10 janvier 2013

La droite de la 4e circonscription cherche son héraut

L’image que j’avais de François Xavier Priollaud, candidat NC-UMP lors des dernières élections législatives dans la 4e circonscription n’était pas bonne.  Le voir distribuer un tract que j’avais à l’époque qualifié de «scélérat» avec son ami et suppléant Pierre Aubinais, maire de Poses, me l’avait fait classer à la droite de la droite. En effet, reprenant au mot près les arguments de Sarkozy-Buisson, ce tract de second tour et de dernière minute visait à faire passer les candidats de gauche et notamment les socialistes pour des laxistes, des irresponsables indifférents à la douleur des victimes des actes de délinquance. 
Au soir du second tour et de sa défaite, j’avais dit à M. Priollaud qu’il avait eu tort de céder au discours frontiste. Il avait également, à cette occasion, manifesté une forme d’incompréhension face au refus de François Loncle, député sortant, de débattre publiquement avec lui. Nettement favori pour le second tour, l’ancien ministre n’avait, en effet, pas jugé utile de valoriser son concurrent alors qu’il avait affronté Françoise Miquel, précédente candidate UMP en 2002 démontrant qu’il ne craignait pas le débat.

L’amicale informelle des blogueurs régionaux ayant pris l’initiative d’inviter à dîner M. Priollaud, j’ai donc passé une soirée avec lui fin décembre et écouté attentivement son discours. Grâce au travail préparatoire de Denis Szalkowski, animateur du site «voie militante» (1), M. Priollaud s’est prêté de bonne grâce aux contraintes de l’interview avec la franchise due au climat ambiant du restaurant «Jules et Jim» d’Andé, à la cuisine familiale donc chaleureuse.

Des déclarations de M. Priollaud (lire le texte complet de Denis Szalkowski plus loin) je retiens qu’il ne sera pas tête de liste de la droite aux prochaines municipales à Louviers (mais 3e) pour respecter un accord entre l’UMP et le Nouveau Centre devenu membre de l’UDI de Jean-Louis Borloo. Qu’il laboure le terrain de la 4e pour devenir le candidat de la droite en 2017. Qu’il est favorable à un fédéralisme poussé en Europe. Qu’Hervé Morin l’a adoubé dans l’Eure en lui laissant sa place de conseiller régional pour reconstruire une alternative en faveur de la droite qui repart de zéro dans la circonscription de Louviers.

Ces paris peuvent-ils être gagnés ? Aux municipales de Louviers, la droite sera conduite par Benoît Veyrat et ne se fait guère d’illusions. Conquérir la 4e circonscription ? François Loncle ne devrait plus être candidat et tout dépendra du vainqueur de la présidentielle. Si François Hollande se succède à lui-même, je ne donne pas cher des chances de M. Priollaud. Dans le cas contraire…

Au conseil régional, le travail d’opposition n’est ni passionnant ni efficace. C’est le lot de tous les opposants. Il leur reste le verbe et M. Priollaud semble avoir la langue bien pendue. Sans doute est-ce là le produit d’une éducation et de diplômes acquis à la force du travail, on ne devient pas administrateur de l’Assemblée nationale par hasard.

Sur le reste, M. Priollaud est un convive aimable, parfois drôle très souvent assuré du bienfondé de ses opinions. Certaines sont estimables : il est favorable au mariage pour tous, d’autres plus contestables (de mon point de vue) comme le libéralisme économique à tous crins. Les blogueurs de l'Eure (Louviers, Brionne, vernon, Saint-Pierre-du-vauvray étaient représentés) renouvelleront l'exercice en invitant, pourquoi pas, un élu écologiste ou socialiste ?
(1) http://www.voie-militante.com/


