15 décembre 2012

Serge Berstein évoque l'hostilité de PMF aux institutions de la 5e République

Serge Berstein à Louviers. (photo Jean-Charles Houel)
Brillant, lumineux, pédagogique. Serge Berstein, de l'avis même de ses anciens étudiants présents dans les salons de l'hôtel de ville de Louviers, vendredi soir, est tout cela à la fois. Autant dire qu'il s'agit d'un professeur talentueux (1) capable de faire des émules et de susciter le plus grand intérêt. A l'occasion de la dernière conférence donnée par la SED dans le cadre de l'exposition consacrée au musée de Louviers à Pierre Mendès France, Serge Berstein avait pour sujet d'éloquence : « Pierre Mendès France et les institutions de la 5e République ». Autrement dit, Pierre Mendès France et sa vision de la politique ainsi que ses rapports avec le général de Gaulle.
Avant de remuer le fer dans la plaie de ce que fut l'opposition farouche, implacable, constante de PMF à l'égard des institutions de la 5e république, Serge Berstein a rappelé le passé de Pierre Mendès France, celui de l'enfant juif, de l'étudiant bien doué, du jeune avocat membre du parti radical…au député de Louviers battu en 1958 en pleine vague gaulliste et en pleine guerre d'Algérie. Il a rappelé les convictions profondément républicaines d'un homme qui devait être la seule grande figure de la 4e République, le seul à même de laisser penser que cette République valait mieux que ce qu'elle fut. Le seul, au fond, à croire que la 4e république mourrait de ne pas avoir su se réformer, se revivifier même si PMF, très populaire en 1956, ne fit rien pour susciter autour de lui un mouvement d'adhésion (2) qui eût pu changer l'histoire de notre pays.
Républicain, légitimiste, parlementariste, convaincu du rôle essentiel du peuple et donc du citoyen dans le fonctionnement démocratique, Pierre Mendès France n'a jamais pu se faire à l'idée gaulliste d'un exécutif supérieur au législatif. Il a refusé tout ce que le général de Gaulle proposait : une constitution dotant le président de la République de pouvoirs exorbitants (dissolution et article 16 notamment) et qui plus est adoptée par référendum et non par une assemblée constituante, élection du président au suffrage universel faisant entrer la république dans l'ère du césarisme et d'une forme de monarchie. Les événements du 13 mai 1958 demeureront une tache sur l'uniforme du chef de la France libre pour lequel PMF avait eu pourtant admiration et respect.
Jamais, pour autant, Pierre Mendès France n'a accepté de céder sur ses principes. Comme Victor Hugo face à Napoléon III, PMF fut une conscience éclairée de la gauche face au gaullisme mais une conscience marginale puisque étrangère à toutes les combinaisons politiciennes. De 1958 à 1968, année de sa défaite aux législatives à Grenoble, Pierre Mendès France fut une voix écoutée. Elle ne retrouva ensuite quelque vigueur qu'à l'occasion de l'élection de François Mitterrand en 1981, lequel savait tout ce qu'il devait à l'ancien maire de Louviers : « sans vous rien n'eût été possible ».
Claude Cornu, commissaire de l'exposition, interrogea Serge Berstein sur un point d'histoire susceptible d'altérer les convictions des toujours supporters de PMF. Les différentes cohabitations n'ont elles pas prouvé l'échec de la vision mendésiste de notre constitution lui qui considérait qu'une majorité parlementaire opposée au président susciterait une fracture définitive ? Oui, sans doute, répond Serge Berstein,si l'on considère que la gauche a adopté le fonctionnement de nos institutions et finalement fait sienne cette constitution tant honnie. Qui oserait remettre en cause, aujourd'hui, l'élection du président de la République au suffrage universel ? Qui oserait admettre que le référendum est plus un plébiscite qu'un véritable outil démocratique ? 
Il est cependant du devoir de la gauche d'imaginer une 6e république débarrassée des oripaux de la monarchie et capable d'assurer un vrai équilibre entre les différents pouvoirs. François Hollande aura-t-il le courage (et une majorité) pour s'atteler à cette tâche impossible ?
(1) Serge Berstein est professeur émérite à l'Institut de sciences politiques de Paris. Il est spécialiste de la 3e République et a écrit de nombreux ouvrages.
(2) Interrogé un jour par Serge Berstein sur le fait que PMF poussait les gens à adhérer au Parti radical plutôt que de créer son propre parti, PMF répondit : « créer un parti autour d'un homme, c'est du fascisme. »

Jérôme Cahuzac devrait démissionner de son poste de ministre du budget

Edwy Plenel, directeur de Médiapart, à Val-de-Reuil (photo JCH)
J'ai suivi, hier soir, sur le site Médiapart le débat organisé en direct par l'équipe journalistique à l'origine de l'affaire Cahuzac. Pour ceux et celles qui ne suivraient pas l'actualité au jour le jour, je rappelle que Jérôme Cahuzac, ancien président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, ministre du Budget dans le gouvernement Ayrault, est mis en cause par le site dirigé par Edwy Plenel, pour avoir été détenteur jusqu'en 2010 d'un compte caché (non déclaré aux services fiscaux français) au sein de la banque Suisse UBS. L'argent proviendrait de deux activités anciennes de M. Cahuzac, la chirurgie capillaire et des activités de conseil dans le domaine pharmaceutique.
Quand Médiapart a sorti ce scoop, Jérôme Cahuzac a poussé des cris d'orfraie et nié avoir ou avoir eu un compte en Suisse. Les yeux dans les yeux avec le président de la République et le premier ministre, face aux députés de l'Assemblée nationale, le maire de Villeneuve-sur-Lot a déclaré qu'il allait poursuivre le site en diffamation considérant que cette accusation de compte en Suisse portait atteinte à son honneur et à sa considération. A l'évidence, quand on est membre d'un gouvernement d'un pays en crise économique et sociale, qu'on demande des efforts à tous les Français et qu'on se veut exemplaire, on ne peut pas prêter le flanc à des accusations pareilles. 
Je le dis tout net : comme socialiste, j'ai passé une soirée plus que difficile ! Après ces quatre heures de débat et d'explications, je considère même que les affirmations de Médiapart sont accablantes pour Jérôme Cahuzac et franchement, je vois mal comment François Hollande pourrait conserver sa confiance envers un homme qui a rendu les arbitrages budgétaires qu'on connaît et qui dirige une administration censée mener la lutte contre la fraude fiscale. 
M. Cahuzac Va-t-il démissionner ? Va-t-il être remplacé au gouvernement ? Compte-t-il sur la trêve des confiseurs pour jouer l'oubli ou en tout cas l'apaisement médiatique ? De toutes façons, les solutions, quelles qu'elles soient, seront toutes mauvaises. François Hollande doit donc adopter l'issue la moins difficile possible pour la politique qu'il conduit et pour préserver la crédibilité de l'éventuel successeur de Jérôme Cahuzac.
Les détracteurs de Médiapart crient tous : « des preuves, des preuves ! » Mais les journalistes répondent en chœur qu'ils ne sont « ni policiers, ni juges » et qu'il ne leur appartient pas de citer des sources, de détailler les moyens de leurs enquêtes. Lors du procès en diffamation — si procès il y a — ils choisiront de plaider la vérité des faits (justifiant leurs articles) et mettront sur la table toutes les preuves nécessaires (enregistrement, témoignages, pièces comptables…) De plus, on ne peut pas reprocher à Médiapart de distiller ses informations sous forme d'un feuilletonnage puisque celui-ci permet aux uns et autres (le Canard enchaîné par exemple) d'affirmer des contre-vérités faciles à dénoncer. Et de conserver l'attention de ses lecteurs. Médiapart n'a ni l'aura du journal Le Monde, ni l'impact d'un Jean-Michel Apathie.
Les journalistes de Médiapart ont d'ailleurs une réponse simple : plutôt que de les accuser de diffamation, Jérôme Cahuzac avait une voie à explorer : demander une enquête fiscale à ses services pour établir la vérité (ou non) sur le compte suisse. Il pouvait aussi solliciter la banque UBS, la délier du secret bancaire, pour qu'elle indique si oui ou non, Jérôme Cahuzac a été détenteur d'un compte chez elle. Evidemment, Jérôme Cahuzac, ministre, n'a pas demandé d'ouverture d'une enquête fiscale sur…Jérôme Cahuzac personne privée !
Plus troublant encore. Fabrice Arfi, le journaliste à l'origine de l'enquête de Médiapart confirme que l'affaire ne lui est pas arrivée toute cuite dans une boite à lettres sous forme de lettre anonyme ou à la suite d'une dénonciation…c'est l'attitude de Jérôme Cahuzac à l'égard d'Eric Woerth (1) et une forme de mansuétude (suite à l'affaire de l'hippodrome de Compiègne) qui lui ont mis la puce à l'oreille. La première action du ministre du budget a, en effet, été de solliciter un rapport d'expert…lequel a blanchi Eric Woerth de tout favoritisme lors de la vente (à vil prix) de ce bien public contrairement aux expertises établies devant la haute cour de justice où est traduit Eric Woerth comme ancien ministre. Fabrice Arfi précise : « j'ai eu alors un a priori…ou autrement dit une intuition ». C'est ce qu'on appelle le flair journalistique.
Aussi, plutôt que d'invoquer je ne sais quel «hitléro-trotskisme » en parlant de Médiapart comme le fit la droite, les socialistes devraient tous défendre l'indépendance de la presse et le secret des sources. Ce qui était vrai sous Sarkozy l'est sous Hollande. Sinon, il est à désespérer de notre démocratie.
(1) Eric Woerth est mis en cause dans une des affaires Bettencourt.

14 décembre 2012

Christian Renoncourt répond au maire de Louviers

Christian Renoncourt
Franck Martin, maire de Louviers, a écrit au secrétaire de la section du parti socialiste de cette ville, pour lui proposer une rencontre avec les militants PS en vue des élections municipales de 2014. On se souvient que le maire sortant a d'ores et déjà annoncé sa candidature et que sa stratégie consiste à tâter le terrain d'une éventuelle liste d'union avec les partenaires habituels de ce type de liste. On sait aussi que Franck Martin, membre du PRG, a vu d'un bon œil la constitution de l'association pour une union citoyenne animée par Anne Terlez, ancienne candidate MODEM lors des dernières élections législatives. 
Christian Renoncourt, secrétaire de la section socialiste, a répondu récemment à Franck Martin. Il ne se situe pas dans les mêmes conditions d'urgence. Dans son texte adressé au maire de Louviers, il indique que les municipales sont évidemment un sujet d'intérêt évident pour la gauche mais que rien ne presse. Il ajoute que le premier secrétaire fédéral est l'homme idoine pour conduire des négociations politiques de parti à parti. Il indique qu'il appartient, enfin, aux militants socialistes de définir en amont une ligne politique collective sans pression ni précipitation. Christian Renoncourt écrit :
« J’ai bien reçu votre courrier relatif aux prochaines élections municipales prévues en 2014. J’ai pris acte de votre proposition de rencontre avec les militants de la section sur ce sujet. Comme vous le savez – tout du moins je l’imagine ! – depuis un peu plus d’un an, les militants socialistes, partout en France – ceux de la section de Louviers y ont pris toute leur part – ont organisé, animé, gagné…les primaires, la présidentielle et les législatives ! Tout récemment, nous avons tenu notre Congrès national à Toulouse, renouvelé nos instances à tous les niveaux et désigné nos nouveaux dirigeants.
 Vous comprendrez aisément que les élections municipales n’aient pas été déjà à l’ordre du jour pour ce qui nous concerne. Sur ce sujet, très important, je réunirai la section de Louviers courant janvier 2013. Nous échangerons, débattrons sur l’attitude qui pourrait être la nôtre en 2014. Il ne s’agira, bien entendu, que d’une première réunion sur le sujet, sans prise de décision formalisée pour le moment.
En effet, et comme responsable d’un parti politique, vous ne pouvez l’ignorer, c’est à la fédération de l’Eure du Parti Socialiste et à son Premier Secrétaire fédéral qu’il appartient de mener tout d’abord, les discussions et négociations avec nos partenaires potentiels. »

13 décembre 2012

M-Real (suite) : Impressions d'une matinée au conseil général

Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, en visite sur le site M-Real. On reconnaît Marc-Antoine Jamet, Pierre Vandevoorde, Gaëtan Levitre, Thierry Philippot et Richard Jacquet. (DR)
Lors de la séance du conseil général, lundi dernier, Pierre Vandevoorde, militant du NPA, a eu tout loisir d'observer les élus et le public et de noter quelques attitudes particulièrement bien choisies. Il a eu la bonne idée de m'adresser ses impressions :
« A peine arrivés dans les bancs du public, notre ami Thierry Philippot a eu l’idée d’enlever sa chasuble CGT M-Real « interdisons les licenciements » pour la suspendre à la vue de tous. Insupportable pour le porte-parole du groupe UMP Legendre, dont les premières paroles furent pour demander qu’elles soit enlevée. Il y a bien eu unanimité pour la « départementalisation provisoire » de M-Real (pour des raisons comptables, avant cession à double A) mais ce n’est pas pour autant que ça passe facilement dans la gorge de ces gens-là !
 

