peinture de Jean-Paul Faccon, c’est d’une part une science totalement maîtrisée du dessin et de la perspective et d’autre part le recours aux techniques picturales des maîtres anciens comme par exemple celle des glacis, c’est-à-dire de la superposition de couches de couleur transparentes qui donnent à la peinture la profondeur et l’éclat d’un émail. Des techniques aussi difficiles à maîtriser que longues à mettre en œuvre et qui demandent à l’artiste une infinie patience.

Mais quel résultat ! Des ciels tels qu’en peignirent Ruysdael et les grands maîtres flamands et hollandais du XVIIe siècle. Des effets de brume et de lumière sur les architectures et les paysages dont certains s’accordent à dire qu’ils font penser au sfumato de Léonard de Vinci.

À l’heure où nous pressentons que la course infernale du monde moderne mène à la disparition sur terre de l’humanité tout entière, la peinture de Jean-Paul Faccon nous livre les images d’un monde hors du temps, pétrifié, silencieux, duquel toute forme de vie humaine aurait disparu. Dès lors, cette peinture ne peut laisser indifférent. Son univers onirique nous pénètre et nous entraîne en même temps qu’il nous interroge, exprimant une sorte de vision prémonitoire de ce vers quoi nous nous dirigeons.

En cela la peinture de Jean-Paul Faccon peut apparaître dérangeante. Car elle nous renvoie l’image de ce que beaucoup d’entre nous refusent de voir. Mais n’est-ce pas le rôle de l’artiste que de témoigner et d’être capable d’exprimer par son art ce que ses contemporains ne parviennent que trop rarement à traduire ? Remercions la ville de Saint-Aubin-lès-Elbeuf et la CREA qui, en parrainant cette exposition, rendent hommage à cet authentique et talentueux artiste trop longtemps méconnu.

Reynald Harlaut


Exposition Jean-Paul FACCON, peintre
Du samedi 7 décembre 2013 au dimanche 12 janvier 2014
Crypte de la Congrégation du Sacré-Cœur
130, rue de Freneuse
76410 SAINT-AUBIN-LÈS-ELBEUF

Ouvert du vendredi au dimanche de 14H00 à 18H00
Entrée libre
Vernissage le Samedi 7 décembre à partir de 17H00

Exposition réalisée avec le concours de la ville de Saint-Aubin-lès-Elbeuf et de la CREA.

Pour en savoir plus sur Jean-Paul FACCON :

Aucun commentaire: