9 novembre 2013

Ils sont nombreux à veiller sur le sommeil du célèbre mort de Colombey-les-deux-Eglises


La preuve que le Front national voudrait être un parti comme un autre est administrée aujourd’hui. Florian Philippot, l’un des plus éminents théoricien du FN, bras droit de Marine Le Pen, a décidé — lisez bien — d’aller à Colombey-les-deux-Eglises pour déposer une gerbe sur la tombe du général de Gaulle. Une gerbe déposée par un membre de la famille Le Péniste qui plonge son histoire dans Vichy et la collaboration ainsi que dans l’OAS et l’Algérie française. Aux antipodes des choix de l’ancien animateur de la France libre et de la Résistance au nazisme, de l’ancien président de la République française acteur décisif de l’indépendance de l’Algérie.
Quand un parti se renie à ce point c’est qu’il veut jouer un rôle dans le jeu politique et, pourquoi pas, tenter d’accéder au pouvoir. Il est vrai que nombre de politiciens français nous ont habitués aux contradictions, aux promesses non tenues et aux reniements. Quand même. Jean-Marie Le Pen a été l’un des principaux pourfendeurs du gaullisme lui qui fut élu en 1956 comme député poujadiste mais surtout fut l’un des principaux défenseurs de l’Algérie française et de l’OAS et de l’empire colonial légitimement détruit au fil du temps par l’accession à l’indépendance des peuples soumis.
Je n’apprécie pas plus le geste d’Anne Hidalgo, candidate socialiste à la mairie de Paris, qui accomplira elle aussi le pèlerinage de Colombey. Même s’il est moins illégitime que celui de Philippot, il n’en demeure pas moins une reconnaissance étonnante à l’égard d’un de Gaulle arrivé au pouvoir en mai 1958 dans des conditions surprenantes qualifiées de coup d’état permanent par François Mitterrand. Certes, jamais le général de Gaulle n’a été un dictateur. Il avait quand même regroupé autour de lui des gens peu respectueux du pluralisme politique et encore moins pratiquants des méthodes démocratiques habituelles. Le SAC (Service d’action civique) de sinistre mémoire n’était ni l’œuvre de bisounours ni celle de républicains authentiques.
Admettons qu’avec le temps, les mémoires flanchent. Cela n’empêchera pas les historiens de rappeler les faits et surtout de mettre en perspective les objectifs que s’assigne l’extrême droite ou la droite dite nationale. De nationale, elle n’a pas grand-chose d'ailleurs quand elle s’expose à Vienne ou en Flandres avec des mouvements inspirés du néonazisme ou du fascisme réel ou supposé.

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