Pas gêné, le sieur Duché ! Le conseiller général UMP des Andelys a ramené sa fraise sur le dossier avec un grand naturel, et pour un peu on aurait pu croire qu’il était parfaitement dans le coup. Sauf que parmi les militant-e-s qui ont mouillé leur chemise depuis 3 ans, personne ne l’a jamais vu ni entendu de près ou de loin : Chapeau, c’est à ça qu’on reconnaît les vrais politiciens.
 

Excellente intervention de Gaëtan Levitre au nom de la majorité du conseil général avec la résolution présentée au vote. Le maire-conseiller général PCF de Pont-de-l’Arche est  dans la lutte jusqu’au cou depuis le début, il a lui-même été victime dans sa chair de licenciement, et il n’a pas omis de mentionner l’exigence de réembauche des syndicalistes qui ont mené ce dossier à terme.

Marcel Larmanou, vétéran du PCF, conseiller-général-maire de Gisors, a su rappeler que le drame des licenciements et des fermetures s'abattait un peu partout autour de nosu: Cinram, Sealynx; Meck à côté de Gisors, et l'urgence d'une loi d'interdiction des licenciements "boursiers" (selon l'orientation de son parti). Marcel est un vieux militant dont la sincérité est à toute épreuve. Simplement, il est aussi président de la commission des finances du département, qui s'est soumis volontairement à "l'expertise" des brigands de Standart and Poor's, afin de pouvoir emprunter directement sur les marchés financiers. Il y a un moment où le grand écart et le dédoublement de personnalité vont finir par faire de gros dégâts.

Plus à gauche que lui tu meurs ! Le caméléon politique Champredon (maire d'Evreux, OVNI évoluant entre le PS et le PRG) a rendu un hommage vibrant à la lutte des salarié-e-s de M-Real sans laquelle rien n’aurait été possible. On en aurait pleuré d’émotion…
 

Le sieur Franck Martin, président de la Communauté d’agglomération Seine-Eure et membre du PRG 27, n’était pas dans la meilleure position pour se mettre en avant, lui qui avait clamé qu’il ne « parierait pas un kopeck sur l’avenir de ce site ». Il s’était  d’ailleurs attiré la colère des travailleurs qui s’étaient rappelés à lui lors d’une séance de conseil municipal quelque peu animée. Mais c’était compter sans son grand talent de contorsionniste. Sous prétexte de prendre des photos, il a eu l’indécence de se planter sur l’estrade pendant un temps indécemment long, des fois qu’on l’oublie…»

Malaise à la CASE (suite) : quand la détresse conduit à la dépression

Le billet consacré à la souffrance au travail au sein du personnel de la CASE fait du bruit. A lire le nombre de pages vues dans les statistiques de ce blog, je constate un intérêt évident pour un aspect de la gestion managériale méconnu et pourtant très important. Important pour les victimes, puisqu'il faut bien nommer les situations, et important également pour l'encadrement du personnel qui ne semble pas avoir été suffisamment à l'écoute de douleurs morales réelles ni conscient d'un malaise relationnel d'un degré élevé. Les élus, eux non plus, ne doivent pas s'exonérer d'une responsabilité que les statuts leur imposent et que les simples rapports humains devraient commander. Surtout quand on se dit de gauche, comme le remarque un commentateur avisé.
Il existe, heureusement, des membres du personnel plus concernés que d'autres à ces devenirs collectifs. Ils agissent, parlent, se confient. Ils mouillent le maillot pour eux-mêmes et pour leurs collègues. Les relations dans le travail font aussi l'objet de thèses de doctorat, de rapports médicaux, de constats statistiques de plus en plus inquiétants. Reconnaissons-le, les rapports au travail deviennent stressants, la pression y est constante et souvent inutile. Cette pression morale — elle existe — doit être compensée. La reconnaissance des compétences, celle de la productivité, celle aussi qui passe par de meilleurs salaires ou de meilleures conditions de travail sans omettre certains avantages matériels comme les tickets restaurant, les participations aux mutuelles ou, pour faire simple, le dialogue intelligent entre les élus et les salariés, sont des condition indispensables pour créer un climat de confiance.
Quand on voit des agents de collectivités territoriales s'adresser au psychologue de la direction du travail pour tenter de trouver des solutions, c'est qu'une limite insupportable a été franchie. Qu'une incompréhension s'est faite jour et que le dialogue n'existe pas ou plus. Il est paradoxal que ces agents angoissés n'aient trouvé que ce blog — dont l'utilité est bien réelle — pour faire connaître leur ras-le-bol. Ils ont crié mais personne n'a voulu les entendre. Je souhaite sincèrement que l'exécutif de la CASE se montre plus modeste, plus attentif aux autres, plus concerné par une détresse pouvant conduire à la dépression. Si cela est, ce n'est pas parce que les agents sont fragiles. C'est parce qu'on refuse de comprendre le message qu'ils adressent à leurs dirigeants devenus sourds et distants.

12 décembre 2012

Zone d'attente temporaire : une congolaise expulsée hors de tout respect du droit