Le texte de l'interview de Denis Szalkowski :
Comment expliquez-vous l'absence de l'opposition sur le devant de la scène médiatique ?
FXP : Il y a tout d'abord cette situation singulière à la tête de l'UMP. La droite et le centre sont aujourd'hui en pleine de reconstruction. Ces derniers mois, l'opposition est surtout venu de la société civile au travers du mouvement des « Pigeons ».
D'où vient, selon vous, cette incapacité à faire des hommes politiques français ?
FXP :La 1ère observation que je ferais, c'est que François Hollande n'a pas bénéficier du moindre état de grâce. Nous sommes dans un pays extrêmement difficile à réformer. Souvenez-vous d'Alain Juppé en 1995. Contrairement aux pays du Nord de l'Europe, les syndicats sont extrêmement faibles. La démocratie sociale n'a jamais fonctionné dans notre pays. Faudra-t-il un jour à réfléchir est sur la syndicalisation obligatoire des salariés ?
Nous sommes en face d'un crise de la représentation. Nous vivons aujourd'hui une véritable fiction démocratique. Le choix des dirigeants dans l'institution se fait sur des logiques de corps. Pour réformer notre démocratie, il faut s'attaquer au principal problème qui ronge les institutions de la Vème République : le cumul des mandats... dans le temps. Prenons l'exemple de Laurent Fabius. Il est élu puis réélu député depuis 1978.
Le rapport Gallois date le décrochage de l'économie française du début des années 2000. Selon vous, quelles seraient, selon vous, les mesures à prendre pour ramener la compétitivité au niveau des entreprises françaises ?
FXP :L'insuffisance de respiration de notre démocratie fait aussi que le pouvoir prend des mesures qui ne correspondent pas toujours aux aspirations des salariés et aux besoins des entreprises. Il faut aujourd'hui permettre davantage de flexibilité pour restaurer davantage de pouvoir d'achat mais aussi de compétitivité.
Nous devons aussi réfléchir aux moyens d'abaisser le coût de travail et, de ce point de vue, l'instauration de la TVA sociale préconisée par Nicolas Sarkozy était une bonne chose.
Nous avons perdu en 10 ans près de la moitié de nos emplois industriels. De plus en plus de gens vivent aujourd'hui sous le seuil de pauvreté, alors que la rémunération des actionnaires évolue au rythme des licenciements boursiers. Tout ne serait donc qu'une question de coût du travail ?
Notre pays est aujourd'hui face à un problème de formation. L'idée que j'ai, c'est d'instituer un droit universel à la formation s'appuyant sur un « capital formation » pour tous. Chaque français disposerait ainsi d'un nombre d'heures de formation identiques, dans lequel nous intégrions la durée de la formation initiale. 
Depuis l'arrivée de François Hollande à l'Elysée, ne pensez-vous pas que cette incapacité à faire dont nous parlions revêt un caractère plus personnel  ? Je ne connais pas personnellement François Hollande. Ce que je constate, c'est qu'avec le quinquennat, une présidence « normale » n'a strictement aucun sens. La pratique de Nicolas Sarkozy a tué la fonction de 1er ministre. Avec le quinquennat, il n'y a désormais plus de place pour deux à la tête de l'exécutif, sachant que j'avais voté contre cette réforme. 
Jean-Louis Borloo, le Président de l'UDI, a annoncé qu'il voterait en faveur du mariage pour tous ? Sur cette question du mariage, je crois qu'il y atout d'abord un problème de sémantique. Le mariage, reste toujours dans l'esprit des opposants au mariage pour tous de l'ordre du religieux. Je préférerais qu'on parle de mariage républicain. Je suis, pour ma part, favorable à l'égalité des droits en hétérosexuels et homosexuels. Arrêtons l’hypocrisie. Et sachez que, si j'étais député, c'est tout naturellement que je voterais ce texte aux côtés de Jean-Louis Borloo. 
Vous avez écrit plusieurs ouvrages sur l'Europe. Vous enseignez le droit européen à Sciences Po et à l'ENA. Vous avez contribué à l'élaboration du projet de TCE. Selon vous, que faudrait-il faire pour que nous sortions de la crise au niveau de l'Europe ? L'Europe doit aller vers un gouvernement économique plus intégré. Nous devons harmoniser notre fiscalité et aussi renforcer le budget européen. C'est l'euro qui, aujourd'hui, garantit notre souveraineté. Mais il faut que nous disposions d'institutions susceptibles de créer les conditions d'un véritable « leadership » européen. La réponse doit être institutionnelle évidemment. Vote à la majorité qualifiée. Oui, avec Jacques Delors, sur le départ de la Grande-Bretagne de l'Union Européenne. Oui à l'intégration de la Turquie. Oui à une taxe carbone aux frontières de l'Europe. Mais les réponses que nous donnons ne doivent pas être qu'institutionnelles. Nous devons avoir le souci d'un espace que s'approprient enfin les citoyens. Là où Erasmus reste réservé à quelques uns, je propose la création d'universités européennes, l'institution d'un droit civil européen, un service civil européen, la création d'un jumelage électronique, la pratique de deux langues étrangères. 
Comment voyez-vous votre rôle sur la scène politique locale au cours des prochaines années ?
Je suis lovérien depuis l'été 2009. Cette décision fait suite à la demande d'Hervé Morin, dont j'étais le conseiller politique Depuis 2008, d'investir politiquement la ville de Louviers. Je suis entré à l'UDF en août 1992. De septembre 1994 à avril 2001, travaillant au Nouvel Obs, je me destinais à la carrière de journaliste. En 2001, j'ai préféré, après avoir obtenu mon concours d'administrateur de l'Assemblée Nationale, m'orienter vers la politique. J'ai la sensation d'y être plus utile. Dans le cadre de la démarche d'union de la droite et du centre, nous nous sommes mis d'accord, Benoît Veyrat et moi-même. C'est lui qui conduira la liste d'opposition à Franck Martin pour les élections municipales de 2014. Nous avons ensemble l'ambition de faire autre chose de Louviers qu'une annexe résidentielle de Rouen ou de Paris. Nous voulons redonner l'envie de vivre à Louviers. Pour ce qui me concerne enfin, je reste disponible, au sein de ma famille politique, pour être présent sur les listes aux prochaines élections européennes.

Aucun commentaire: