3 mai 2013

Franck Martin avoue qu'il n'est qu'un « marchand d'illusions »


Sur le cul. En lisant les propos tenus par Franck Martin, maire de Louviers, au journaliste de La Dépêche et publiés hier, je dois dire que j’ai été sidéré. Sur le cul quoi. Cette expression quelque peu triviale exprime bien les sentiments qui m’ont animé en découvrant pourquoi et comment le maire de Louviers conçoit la politique et surtout pourquoi et comment il a, d’une certaine façon, abusé les Lovériens pendant tant d’années.
Oser prétendre marcher dans les pas d’Ernest Martin, son père, et dans le même temps affirmer que pour gagner une élection il faut promettre un bonheur qu’on sait par nature inatteignable et se faire « marchand d’illusions » (sic) « sinon les gens ne votent pas pour vous » voilà une belle preuve de cynisme à laquelle, malheureusement, nous sommes habitués.

Ernest Martin n’était pas, lui, un marchand d’illusions. C’était un homme politique vrai, inventeur, imaginatif et surtout terriblement humaniste. Pour lui l’exercice du pouvoir ne devait avoir qu’un objectif : faire plus et mieux pour les laissés pour compte, les oubliés, les modestes, aussi l’impôt devait-il être redistributif et les équipements accessibles à tous. Il était également quelque peu utopique, sans doute, mais avec la sincérité des hommes de conviction. Jamais dans le faux semblant. Jamais dans la tromperie. Il s’inscrivait dans la réalité sociale, certain de contribuer à aider à changer la vie des gens tout en l’améliorant. En cet instant, je regrette de ne pas avoir retrouvé (peut-être est-il dans les archives que j’ai données au service municipal spécialisé ?) le texte de la charte de l’Union des Gauches de 1965 rédigée par Ernest Martin, justement, charte prédictive dans laquelle il énumérait les conditions et attitudes pour agir dans le camp du progrès. Il y donnait la définition d’un homme et d’une femme de gauche. Et ce n’était pas que des mots. Le contenu de ce texte se situe aux antipodes de l’attitude décrite par le maire actuel de Louviers.
Que dit ce dernier ? Qu’il n’exerce pas ses mandats pour l’argent. Peut-on le croire ? Après l’affaire de l’écrêtement et ses déclarations à la presse, c’est impossible : « cet argent (1) c’est le mien, j’y ai droit » Il vit, en effet, de la politique et de ses mandats. Et ses déclarations de patrimoine rendues publiques laissent un goût bizarre sachant que sa compagne (pacsée précise-t-il) a bénéficié des surplus (légaux) dépassant les plafonds autorisés pendant plusieurs années !

Ce qui l’intéresserait plutôt que l’argent, avoue-t-il, c’est le pouvoir ! Mais le pouvoir n’est rien s’il n’est pas mis au service de belles causes et de beaux principes, si le pouvoir ne sert pas un objectif noble : l’intérêt général et la priorité donnée à ceux qui n’ont rien ou si peu. Je comprends mieux, maintenant, l’arrogance et le mépris du maire de Louviers. Pour lui, le pouvoir est un but en soi, le pouvoir pour le pouvoir et pour affirmer quoi : une autorité, une domination, une possession ? Je laisse aux psys le soin de répondre à cette question.

Mais Franck Martin va plus loin. Il considère que le climat et le contexte politique actuels marquent « la fin de la foire aux illusions. » Elle durait depuis quand ? Doit-on comprendre que la prochaine campagne électorale sera placée sous le signe de la vérité et de l’objectivité ? Dans ce cas, il faut dire, dès maintenant, quelles en seront les conséquences pour les Lovériens : sur leurs impôts, sur le développement de la ville, sur l’urbanisation et le fonctionnement des équipements publics. Il faut dire, dès aujourd’hui, ce qu’il sera possible d’entreprendre ou non. Puisqu’ils savent maintenant, d’après le maire, « qu’il sera impossible de leur apporter le bonheur » les électeurs doivent savoir si un malheur les guette et si oui, lequel. Une liste de centre-droit maquillée en centre-gauche ? Quel avenir pour les plaquettes quadrichromie aux photos aguichantes mais irréelles ? Quel sort pour les commissions dites participatives ? Quelle considération pour les oppositions municipales ? Quelle recherche de compromis avec le maire de Val-de-Reuil ?

Les Lovériens habitués des fêtes du maire doivent éprouver, à le lire, quelque amertume. Ils se croyaient considérés — si j’ose dire — alors que le maire sortant ne voyait en eux que de futurs suffrages. Du vulgaire matériel électoral. Ça fait froid dans le dos.
(1) Le maire de Louviers n'est plus écrêté depuis que la CASE a un nouveau président.

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