22 mars 2013

On comprend mieux pourquoi Sarkozy voulait supprimer les juges d'instruction


Le financement de la campagne présidentielle de Sarkozy était-il régulier ? (photo JCH)
Ecoutez-les ! Tous les UMP montent au créneau. C’est le chœur des lamentations. L’unisson des éléments de langage. La mise en examen de Sarkozy « salit la justice, salit la France ! » Rien que cela ! Oh Guaino, pour qui te prends tu ? Tu n’es plus la plume de Sarkozy, tu es député de la nation ! Tu représentes les citoyens qui ont voté pour un député pas pour un godillot ! Et l’indépendance des juges, et les indices graves et concordants, et l’abus de faiblesse d’une vieille femme riche… et les témoignages, et les enveloppes pleines de billets ! Il s’est même trouvé une Christine Boutin — quel aveu —  pour déplorer hier soir devant les Français ébahis que le montant maximum des frais de campagne d’une présidentielle ne soit que de 22 millions d’euros, ce qui obligerait les candidats à trouver des moyens illicites pour financer le coût réel des dépenses. On aura tout entendu durant cette soirée qui vit l’ancien président de la République passer du statut de citoyen au dessus de tout soupçon à mis en examen pour abus de faiblesse et escroquerie.
Évidemment, les Sarkozystes crient au complot, à l’acharnement des juges, à une intrigue de François Hollande ! Si Hollande avait le pouvoir qu’ils disent qu'il a, jamais Cahuzac n’aurait été mis en cause, jamais son ministre du budget n’aurait fait l’objet d’une enquête pour blanchiment de fraude fiscale ! La vérité et beaucoup plus simple, plus évidente : Hollande n'y est pour rien. Sarkozy est venu à plusieurs reprises chez les Bettencourt (mari et femme) pendant la campagne de 2007 et le personnel l’a vu ce qu’il a confirmé au juge Gentil…et s'il est y venu, on sait aujourd'hui pourquoi.
Cette affaire démontre aussi pourquoi Sarkozy voulait supprimer les juges d’instruction. Ces juges indépendants, libres, face à leur seule conscience (ils sont trois à travailler sur le dossier Bettencourt) sont les garants de l’égalité des citoyens face à la justice. Ils agissent en fonction du droit et des codes et non pas en fonction des instructions des ministres et des fantaisies du pouvoir politique. Ces juges instruisent à charge et à décharge. Si leurs interrogatoires, leurs perquisitions, les confrontations conduisent à suspecter gravement les mis en cause, pourquoi agiraient-ils différemment avec Sarkozy qu’avec M. Tartempion ?
Une fois encore, il faut remercier le site Médiapart d’avoir mis au jour l’affaire Eric Woerth-Sarkozy-Bettencourt-De Maistre. C’est une fois de plus ce site qu’on doit citer en exemple. Sans Edwy Plenel et les journalistes de son équipe, on ne saurait rien des petits arrangements entre amis, des petites combines qu’on cache au bon peuple.
Et la gauche ? Elle se tait. Les socialistes sont tétanisés par l’affaire Cahuzac et cela les rend muets. Je suis membre du parti socialiste mais je soutiens de toutes mes forces le journalisme d’investigation, le journalisme qui ne se prend pas pour la police ou pour la justice mais qui concourt à la recherche de la vérité et l’expression de la démocratie. Les politiques doivent savoir que tout se sait, que tout se dit aujourd’hui et que l’impunité ne peut durer. Cela oblige à une république exemplaire, celle souhaitée par François Hollande lequel n’aurait pas dû attendre tant de temps pour demander sa démission à Jérôme Cahuzac !
Un souhait tout de même. Que « le tous pourris » ne fonctionne pas. Que le Front national de Le Pen ne récupère pas l’amertume des républicains…il y a bien assez de celle des racistes et des antisémites. La majorité des élus et des militants socialistes sont honnêtes, dévoués et loin de toutes ces actions honteuses et immorales. Continuons de nous battre pour une république sociale juste.

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