« La Fédération du Rhône de la Ligue des Droits de l’Homme tient à exprimer son indignation après ce qui s’est déroulé du 28 novembre au 7 décembre 2012, en zone d’attente de l’aéroport Saint-Exupéry de Lyon, dont a été victime une jeune femme, originaire de RDC, venue demander asile enFrance. Cette jeune femme, qui n’était poursuivie pour aucun délit, a été retenue pendant huit jours dans une « zone d’attente temporaire », où il n’y a ni permanence d’avocats, ni permanence d’associations constamment sur place.
La Fédération du Rhône de la Ligue des Droits de l’Homme souligne une première irrégularité de la procédure : en effet, alors que la jeune femme est soumise à une expertise osseuse demandée par l’OFPRA, ainsi qu’à un examen gynécologique, les officiers de police judiciaire omettent d’en référer au Procureur de la République. La Fédération du Rhône de la LDH constate une autre initiative déplacée, excessive, voire illégale, de ces mêmes officiers, qui s’entretiennent pendant 40 minutes du fond de la demande d’asile avec la demandeuse, alors que cela ne relève pas de leur compétence, mais de celle de l’OFPRA !
À cela s'ajoute la surprise de la Fédération du Rhône de la LDH, en constatant que l’OFPRA se contente d’un entretien téléphonique d’un quart d’heure avec l’intéressée, pour émettre un avis défavorable -en fait négatif !- sur la demande, alors que la jeune femme est, en zone d’attente, couverte d’ecchymoses, à la disposition des autorités.
La Fédération du Rhône de la LDH ne peut que protester du refus d’entrée au titre de l’asile, pris par le Ministre de l’Intérieur ensuite, alors que la réception de cette demande d’asile a été effectuée dans des conditions à la limite de l’illégalité.
L’indignation augmente en découvrant qu’au Tribunal Administratif, devant lequel s’est pourvue la personne suite au refus du Ministre, le juge, au cours de l’audience d’une heure sur ce dossier, n’a posé aucune question à la jeune femme, alors que les échanges qu’elle a eus tant avec l’OFPRA, qu’avec les officiers de police judiciaire, montrent qu’elle s’exprime correctement en français et qu’il confirme lui aussi le refus ce vendredi 7 décembre à 14 h 30.
À 15 h 40, la Cour Européenne des Droits de l ’Homme (CNDH), saisie en urgence par l’avocate, ordonne immédiatement aux autorités françaises de suspendre l’éloignement forcé de la jeune femme, et indique au Gouvernement français « de ne pas expulser la requérante vers la RDC ». Mais cette injonction européenne est inefficace car les officiers de police judiciaire, avec une diligence extrême et toute liberté envers le respect d'un jugement et de la légalité, ont déjà mis la jeune femme dans un avion en route pour la RDC, via la Turquie, comme lors de son aller, exigence légale respectée qui lui accorde quelques heures supplémentaires en zone d’attente à Istanbul !
La Fédération du Rhône de la Ligue des Droits de l’Homme demande qu’un visa réglementaire soit accordé dans les plus brefs délais à cette victime de la logique du chiffre toujours aussi prégnante de l’État français et de l'étranger bouc émissaire afin que la France puisse encore être une terre d’asile pour celles et ceux qui ont vu leurs proches assassinés sous leurs yeux, et ont souffert dans leur chair de violences intimes très graves. La Fédération du Rhône de la Ligue des Droits de l'Homme interroge l'existence même de ces « Zones d'attentes Temporaires », qui sont, à l'étude précise et respectueuse des dossiers de requérants, ce que la Justice militaire est à la Justice ! Le droit doit s'appliquer, encore faut-il en permettre l'étude et l'application ! »
Communiqué de la Ligue des Droits de l'Homme – Fédération du Rhône, le Bureau Fédéral.

Les cinémas de Louviers ont trente ans mais le « commercial » domine la programmation

Jean-Marc Ageorges avec Laure Duthilleul (au centre) réalisatrice. (photo Jean-Charles Houel)
Les cinémas de Louviers fêtent leur 30e anniversaire. Ouverts en 1982 grâce à l'action d'Henri Fromentin, ancien maire et de sa municipalité, les trois salles des cinémas Forum — tout un programme — permettaient, enfin, aux Lovériens et aux habitants de la région de disposer de salles confortables dotées de la technologie de l'époque. Il revint à Jean-Marc-Ageorges, digne fils de son père, animateur de la fédération des œuvres laïques et cinéphile averti, de prendre en gérance les trois salles et d'établir une programmation à la fois commerciale et culturelle.
La municipalité Fromentin, à laquelle appartenait François Bureau, très lié à l'histoire de l'Eden et du Normandie, les deux anciennes salles fermées une décennie plus tôt, et volontariste pour donner du cinéma une image valorisante de la culture française et internationale, a souhaité que l'art est essai soit privilégié. Avec le temps, les canons commerciaux ont malheureusement pris le dessus, JMA a passé la main pour créer le Zénith d'Evreux et en faire un pôle national à succès. Quant à la salle d'exposition réservée au service culturel de la ville, elle a disparu lors de la refonte des salles pour créer…une salle art et essai qui n'en a que le nom.
A Louviers, Jean-Edouard Criquioche, nouveau titulaire du bail, a doté les salles de la technologie 3 D, elle-même renforcée par la création d'une salle polyvalente — cinéma et théâtre — selon les vœux de la municipalité Martin. J'ai contesté à l'époque ce choix ambigü. Selon moi, Louviers méritait un théâtre à part entière et sans doute une 4e salle de cinéma spécifique. L'équipement actuel, dit Grand Forum, polyvalent, pose des problèmes de gestion entre les trois partenaires qui se disputent la grande salle : la ville et les besoins des associations, la Scène nationale Evreux-Louviers et ses spectacles de théâtre, danse et musique, les cinémas Forum et la grosse cavalerie genre Harry Potter ou le Seigneur des anneaux. Sans oublier que la ville verse une subvention légitimée par une programmation de qualité alors même qu'il s'agit plutôt d'une aide au fonctionnement normal des salles.
Dans un entretien récent avec une journaliste locale, Jean-Edouard Criquioche vante la modernité de ses installations. J'ai le souvenir, pourtant, d'une diffusion chaotique de « Water Makes money » sous l'égide de l'association que je préside et la SED a connu les mêmes avatars lors de la projection récente du Chagrin et la Pitié en présence de Marcel Ophuls, le réalisateur. Sans doute la haute technologie est-elle réservée au cinéma lucratif. Un espoir, quand même, que se recrée un ciné-club digne de ce nom, apte à proposer des films qu'on ne voit plus à Louviers mais à Evreux, parfois, ou à Rouen plus certainement.


11 décembre 2012

M-Real (suite) : Jean-Louis Destans en vedette à l'Assemblée nationale


Jean-Louis Destans écoute Fleur Pélerin. (photo JCH)
Jean-Louis Destans est intervenu, cet après-midi, à l'Assemblée nationale pour défendre l'accord passé entre l'Etat, le Département et les repreneurs de l'usine M-Real. Avec la conviction qu'on lui connaît et la rigueur d'un président poussé par l'unanimité des conseillers généraux, le député de l'Eure a défendu une solution originale, novatrice, audacieuse, très applaudie par les députés de gauche. Le même jour, Le journal Le Monde a consacré un important article à cette départementalisation sœur jumelle de la nationalisation temporaire demandée par certains pour sauver Florange et ses hauts fourneaux.
Fleur Pélerin, ministre déléguée chargée des PME de l'Innovation et de l’économie numérique, a précisé au nom d’Arnaud Montebourg, combien la synergie créée par le conseil général, les élus nationaux et locaux, l’intersyndicale et l’Etat (elle a mis en avant le rôle du préfet de l’Eure) avait été positive et exemplaire.
Je profite de l’occasion qui m’est donnée pour m’étonner de la présence très visible au conseil général de l’Eure, lundi, de Franck Martin, maire de Louviers et président de la CASE. On m’a confirmé qu’il avait été invité à ce titre par le président du conseil général mais on m’a aussi rappelé les propos qu’il avait tenus devant les salariés menacés de licenciement lors d’une épique séance de conseil municipal à Louviers : « Je ne miserai pas un kopeck, avait-il assuré, sur votre entreprise, elle est finie. » Fort heureusement les paroles du maire lovérien ne sont pas parole d’évangile et les faits se sont chargés de le corriger. Tout de même, lundi, la couleuvre qu’il a dû avaler avait la taille d’un boa.

Manifestons à Paris en faveur du mariage pour tous

« Nous militants, nous jeunes socialistes, nous élus socialistes et républicains de l’Eure, sommes pleinement favorables à l'ouverture du mariage à tous les couples, quelle que soit leur orientation sexuelle. L'engagement 31 du candidat François Hollande doit devenir une réforme fondatrice du quinquennat du Président de la République. L'égalité n'est pas un vain mot et chaque jour il faut, au nom du simple respect, lutter pour que cessent les discriminations dont sont victimes les couples homosexuels. La différence acceptée pour chacun est un atout donné à tous. Les règles publiques ne sont pas à mêler aux convictions religieuses. Cette exigence, en conscience, ne doit souffrir d'aucune ambiguïté pour nous, républicains laïcs fidèles aux idéaux humanistes qui ont fait l'histoire de France. C’est pourquoi à l’appel de l’inter-LGBT, du Parti socialiste, d’Homosexualité & Socialisme et d’autres formations de la Gauche unie pour une grande manifestation en faveur de l’Egalité et du mariage pour tous, le dimanche 16 décembre à partir de 14 heures au départ de la Place de la Bastille à Paris, notre fédération, en concertation avec le Bureau fédéral, entend mobiliser et prendre part à ce défilé. Un covoiturage s'organise actuellement, avec l'aide des secrétaires de section et de nos permanents Florence et Bruno que nous vous invitons à contacter pour faire part de vos intentions et disponibilités (02.32.38.39.82 ou fede27@parti-socialiste.fr). Portons ensemble, dans l’Eure et au-delà le 16 décembre, ce message d’égalité et de respect. »

Marc-Antoine JAMET, Premier secrétaire de la fédération de l’Eure du Parti socialiste
Lionel PREVOST, Président de l’UDESR 27
Nathalie FURNON, Présidente de Homosexualité et Socialisme 27
Thomas TOUTAIN, Animateur du MJS 27
Fadilla BENAMARA, Secrétaire fédérale à l’égalité des droits

M-Real (suite) : « le début d’une nouvelle histoire » par Richard Jacquet, maire de Pont-de-l'Arche


« Lundi dernier, le Président du Conseil Général de l’Eure Jean-Louis Destans, accompagné du Préfet de l’Eure Dominique Sorain, a officialisé le reprise du site industriel d’Alizay par deux repreneurs. Pour un montant de 22.2 M€, le département achète le site et favorisera ainsi la reprise des activités grâce au Thaïlandais Double A et le Français Neoen avec un objectif de création de 250 emplois à moyen terme. 
Il faut se réjouir de cette avancée significative dans un dossier qui a mobilisé de nombreux acteurs depuis des années. Je pense aux salariés du site qui n’ont jamais abandonné le combat et l’espoir de revoir ce joyau industriel revivre ainsi qu’aux membres de l’intersyndicale qui ont montré l’exigence et la responsabilité de l’action syndicale.
Le début de cette nouvelle histoire s’écrit depuis hier et nous continuerons l’accompagnement que nous avons commencé en 2009. Je souhaite que le collectif pour le maintien et le développement de l’emploi poursuive son action dans les jours et mois qui viennent. C’est ce que je propose à Gaëtan Levitre, Maire d’Alizay et conseiller général et à tous les élus locaux et acteurs du dossier, avec lesquels je suis heureux d’avoir mené ce combat.
Nous devons aujourd’hui nous assurer des engagements pris sur l’emploi et sur la priorité à donner aux salariés de l’ex M-Real. Nous devons nous assurer d’une solution pour tous, y compris ceux qui ont mené le combat et qui se sont exposés depuis 2009, notamment les représentants syndicaux. Nous devons poursuivre notre action en lien avec le département de l’Eure, la Région, demain la CASE et tous les acteurs du futur port fluvial pour s’assurer que les projets qui seront menés dans ce cadre pourront créer, eux aussi, de l’emploi à forte valeur ajoutée.
Jean-Louis Destans, Président du Conseil général et député de l’Eure, montre une nouvelle fois son attachement aux dossiers préoccupants d’un département qu’il dirige avec talent depuis plus de 10 ans et qu’il connaît sur le bout des doigts. Cet acte politique fort, salué par une délibération unanime hier devant l’assemblée départementale, est le fruit d’un travail de terrain, en cohérence avec la visite de François Hollande le 15 février dernier sur le site.
M-Real est le symbole du redressement productif, voulu par le Président de la République, par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault et par son Ministre Arnaud Montebourg. Ils sont les bienvenus sur ce territoire, dans ce département, depuis longtemps laboratoire de politiques innovantes.
Et même si, comme le précise Jean-Louis Destans, « ce modèle n’est pas transposable à l’identique » parce que chaque situation est singulière, la volonté des hommes, de la gauche et du Parti socialiste aux responsabilités, doit être contagieuse aux territoires en souffrance. »
Richard Jacquet,
Maire de Pont-de-l’Arche

M-Real : la victoire de la volonté et de la Gauche

François Hollande était venu rencontrer les salariés dont Thierry Philippot de la CGT. (photo DR)
En assurant que le succès avait de nombreux pères, je ne me trompais pas. J'ai reçu divers communiqués dont celui de Marc-Antoine Jamet, premier secrétaire fédéral du PS qui déclare :  
« Il est des journées qui sont historiques. Celle-ci le deviendra dans notre département. Le Conseil Général de l’Eure, sur proposition de son Président, Jean Louis Destans, vient, en effet,  de prouver, de la plus belle façon qui soit, qu’il y a une différence fondamentale entre la Gauche aux responsabilités et la Droite aux affaires. On appellera cela éthique ou responsabilité, engagement ou solidarité, travail ou efficacité. Comme on veut. Quoi qu’il en soit, le Gouvernement Ayrault et les collectivités locales concernées ont réussi, en six mois, là où la droite a échoué en six ans. M’Real est sauvé. Il est vrai que, dans les deux camps, la volonté n’était pas là même. Quand M. Bruno Le Maire, naguère au pouvoir, se contentait d’évincer du dossier son collègue ministre de l’Industrie, théoriquement en charge de le traiter, puis de mollement envoyer, à une réunion sur trois, une conseillère technique de son cabinet pour faire lanterner les salariés et amuser la galerie, le député socialiste de la deuxième circonscription a pris le sujet à bras le corps, mobilisant des moyens, allant négocier lui même en Finlande avec Hellander, ci-devant propriétaire de l’usine, et mobilisant, avec l’aide du Préfet Dominique Sorain, tous les outils de l’Etat.
Dès les premières menaces, dès les premières annonces de licenciement, c’est à dire en 2008, et non pas en 2011, moment bien tardif où, saisis par la décision de vente du site, les représentants de l’UMP, jamais avares de poudre aux yeux, tentèrent de donner le change, paraissant soudainement s’émouvoir du devenir d’une des plus grandes papeteries d’Europe, les élus socialistes de Pont-de-L’arche, de Val-de-Reuil, du Manoir, aux côtés de leurs collègues communistes d’Alizay, directement concernés, ont joué collectifs, impliqués, motivés. Avec le soutien constant de François Loncle, le député de la quatrième circonscription, et de leur fédération, ils ont accompagné syndicats et salariés. Leur solidarité a été constante et a payé. Toujours avoir confiance en l’avenir du site, ne jamais dire que M’Real était « fini », contrairement à d’autres, a été notre credo. Nous savons aujourd’hui que nous avions raison.
En trois dates, l’espoir des salariés s’est concrétisé. Le 15 février, moment essentiel, François Hollande, alerté par la fédération de l’Eure du Parti socialiste et de nombreux militants, organisait un exceptionnel déplacement de campagne sur le site, avant son meeting de Rouen, et s’engageait devant les ouvriers, l’inscrivant sur leur livre d’or, à sauver leur outil de travail et leurs emplois s’il était élu le 6 mai. Il a tenu parole.

Le 8 juin, avait lieu à Bercy une réunion fondatrice, dont la tenue n’a jamais été dévoilée jusqu’à présent. Pendant plus de deux heures, les délégués de l’intersyndicale de M’Real, Thierry Philippot et Eric Lardeur, accompagné par le Premier Secrétaire de la Fédération de l’Eure du Parti Socialiste, étaient reçus par Stéphane Israël, directeur de cabinet d’Arnaud Montebourg, Boris Vallaud spécialiste des crises industrielles, Nadia Bouzigues, conseillère du ministre du redressement productif. Au cours de ce premier contact, fonctionnaires et syndicalistes se  jaugèrent. Lardeur et Philippot expliquèrent qui étaient les repreneurs, comment il était possible de faire repartir l’usine, ce que serait le complément d’une activité de production d’énergie. Les collaborateurs du Ministre rappelèrent la nécessité du sérieux, de la durabilité, de la solidité des repreneurs. Une stratégie commune et partagée fut rapidement élaborée. Autour de ce fil rouge, les contacts entre le ministère, le Préfet, les collectivités et la cellule de revitalisation n’ont plus cessé. Tout était lancé.

Le 10 décembre est donc la conclusion formidable de cet effort jamais relâché. Jean Louis Destans et les élus socialistes de la majorité départementale ont pris une décision courageuse et volontariste : celle du rachat temporaire. Le Président du conseil Général et le Ministre du redressement productif ont su contraindre les vendeurs, rassurer les acheteurs, mobiliser le réseau diplomatique français au service de cette belle cause au cours de négociations qui pour être efficaces sont restées secrètes. Elus et salariés, vigilants, avaient juré de ne rien dire.

Il faut rester vigilant. Mais une conclusion s’impose. Le fossé profond qui existe entre la droite et la Gauche tient au fait que cette dernière a su pratiquer l’union et la cohésion. Celles, d’abord, des mouvements politiques, du Front de Gauche aux verts en passant par le PS. Celles, ensuite, des collectivités, le département dans ses compétences et sa géographie d’intervention constamment épaulé par la Région, Alain Le Vern faisant jouer à merveille le 276 qu’il a lancé, les communes se ralliant à la démarche de ses deux institutions plus puissantes et plus grandes qu’elles ne le sont. Celles, enfin, des hommes qui se sont croisés et aidés sur ce dossier, l’infatigable Guillaume Bachelay, le tenace Richard Jacquet, l’énergique Nicolas Mayer-Rossignol, sans oublier nos alliés toujours présents et agissants Gaëtan Levitre et Jérôme Bourlet de la Vallée.

Mais le combat pour le redressement productif dans l’Eure ne s’arrête pas là. Il continue. Les socialistes eurois doivent continuer de se mobiliser, comme ils l’ont fait pour Sealynx dans la vallée de l’Andelle en trouvant un accord sur un plan de charge entre les salariés, l’Etat et Renault, en soutenant les Cinram, les Tyco, qu’il ne faut pas oublier, en soutenant les Sanofi. Lundi 17 décembre à 18h30, dans les locaux de leur fédération à Evreux, ils accueilleront Dominique Sentis et Yvon Scornet, représentants des salariés de Petroplus. C’est, avec nos camarades seinomarins, le combat immédiat que nous devons mener à la réussite. Il faudra pour cela nourrir toujours plus la dynamique qui a rendu possible la victoire de M’Real. La lutte ne s’arrête pas. »

Pierre Vandevoorde, au nom du NPA écrit : « M-real, papeterie située entre Rouen et Louviers (27), fermée après un dur combat en juin ; 330 salarié-e-s sur le carreau, mais qui avaient vendu chèrement leur peau : indemnités importantes, et surtout les capitalistes finlandais avaient été obligés de concéder ce dont ils ne voulaient en aucun cas entendre parler: la possibilité d’une reprise par un autre papetier. Et voilà que c’est fait, avec le groupe thaïlandais AA. Quel chemin parcouru depuis 3 ans ! une mobilisation en profondeur des travailleurs, des mairies  et de la population avec le « collectif unitaire pour la défense et le développement de l’emploi» et l’intersyndicale CGT-CGC ; une grève de trois semaines ; une remise en marche illégale de l’usine avec 3000 visiteurs, dont le préfet et un ministre ; un vote unanime du conseil général de l’Eure pour que le gouvernement aille jusqu’à l’expropriation de M-real s’il refuse de vendre aux candidats à la reprise ; une proposition de loi «Arcelor-M-real » pour l’obligation de vente à un repreneur sérieux quand un capitaliste veut fermer, soutenue par Hollande candidat (mais dont l’adoption tarde tragiquement) … c’est tout  cela qui a pesé pour que le conseil général et l’Etat s’engagent pour faciliter la reprise, pour le redémarrage de la papeterie d’Alizay au printemps. Ce qui a été obtenu n’est pas parfait (pourquoi la chaudière, véritable poule aux œufs d’or,  a-t-elle été bradée à des financiers et pas reprise par la Région ?) mais confirme l’adage : « quand on lutte, on peut perdre, quand on baisse les bras on a déjà perdu ». C’est un formidable encouragement à coordonner les luttes au plan national  pour « l’interdiction des licenciements chez M-real comme ailleurs » (mot d’ordre de la CGT du site depuis le début). »

