31 décembre 2013

117 journalistes tués en 2013…au minimum. Pensons aux quatre Français kidnappés en Syrie.


Aux Etats Unis la liberté trouve vite ses limites. (photo JCH)
Selon le bilan annuel de Reporters sans frontières (RSF), 71 journalistes ont été tués en 2013 en exerçant leur métier, un chiffre en baisse par rapport à 2012, mais qui s'accompagne d'une augmentation "importante" des enlèvements. 
L’institut international de la presse, qui a son siège à Vienne, a comptabilisé quant à lui "au minimum" 117 journalistes tués en 2013. 
Le bilan fait également état d’un nombre important de journalistes enlevés, agressés, blessés sur tous les fronts de la liberté de la presse dans le monde. Évidemment, dans ce palmarès morbide, l’Irak, La Syrie, la Libye, l’Egypte, des pays africains…occupent les sommets des violences. Mais d’autres états dictatoriaux (ou démocratiques) portent atteinte tous les jours aux libertés fondamentales garanties (ou non) par les constitutions.
Est-il nécessaire de souligner combien le métier et le rôle des journalistes sont essentiels au bon fonctionnement des états civilisés et encore plus dans les états qui devraient l’être. Alors qu’aujourd’hui, les réseaux sociaux permettent d’élargir la palette des informations, le (ou la) journaliste demeure un rouage essentiel pour narrer les faits, les commenter, les crédibiliser. Il existe tellement de possibilités de raconter le monde en truquant une image, en rédigeant une légende fausse, en rapportant des propos tronqués ou déformés. Seul le journaliste passionné, curieux, peut permettre au citoyen exigeant de se faire sa propre opinion sur les faits et sur le sens qu’on peut leur donner.
Pourquoi tant de journalistes tués, kidnappés, blessés ? Les pouvoirs ne supportent pas que leur parole soit contestée, disséquée. Les pouvoirs supportent mal les oppositions, les mises au jour de leurs turpitudes et de leurs malhonnêtetés. Dans les états de droit, il existe heureusement et de plus en plus souvent, des lois de protection des sources, de liberté d’informer, de publier ou de diffuser.
Mais rien, dans ce domaine-là également, n’est jamais acquis. Sans Edward Snowden, on ne saurait rien des atteintes permanentes portées contre la vie privée ou les libertés individuelles ou les secrets industriels et on ne le saurait pas non plus si l’ancien agent de la NSA n’avait trouvé des supports écrits et des médias mondiaux pour relayer les pratiques scandaleuses de ce service d'espionnage des États-Unis.
En France même, aujourd’hui même, les contrôles fiscaux conduits chez Médiapart et au Monde ont-ils un usage autre que celui de créer une pression économique et financière sur des supports indépendants absolument vitaux pour notre vie démocratique ?
Pensons, encore, aux quatre journalistes français enlevés l’été dernier en Syrie et dont on ignore tout : l’identité de leurs ravisseurs, les raisons de leur enlèvement, leurs conditions de détention. Pensons à eux et à leurs familles, leurs peurs, leur attente.

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