29 septembre 2013

« FN et UMP, des électorats en fusion…»


L’arrestation, hier, du principal animateur du mouvement fasciste grec Aube dorée et celle d’élu(s) au Parlement suite à l’assassinat programmé d’un rappeur démontre une fois de plus que les mouvements d’extrême droite ne sont pas des bisounours. Le passage à l’acte violent et parfois meurtrier n’est malheureusement pas une exclusivité des néo-fascistes Grecs. Clément Méric, le jeune étudiant français, militant d’extrême gauche, tué à Paris lors d’une altercation avec des membres des jeunesses patriotes (tu parles !) est bien la preuve que la France n’est pas un territoire neutre où la démocratie ne s’exerce que lors des élections ou du vote des lois.
On a de quoi s’inquiéter vraiment quand on entend un sénateur UMP — un certain Doligé — proclamer devant des caméras (lors des journées parlementaires du parti de Copé) « qu’il en a marre de la bande à Hollande et qu’il a des envies de tuer. » Gaudin, maire de Marseille, s’empressant d’ajouter « qu’il est près à fournir les kalashnikows. » C’est peut-être cela l’humour de la Canebière !
Ces déclarations réfléchies et préméditées sont absolument scandaleuses de la part d’un élu de la nation. Ce qu’on entend au comptoir du café du coin ne peut être exprimé dans l’enceinte du Parlement où se déroulait la rencontre UMP. C’est bien la preuve que quelque chose se passe en France, résultat d’un sarkozysme effréné, d’une porosité acquise entre le Front national et l’UMP. Les langues se délient et les esprits malsains s’en donnent à cœur joie, libérées qu’elles sont par les réflexions de la droite décomplexée. Les récentes saillies d’un Fillon perdu illustrent la dégradation de la pensée à droite. Pour que des Raffarin ou des Le Maire s’interrogent sur leur appartenance durable à l’UMP est un signe.
La fusion des électorats FN et UMP fait donc courir un risque sérieux à l’expression démocratique raisonnable, fondée sur un combat d’idées, de valeurs, de principes et non sur la loi du plus fort ou du plus baraqué.
Jérôme Fourquet et Marie Gariazzo, dans un opuscule (1) récent édité par la fondation Jean Jaurès expliquent longuement et sondages à l’appui, comment des électorats du FN et de l’UMP se rejoignent sans vergogne. La gauche est, pour ces partis, illégitime depuis toujours. Elle n’a pas le doit de gouverner. Quand elle est au pouvoir, c’est par effraction comme dirait M. Baroin. Au fond, ce ne sont pas tant les mesures de Hollande qui les effarouche mais le fait même qu’il soit président de la République. La défaite de 2012 est devenue rancœur, amertume, haine. Si la droite dite de gouvernement ne se ressaisit pas, on court à la catastrophe. Il est tout de même incroyable de voir que les nostalgiques de la révolution nationale vichyssoise (antisémite, anti-communiste, anti-franç-maçonne) vont cotoyer des hommes et des femmes se réclamant du gaullisme. Pauvre et triste droite Française.
(1) Jérôme Fourquet et Marie Gariazzo, Fondation Jean Jaurès, « FN et UMP, électorats en fusion ? » 119 pages, 6 euros.

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