Silvio Berlusconi veut retrouver son immunité parlementaire

Silvio Berlusconi a annoncé son retour sur la scène politique italienne. Malgré ses déclarations, le président du Parti des libertés — on rêve — n'a qu'un objectif : bénéficier d'une immunité parlementaire le mettant (provisoirement) à l'abri des diverses poursuites judiciaires en cours et dont la moins grave n'est pas celle relative à des relations sexuelles tarifées avec une mineure.
L'homme a 76 ans. Les nombreuses opérations de chirurgie esthétique et ses implants capillaires ne parviennent pas à masquer l'atteinte des années et la fatigue existentielle de l'ancien premier ministre italien. Pour autant, il repart au combat et oblige Mario Monti à démissionner en lui enlevant son soutien parlementaire. La conséquence attendue : la hausse des taux d'intérêt des emprunts du trésor italien sur le marché financier. Le retour de Berlusconi n'est donc pas une bonne nouvelle pour les Italiens. D'ailleurs les sondages le plombent sérieusement et la gauche est en bonne position pour gagner en février.

François Loncle m'a adressé un communiqué opportun :
« L’annonce du retour de Silvio Berlusconi est une triste farce. Berlusconi n’a que faire de l’Italie et des Italiens. Il ne se soucie que de sa personne et de ses intérêts privés. Il est animé par la peur de la sanction judiciaire et par la rancoeur. Cet égomaniaque vaniteux et vindicatif ne cherche pas à sortir son pays de la crise dans laquelle il l’a lui-même plongé, mais seulement à éviter de rendre des comptes à la justice qui le poursuit dans trois affaires nauséabondes.  
Les Italiens avaient espéré s’être définitivement débarrassés du Cavaliere. Mais ce cabotin lubrique, ami et soutien de M. Sarkozy, refuse obstinément de quitter la scène politique. Il va bien tenter de discréditer Mario Monti qui a redonné confiance et dignité à l’Italie. Il usera certainement de son empire médiatique pour orchestrer une vaste campagne de racolage populiste. Mais les Italiens ne se laisseront plus prendre à ses promesses fallacieuses. En novembre 2011, ils ne lui ont pas dit « arrivederci » mais « Addio ! ». Les Italiens et les Italiennes ont ouvert les yeux sur ce piteux marchand d’illusions. Ils n’ont plus la Berlu-sconi. »
François Loncle, député de l’Eure

10 décembre 2012

Les emplois de M-Real d'Alizay sauvés par un puissant mouvement solidaire

La machine à Papier va retrouver son rythme habituel très bientôt. (DR)
La victoire a toujours de nombreux pères. Quant à la défaite…on sait bien qui en aurait été responsable. Soyons positif. Réjouissons nous de l'unanimité constatée aujourd'hui au conseil général de l'Eure puisque tous les groupes (de la droite du centre et de la gauche) ont adopté la délibération proposée par le président Jean-Louis Destans, délibération qui va permettre à l'usine M-Real de trouver des repreneurs fiables et crédibles et à 250 salariés, à terme, de conserver leur emploi.
Rendons justice, tout d'abord, à tous ceux, salariés, syndicalistes, élus, représentants de l'Etat qui, à tous les niveaux, se sont battus pour que l'emploi perdure dans l'usine d'Alizay. Il faut tout de même se rappeler que suite à l'échec des négociations concernant la vente du site M-Real d'Alizay en octobre 2011, l'Etat est intervenu pour relancer le projet de reprise de l'activité. Sous la pression constante des salariés de l'usine, des élus locaux et nationaux, des candidats à l'élection présidentielle, la solution trouvée passait par une acquisition de l'ensemble du site par le Département de l'Eure, lequel a privilégié une intervention directe. Le conseil général porte donc un projet public pour assurer la reprise dans sa globalité et promouvoir ainsi la poursuite de l'activité de l'usine actuelle et de nouvelles entreprises appelées à s'implanter sur des parcelles à aménager.
Quelles sont les modalités de la reprise ? Le Département se porte acquéreur pour 22, 2 millions d'euros. Il revend simultanément à l'industriel Double A (dont le siège est à Hong-Kong) et Neoen (dont le siège est à Paris) les terrains et les actifs nécessaires aux activités papetières et à la fourniture d'énergie pour 18 millions d'euros. Le Département confie à l'Etablissement public foncier de Normandie (EPFN) le portage et l'aménagement des terrains restants en vue de développer de nouvelles activités et aussi la plate-forme portuaire prévue le long de l'axe Seine.
On sait que ce projet de plate-forme tient à cœur aux élus dirigeants de la CASE, aux élus d'Alizay ainsi qu'à la Chambre de commerce de l'Eure. A plusieurs reprises, le président de l'Agglomération Seine-Eure a montré tout son intérêt pour le développement de la vallée malgré les réticences des élus locaux, de Pitres notamment. Il va de soi que l'intégration des communes de Seine-Bord dans la CASE facilitera le processus, notamment en accord avec la CREA de Rouen au sein du pôle métropolitain.
Dans son discours « budgétaire » devant les élus de l'Eure, Jean-Louis Destans a tout d'abord rappelé que le Département n'augmenterait pas les taux notamment celui de la taxe foncière pour « préserver » le pouvoir d'achat des Eurois et après avoir souligné la qualité et le volume de la politique d'investissements qui se poursuit , il a salué l'action du préfet de l'Eure qui permet « une opération extrêmement importante, ambitieuse, créatrice d'emplois et qui va au-delà. Elle démontre qu'il est possible d'agir pour sauvegarder les perspectives industrielles d'un territoire, les renouveler et qu'il ne faut jamais renoncer. »
Il a conclu en saluant l'esprit de responsabilité de l'intersyndicale, l'engagement de François Loncle, député, celui de Gaëtan Levitre, conseiller général de Pont-de-l'Arche, de Richard Jacquet, maire de cette commune…« L'intérêt général s'exprime aujourd'hui dans l'Eure. »

Des agents de la CASE se plaignent d'une souffrance au travail

On me rapporte que certains lecteurs ont eu des difficultés pour lire l'article publié hier. Je le reproduis en espérant que son accès en sera simplifié.
Albert Camus disait qu’on mesure le niveau d’une civilisation à l’état de ses prisons. En le paraphrasant, j’ose affirmer qu’on mesure l’état de la gestion d’une collectivité territoriale à la qualité de la relation entre les élus et le personnel. Si j’en juge parce que j’entends ici et là du degré de mécontentement exprimé par certains membres du personnel de la CASE (Communauté d’agglomération Seine-Eure) tout ne va pas bien dans le meilleur des mondes possibles entre plusieurs agents et le président de la CASE. Pas seulement ce personnel d’ailleurs si l’on prend en compte les inquiétudes exprimées par les agents de la communauté de communes Seine-Bord (1) bientôt absorbés au sein des effectifs de Seine-Eure. Il existe des disparités entre les situations des personnels de Seine-Bord et de Seine-Eure et l’exécutif de la CASE ne semble pas en avoir apprécié toutes les conséquences.

