26 mars 2013

De quelques affaires judiciaires, de la plus banale à la plus exceptionnelle

La Depêche de la semaine dernière est édifiante. Le maire de Louviers s'y distingue à nouveau en faisant mousser son dépôt de chèque d'un euro, le fameux euro symbolique et habituel en matière de diffamation politique. Il a beau moquer le prix modique auquel est estimé l'honneur de son collègue de Val-de-Reuil, il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Jamais les juges, sauf exception, ne condamnent les auteurs de diffamation politique à des dommages et intérêts considérables. Il n'est qu'à consulter la jurisprudence dans ce domaine. Le but du maire de Louviers est archi-simple : faire parler de lui et reprendre la main, provoquer, provoquer encore et toujours.
C'est bien pourquoi je comprends mal l'attitude de Marc-Antoine Jamet. Les réponses qu'il fait à la journaliste de l'hebdomadaire local sont empreintes d'une forme défensive. Elle cadre mal avec la vigueur des agressions de Franck Martin. Le maire rolivalois affirme vouloir la paix des braves et rechercher une forme d'apaisement. C'est tout à son honneur mais son opposant viscéral jamais n'acceptera cette paix des braves. Il aurait donc tout intérêt à pousser plus avant son avantage, un avantage considérable quand on connaît la faible propension des juges à séparer le bon grain de l'ivraie en matière de combat politique.

Les cathos ont musclé leurs discours, dimanche dernier, lors de la manifestation contre le mariage pour tous. Avec tous les leaders de l'UMP en tête de cortège et des slogans élargis au social et à l'économique, on a tous compris que le vrai objectif de Frigide Barjot et ses amis est de s'opposer au gouvernement socialiste. « Le besoin d'un père et d'une mère » est classé au second plan de leurs revendications. Ce qui prime pour Copé et Mariton, c'est le besoin de combattre Hollande et son gouvernement.
La manifestation a dégénéré. C'est bien dommage. Ce ne sont pas les extrémistes de Civitas, cette fois, que les CRS ont affrontés. Mais bien les adhérents du GUD, ce groupe de la droite extrême venus charger la police avec des boulons et des billes. Il est d'autant plus regrettable de voir Christine Boutin allongée sur la chaussée, les yeux mi-clos et la mine défaite. « Je demande la démission de Manuel Valls » a-t-elle commenté. Ce serait recevable si Christine Boutin n'était pas, à sa façon, cette intégriste habituée aux formules simplistes et cette contestataire de la séparation des pouvoirs. Pour qu'une démocratie fonctionne, il faut que l'exécutif, le législatif, le judiciaire, soient clairement indépendants. La droite n'accepte pas que la gauche gouverne. Elle devra attendre quelques années avant d'espérer.

L'affaire Sarkozy, je l'ai déjà écrit sur ce blog, est multiple. Il n'y a pas une affaire mais des affaires Sarkozy. Qu'il s'agisse des sondages de l'Elysée, du financement de la campagne d'Edouard Balladur, de l'affaire Karachi, de l'affaire Kadhafi, de l'affaire Bettencourt, l'ancien président de la République a pris soin d'avancer masqué comme Chirac avec Juppé, lequel a pris le maximum pour le compte de son mentor. S'en prendre au juge Gentil est injuste et idiot. La décision de mettre Sarkozy en examen est une décision collégiale prise par les trois magistrats instructeurs de Bordeaux en charge des dossiers Bettencourt. Bizarrement, les commentateurs (et Me Thierry Herzog, l'avocat de Sarkozy) passent sous silence ce fait pourtant essentiel. Il prouve que le juge Gentil n'a pas été le seul à apprécier les faits, les témoignages, les déclarations des témoins.
Il est indéniable que ces trois juges d'instruction, eu égard à la personnalité de Sarkozy et à la puissance de feu de ses relais médiatiques et politiques, ont dû prendre un maximum de précautions juridiques avant leur décision. Imagine-t-on un juge d'instruction conduit à mettre en examen un Sarkozy blanc comme neige ? Au lieu de crier au scandale dans des termes excessifs et indignes, les Guaino et consorts — qui n'ont pas accès au dossier — devraient être plus enclins à respecter la loi. Sarkozy va faire appel devant la chambre d'instruction de Bordeaux. Attendons sereinement sa décision.

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