Le comité technique paritaire réuni le 15 novembre dernier sous la présidence de Franck Martin, en présence des représentants du personnel et du directeur général a ainsi enregistré le fait qu’une dizaine d’agents de la CASE avaient pris contact avec la psychologue du Centre de gestion de l’Eure pour exprimer leur malaise au travail voire leur mal-être.

S’il s’agissait d’un cas individuel, on pourrait s’interroger sur ce symptôme en invoquant une situation exceptionnelle liée à des problèmes personnels « localisés ». En l’occurrence, il s’agit d’une « épidémie » puisqu’une dizaine d’agents invoquent des difficultés au travail qu’on ne peut écarter d’un revers de main ou d’un mépris quelconque. Les agents ont été reçus individuellement par la thérapeute et le directeur général a été entendu par cette dernière. Il lui a même précisé qu’il n’avait jamais été interpellé par les agents concernés sur une quelconque souffrance au travail ! Cela voudrait-il signifier qu’elle n’existe pas…

Que peut-on en déduire ? Que, peut-être, les agents n’ont pas une confiance suffisamment affirmée dans l’écoute potentielle d’un directeur général forcément très proche du président de la CASE puisque son principal collaborateur ?

Comme le courrier de la psychologue du Centre de gestion a été reçu par la CASE en juin dernier, il était loisible d’espérer qu’un mieux serait constaté dans les relations internes à la CASE ce qui n’est malheureusement pas le cas à en juger par les observations des uns et des autres. Je crois même savoir que des rencontres pour le moins tendues ont eu lieu, encore récemment, entre le président de la CASE et des membres du personnel. Le climat devient pesant et la tension palpable.

Le suffrage universel ne vaut pas brevet de bonne gestion. Il peut arriver que des élus, devenus des patrons et pas formés pour cela, fassent plus preuve d’autoritarisme que d’autorité. Avec le temps, les fossés deviennent des gouffres très difficiles à combler.


(1) Les communes de la communauté Seine-Bord deviennent membres de la CASE à compter du 1er janvier 2013. Le 7 janvier à 20 h 30 doit avoir lieu l’installation des nouveaux membres et l’élection du président et des vice-présidents.

9 décembre 2012

« On se les gèle à la médiathèque de Louviers »


Qui a affirmé que Franck Martin n’était pas un adepte des régies publiques ? Qui a osé prétendre qu’il n’en avait que pour Véolia et les délégations de services publics au privé ?  Nous apprenons avec une certaine jubilation que l’exécutif de la CASE a décidé de mettre fin au contrat la liant à Véolia Propreté pour l’entretien de la dalle de Val-de-Reuil. A compter du 1er janvier prochain, ce sont les agents de la régie publique de l’agglomération qui assureront cet entretien. Bravo !
Au-delà du fait lui même dont il convient de se réjouir, je note avec plaisir les arguments retenus pour ce retour en régie publique. Le contrat avait été signé avec Véolia Propreté pour une période d’une année renouvelable trois fois. Ce contrat a débuté le 1er janvier 2009 et prend donc fin au 31 décembre 2012. Je lis : « Le marché actuel se terminant le 31 décembre 2012 et afin de permettre un meilleur service dans le domaine de la propreté sur l’ensemble de la commune de Val-de-Reuil, il est proposé de reprendre cette prestation en régie. Cette reprise de l’entretien de la dalle s’inscrit dans une logique économique, sociale et écologique. Cela s’accompagne au 1er janvier 2013 par l’intégration des agents Véolia Propreté. » Il est indiqué que le contrat proposé reprend les clauses du contrat dont les salariés sont titulaires, notamment concernant la rémunération.
La CASE est sur la bonne voie. Il lui faut maintenant conserver ce cap et aller jusqu’au bout de sa démarche concernant les DSP (délégations de services publics) de l’eau, de l’assainissement, du ramassage et de l’élimination des déchets etc. En revenant en régie publique pour l’entretien de la dalle rolivaloise, les élus montrent qu’ils sont capables de faire les comptes et d’assumer la reprise du personnel. Ce que nous avons toujours affirmé.
En 1982, on n'imaginait pas le développement actuel de la ville nouvelle. (photo aérienne JCH)

Un retour en régie publique éviterait, peut-être, ce que M. Thouément, conseiller municipal NPA, nous écrit :
« Avec Véolia, on se les gèle à la médiathèque : La médiathèque a fermé ses portes pendant plusieurs jours parce qu’il y fait 6°. Dans une école, la chaudière a lâché. A ce train, qu’est-ce que ce sera lors des grands froids ! Mais ces défaillances ont plus à voir avec l'amour que porte la municipalité à Véolia qu'avec la fatalité.  L'enlèvement et le retraitement des déchets, l’eau, les transports, le chauffage, tout cela  leur est passé entre les mains. Quoi d’étonnant à ce que les chaudières ne soient plus vérifiées systématiquement tous les ans, que la tendance soit à faire durer les pièces un peu plus longtemps qu’il ne le faudrait ? Ils sont là pour gagner de l’argent… Du temps où ces activités étaient assurées par les services municipaux, cela n’arrivait pas. Mais à force de leur retirer leur substance, à force "d'externalisations" accompagnées d'une pression trop souvent insupportable  sur le personnel restant, on arrive à ce résultat lamentable. Et ils oseront encore prétendre froidement — si j’ose dire — que le service rendu par le privé est meilleur !
Il faut dire aussi que  de projet grandiose en réalisation de prestige, voilà qu’à partir d’octobre il n’y a plus  d’argent pour boucler les budgets. On met donc deux mois pour changer un néon, les travaux demandés un peu partout ne se font pas. C'est qu'il ne suffit pas de faire le grand bâtisseur, il faut aussi  entretenir le bâti : or tous les bâtiments communaux se dégradent, l’entretien, l'isolation, l'étanchéité sont un peu partout déficients. Un coup d’œil dans la coulisse en dit long sur les sordides réalités qui accompagnent le show Martin ! »
Philippe Thouément, Conseiller municipal  du NPA